Redécouvrez la Révolution française, avec cette étonnante chronologie commentée, illustrée de nombreuses gravures de l'époque.
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Le croirez-vous ? Presque tout le monde pensait depuis le 27 juin dernier que la Révolution était enfin terminée ! Ce jour-là, en effet, le roi Louis XVI avait convié le Clergé et la Noblesse à se joindre au
Tiers Etat et tout le monde croyait dur comme fer que le moment pénible des Etats généraux était terminé !
Une du Journal de Paris du 1er Juillet 1789
"La révolution est finie", "Elle n'aura pas coûté une goutte de
sang", avait-on écrit dans les journaux ! Les députés du Tiers s’étaient
réjouis de constater que le Roi revenait enfin à de meilleurs sentiments. Ces turbulents Etats Généraux semblaient avoir une fin heureuse !...
Oui, cela aurait pu se passer ainsi, mais...
Néanmoins, de nombreux régiments campaient tout autour de Paris, à Saint-Denis,
Saint-Cloud, Sèvres et jusque sur le champ de Mars tout proche. Les Parisiens protestaient contre ces milliers de bouches à nourrir qui risquaient d’aggraver la disette
et qui présentaient un danger pour l'Assemblée nationale nouvellement créée. On craignait que la soldatesque ne chasse les députés par la force. Inquiets, les électeurs parisiens du
Tiers Etat avaient donc esquissé le 29 juin les bases d’un projet de garde
bourgeoise qui comprendrait les principaux habitants de chaque quartier.
Le 30 Juin, environ 4000 habitués du Palais-Royal, (le quartier de plaisir que Louis Philippe d'Orléans avait fait construire en 1780), avaient délivré
une dizaine de soldats des gardes-françaises, emprisonnés à l’Abbaye pour
désobéissance, et les avaient promenés en triomphe. Les hussards et les dragons
envoyés pour établir l’ordre s’étaient écrié : « Vive la Nation ! » Et avaient
refusé de charger la foule. J'attire votre attention sur ce refus d'obéir aux ordres qui expliquera bien des événements à venir.
Libération de 11 soldats des Gardes Françaises par les Parisiens
Le 1er juillet, une délégation importante de Parisiens s'était présentée devant l'Assemblée nationale pour demander à celle-ci qu'elle fasse œuvre de médiation auprès du Roi pour obtenir la grâce des quelques soldats emprisonnés.
Une du Journal de Paris du 3 Juillet 1789
Le jeudi 2, des
pétitionnaires du Palais Royal avaient même proposé de détrôner Louis XVI et de la
remplacer par le duc d’Orléans !
Le mois de juillet commence donc plutôt mal...
Louis XVI s'en inquiète. Raison pour laquelle il donne au vieux maréchal de Broglie, le commandement des troupes que l’on est en train de concentrer sur Versailles.
Lui et son lieutenant suisse, Besenval, reçoivent l'ordre de rassembler ces troupes
autour de Paris pour le 13 juillet...
Victor François de Broglie
Nommé secrétaire d’état à la guerre le 11 juillet suivant, Le vieux Maréchal de
France émigrera lors du rappel de Jacques Necker le 16 juillet. Plus tard, en
1792, il commandera l'armée contre-révolutionnaire de Condé qui opérera en
Champagne pendant l'invasion austro-prussienne qui sera arrêtée à Valmy. Ce
grand homme issu d’une vieille famille, avait aussi été fait prince du
Saint-Empire romain germanique en 1759 et il avait reçu le titre de
Feld-Maréchal de Russie en 1797. L’orage révolutionnaire passé, il refusera de
revenir en France et mourra en 1804 dans la ville allemande de Münster.
Victor François de Broglie
La République est bonne fille...
La République n’est pas rancunière, du moins celle qui est
en « marche » actuellement, puisque cet ennemi juré de la 1ère République de
1792, a reçu le 16 Juin 2018, les honneurs d’un ministre, d’un préfet, des
anciens combattants, des gendarmes et j’en passe, à l’occasion du transfert de ses cendres depuis le caveau familial de son château, dans le cœur de l’église du village
de Broglie dans l’Eure.
Pour information cette inhumation contrevenait à la Loi. L’art.
L2223-10 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) stipule en effet qu’aucune inhumation ne peut avoir lieu dans les églises, temples, synagogues,
hôpitaux, chapelles publiques et généralement dans aucun des édifices clos et
fermés où les citoyens se réunissent pour la célébration de leurs cultes, ni
dans l’enceinte des villes et des bourgs. Des dérogations aux dispositions de
l’art. L. 2223-10 ne sont accordées par le ministre de l’Intérieur (via le
préfet) qu'en faveur des évêques qui souhaitent être inhumés dans leur
cathédrale et des prêtres ayant participé activement aux travaux de
construction, de réhabilitation et de sauvetage d’une église.
Post scriptum :Je ne juge pas l'homme. Il était de son
milieu et de son époque et il n'a fait que ce qu'il pensait être de son devoir. En revanche je m'autorise à juger l'usage étonnant qui est fait de sa mémoire. Merci de votre lecture.
Bertrand Tièche
Cet article a été publié initialement sur ma page Facebook :
"Yippee !" Aujourd’hui 4 juillet, c’est la fête nationale aux USA. Nos amis américains fêtent la déclaration d’indépendance des 13 colonies britanniques vis-à-vis de la Grande Bretagne, votée le 4 juillet 1776. Bonne fêtes les amis !
Mais bon, connaissez-vous vraiment la raison de cette déclaration d’indépendance américaine ?
La proclamation du roi fou...
Peu de gens ont entendu parler de la proclamation de 1763 par le roi de Grande Bretagne George III d'Angleterre, surnommé le roi fou. Pourtant, celle-ci fut lourde de conséquences…
Portrait de George III en 1762.
Cette proclamation royale fut délivrée le 7 octobre 1763 par le roi George III à la suite de l'acquisition par la Grande-Bretagne de territoires français, après la fin de la Guerre de Sept Ans (1756-1763)
Cette guerre de Sept Ans fut le premier conflit européen qui puisse être qualifié de guerre mondiale. Connue pour ses combats en Amérique du Nord sous le nom de French and Indian War, elle avait opposé la Grande-Bretagne à la France et à l'Espagne et elle avait vidé les caisses de la Couronne britannique. À l'issue du conflit, la dette britannique liée à la guerre s'élevait à 317 000 000 £. Lord Jeffery Amherst, Commandant en chef des forces royales en Amérique du Nord, estimait à 10 000 le nombre de soldats nécessaire au maintien de la paix dans les territoires nouvellement acquis. Le gouvernement décida donc de garder dans les colonies une armée de plusieurs milliers d'hommes, dont le coût de maintien avoisinait les 300.000 £ annuels. Alors que les treize colonies étaient prospères, la Grande-Bretagne subissait une crise économique. Londres décida qu'une partie des frais de guerre et du maintien des troupes serait supportée par les colons américains.
La proclamation royale de 1763 avait trois principaux objectifs : organiser l’empire colonial britannique en Amérique du Nord et pacifier les relations avec les Amérindiens surtout après la révolte de Pontiac afin d'éviter la spéculation foncière.
27 avril 1763, Pontiac, le chef des Indiens outaouais appelle ses compatriotes à se soulever contre les Britanniques.
La Proclamation visait également à apaiser les craintes indiennes vis-à-vis d’une arrivée massive de paysans blancs sur leurs territoires. « La Frontière » attirait les migrants en quête de terres comme les Écossais suivis par les Allemands. L'épuisement des sols à l'est des Appalaches et la pression démographique accentuèrent la faim de terre des colons.
Cette proclamation avait donc pour but d'organiser les vastes et nouvelles terres britanniques de l'Amérique du Nord, et de stabiliser les relations avec les Amérindiens en réglementant la traite des fourrures, la colonisation et l'achat des terres à la frontière occidentale. La proclamation royale de 1763 avait aussi pour but d'assimiler les colons francophones, pour faire du Québec une vraie colonie britannique. Elle est également connue sous les appellations anglaises « Indian Bill of Rights » ou « Magna Carta for Indian affairs ».
Coup d'arrêt à la conquête de l'Ouest !
La Proclamation de George III interdisait aux habitants des treize colonies de s’installer et d’acheter des terres à l’ouest des Appalaches. La Couronne se réservait une partie du bois américain ainsi que le monopole dans l’acquisition des terres indiennes ; elle garantissait la protection des peuples indiens. Londres avait prévu la construction de forts britanniques le long de la limite de colonisation ; ce dispositif devait permettre le respect de la Proclamation mais aussi favoriser le commerce des fourrures avec les Indiens. Le gouvernement britannique estimait que ces avant-postes assuraient la défense des treize colonies et que leur financement revenait donc aux colons.
La Proclamation royale de 1763 souleva le mécontentement des colons américains qui s’étaient déjà implantés dans ces territoires indiens. Ils devaient rendre la terre et revenir dans les treize colonies.
Vous comprenez pourquoi on appela George III le roi fou ?...
Caricature du londonien Matthew Darly "Pauvre vieille Angleterre s'efforçant de récupérer ses méchants enfants américains"
Révolte fiscale
Alors oui, bien sûr, on vous raconte que les colons américains se sont révoltés contre les méchants anglais qui imposaient, entre autres, une insupportable taxe sur le thé ou les journaux. Vous avez tous entendu parler du Boston Tea Party de décembre 1773, lorsque des colons (déguisés en indiens !?) se révoltèrent et jetèrent à la mer la cargaison de thé de trois navires anglais venus des Indes. Ces contraintes fiscales étaient effectivement en violation avec la loi anglaise qui stipulait qu'aucun citoyen britannique de devait payer un impôt qui n'ait été consenti par lui-même ou ses mandataires, et les colons n'avaient effectivement pas de représentants au parlement anglais.
En 1774, les représentants des colonies, réunis en congrès, affirmèrent dans une déclaration solennelle le droit de tous les peuples de participer à l'élaboration des lois les concernant (à l'exception bien sûr des Amérindiens et des Afro-Américains.)
Quelle liberté ?
On nous présente la révolte de ces colons en 1775 comme un combat pour la liberté. Mais de quelle liberté s’agissait-il selon vous ? La liberté des esclaves dans les plantations ? La liberté des Indiens qui allaient ensuite subir un vrai génocide ? Pas vraiment. La liberté dont il était question, c’était juste la liberté de commercer, celle que réclameront les révolutionnaires Girondins, ceux qui souhaitaient que la devise de la France soit « Liberté égalité propriété ». Ah bon ? Vous êtes déçus ? Désolé.
Si on parlait du Canada ?
Beaucoup l'ignorent, mais en 1775, deux armées américaines,
voulant affaiblir la position des Britanniques en Amérique du Nord, envahirent
le Canada. L'une avança le long du lac Champlain, prit Montréal et marcha sur
Québec. Elle y rejoint une seconde armée arrivée difficilement par voie
terrestre à travers le Maine. Le 31 décembre 1775, une force de soldats
réguliers britanniques et de miliciens francophones et anglophones infligèrent
une cuisante défaite aux assaillants. Les Américains demeurèrent à l'extérieur
de Québec, souffrant du froid, de la faim et de maladies. En mai 1776, des
troupes régulières britanniques et des troupes engagées dans les provinces
allemandes de Brunswick et de Hess-Hanau arrivèrent en renfort par mer, et les
Américains se retirèrent. (Source Musée canadien de la guerre. et History Map)
Mais ils n’en avaient pour autant pas fini avec les
Canada puisque les USA tentèrent de l’envahir de nouveau en 1812. Ils
échouèrent mais ils eurent plus de succès en 1848 contre le Mexique dont ils annexèrent
la moitié du territoire, du Texas à la Californie.
Washington et La Fayette à Valley Forge
Et la France dans tout cela ?
Ah oui, j’oublie de vous dire qu'à partir de 1777 la France aida, en hommes, en argent, en fusils et canons, lesdits américains durant toute cette guerre qui ne se termina qu'en 1783. Comment pouvait-il en être autrement, après la défaite de la France face à l'Angleterre à la fin de la terrible guerre de sept ans ? L’aide de la France fut tellement considérable qu’elle causa la ruine de nos finances. Face à l’opposition des nobles et du clergé qui refusèrent toutes les propositions de réformes fiscales lors des « Assemblées des notables » organisées en 1787 et 1788, le roi Louis XVI accepta la proposition du Tiers Etat d’organiser des Etats Généraux. La suite, vous la connaissez...
Mais ne soyons pas ingrats, ils nous ont quand même sacrément aidés lors des deux précédentes guerres mondiales. De nombreux cimetières sont là pour un témoigner.
Liberté, terreur, légendes dorées ou noires...
Ne faisons pas trop de mauvais esprit à l'encontre du discours de liberté de nos amis américains. Nous savons trop bien comment s'éteindront les rêves de liberté de la Révolution française. L'Histoire sert aussi, quoi qu'on en dise, à raconter de belles histoires qui font rêver les gens. Des mythes fondateurs et autres légendes dorées, qui lorsqu'ils sont partagés par un même peuple, constituent le ciment du contrat social.
Les Américains sont particulièrement doués pour la glorification de leur histoire, comme de leur culture en générale. Ils appellent cela le soft power. Contrairement à notre Révolution, leur Révolution a été écrite par les vainqueurs. Raison pour laquelle leur révolution, largement aussi sanglante que la nôtre n'est pas entachée d'une légende noire. Leurs historiens sont horrifiés par notre Terreur qui ne dura que 17 mois. Mais comment appeler le génocide des Indiens, l'esclavages des africains et la ségrégation raciale dont les lois ne furent abolies qu'en 1964 ? Sinon une forme de Terreur qui dura près de deux siècles ?
Regardez cet extrait du magnifique film Barry Lyndon de Stanley Kubrick qui représente une bataille durant cette guerre en Amérique.
Alors bonne fête amis Américains !
Je ne me moquais donc pas lorsque je souhaitais une bonne fête à nos amis américains. L'histoire n'a jamais été une discipline simple. Elle fait partie des sciences humaines. Elle est donc souvent sujette à interprétations.
Et tout ce qui est prétexte à se rassembler et faire la fête est une bonne chose !
Merci de votre lecture.
Bertrand Tièche, alias le Citoyen Basset.
Post Scriptum :
Tous les Américains n'ont pas la même vision de cette guerre d'indépendance. Je vous conseille le lire cet article sur ce site au nom bien surprenant "JACOBIN" : Défense de la Révolution américaine.
Si vous souhaitez une lecture plus traditionnelle, avec des Anglais méchants et des Indiens cruels, je vous propose cet excellent article, très détaillé du site HistoryMaps.
Cet article a été publié initialement sur ma page Facebook :
Du jamais vu à Paris (ni ailleurs), ce 30 Juin 1789, entre 7 et 8 heure du soir, Onze soldats appartenant au régiment des Gardes Françaises, prisonniers dans l'Abbaye Saint Germain, pour faits d'insubordination, sont délivrés par une foule "d'honnêtes particuliers", comme les appelle le Journal des Révolutions de Paris dans l'illustration figurant dans son N°28. Bientôt certains désigneront ces "honnêtes particuliers", par des qualificatifs moins bienveillants, tels que bandits ou populace.
Ces soldats avaient été emprisonnés car ils avaient refusé d'obéir à l'ordre de tirer sur la foule à Versailles. Les hussards et les dragons envoyés pour rétablir l’ordre refusèrent eux aussi de charger la foule et ils s'écrièrent : « Vive la Nation ! ». Une autre version affirme qu'ils se sont plaints de l'excessive sévérité de leur colonel.
Ces refus par les soldats de différents régiments d'obéir aux ordres, nous permettent de mieux comprendre certains événements majeurs du mois de juillet 1789.
Les Grades françaises
constituaient un corps d’élite très populaire. Ils étaient disséminés partout
dans la capitale et avaient progressivement créé des liens amicaux avec la
population. Soldats, sous-officiers, petits artisans, commerçants et
journaliers se rendaient compte qu’ils partageaient les mêmes opinions. Peu à
peu ces militaires s’étaient laissé gagner par les idées révolutionnaires qui
courraient dans Paris.
Nous les verrons en effet bientôt
agir dans ce sens…
Les Gardes françaises.
Un évènement qui a étonné.
L'événement a beaucoup marqué, puisque j'ai retrouvé 4 gravures différentes, dont une imprimée aux Pays-Bas.
Ce 24 juin 1789 un événement a marqué les esprits au point de d'être à l'origine de nombreuses estampes. Une fessée aurait été donnée en public dans les jardins du Palais-Royal. Mais qui a-t-on fessé réellement ? Selon certaines estampes, une dame de qualité qui aurait craché sur le portrait de Necker et selon d'autres estampes, un abbé insolent. Mystère.
La colère du Peuple.
Ces événement que l'on peut trouver à première vue, cocasses mais insignifiants, révèlent en fait la colère du peuple envers certaines catégories sociales. La plupart du temps, ce sont des femmes qui ont été les actrices de ces expéditions punitives.
La semaine fouettarde d'avril 1791.
Il y aura d'autres fessées célèbres durant la Révolution. Les plus connues sont celles administrées entre les 10 et 17 avril 1791, à Paris principalement, mais en province aussi.
Le Docteur Robinet, dans son ouvrage intitulé « Mouvement
religieux à Paris pendant la Révolution (1789-1801) » évoque en page 464 les
fustigations infligées à des religieuses et des prêtres :
« Au nombre des premières violences contre les
personnes, doivent prendre place d'ignobles excès qui se produisirent non
seulement à Paris, mais dans un certain nombre de villes.
Nous transcrivons la notice du Dr Robinet.
« Toutes les chapelles des couvents et des hôpitaux restaient le lieu
d'élection des intrigues et des conspirations catholiques et royalistes.
C'est ainsi que le comprit la partie de la population de Paris (et d'ailleurs)
qui était attachée à la Révolution ; aussi y eut-il sur plusieurs points de la
capitale des religieuses que des femmes patriotes ne craignirent pas de
fouetter publiquement.
« Ces exécutions populaires, sorte de châtiment civique, eurent lieu du 10 au
17 avril, quoique les ordres monastiques qui en furent atteints se trouvassent
assez nombreux : les sœurs de la Visitation Sainte-Marie, rue Saint-Antoine ;
les Miramionnes, sur le quai du même nota (aujourd'hui quai de la Tournelle) ;
les Récollettes, de la rue du Bac ; les Filles du Précieux Sang ; les Filles du
Calvaire et surtout les sœurs Grises, dont les maisons étaient situées dans
les paroisses de Saint-Sulpice, Saint-Laurent, Sainte-Marguerite, la Magdeleine
et Saint-Germain-L'auxerrois.
« S'il faut en croire les brochures et journaux du temps, trois cents
religieuses, y compris quelques prêtres et quelques dévotes laïques, auraient
subi cette correction de la part des marchandes de la Halle, du marché de la
place Maubert, etc., auxquelles s'étaient jointes, dans les différents
quartiers, mais surtout au faubourg Saint-Antoine, des femmes du peuple, voire
des héroïnes (1) des 5 et 6 octobre.
« Partout le motif de cette répression extra légale était, nous l'avons dit,
que ces maisons devenaient ostensiblement le refuge des prêtres non-jureurs et
des nobles qui conspiraient contre le nouvel état de choses ; les couvents leur
étaient ouverts, les premiers y étaient logés et nourris, et y recevaient, sous
prétexte de conférences religieuses, les aristocrates des deux sexes et leurs
agents, ainsi que la foule demeurée fidèle à l'ancienne Église et à l'ancien
régime. On y prêchait la résistance aux nouvelles lois, la haine et le mépris
des prêtres constitutionnels et de l'Assemblée nationale. On y recevait les
mots d'ordre de Rome et de Coblentz, que les élèves mêmes des religieuses
colportaient dans leurs familles.
« La verve gouailleuse et brutale avec laquelle sont rapportées ces violences
dans les brochures du temps nous interdit malheureusement d'en donner des
extraits.»
La gravure ci-dessous illustre une fustigation infligée le 6 avril 1794 aux sœurs grises, après la messe par des "ennemis des servantes de dieu".
Voici d'autres estampes illustrant ces fessées de la semaine Pascale de 1791. Plus d'info dans cet article du site Sciences Humaines.
A noter que cet événement tragicomique choqua profondément nos amis Britanniques, au point qu'ils en firent une illustration à leur façon, l'année suivante, en 1792.
Voici trois autres estampes représentant la célèbre fessée infligée à Théroigne de Méricourt le 16 mai 1793.
L'art de la fessée, ou de l'utilité de celle-ci...
Si votre soif d'érudition vous incite à en apprendre toujours plus, vous pouvez éventuellement lire cet ouvrage publié en 1788, intitulé :"Traité du fouet, ou Aphrodisiaque externe".
Une conclusion ?
Là encore, de même que pour la violence, la fessée ne fut pas l'apanage de la Révolution. Cette pratique était déjà fort appréciée sous l'Ancien régime, comme le démontre si brillamment l'ouvrage que je vous ai proposé ci-dessus, ainsi que ces trois dernières illustrations :
La gravure ci-dessous (une préparation à la fessée) fait partie des nombreuses images illustrant le livre du Marquis de Sade "Justine ou les malheurs de la vertu". C'est aussi une des moins choquantes, je vous assure. Car certaines des illustrations sont très "difficiles".
Je partage avec vous cette nouvelle source d’information
numérique. Il s’agit du journal fondé par Bertrand Barère, dit Barère de
Vieuzac « Le Point du Jour, ou Résultat de ce qui s’est passé la veille à
l’Assemblée Nationale ». Son objet était de rendre compte des discussions
et décrets de l’Assemblée et donner son avis sur les réformes à mettre en place.
Ce journal connu un grand succès. Bertrand Barère publia son journal jusqu’au
31 septembre 1791.
Vous vous doutez bien que j’y jette un œil de temps en temps
pour alimenter ma chronique. Mais comme je suis partageur, je vous ouvre une
fenêtre sur ledit document, en bas de cet article !
"Bertrand Barère dit Barère de Vieuzac, né le 10
septembre 1755 à Tarbes, où il est mort le 13 janvier 1841,
est un homme politique de la Révolution française et juriste français.
Bertrand Barère
Avocat méridional, élu à la Constituante, puis à
la Convention où il est une des têtes politiques de la Plaine (la
majorité des députés) avant de se rallier comme elle et jusqu’au 9
thermidor à la Montagne, menée par Robespierre, Bertrand Barère est
l'un des orateurs les plus importants de la Révolution : l’énoncé de ses
motions et de ses rapports occupe plus de douze colonnes du Moniteur,
contre huit pour Robespierre et deux pour Danton.
Rapporteur attitré du Comité de salut public (où
il détient le record de longévité : dix-sept mois), ses discours lui
valent un succès prodigieux à la Convention : il est l’aède des soldats
de l’an II avec ses carmagnoles et donne un visage avenant, par
sa verve, aux mesures d’exceptions du gouvernement révolutionnaire
(Wikipédia qui est de parti pris, qualifie les mesures de « terroristes »).
Proscrit sous le Directoire, amnistié sous le Consulat et
l’Empire, exilé sous la Restauration, rentré en France sous Louis-Philippe,
il meurt à 85 ans, conseiller général à Tarbes. Pendant cette dernière
période, il sera élu à trois reprises député par les électeurs des Hautes-Pyrénées :
1797, 1815, 1834, ces élections, sauf celle des Cent-Jours, étant à chaque
fois annulées par les pouvoirs en place."
Portrait présumé de Louis Xavier François de France
Louis Joseph Xavier François de France, né 22 octobre 1781, fils aîné
de Louis XVI et
de Marie-Antoinette, deuxième enfant du
couple royal, s'éteint ce jour à Meudon.
Louis XVI, accablé de douleur, demanda qu'on reculât
la demande d'audience de la délégation du tiers
état de quelques jours, le temps de faire son deuil. Les députés
refusèrent.
« N'y a-t-il pas de pères dans cette assemblée du
tiers ? » demanda-t-il alors.
Marie-Antoinette écrira à son frère Léopold le 17 décembre
1790 : « À la mort de mon cher petit Dauphin, la Nation n'a pas seulement
eu l'air de s'en apercevoir. À partir de ce jour-là, le peuple est en délire et
je ne cesse de dévorer mes larmes ».
Le malheureux enfant souffrit toute sa vie de très fortes
fièvres. Une rumeur disait que sa nourrice Geneviève, surnommée Madame Poitrine
lui avait transmis la tuberculose. Cet enfant intelligent souffrit malheureusement toutes sa petite vie. On lui fit porter des corsets de fer pour
tenter de redresser sa colonne vertébrale.
En janvier 1788, le docteur Petit lui avait diagnostiqué une carie vertébrale, l'enfant qui avait déjà des vertèbres gangrénées était d'ores et déjà condamné.
Le voici ci-dessous, peint entouré de sa famille, en 1782, à l'âge d'un an.