mardi 23 juin 2020

23 juin 1789 Séance royale. Coup d'état raté ?

 23 juin 1789 Royal coup d'état

    Que s'est-il passé au sein de la grande salle de l'hôtel des Menus Plaisir à Versailles ? Qu'est-ce que ce roi qui ose et qui n'ose pas ?

Tentative de coup d’état !?

    Jean-Jaurès, dans son histoire socialiste de la Révolution française, a décrit cette journée du 23 juin 1789, comme une tentative de coup d’état du roi Louis XVI. En effet, ce jour-là, Louis XVI a tenté d'une certaine façon de reprendre le pouvoir par la force. Ce pouvoir dont les députés du Tiers État le dépossédait peu à peu.

    Mais le serment du jeu de paume des députés de l'Assemblée nationale, le 20 juin précédent, ne ressemblait-il pas, lui aussi, à une tentative de coup d’état improvisée ? 

    Du roi ou de l'assemblée, qui a commencé le premier ? Qu'est-ce que ce roi qui veut des réformes et qui n'en veut plus, qui convoque les États généraux et puis s'empresse de les conclure lorsqu'ils prennent une mauvaise tournure ?

    Nous allons voir que cette séance royale du 23 juin ne s'est pas du tout passée comme l'avait espéré Louis XVI et que si tentative de coup d'état il y a eu, elle s'est faite sans violence, Louis XVI ayant renoncé ce jour là, à faire plier les députés par la force. Seules quelques grossièretés ont été échangées...

"Messieurs du Tiers avant la séance royale du 23 juin",
attendant sous la pluie... Tableau de Lucien Étienne Mélingue.
Source Ministère de la Culture.


La préparation...

    Le Conseil du roi s’est réuni trois fois depuis la journée du 20 juin, (celle du fameux serment du jeu de paume), afin de décider comment réagir à celui-ci. Rappelons néanmoins que cette séance royale du 23 juin était déjà prévue bien avant le 20 juin, puisque sa préparation avait été la cause de la fermeture de la salle de réunion des députés (ce qui les avait obligés à se réfugier dans la salle du jeu de paume). Louis XVI a dû corriger un peu son discours après l'événement du jeu de Paume.

    Comme toujours, le roi est dans l’indécision et ses conseillers divisés en deux camps ne l'aide guère à y voir clair. Il est tiraillé entre les avis de ceux que l'ont pourrait appeler, les "ultras", c'est à dire les monarchistes purs et durs, voire réactionnaires, et de ceux des modérés que l'ont pourrait qualifiés de progressistes et qui ont probablement une meilleure perception de l'état du pays.

    Le camps des modérés est constitué de quelques ministres, comme Montmorin, La Luzerne et Saint-Priest, réunis autour de Jacques Necker. Ceux-ci proposent au roi une série de réformes qui permettraient de répondre positivement aux grandes aspirations des cahiers de doléances (égalité fiscale, admission de tous aux fonctions publiques, abolition des corvées, liberté de la presse, vote par tête aux prochains États Généraux...)

    Les modérés : Armand Marc de Montmorin Saint-Hérem, Guillaume César de la Luzerne, François-Emmanuel Guignard de Saint-Priest et Jacques Necker.

 
    Mais le clan des "ultras" de la Cour qui s’est toujours opposé à la tenue de ces États Généraux, considère que l’évolution desdits états généraux lui donne raison et qu’il est temps d’en finir. Ce clan, constitué par les frères du roi, le Comte de Provence (futur Louis XVIII) et le comte d'Artois (futur Charles X), le Baron de Breteuil, le garde des sceaux Barentin dont nous avons déjà parlé (article du 1er mai) ainsi que la petite coterie de courtisans de la reine (Vaudreuil, etc.), incite Louis XVI à briser "la prétendue Assemblée nationale" et même à annuler les décisions prisent par celle-ci.
 


L'indécis Louis XVI hausse le ton.


     Le Roi, sous l’influence de son épouse Marie-Antoinette, finit par suivre l’orientation portée par le clan réactionnaire des "durs".

    Ce 23 juin, Louis XVI va donc tenter de reprendre les rênes en faisant connaître aux députés convoqués trois décisions on ne peut plus claires :

  • interdiction aux élus des trois ordres de se réunir ensemble,
  • toutes les décisions prises depuis le 6 mai sont cassées,
  • maintien de la monarchie de droit divin.
    Louis XVI va sermonner les députés. Selon lui, ils " n'avaient qu'à finir son ouvrage". Hors, il constate que « Les États généraux sont ouverts depuis près de deux mois, et ils n'ont point pu encore s'entendre sur les préliminaires de leurs opérations »...

    Son discours montre qu’il a fermement l’intention de remettre les pendules de la monarchie absolue à son heure !

Pendule de style Louis XVI
pour remettre la monarchie à l'heure.


Notons que Jacques Necker refusera d’assister à cette séance royale…


Violence uniquement verbale !

    Mais tout ne va pas se passer comme Louis l’aurait souhaité. L’Assemblée nationale va prendre très mal ce sursaut d’autorité du grand monarque. Au grand maître des cérémonies, le marquis de Dreux-Brézé, qui rappelait aux députés l'injonction du roi, Bailly, le doyen du tiers état, va répliquer : « La Nation assemblée ne peut recevoir d'ordres », et Mirabeau va ajouter : « Nous ne quitterons nos places que par la force des baïonnettes. »

Dreux-Brézé (en colère)
 

    Un petit mot à propos de cette saillie de Mirabeau. Certains affirment qu’il n’a jamais dit cela, mais c’est pourtant bien consigné dans le procès-verbal de la séance. Par contre le procès-verbal ne dit pas que Dreux-Brézé, excédé de cette résistance, aurait répondu « Merde » à Mirabeau ! » (Selon les recherches d'Emmanuel de Waresquiel, descendant de Madame de Staël, la fille de Monsieur Necker, mais néanmoins historien et ingénieur de recherche de l'école pratique des Fautes études).

    Lorsque Dreux-Brézé rapportera ce regrettable incident au roi, celui-ci, désabusé et toujours aussi faible, lui répondra :"Eh bien foutre ! Qu'ils restent !".
 
  
Des images ! (Beaucoup)
 
    Cette journée, et plus particulièrement l'altercation entre Mirabeau et Dreux-Brézé, ayant fait l'objet de nombreuses représentations artistiques, je vous en propose quelques-unes à voir ci-dessous, accompagnées de quelque liens intéressants.
 

Confrontation entre Mirabeau et Dreux-Brézé
peinte par Joseph Désiré Court
.



Confrontation entre Mirabeau et Dreux-Brézé,
peinte par Fragonard. Source et commentaire
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Confrontation entre Mirabeau et Dreux-Brézé
peinte par Eugène Delacroix.


Confrontation entre Mirabeau et Dreux-Brézé
chromolithographie de la Chocolaterie des Frères Louit
.😉




Confrontation entre Mirabeau et Dreux-Brézé.
(Anonyme)


Confrontation entre Mirabeau et Dreux-Brézé
(Sheffer et Blanchard)

 
Confrontation entre Mirabeau et Dreux Brézé
burin gravé par Alphonse Lamotte d'après le haut-relief de Jules Dalou


 
 
Et du texte ! (les sources !)

    Voici à présent l'intégralité des procès verbaux rédigés lors de cette fameuse séance que l'on peut trouver archivés sur le précieux site www.persee.fr.

 

Discours du Roi lors de la séance royale du 23 juin 1789

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4534_t2_0143_0000_2

Dans les deux côtés du milieu, jusqu'au fond, étaient les membres de l'Assemblée nationale ; les quatre hérauts et le roi d'armes étaient placés au milieu. Le trône était élevé sur une estrade qui occupait le fond de la salle jusqu'à la seconde colonne. Au bas de cette estrade, autour d'une table, se trouvaient rangés les ministres. Un seul tabouret était vacant : c'était celui de M. Necker.

Sur les onze heures, le Roi sortit de son château. La voiture du Roi était précédée et suivie de la fauconnerie , des pages, des écuyers, et enfin des quatre compagnies des gardes du corps.

Le Roi, accompagné des princes du sang, des ducs et pairs, des capitaines des gardes du corps, est entré dans la salle. À son arrivée, les députés se lèvent et ils se replacent ensuite.

Le Roi prononce un discours pour annoncer l'objet de la séance. Il est conçu en ces termes :

Messieurs, je croyais avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir pour le bien de mes peuples, lorsque j'avais pris la résolution de vous rassembler, lorsque j'avais surmonté toutes les difficultés dont votre convocation était entourée, lorsque j'étais allé, pour ainsi dire, au-devant des vœux de la nation, en manifestant à l'avance ce que je voulais faire pour son bonheur.

Il semblait que vous n'aviez qu'à finir mon ouvrage, et la nation attendait avec impatience le moment où, par le concours des vues bienfaisantes de son souverain et du zèle éclairé de ses représentants, elle allait jouir des prospérités que cette union devait leur procurer.

Les États généraux sont ouverts depuis près de deux mois, et ils n'ont point pu encore s'entendre sur les préliminaires de leurs opérations. Une parfaite intelligence aurait dû naître du seul amour de la patrie, et une funeste division jette l'alarme dans tous les esprits. Je veux le croire, et j'aime à le penser, les Français ne sont pas changés. Mais, pour éviter de faire à aucun de vous des reproches, je considère que le renouvellement des États généraux après un si long terme, l'agitation qui l'a, précédé, le but de cette convocation, si différent de celui qui rassemblait vos ancêtres, les restrictions dans les pouvoirs, et plusieurs autres circonstances, ont dû nécessairement amener des oppositions, des débats et des prétentions exagérées.

Je dois au bien commun de mon royaume, je me dois à moi-même de faire cesser ces funestes divisions. C'est dans cette résolution, Messieurs, que je vous rassemble de nouveau autour de moi ; c'est comme le père commun de tous mes sujets, c'est comme le défenseur des lois de mon royaume, que je viens en retracer le véritable esprit, et réprimer les atteintes qui ont pu y être portées.

Mais, Messieurs, après avoir établi clairement les droits respectifs des différents ordres, j'attends du zèle pour la patrie, des deux premiers ordres, j'attends de leur attachement pour ma personne, j'attends de la connaissance qu'ils ont des maux urgents de l'État, que dans les affaires qui regardent le bien général, ils seront les premiers à proposer une réunion d'avis et de sentiments que je regarde comme nécessaire dans la crise actuelle, qui doit opérer le salut de l’État.

Un des secrétaires d’État lit ensuite la déclaration suivante :

Art. 1er.  Le Roi veut que l’ancienne distinction des trois ordres de l’État soit conservée en son entier, comme essentiellement liée à la constitution de son royaume ; que les députés librement élus par chacun des trois ordres, formant trois Chambres, délibérant par ordre, et pouvant, avec l’approbation du souverain, convenir de délibérer en commun, puissent seuls être considérés comme formant le corps des représentants de la nation. En conséquence, le Roi a déclaré nulles les délibérations prises par les députés de l’ordre du tiers-état, le 17 de ce mois, ainsi que celles qui auraient pu s’ensuivre, comme illégales et inconstitutionnelles.

Art. 2. Sa Majesté déclare valide tous les pouvoirs vérifiés ou à vérifier dans chaque Chambre, sur lesquels il ne s’est point élevé ou ne s’élèvera point de contestation ; ordonne Sa Majesté qu’il en sera donné communication respective entre les ordres.

Quant aux pouvoirs qui pourraient être contestés dans chaque ordre, et sur lesquels les parties intéressées se pourvoiraient, il y sera statué, pour la présente tenue des États généraux seulement, ainsi qu’il sera ci-après ordonné.

Art. 3. Le Roi casse et annule, comme anticonstitutionnelles, contraire aux lettres de convocations et opposées à l’intérêt de l’État, les restrictions des pouvoirs qui, en gênant la liberté des députés aux États généraux, les empêcheraient d’adopter les formes de délibération prises séparément par ordre ou en commun, par le vœu distinct des trois ordres.

Art. 4. Si, contre les intentions du Roi, quelques-uns des députés avaient fait le serment téméraire de ne point s’écarter d’une forme de délibération quelconque, Sa Majesté laisse à leur conscience de considérer si les dispositions qu’elle va régler s’écartent de la lettre ou de l’esprit de l’engagement qu’ils auront pris.

Art. 5. Le Roi permet aux députés qui se croiront gênés par leurs mandats de demander à leurs commettants un nouveau pouvoir ; mais Sa Majesté leur enjoint de rester, en attendant, aux États généraux pour assister à toutes les délibérations sur les affaires pressantes de l’État et y donner un avis consultatif.

Art. 6. Sa Majesté déclare que, dans les tenues suivantes d’États généraux, elle ne souffrira pas que les cahiers ou mandats puissent être jamais considérés comme impératifs ; ils ne doivent être que de simples instructions confiées à la conscience et à la libre opinion des députés dont on aura fait choix.

Art. 7. Sa Majesté ayant exhorté, pour le salut de l’État, les trois ordres à se réunir pendant cette tenue d’État seulement, pour délibérer en commun sur les affaires d’une utilité générale, veut faire connaître ses intentions sur la manière dont il pourra y être procédé.

Art. 8. Seront nommément exceptées des affaires qui pourront être traitées en commun, celles qui regardent les droits antiques et constitutionnels des trois ordres, la forme de constitution à donner aux prochains États généraux, les propriétés féodales et seigneuriales, les droits utiles et les prérogatives honorifiques des deux premiers ordres.

Art. 9. Le consentement particulier du clergé sera nécessaire pour toutes les dispositions qui pourraient intéresser la religion, la discipline ecclésiastique, le régime des ordres séculiers et réguliers.

Art. 10. Les délibérations à prendre par les trois ordres réunis sur les pouvoirs contestés et sur lesquelles les parties intéressées se pourvoiraient aux États généraux, seront prises à la pluralité des suffrages ; mais si les deux tiers des voix, dans l’un des trois ordres, réclamait contre la délibération de l’Assemblée, l’affaire sera rapportée au Roi pour y être définitivement statué par Sa Majesté.

Art.11. Si, dans la vue de faciliter la réunion des trois ordres, ils désiraient que les délibérations qu’ils auront à prendre en commun passassent seulement à la pluralité des deux tiers des voix, Sa Majesté est disposée à autoriser cette forme.

Art. 12. Les affaires qui auront été décidées dans les Assemblées des trois ordres réunis seront remises le lendemain en délibération, si cent membres de l’Assemblée se réunissent pour en faire la demande.

Art. 13. Le Roi désire que, dans cette circonstance, et pour ramener les esprits à la conciliation, les trois Chambres commencent à nommer séparément une commission composée de nombre des députés qu’elles jugeront convenable, pour préparer la forme et la distribution des bureaux de conférences qui devront traiter les différentes affaires.

Art. 14. L’Assemblée générale des députés des trois ordres sera présidées par les présidents choisis par chacun des ordres et selon leur rang ordinaire.

Art. 15. Le bon ordre, la décence et la liberté même des suffrages exigent que Sa Majesté défende, comme elle le fait expressément, qu’aucune personne, autre que les membres des trois ordres composant les États généraux, puisse assister à leurs délibérations, soit qu’ils les prennent en commun ou séparément.

Le Roi reprend la parole :

« J’ai voulu aussi, Messieurs, vous faire remettre sous les yeux les différents bienfaits que j’accorde à mes peuples. Ce n’est pas pour circonscrire votre zèle dans le cercle que je vais tracer, car j’adopterai avec plaisir toute autre vue de bien public qui sera proposée par les États généraux. Je puis dire, sans me faire illusion, que jamais Roi n’en a autant fait pour aucune nation ; mais quelle autre peut l’avoir mieux mérité par ses sentiments que la nation française ! Je ne craindrai pas de l’exprimer ; ceux qui, par des prétentions exagérées ou par des difficultés hors de propos, retarderaient encore l’effet de mes intentions paternelles, se rendraient indignes d’être regardés comme Français. »

Ce discours est suivi de la lecture de la déclaration qui suit :

Déclarations du Roi concernant ses intentions, lors de la séance royale du 23 juin 1789

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4536_t2_0144_0000_2

Déclaration des intentions du Roi.

Art. 1er. Aucun nouvel impôt ne sera établi, aucun ancien ne sera prorogé au-delà du terme fixé par les lois sans le consentement des représentants de la nation.

Art. 2. Les impositions nouvelles qui seront établies, ou les anciennes qui seront prorogées, ne le seront que pour l'intervalle qui devra s'écouler jusqu'à l'époque de la tenue suivante des États généraux.

Art. 3. Les emprunts pouvant devenir l'occasion nécessaire d'un accroissement d'impôts, aucun n'aura lieu sans le consentement des États généraux, sous la condition toutefois, qu'en cas de guerre, ou d'autre danger national, le souverain aura la faculté d'emprunter sans délai jusqu'à concurrence d'une somme de cent millions ; car l'intention formelle du Roi est de ne jamais mettre le salut de son empire dans la dépendance de personne.

Art. 4. Les États généraux examineront avec soin la situation des finances, et ils demanderont tous les renseignements propres à les éclairer parfaitement.

Art. 5. Le tableau des revenus et des dépenses sera rendu public chaque année, dans une forme proposée par les États généraux, et approuvée par Sa Majesté.

Art. 6. Les sommes attribuées à chaque département seront déterminées d'une manière fixe et invariable, et le Roi soumet à cette règle générale les fonds mêmes qui sont destinés à l'entretien de sa maison.

Art. 7. Le Roi veut que, pour assurer cette fixité des diverses dépenses de l'État, il lui soit indiqué par les États généraux les dispositions propres à remplir ce but, et Sa Majesté les adoptera, si elles s'accordent avec la dignité royale et la célérité indispensable au service public.

Art. 8. Les représentants d'une nation fidèle aux lois de l'honneur et de la probité ne donneront aucune atteinte à la foi publique, et le Roi attend d'eux que la confiance des créanciers de l'État soit assurée et consolidée de la manière la plus authentique.

Art. 9. Lorsque les dispositions formelles annoncées par le clergé et la noblesse, de renoncer à leurs privilèges pécuniaires, auront été réalisés par leurs délibérations, l'intention du Roi est de les sanctionner, et qu'il n'existe plus, dans le payement des contributions pécuniaires, aucune espèce de privilèges ou de distinctions.

Art. 10. Le Roi veut que, pour consacrer une disposition si importante, le nom de taille soit aboli dans tout le royaume, et qu'on réunisse cet impôt soit aux vingtièmes, soit à toute autre imposition territoriale, ou qu'il soit enfin remplacé de quelque manière, mais toujours d'après des proportions justes, égales, et sans distinction d'état, de rang et de naissance.

Art. 11. Le Roi veut que le droit de franc-fief soit aboli du moment où les revenus et les dé¬ penses fixes de l'État auront été mis dans une exacte balance.

Art. 12. Toutes les propriétés sans exception seront constamment respectées, et Sa Majesté comprend expressément sous le nom de propriétés les dîmes, cens , rentes , droits et devoirs féodaux et seigneuriaux, et généralement tous les droits et prérogatives utiles ou honorifiques, attachés aux terres et fiefs, ou appartenant aux personnes.

Art. 13. Les deux premiers ordres de l'État continueront à jouir de l'exemption des charges personnelles ; mais le Roi approuvera que les États généraux s'occupent des moyens de convertir ces sortes de charges en contributions pécuniaires, et qu'alors tous les ordres de l'État y soient assujettis également.

Art. 14. L'intention de Sa Majesté est de déterminer, d'après l'avis des États généraux, quels seront les emplois et les charges qui conserveront à l'avenir le privilège de donner et de transmettre la noblesse. Sa Majesté, néanmoins, selon le droit inhérent à sa couronne, accordera des lettres de noblesse à ceux de ses sujets qui, par des services rendus au Roi et à l'État, se seraient montrés dignes de cette récompense.

Art. 15. Le Roi, désirant assurer la liberté individuelle de tous les citoyens d'une manière solide et durable, invite les États généraux à chercher et à lui proposer les moyens les plus convenables de concilier l'abolition des ordres connus sous le nom de lettres de cachet, avec le maintien de la sûreté publique, et avec les précautions nécessaires, soit pour ménager, dans certains cas, l'honneur des familles, soit pour réprimer avec célérité les commencements de sédition, soit pour garantir l'État des effets d'une intelligence criminelle avec les puissances étrangères.

Art. 16. Les États généraux examineront et feront connaître à Sa Majesté le moyen le plus convenable de concilier la liberté de la presse avec le respect dû à la religion, aux mœurs et à l'honneur des citoyens.

Art. 17. Il sera établi, dans les diverses provinces ou généralités du royaume, des États provinciaux composés de deux dixièmes des membres du clergé, dont une partie sera nécessairement choisie dans l'ordre épiscopal ; de trois dixièmes de membres de la noblesse, et de cinq dixièmes de membres du tiers-état.

Art. 18. Les membres de ces États provinciaux seront librement élus par les ordres respectifs, et une mesure quelconque de propriétés sera nécessaire pour être électeur ou éligible.

Art. 19. Les députés à ces États provinciaux délibéreront en commun sur toutes les affaires, suivant l'usage observé dans les Assemblées provinciales, que ces États remplaceront.

Art. 20. Une commission intermédiaire, choisie par ces États, administrera les affaires de la province pendant l'intervalle d'une tenue à l'autre, et ces commissions intermédiaires, devenant seules responsables de leur gestion, auront pour délégués des personnes choisies uniquement par elles ou par les États provinciaux.

Art. 21. Les États généraux proposeront au Roi leurs vues pour toutes les autres parties de l'organisation intérieure des États provinciaux, et pour le choix des formes applicables à l'élection des membres de cette Assemblée.

Art. 22. Indépendamment des objets d'administration dont les Assemblées provinciales sont Chargées, le Roi confiera aux États provinciaux l'administration des hôpitaux, des prisons, des dépôts de mendicité, des Enfants-trouvés ; l'inspection des dépenses des villes, la surveillance sur l'entretien des forêts, sur la garde et la vente des bois, et sur d'autres objets qui pourraient être administrés plus utilement par les provinces.

Art. 23. Les contestations survenues dans les provinces où il existe d'anciens États, et les réclamations élevées contre la constitution de ces assemblées, devront fixer l'attention des États généraux, ils feront connaître à Sa Majesté les dispositions de justice et de sagesse qu'il est convenable d'adopter pour établir un ordre fixe dans l'administration de ces mêmes provinces.

Art. 24. Le Roi invite les États généraux à s'occuper de la recherche des moyens propres à tirer le parti le plus avantageux des domaines qui sont dans ses mains, et de lui proposer également leurs vues sur ce qu'il peut y avoir de lus convenable à faire, relativement aux domaines engagés.

Art. 25. Les États généraux s'occuperont du projet conçu depuis longtemps par Sa Majesté, de porter les douanes aux frontières du royaume, afin que la plus parfaite liberté règne dans la circulation intérieure des marchandises nationales ou étrangères.

Art. 26. Sa Majesté désire que les fâcheux effets de l'impôt sur le sel et l'importance de ce revenu soient discutés soigneusement, et que dans toutes les suppositions on propose, au moins, des moyens d'en adoucir la perception.

Art. 27. Sa Majesté veut aussi qu'on examine attentivement les avantages et les inconvénients des droits d'aides et autres impôts, mais sans perdre de vue la nécessité absolue d'établir une exacte balance entre les revenus et les dépenses de l'État.

Art. 28. Selon le vœu que le Roi a manifesté par sa déclaration du 23 septembre dernier, Sa Majesté examinera avec une sérieuse attention les projets qui lui seront présentés relativement à l'administration de la justice, et aux moyens de perfectionner les lois civiles et criminelles.

Art. 29. Le Roi veut que les lois qu'il aura fait promulguer pendant la tenue et d'après l'avis ou selon le vœu des États généraux, n'éprouvent, pour leur enregistrement et pour leur exécution, aucun retardement ni aucun obstacle dans toute l'étendue de son royaume.

Art. 30. Sa Majesté veut que l'usage de la corvée pour la confection et l'entretien des chemins soit entièrement et pour toujours aboli dans son royaume.

Art. 31. Le Roi désire que l'abolition du droit de mainmorte, dont Sa Majesté a donné l'exemple dans ses domaines, soit étendue à toute la France, et qu'il lui soit proposé les moyens de pourvoir à l'indemnité qui pourrait être due aux seigneurs en possession de ce droit.

Art, 32. Sa Majesté fera connaître incessamment aux États généraux les règlements dont elle s'occupe pour restreindre les capitaineries, et donner encore dans cette partie, qui tient de plus près à ses jouissances personnelles, un nouveau témoignage de son amour pour ses peuples.

Art. 33. Le Roi invite les États généraux à considérer le tirage de la milice sous tous ses rapports, et à s'occuper des moyens de concilier ce qui est dû à la défense de l'État avec les adoucissements que Sa Majesté désire pouvoir procurer à ses sujets.

Art. 34. Le Roi veut que toutes les dispositions d'ordre public et de bienfaisance envers ses peuples, que Sa Majesté aura sanctionnées par son autorité pendant la présente tenue des États généraux, celles entre autres relatives à la liberté personnelle, à l'égalité des contributions, à l'établissement des États provinciaux, ne puissent jamais être changés sans le consentement des trois ordres, pris séparément ; Sa Majesté les place à l'avance au rang des propriétés nationales, qu'elle veut mettre, comme toutes les autres propriétés, sous la garde la plus assurée.

Art. 35. Sa Majesté, après avoir appelé les États généraux à s'occuper, de concert avec elle, des grands objets d'utilité publique, et de tout ce qui peut contribuer au bonheur de son peuple, déclare de la manière la plus expresse qu'elle veut conserver en son entier, et sans la moindre atteinte, l'institution de l'armée, ainsi que toute autorité, police et pouvoir sur le militaire, tels gue les monarques français en ont constamment joui.

Nota : Le discours du roi figure intégralement en annexe du numéro 176 du Journal de Paris en date du 25 juin 1789.

https://www.retronews.fr/journal/le-journal-de-paris/25-jun-1789/2969/4695768/5

https://play.google.com/books/reader?id=wjkTAAAAQAAJ&pg=GBS.PA790&hl=fr

Discours du Roi invitant les députés à quitter la salle à l'issue de la séance royale du 23 juin 1789

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4536_t2_0145_0000_3

Le Roi, avant de se retirer, prononce un troisième discours que nous transcrivons.

Vous venez, Messieurs, d'entendre le résultat de mes dispositions et de mes vues ; elles sont conformes au vif désir que j'ai d'opérer le bien public ; et si, par une fatalité loin de ma pensée, vous m'abandonniez dans une si belle entreprise, seul, je ferai le bien de mes peuples ; seul, je me considérerai comme leur véritable représentant, et connaissant vos cahiers, connaissant l'accord parfait qui existe entre le vœu le plus général de la nation et mes intentions bienfaisantes, j'aurai toute la confiance que doit inspirer une si rare harmonie, et je marcherai vers le but auquel je veux atteindre avec tout le courage et la fermeté qu'il doit m'inspirer.

Réfléchissez , Messieurs , qu'aucun de vos projets, aucune de vos dispositions ne peut avoir force de loi sans mon approbation spéciale. Ainsi, je suis le garant naturel de vos droits respectifs ; et tous les ordres de l'État peuvent se reposer sur mon équitable impartialité.

Toute défiance de votre part serait une grande injustice. C'est moi, jusqu'à présent, qui fais tout le bonheur de mes peuples ; et il est rare peut-être que l'unique ambition d'un souverain soit d'obtenir de ses sujets qu'ils s'entendent enfin pour accepter ses bienfaits.

Je vous ordonne, Messieurs, de vous séparer tout de suite, et de vous rendre demain matin chacun dans les Chambres affectées à votre ordre, pour y reprendre vos séances. J'ordonne, en conséquence, au grand-maître des cérémonies de faire préparer les salles.

Départ des députés de la noblesse et d'une partie du clergé, à l'issue de la séance royale du 23 juin 1789

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4536_t2_0146_0000_3

Après le départ du Roi, les députés de la noblesse et une partie de ceux du clergé se retirent, tous les membres de l'Assemblée nationale et plusieurs curés restent immobiles à leur place.

Réponse du comte de Mirabeau à l'invitation de quitter la salle, à l'issue de la séance royale du 23 juin 1789

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4537_t2_0146_0000_5

M. le comte de Mirabeau, élevant la voix le premier dit, (1) : J'avoue que ce que vous venez d'entendre pourrait être le salut de la patrie si les présents du despotisme n'étaient pas toujours dangereux. Quelle est cette insultante dictature ? l'appareil des armes, la violation du temple national, pour vous commander d'être heureux ? Qui vous fait ce commandement ? Votre mandataire. Qui vous donne des lois impérieuses ? Votre mandataire, lui qui doit les recevoir de vous ; de nous, Messieurs, qui sommes revêtus d'un sacerdoce politique et inviolable ; de nous enfin, de qui seuls vingt-cinq millions d'hommes attendent un bonheur certain, parce qu'il doit être consenti, donné et reçu par tous. Mais la liberté de vos délibérations est enchaînée, une force militaire environne l'Assemblée. Où sont les ennemis de la nation ? Catilina est-il à nos portes ? Je demande qu'en vous couvrant de votre dignité, de votre puissance législative, vous vous renfermiez dans la religion de votre serment, il ne nous permet de nous séparer qu'après avoir fait la constitution.

Quelque temps après, le marquis de Brézé s'approche du président, et dit :

"Messieurs, vous avez entendu les intentions du Roi."

M. le comte de Mirabeau se lève avec le ton et les gestes de l'indignation, et répond ainsi :

Oui, Monsieur, nous avons entendu les intentions qu'on a suggérées au Roi ; et vous, qui ne sauriez être son organe auprès des États généraux ; vous, qui n'avez ici ni place, ni droit de parler, vous n'êtes pas fait pour nous rappeler son discours. Cependant, pour éviter tout équivoque et tout délai, je déclare que si l'on vous a chargé de nous faire sortir d'ici, vous devez demander des ordres pour employer la force ; car nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes (2),

D'une voix unanime les députés se sont écriés : Tel est le vœu de l'Assemblée.

Le grand-maître des cérémonies se retire.

Un morne silence règne dans l'Assemblée.

(1) Le discours de M. le comte de Mirabeau n'a pas été inséré au Moniteur,

(2) Le recueil des discours de Mirabeau, publié par M.Barthe donne la variante suivante :" Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la puissance du peuple et qu'on ne nous en arrachera que par le force des baïonnettes."

 

Discussion sur le pouvoir des députés, à l'issue de la séance royale du 23 juin 1789

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4537_t2_0146_0000_8

M. Camus. Le pouvoir des députés composant cette Assemblée est reconnu ; il est reconnu aussi qu'une nation libre ne peut être imposée sans son consentement. Vous avez donc fait ce que vous deviez faire : si, dès nos premiers pas, nous sommes arrêtés, que sera-ce pour l'avenir ! Nous devons persister, sans aucune réserve, dans tous nos précédents arrêtés.

M. Barnave. Votre démarche dépend de votre situation ; vos arrêtés dépendent de vous seuls. Vous avez déclaré ce que vous êtes ; vous n'avez pas besoin de sanction : l'octroi de l'impôt dépend de vous seuls. Envoyés par la nation, organes de ses volontés pour faire une constitution, vous êtes obligés de demeurer assemblée aussi longtemps que vous le croirez nécessaire à l'intérêt de vos commettants. Il est de votre dignité de persister dans le titre d’Assemblée nationale.

M. Gleizen, député de Rennes, ayant parlé des applaudissements indiscrets de quelques membres des deux premiers ordres, ajoute : Le pouvoir absolu est dans la bouche du meilleur des Rois, dans la bouche d'un souverain qui reconnaît que le peuple doit faire ses lois. C'est un lit de justice tenu dans une Assemblée nationale : c'est un souverain qui parle en maître, quand il devrait consulter. Que les aristocrates triomphent ; ils n'ont qu'un jour : le prince sera bientôt éclairé. La grandeur de notre courage égalera la grandeur des circonstances. Il faut mourir pour la patrie. Vous avez pris, Messieurs, des délibérations sages : un coup d'autorité ne doit pas vous effrayer.

M. l'Abbé Sieyès. Messieurs, nous sommes aujourd'hui ce que nous étions hier. Délibérons.

MM. Pétion de Villeneuve, Buzot, Garat l'aîné et l'abbé Grégoire appuient avec énergie le parti proposé.

M. l'abbé Sieyès (1). Messieurs, quelque orageuses que paraissent les circonstances, nous avons toujours une lumière pour nous guider. Demandons-nous quels pouvoirs nous exerçons et quelle mission nous réunit ici de tous les points de la France. Ne sommes-nous que des mandataires, des officiers du Roi ? nous devons obéir et nous retirer. Mais, sommes-nous les envoyés du peuple, remplissons notre mission, librement, courageusement.

Est-il un seul d'entre nous qui voulût abjurer la haute confiance dont il est revêtu et retourner vers ses commettants, leur dire : j'ai eu peur, vous aviez remis dans de trop faibles mains les destinées de la France ; envoyez à ma place un homme plus digne de vous représenter ?

Nous l'ayons juré, Messieurs, et notre serment ne sera pas vain, nous avons juré de rétablir le peuple français dans ses droits. L'autorité qui vous a institués pour cette grande entreprise, de laquelle seule nous dépendons, et qui saura bien , nous défendre, est, certes, loin encore de nous crier : c'est assez ; arrêtez-vous. Au contraire, elle nous pousse, et nous demande une constitution. Et qui peut la faire sans nous ? qui peut la faire, si ce n'est nous ? Est-il une puissance sur terre qui puisse vous ôter le droit de représenter vos commettants ?

(Ce discours est couvert d’applaudissements) .

On prend les voix par assis et levé, et l'Assemblée nationale déclare unanimement qu'elle persiste dans ses précédents arrêtés.

(1) Le discours de M, Sieyès n'a pas été inséré au Moniteur,


Motion de M. le comte de Mirabeau sur l'inviolabilité des députés, à l'issue de la séance royale du 23 juin 1789

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4537_t2_0147_0000_2

M. le comte de Mirabeau. C'est aujourd'hui que je bénis la liberté de ce qu'elle mûrit de si beaux fruits dans l'Assemblée nationale. Assurons notre ouvrage, en déclarant inviolable la personne des députés aux États généraux. Ce n'est pas manifester une crainte : c'est agir avec prudence ; c'est un frein contre les conseils violents qui assiègent le trône.

Arrêté du 23 juin 1789 déclarant inviolables les membres de l'Assemblée nationale

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4538_t2_0147_0000_3

Après un court débat, cette motion est adoptée à la pluralité de 493 voix contre 34 ; et l'Assemblée, se sépare après avoir pris l'arrêté suivant :

«L'Assemblée nationale déclare que la personne de chaque député est inviolable ; que tous particuliers, toutes corporations, tribunal, cour ou commission qui oseraient, pendant ou après la présente session, poursuivre, rechercher, arrêter ou faire arrêter, détenir ou faire détenir un député, pour raison d'aucunes propositions, avis, opinions, ou discours par lui faits aux États généraux ; de môme que toutes personnes qui prêteraient leur ministère à aucun desdits attentats, de quelque part qu'ils fussent ordonnés, sont infâmes et traîtres envers la nation, et coupables de crime capital. L'Assemblée nationale arrête que, dans les cas susdits, elle prendra toutes les mesures nécessaires pour rechercher, poursuivre et punir ceux qui en seront les auteurs, instigateurs ou exécuteurs (1). »

(1) Il a été imprimé diverses versions de l’arrêté pris par l’Assemblée nationale, le 23 juin 1789, après la séance royale. Nous avons reproduit le texte du procès-verbal, comme le seul authentique. Néanmoins, nous insérons ici, à titre de document un paragraphe que nous trouvons dans l’une des versions dont nous venons de parler. Il est ainsi conçu :

« Arrête pareillement que toutes poursuites civiles et criminelles, contre lesdits députés, seront interdites à toutes personnes, en quelque qualité qu’elles soient, et à tous tribunaux pendant la session, si elles ne sont pas expressément autorisées par l’Assemblée nationale. »

 

 

Le lendemain 24 juin, arrivée de la majorité des députés du clergé pour siéger avec les députés des communes, lors de la séance du 24 juin 1789

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4546_t2_0149_0000_9

La délibération sur la motion : de M. Mounier est interrompue par l'arrivée du clergé, précédé et annoncé par son huissier.

Cent cinquante-un ecclésiastiques formant la majorité, à la tête desquels sont MM. les archevêques de Vienne et de Bordeaux, les évêques de Coutances, Chartres et Rhodez, avancent au milieu de la salle, qui retentit d'applaudissements et d'acclamations universels.

Un secrétaire porte devant eux les pouvoirs qui avaient été vérifiés dans le comité assemblé le lundi précédent.

 
 


samedi 20 juin 2020

20 Juin 1789 : Le serment du Jeu de Paume

 

Le Serment du Jeu de Paume,
peint par Jacques-Louis David

Une date mémorable !

    Que s’est-il passé le 20 juin 1789 ? (et non-pas le 19 comme l’indique l'estampe ci-dessous). L’évènement a marqué les esprits. Il a fait l’objet de nombreuses représentations artistiques et de commentaires enthousiastes. Il s’agit du fameux serment du Jeu de Paume !

Le "Serment", curieusement daté du 19 juin.

Wikipedia présente cette journée ainsi :

« Le serment du Jeu de paume est l’engagement solennel d’union dans le but de mettre fin à l'Ancien Régime pris le 20 juin 1789 dans la salle du Jeu de paume, à Versailles, par 576 députés français qui prennent à cette occasion le nom d'Assemblée nationale. »

    L’article se termine même en désignant les députés présents sous le nom de "conjurés" !

    C’est peut-être un peu exagéré ! En vérité le serment acte les deux décisions suivantes :

  •  « rien ne peut empêcher qu'elle (l’Assemblée) ne continue ses délibérations dans quelque lieu qu'elle soit forcée de s'établir, et qu'enfin partout où ses membres sont réunis, là est l'Assemblée nationale »

  • « de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l'exigeront, jusqu'à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides »

    Le serment rappelle même l’objectif de l’Assemblée, soit : « fixer la Constitution du royaume, opérer la régénération de l'ordre public, et maintenir les vrais principes de la monarchie ». On ne peut pas dire que cela corresponde à la volonté de mettre fin à l’ancien régime.

    Précisons également que la désignation de l’auguste assemblée des députés envoyés aux États généraux, sous le nom d’Assemblée nationale, ne date pas du jour de ce fameux serment mais du 17 juin ! (Elle était aussi désignée sous l’appellation de "Communes" depuis le 6 mai 1789).

L'Assemblée nationale
 

Drôles de "conjurés" !

    Drôles de conjurés, toujours aussi épris de leur bon roi Louis, comme nous le verrons dans les semaines à venir. Pour se donner une idée de cet amour, il faut lire l'intervention de Monsieur Chapelier qui juge :"essentiel de faire porter au Roi la douleur de l'Assemblée nationale dans la circonstance. Il veut que l'adresse apprenne à Sa Majesté que les ennemis de la patrie obsèdent sans cesse le Trône, et que leurs conseils tendent à placer le monarque à la tête d'un parti."

Acte courageux malgré tout.

    Ne minimisons pas ! Il ne faut pas oublier en effet les dizaines de milliers de militaires qui campent autour de Paris et qui n'attendent qu'un mot du roi pour remettre tout le monde au pas. Vous remarquerez également que la salle où devaient initialement se réunir les députés, était gardée par de nombreux soldats. La séance royale, dont les préparatifs sont cause de la fermeture, aura bien lieu le 23 juin, et Louis XVI essaiera vainement de rappeler à l'ordre les députés.

    Un autre roi que Louis XVI (16), Louis XIV (14) par exemple, aurait depuis longtemps envoyé les Dragons sabrer ces insolents députés. Louis XVI ne cessera pas d'hésiter. Il fait venir des armées. Celles-ci se préparent à la répression. Et jamais rien n'arrive. C'est tellement incompréhensible que cela prête à de nombreuses interprétations parfois défendues par certains historiens : Louis XVI était-il obtus au point de ne rien comprendre aux événements ? Craignait-il de contraindre par la force ces députés du Tiers État dont nombre d'entre-eux étaient ses créanciers ? Louis XVI voulait-il cette révolution ?

De quoi penser...

    Comme à mon habitude, je ne vous dis pas quoi penser. Mais je vous donne de quoi penser ! Je vous propose pour ce faire de lire les procès-verbaux de cette journée mémorable, précieux documents que l’on trouve sur l'indispensable site www.persee.fr

Jean Sylvain Bailly
Président de la séance du 20 Juin 1789


Voici les P.V. Vous remarquerez que les députés du Tiers État sont désignés, "à l'anglaise", sous l'appellation de Communes.

Communes : empêchement de la tenue de la séance du 20 juin 1789 en raison de la préparation d'une séance royale

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4521_t2_0137_0000_6

À neuf heures du matin, heure indiquée pour la séance de l'Assemblée nationale, le président et les deux secrétaires se sont présentés à la porte de l'entrée principale ; ils l'ont trouvée gardée par des soldats, et ils ont vu un grand nombre de députés qui ne pouvaient entrer : M. le président a demandé l'officier de garde. M. le comte de Vassan s'est présenté, et a dit qu'il avait ordre d'empêcher l'entrée de la salle, par rapport aux préparatifs qui s'y faisaient pour une séance Royale.

M. le Président lui a dit qu'il protestait contre l'empêchement mis à l'ouverture de la séance indiquée le jour d'hier à l'heure présente, et qu'il la déclarait tenante.

M. le comte de Vassan ayant, ajouté qu'il était autorisé à laisser entrer les officiers de l'Assemblée, pour prendre les papiers dont ils pouvaient avoir besoin, M. le président et les secrétaires sont entrés, et ont vu en effet que la plus grande partie des bancs de la salle étaient enlevés, et que toutes les avenues étaient gardées par un grand nombre de soldats.

Comte Jean de Vassan
Source

Communes : affiches annonçant une séance royale, lors de la séance du 20 juin 1789.

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4521_t2_0137_0000_8

Ils ont remarqué dans la cour et à la porte extérieure plusieurs affiches conçues en ces termes : «États généraux. De par le Roi. Le Roi ayant résolu de tenir une séance royale aux États généraux, lundi 22 juin, les préparatifs à faire dans les trois salles qui servent aux Assemblées des ordres exigent que ces Assemblées soient suspendues jusqu'après la tenue de ladite séance. Sa Majesté fera connaître par une nouvelle proclamation l'heure à laquelle elle se rendra lundi à l'Assemblée des États. À Versailles, de l'imprimerie Royale, 1789. »

Communes : réunion de l'Assemblée dans un autre local, au jeu de Paume, lors de la séance du 20 juin 1789

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4521_t2_0137_0000_9

M. le Président et les deux secrétaires étant sortis, ils se sont transportés dans le jeu de paume de la rue du Jeu de Paume, où les membres de l'Assemblée se sont successivement réunis. — Signé, Bailly, président ; Camus, secrétaire ; Pison du Galland fils, secrétaire.

C’est Guillotin qui a suggéré cette salle du Jeu de paume, située dans le quartier Saint-Louis à Versailles.

Joseph Ignace Guillotin


Communes : ouverture de la séance du 20 juin 1789 dans la salle du Jeu de Paume.

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4522_t2_0137_0000_11

Du même jour, dix heures et demie du matin, dans la salle du Jeu de Paume, rue du Jeu de Paume.

Communes : lettre de M. le marquis de Brézé, datée du 20 juin 1789, sur la tenue d'une séance royale.

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4522_t2_0137_0000_12

L'Assemblée étant formée, M. le Président a rendu compte de deux lettres qu'il a reçues ce matin de M. le marquis de Brézé, grand-maître des cérémonies. La première est de la teneur suivante :

«Versailles , ce 20 juin 1789.

«Le Roi m'ayant ordonné, Monsieur, de faire publier par des hérauts l'intention dans laquelle Sa Majesté est de tenir, lundi 22 de ce mois, une séance royale, et en même temps la suspension des Assemblées que les préparatifs à faire dans les trois salles des ordres nécessitent ; j'ai l'honneur de vous en prévenir. Je suis avec respect, Monsieur, votre très-humble et très obéissant serviteur, le marquis de Brézé.

«P.S. Je crois qu'il serait utile, Monsieur, que vous voulussiez bien charger MM. les secrétaires du soin de serrer les papiers, dans la crainte qu'il ne s'en égare.

«Voudriez-vous bien aussi, Monsieur, avoir la bonté de me faire donner les noms de MM. les secrétaires, pour que je recommande qu'on les laisse entrer, la nécessité de ne point interrompre le travail pressé des ouvriers ne permettant pas l'accès des salles à tout le monde ? »

Henri Evrard de Dreux Brézé
 

Communes : réponse du Président à la lettre de M. le marquis de Brézé, datée du 20 juin 1789, sur la tenue d'une séance royale.

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4522_t2_0138_0000_2

M. le Président a dit qu'il avait répondu à cette lettre dans les termes suivants :

«Je n'ai reçu encore aucun ordre du Roi, Monsieur, pour la séance royale, ni pour la suspension des Assemblées ; et mon devoir est de me rendre à celle que j'ai indiquée pour ce matin à huit heures. Je suis, etc. »

Communes : seconde lettre de M. le marquis de Brézé, datée du 20 juin 1789, sur la tenue d'une séance royale.

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4522_t2_0138_0000_3

En réponse à cette lettre, M. le marquis de Brézé lui a écrit la seconde dont la teneur suit :

Versailles, ce 20 juin 1789.

«C'est par un ordre positif du Roi que j'ai eu l'honneur de vous écrire ce matin, Monsieur, et de vous mander que Sa Majesté voulant tenir lundi une séance royale qui demande des préparatifs à faire dans les trois salles d'assemblée des ordres, son intention était qu'on n'y laisse entrer personne, que les séances fussent suspendues jusqu'après celle que tiendra Sa Majesté. Je suis avec respect, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur, le marquis de Brézé. »

Communes : lecture du procès-verbal, lors de la séance du 20 juin 1789.

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4522_t2_0138_0000_6

Après la lecture de ces lettres, M. le Président a rendu compte des faits portés au procès-verbal de ce jour, et il en a été fait lecture.

Communes : remarque de M. Mounier sur l'empêchement fait à l'Assemblée d'accéder à la salle des Etats généraux, lors de la séance du 20 juin 1789.

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4522_t2_0138_0000_7

M. Mounier présente une opinion qui est appuyée par MM. Target, Chapelier, Barnave, il représente combien il est étrange que la salle des États généraux soit occupée par des hommes armés ; que l'on n'offre un autre local à l'Assemblée nationale ; que son président ne soit averti que par des lettres du marquis de Brézé, et les représentants nationaux que par des placards ; qu'enfin ils soient obligés de se réunir au Jeu de Paume, rue du Vieux-Versailles, pour ne pas interrompre leurs travaux ; que blessés dans leurs droits et dans leur dignité, avertis de toute la vivacité de l'intrigue et de l'acharnement avec lequel on cherche à pousser le Roi à des mesures désastreuses, les représentants de la nation doivent se lier au salut public et aux intérêts de la patrie par un serment solennel.

Cette proposition est approuvée par un applaudissement unanime.

Jean Joseph Mounier
 

Communes : décret du 20 juin 1789 sur la nécessité de ne pas se séparer avant de donner une Constitution au royaume et annonçant le serment du Jeu de Paume.

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4522_t2_0138_0000_8

L'Assemblée ayant délibéré a pris, sur la proposition de M. Target, l'arrêté suivant à l'unanimité des voix, moins une :

«L'Assemblée nationale, considérant qu'appelée à fixer la Constitution du royaume, opérer la régénération de l'ordre public, et maintenir les vrais principes de la monarchie, rien ne peut empêcher qu'elle ne continue ses délibérations dans quelque lieu qu'elle soit forcée de s'établir, et qu'enfin partout où ses membres sont réunis, là est l'Assemblée nationale.

«Arrête que tous les membres de cette Assemblée prêteront, à l'instant, serment solennel de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l'exigeront, jusqu'à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides ; et que ledit serment étant prêté, tous les membres et chacun d'eux en particulier, confirmeront par leur signature cette résolution inébranlable. »

Communes : serment du Jeu de Paume du 20 juin 1789.

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4522_t2_0138_0000_9

Lecture faite de l'arrêté, M. le Président a demandé pour lui et pour les secrétaires, à prêter le serment les premiers ; ce qu'ils ont fait à l'instant ; ensuite, l'Assemblée a prêté le même serment entre les mains de son président.

M. le Président avant rendu compte à l'Assemblée que le bureau de vérification avait été unanimement d'avis de l'admission provisoire de douze députés de Saint-Domingue, l'Assemblée nationale a décidé que lesdits députés seraient admis provisoirement ; ce dont ils ont témoigné leur vive reconnaissance. En conséquence, ils ont prêté le serment, et ont été admis à signer l'Arrêté.

M. le marquis de Gony, député de Saint-Domingue, prenant la parole, a dit :

La colonie de Saint-Domingue était bien jeune quand elle s'est donnée à Louis XIV ; aujourd'hui plus brillante et plus riche, elle se met sous la protection de l'Assemblée nationale.

La prestation de serment a été suivie des cris réitérés et universels de vive le Roi ; et aussitôt l'appel des bailliages, sénéchaussées, provinces et villes a été fait suivant l'ordre alphabétique ; et chacun des membres présents, en répondant à t l'appel, s'est approché du bureau, et a signé.

S’en suit la liste de tous les signataires.

Procès-verbal du serment du jeu de paume
 

Communes : discussion suite au refus du député Martin d'Auch de signer le Serment du Jeu de Paume, lors de la séance du 20 juin 1789.

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4522_t2_0139_0000_4

M. Camus. J'annonce à l'Assemblée que M. Martin d'Auch, bailliage de Castelnaudary, a signé opposant.

Un cri général d'indignation se fait entendre.

M. Blailly. Je demande que l'on entende les raisons de l'opposant.

M. Martin. Je déclare que je ne crois pas pouvoir jurer d'exécuter des délibérations qui ne sont pas sanctionnées par le Roi.

M. le Président. L'Assemblée a déjà publié les mêmes principes dans ses adresses et dans ses délibérations, et il est dans le cœur et dans l'esprit de tous ses membres de reconnaître la nécessité de la sanction du Roi pour toutes les résolutions prises sur la constitution et la législation.

L'opposant persiste dans son avis, et l'Assemblée arrête qu'on laissera sur le registre la signature pour prouver la liberté des opinions.

Communes : discussion sur l'adresse à envoyer au Roi pour lui rendre compte du Serment du Jeu de Paume, lors de la séance du 20 juin 1789.

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4522_t2_0140_0000_2

M. Chapelier prend la parole pour faire sentir qu'il est non-seulement nécessaire, mais même essentiel de faire porter au Roi la douleur de l'Assemblée nationale dans la circonstance. Il veut que l'adresse apprenne à Sa Majesté que les ennemis de la patrie obsèdent sans cesse le Trône, et que leurs conseils tendent à placer le monarque à la tête d'un parti.

Ces expressions paraissent trop fortes à beaucoup de membres.

M. Mounier représente que l'adresse de M. Chapelier ne remplit pas les vues de l'Assemblée. Il dit qu'il convient que les formes ont été blessées, qu'on y a même mis peu de décence ; qu'aucuns motifs, aucuns prétextes ne peuvent enchaîner l'Assemblée nationale ; mais, qu'à cet égard, elle s'est bien vengée du manque de procédés dont elle a à se plaindre ; que sur le fond, le préopinant va trop loin en se servant des termes d'ennemis de la patrie, avant de connaître le résultat de la séance royale ; il pense qu'il convient de ménager ces armes pour en faire usage dans une occasion plus opportune ; il propose une adresse plus modérée, dans laquelle l'Assemblée témoignerait sa surprise et sa sensibilité de s'être vue refuser la porte de la salle destinée à l'Assemblée nationale, au moment où la réunion du clergé allait s'opérer.

MM. Barnave et de Gouy-d'Arcy proposent également une autre version. L'assemblée ne juge pas à propos de prendre une délibération à ce sujet.


Communes : conclusion de la séance du 20 juin 1789 et suspension des séances jusqu'au 22 juin 1789.

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4522_t2_0140_0000_3

L'Assemblée s'ajourne à lundi 22, heure ordinaire, et elle arrête en outre que si la séance royale a lieu dans la salle nationale, tous les membres y demeureront après que la séance sera levée, pour continuer les délibérations et les travaux ordinaires.

La séance est levée à six heures.

Nota. D'après la proclamation de la prochaine séance royale, l'ordre de la noblesse et celui du clergé ont suspendu leurs séances.
 
 
 
 

vendredi 19 juin 2020

19 Juin 1789 : Fondation du journal « Le Point du Jour » par Bertrand Barère

 

    Je partage avec vous cette nouvelle source d’information numérique. Il s’agit du journal fondé par Bertrand Barère, dit Barère de Vieuzac « Le Point du Jour, ou Résultat de ce qui s’est passé la veille à l’Assemblée Nationale ». Son objet était de rendre compte des discussions et décrets de l’Assemblée et donner son avis sur les réformes à mettre en place. Ce journal connu un grand succès. Bertrand Barère publia son journal jusqu’au 31 septembre 1791.

Vous vous doutez bien que j’y jette un œil de temps en temps pour alimenter ma chronique. Mais comme je suis partageur, je vous ouvre une fenêtre sur ledit document, en bas de cet article !

Voici tout de même un court extrait de la fiche Wikipédia de Bertrand Barère, pour lequel j’éprouve une certaine sympathie.

"Bertrand Barère dit Barère de Vieuzac, né le 10 septembre 1755 à Tarbes, où il est mort le 13 janvier 1841, est un homme politique de la Révolution française et juriste français.

Bertrand Barère

Avocat méridional, élu à la Constituante, puis à la Convention où il est une des têtes politiques de la Plaine (la majorité des députés) avant de se rallier comme elle et jusqu’au 9 thermidor à la Montagne, menée par Robespierre, Bertrand Barère est l'un des orateurs les plus importants de la Révolution : l’énoncé de ses motions et de ses rapports occupe plus de douze colonnes du Moniteur, contre huit pour Robespierre et deux pour Danton.

Rapporteur attitré du Comité de salut public (où il détient le record de longévité : dix-sept mois), ses discours lui valent un succès prodigieux à la Convention : il est l’aède des soldats de l’an II avec ses carmagnoles et donne un visage avenant, par sa verve, aux mesures d’exceptions du gouvernement révolutionnaire (Wikipédia qui est de parti pris, qualifie les mesures de « terroristes »).

Proscrit sous le Directoire, amnistié sous le Consulat et l’Empire, exilé sous la Restauration, rentré en France sous Louis-Philippe, il meurt à 85 ans, conseiller général à Tarbes. Pendant cette dernière période, il sera élu à trois reprises député par les électeurs des Hautes-Pyrénées : 1797, 1815, 1834, ces élections, sauf celle des Cent-Jours, étant à chaque fois annulées par les pouvoirs en place."