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vendredi 14 juillet 2023

Les estampes érotiques révolutionnaires...

 

La face cachée...

"La joyeuse face cachée de la Révolution."

    Je ne pouvais pas passer sous silence ces autres estampes diffusées sous la Révolution, c’est-à-dire, les coquines, les érotiques, etc. Il fallait bien que je leur consacre un article, par honnêteté envers vous, chers lectrices et lecteurs !

    Il y en a eu tellement ! Je dispose de nombre de ces images "impudiques" dans un dossier de ma base de données ! Mais bien sûr, je ne peux pas vous les montrer toutes, car je tiens à ce que mon site reste pour tous publics. L'abondance de texte caractérisant celui-ci devrait suffire à dissuader les jeunes âmes innocentes. Mais quid ensuite du référencement des images par Google ? J'ai déjà assez de soucis avec les royalistes (pas tous) qui me dénoncent régulièrement à Facebook ou Google ! Je ne vous montrerai donc dans cet article que les gravures les plus bénignes et quelques autres un peu plus scabreuses que je censurerai.

    J’ai emprunté cette expression « La joyeuse face cachée de la Révolution » à l’écrivaine Régine Desforges qui l’utilisa dans la préface qu’elle rédigea en introduction de l’ouvrage de son mari éditeur, Jean-Jacques Pauvert, publié en 1789, ouvrage consacré aux estampes érotiques révolutionnaires.

    Régine Desforges fut une éditrice et une romancière à succès dans les années 80. Défendant le droit des femmes à s'assumer seules, y compris dans leur sexualité, elle publia également des romans érotiques et fut même condamnée pour atteinte aux bonnes mœurs à cause des textes érotiques qu’elle publiait. Elle co-réalisa également en 1980 un film inspiré de l’un d’entre eux, « contes pervers ». (Ah les années 80 ! Si vous saviez !)

Je vous propose de lire cette préface de Régine Desforges :

« Quelle gaîté, quelle santé, quelle jeunesse, quelle belle humeur, quelles jolies couleurs !

Que la convulsion révolutionnaire se soit extériorisée (et finalement des deux côtés, semble-t-il), avec une exubérance aussi sensuelle, aussi printanière, me ravit.

Mais à la réflexion, y a-t-il tellement de politique là-dedans ? A faire défiler toutes ces estampes dont aucune, en fin de compte, n’est féroce (où est la guillotine, où sont les massacres des prisons ?), aucune, à bien y regarder, vraiment obscène, on se prend à penser que peut-être, bien plus que dans le combat des factions, c’est dans l’ivresse d’une liberté de tout dire, de tout montrer, dans l’allègre vertige de l’ « interdit d’interdire » que se jetaient – sur commande ou pas – les jeunes artistes des deux camps : c’est le gentil chasseur bandant, Lafayette lutinant Marie-Antoinette, le triomphe des Droits de l’Homme – un gros vit porté en triomphe -, de la maudite liberté foutant en cul, du voluptueux anachorète… tout cela dans la joie sans jamais rien de pervers.

Rien de semblable avec la littérature, qui est noire - reflet des angoisses de ce temps - c’est l’époque du grand succès des livres d’Ann Radcliffe, de Ducray-Duminil, de la Justine de Sade, de l’étrange roman de Revérony Saint-Cyr, Pauliska ou la perversité moderne, des liaisons dangereuses, toujours, du Moine de Lewis, et de tant d’autres.

Je livre la question aux historiens. Aux simples lecteurs et voyeurs comme moi, je laisse le plaisir de découvrir la joyeuse face cachée de la Révolution. »

Un nouveau concept :"Le plaisir national"

Grivoiseries révolutionnaires et libertinages d’ancien régime.

    Je partage la même impression que Régine Desforges quant à la nature de ces estampes "révolutionnaires". Leurs auteurs sont plus dans l’esprit des donneurs de fessées publiques dont je vous ai parlées dans un précédent article que de celui des septembriseurs assoiffés de sang. Ces images relèvent plus de ce que l’on appelait autrefois la grivoiserie ou la gauloiserie que d’une forme de dépravation.

    C’est plutôt dans certaines gravures de l’ancien régime que l’on découvre ce que l’on peut objectivement considérer comme du vice ou de la perversion. Pas dans toutes, bien sûr, car le libertinage fut aussi au 18ème siècle une forme de libération sexuelle et il inspira joliment des créations artistiques fort plaisantes. J'ai de très jolies estampes de ce type, que je ne publierai hélas pas dans cet article, car ce n'est pas le sujet ! 😉

L'illustration ci-dessous constitue un bel exemple de ces jolies gravures :

"Dame à sa toilette"
Gravure d'après Charles Eisen.

    Tout comme il en fut de la violence, les gravures licencieuses ne furent pas l’apanage de la Révolution. Même si elles sont contemporaines, les estampes érotiques révolutionnaires font bien pâles figures comparées aux gravures figurant dans les ouvrages du Marquis Sade ! Contemporaines, car c’est bien grâce à la Révolution que Sade, alors âgé de 50 ans, fut libéré de prison le 2 avril 1790 (il était alors emprisonné pour ses crimes réels et pas seulement pour ses écrits) par suite de l’abolition des lettres de cachet et c’est sous la Révolution malgré tout qu’il publiera ses principaux livres.

    Je ne prends pas parti en écrivant que l’univers de Sade est celui de l’Ancien régime. Il suffit de le lire pour s’en assurer. Bon courage d’ailleurs si vous vous y aventurez car c’est parfois à la limite du soutenable du fait des cruautés qui y sont décrites. Cet homme sulfureux traversera d’ailleurs sans trop de soucis la Révolution. Mais finalement, il sera interné parmi les fous au milieu desquels il mourra en 1814. Passons. Je vous laisse lire sa bio sur Wikipédia si vous souhaitez en savoir plus.

Marie-Antoinette confrontée à la "passivité" de Louis (extrait).

Légèreté des estampes versus gravité des livres ?

    Régine Desforges souligne une différence entre les estampes et la littérature de l’époque. Elle liste même quelques auteurs pour étayer son propos. Le livre de Jean-Jacques Pauvert montre néanmoins de nombreuses gravures qui ont été extraites de livres. Je vous propose de consulter l’un d’entre eux, publié en 1791 par "La Muse libertine", intitulé : "Les fouteries chantantes, ou Les récréations priapiques des aristocrates en vie", édité "A Couillardinos, de l'imprimerie de Vit-en-l'air et distribué chez le Sieur Flavigny, chanteur de godet, et marchand de musique, quai des Morfondus, au Vit couronné…". Tout un programme...

    Vous pourrez y constater que le texte et les images sont bien légères, comparées à ce que l’on trouve dans un livre du Marquis de Sade.

    Vous pouvez le consulter dans la fenêtre ci-dessous (Pour Sade, je vous laisse chercher par vous-même) :


Quelques exemples ?

    Je parle, je parle, mais jusque-là, bien peu d'images ! Je vous propose arbitrairement deux thèmes. 

Vigueur de soldat...

    Ces quelques estampes vantent la vigueur des soldats. La quatrième (la plus explicite) a même été dessinée par deux officiers de la Garde nationale parisienne...

 
 
Dans le même esprit...

Marie-Antoinette.

    Enormément de gravures évoquent les vices présumés de Marie-Antoinette. J'ai bien sûr choisi les moins choquantes. 
    Concernant cette réputation de Marie-Antoinette, n'oublions pas que toutes les rumeurs à son sujet sont toujours partie de la Cour à Versailles. Il existait en effet à la Cour un très fort courant anti-autrichien qui remontait au fameux renversement des alliances scellé par le traité du 1er mai 1756. Beaucoup de nobles détestait l'autrichienne...
    Il apparait clairement que beaucoup d'estampes étaient destinées à modeler l'opinion. Necker s'en servit énormément pour promouvoir sa personne et sa politique. D'autres, anonymes, avaient des intentions plus troubles. Il était si facile d'orienter la colère du peuple vis-à-vis de Marie-Antoinette...

 
 
 

Marie-Antoinette et La Fayette...
(Liaison purement imaginaire)


J'espère n'avoir choqué la sensibilité de personne avec cet article. 😇



Post-Scriptum :

    Si vous souhaitez une version non censurée d'une estampe, contactez-moi par un message sur ma page Facebook. Cela restera entre nous. 😉


samedi 27 novembre 2021

Plans de Paris du 14ème au 18ème siècle

 


    D'après mes statistiques, il semble que vous aimiez les galeries d'images. Je pense donc vous faire plaisir avec celle-ci !

    J'ai déjà utilisé plusieurs fois, pour illustrer certains articles, le magnifique plan de Paris dessiné par Bretez entre 1734 et 1739, plus connu sous le nom de plan de Turgot. Je lui ai même consacré un article que vous trouverez en cliquant sur ce lien : "1734 - 1739, Plan de Paris dessiné par Bretez, dit plan de Turgot." Mais là je vous propose toute une série allant de 1383 (même si celui-ci a été dessiné en 1705), jusqu'à 1797 (Après la Révolution 😉 )


    Vous pouvez cliquer sur l'image ci-dessous pour accéder à la galerie, ou cliquer sur le lien suivant : https://photos.app.goo.gl/cRcVex5a59u7naVX7


En plus !

Voici "en plus" quatre liens vous permettant de zoomer sur des versions "Haute Définition" :


Chronologie.

Les images ci-dessous vous donnent les dates de chaque plan :





Cadeau surprise !

En cliquant sur l'image ci-dessous, vous pourrez accéder à une superbe carte interactive sur laquelle vous pourrez découvrir l'histoire des rues de Paris !








mardi 2 novembre 2021

Les drapeaux des 60 districts parisiens de la Garde Nationale en 1789

District de Saint-Jacques du Haut Pas


    Je vous offre aujourd'hui un petit bijou. Il ne s'agit rien moins que des reproductions des drapeaux des 60 districts de la Garde Nationale en 1789.

    Ces petites merveilles sont regroupées et présentées avec érudition en deux cahiers édités en 1947 par les Editions Militaires Illustrées.


    Cette édition originale a été tiré à 1500 exemplaires, dont 900 sur vélin pur fil Crèvecœur des Papeteries du Marais.

Regardez ci-dessous ce que cela donne :


    Le premier cahier présente l'histoire de ces drapeaux rédigée par le Commandant Henry Lachouque. Le second cahier regroupe les planches dessinées par Gérard Blanckaert. Je dois dire que ces dessins sont d'une qualité peu commune, que mes photos ne peuvent pas rendre complètement. En effet, les parties dorées ou argentées des drapeaux brillent vraiment comme de l'or ou de l'argent !



Des drapeaux disparus dans les limbes du temps

    Il ne reste absolument plus rien de ces prestigieux drapeaux, car ils furent brûlés conformément à la Loi du 22 avril 1792, l'an 4e. de la Liberté, "relative au brûlement des anciens Drapeaux, Étendards & Guidons".

    Cette loi avait été rendue nécessaire par suite des difficultés qui avaient été constatées pour l'application du décret du 30 juin 1791, pour un nouveau modèle de drapeau. A partir de ce décret, chaque régiment à deux bataillons, possèderait dorénavant deux drapeaux différents. Sur le premier, on trouverait les trois couleurs nationales mais on conserverait la croix blanche avec mention du numéro du régiment. Sur le second, figureraient la croix blanche, le numéro du corps et différentes couleurs. Pour tous les drapeaux, la devise, qui existait déjà sous l'Ancien Régime, se généraliserait et s'intitulerait : "discipline, obéissance à la loi".

    L'auteur de la préface, Monsieur Rosset, Syndic du Conseil de Paris en 1947, nous dit se perdre en conjectures sur les motifs qui ont pu animer ce qu'il appelle "le zèle iconoclaste des hommes de 1792" et il fait de cet acte l'un des épisodes "caractéristiques et des plus significatifs du drame de la Révolution naissante". Il semble donc oublier que cette loi avait été signée de la main du roi Louis XVI ! D'un point de vue militaire, cette loi homogénéisait les uniformes et les drapeaux, mettant fin ainsi aux disparités chatoyantes qui contribuaient à semer la confusion sur les champs de bataille, quand dans la mêlé on se savait plus qui était qui. En revanche, je trouve intéressant qu'il qualifie les événements de 1792, de révolution naissante, ce qu'ils furent effectivement.


Le ton est donné, si j'ose dire. 

    Monsieur Rosset n'apprécie guère cette révolution populaire de 1792. Il remercie d'autant plus sincèrement le commandant Henry Lachouque pour cet ouvrage, que celui-ci partage avec lui les mêmes a priori et préjugés. Il le remercie "au nom du Conseil municipal de Paris, toujours attentif, quels que soient les hommes ou les partis qui passent à l'Hôtel de Ville".

    En effet, on comprend très vite ce que le Commandant pense du peuple de Paris ; ces gens qu'à la cour du roi on surnomme les grenouilles, rappelle-t-il. (Lisez mon article à ce sujet).

    Les Parisiens de 1789 en révolte sont qualifiés de : pègre, voyous, ivrognes, valetaille, guenilleux, bonnets gras, motionnaires, crapules, chienlit, greluchons, clercs de basoche, têtes fêlées, catins, souteneurs, galériens évadés, vagabonds sortis de leurs tanières et bien sûr, brigands. (Lire mon article "Peuple ou Populace").

Il résume sa pensée avec une citation tirée d'une comédie de Victorien Sardou (Ragagas) :

"L'émeute, c'est quand le populaire est vaincu… tous des canailles. La révolution, c'est quand il est le plus fort… tous des héros."

 

Un mot sur les uniformes

    Seul un bourgeois pouvait se payer la tenue nécessaire pour entrer dans la Garde nationale. Un uniforme coûtait 117 Livres, auxquelles il fallait ajouter 66 Livres pour l'équipement suivant :

  • 1 chemise de toile,
  • 2 cols en basin blanc
  • 1 col noir
  • 1 mouchoir en coton
  • 1 paire de bas
  • 3 paires de guêtres
  • 1 cocarde
  • 2 paires de souliers de cuir à boucles
  • 1 tire-bouton
  • 1 épinglette
  • 1 havresac en peau de veau
  • 1 boucle de col
  • 1 tournevis
  • 1 sac de toile.

    Pour mémoire, 1 Livre valait 20 sous (ou sols) et 20 sous était le montant du salaire journalier d'un ouvrier parisien (un artisan pouvait gagner jusqu'à 50 sous). L'uniforme et son équipement valait donc 243 Livres, soit 243 journées de travail d'un ouvrier.

(Je ne vous cache pas que j'essaie de trouver d'autres sources, tellement cela me semble exorbitant !)


Accès aux galeries !

    Je suis sûr que certains s'impatientent et veulent voir les gravures ! Il vous suffit de cliquer sur les images ci-dessous pour accéder aux albums. Vous constaterez, qu'à la fin de la première, il y a quelques variantes, car des sources donnaient des versions différentes :




Je continue... 😉

Ce que nous apprend la lecture de ce bel ouvrage.

1/ Concernant le commandant Lachouque, nous sommes faces à un personnage dont les préjugés vis-à-vis de la Révolution étaient courants à l'époque dans le milieu militaire (et le sont probablement encore, hélas, et pas seulement dans l'armée).

    Paradoxalement, ce militaire de carrière, au service de la République, n'aime guère la République et il méprise le peuple. Il est nostalgique de l'Ancien régime, où selon lui tous les Français étaient heureux, et seul le 1er Empire auquel il consacrera de nombreux ouvrages, trouve grâce à ses yeux.

    Si le commandant Lachouque s'intéresse autant aux magnifiques drapeaux des 60 districts de Paris, c'est parce que ce sont encore des drapeaux de l'ancien régime, les tout derniers. Leur iconographie mêle quelques nouveaux symboles (Liberté, par exemple), aux anciens qui demeurent ceux de l'héraldique monarchique et religieuse de l'Ancien régime..

    Quoi qu'il en soit, le récit des événements fait par le commandant Lachouque, n'en est pas moins d'un grand intérêt à lire. Ses préjugés, inhérents à chaque homme, ne l'empêchent pas de nous apprendre nombre de détails intéressants. Mais il est vraiment nécessaire de les croiser avec d'autres sources.

    Que s'est-il d'ailleurs réellement passé durant ces journées chaudes de Juillet 89 ? Il cite Lafayette qui aurait répondu à cette question le 24 Juillet 1789 : "On ne le sait pas on ne le saura jamais, car une main invisible dirige la populace".

    Qu'importe si d'autres ont vu parfois sortir cette main du Palais Royal ou de quelque autre endroit encore plus embarrassant !?


2/ D'un point de vue historique, on comprend ce que l'on peut déjà pu deviner à la lecture de mes articles concernant les journées révolutionnaires de Juillet 1789 ; à savoir, que la garde bourgeoise de 48.000 hommes créée à l'Hôtel de Ville de Paris le 13 Juillet 1789 à midi, devenue Garde nationale le 15 Juillet, avait plus pour objectif de protéger la Bourgeoisie du peuple, que le peuple de la dizaine de régiments qui menaçaient Paris ! (1)

(1) Royal Dragons à Paris, Royal Allemand à la Muette, Royal Cravatte à Charenton, Régiment Suisse de Reyrac à Sèvres, Régiment suisse de Salis-Samade à Issy, Régiment de Provence et de Vintimille à Saint-Denis, Berchémy-Hussards à l'Ecole Militaire et Régiments de Bouillon et de Nassau à Versailles, avec les Hussards de Lauzun.

    En effet, c'est bien la peur du peuple qui a motivé les Electeurs de Paris à former une milice bourgeoise. Comme le précise Lachouque, "ils sont les "Elus du peuple" depuis le dimanche 26 avril dernier". Oui, mais de quel peuple ? Probablement pas de celui que la faim accable.

    Il précise : "Dans les soixante districts de la capitale, "le Roi ayant reconnu leur pouvoir électif", ils ont choisi "librement les députés du Tiers aux Etats Généraux", après quoi ces électeurs auraient dû se séparer, mais, "soit pour donner leurs instructions à leurs députés, soit par ce besoin de se réunir et de s'agiter, qui est toujours dans le cœur des hommes", ils ont continué à tenir séances à l'archevêché.

    Ces grands électeurs du Tiers Etat prendront bientôt le nom (inspiré du mot anglais "Commons") de Commune de Paris. Ils éliront par acclamation Bailly, comme Maire de Paris et ils nommeront Lafayette Commandant de la Garde nationale. Le peuple n'aura pas vraiment à donner son avis. (Voir ma chronique des journées de juillet et août 1789).

    Du côté de l'Assemblée nationale constituante, les députés n'auront pour seul désir que de faire la paix avec ce roi qu'ils aiment tant et de mettre fin aux troubles qui les ont pourtant bien aidés à prendre le pouvoir. La Garde nationale leur servira en quelque sorte de bras armé. Celle-ci sera en effet plus souvent utilisée pour réprimer les émeutes que pour tourmenter les ennemis de la Révolution.

    Plus le temps passera, plus les Parisiens se défieront de cette Garde nationale commandée par le tout-puissant général Lafayette.

    Rappelons que le 17 Juillet 1791, la Garde nationale commandée par Lafayette fera feu (50 morts), sur une délégation venue déposer au Champs de Mars une pétition demandant la destitution du roi ; roi qui le mois précédent s'était enfuis, avait été rattrapé à Varennes, puis avait été pardonné et avait même vu sa pension augmentée !

    Le 29 septembre 1791, l'Assemblée constituante votera une loi sur la Garde nationale, approuvée par le roi le 14 octobre 1791. Cette loi s'inscrira dans la logique de la nouvelle constitution censitaire du 3 Septembre 1791, divisant les citoyens en différentes classes, les citoyens passifs n'ayant pas le droit de vote, et les actifs ayant le droit de vote, mais eux-mêmes divisés en 3 catégories dont seuls les citoyens actifs pouvant justifier d’une imposition directe d’au moins un marc d’argent, soit cinquante livres (c'était beaucoup) et posséder une propriété foncière, pouvaient se faire élire. Ne seront tolérés dans la Garde nationale que les citoyens passifs qui auront servi sans interruption depuis le début de la Révolution et qui seront jugés « bien intentionnés ». Hormis ces exceptions, seuls les citoyens actifs pourront être incorporés, c'est-à-dire, la bourgeoisie. (Voir mon article sur le Marc d'argent). 

    

1792

    C'est en 1792 que la Garde nationale prendra progressivement partie pour le peuple, du fait de l'aggravation de la situation, suite à la déclaration de guerre à l'Autriche du 20 Avril ; guerre souhaitée par les Girondins et par Louis XVI, mais pas pour les mêmes raisons (les uns souhaitant la victoire et l'autre souhaitant la défaite).

    En Août 1792, les armées prussiennes et autrichiennes marcheront sur Paris sans pouvoir être arrêtées, conduite par le Maréchal Brunswick, qui dans le manifeste qu'il rédigera le 25 Juillet, menacera de livrer la ville de Paris à une exécution militaire et à une subversion totale.

    Devant un si grand péril 4000 gardes nationaux seront réquisitionnés pour défendre la frontière et rejoindre l'armée du Rhin, commandée par le Général Alexis Magallon de la Morlière.

    Le 11 juillet 1792, face aux défaites militaires et aux menaces d’invasion (des Prussiens du duc de Brunswick et des émigrés du prince de Condé), l’assemblée législative déclarera "la Patrie en danger" et la levée de 50 000 volontaires parmi les gardes nationales.

    Le 30 Juillet 1792, un décret prendra des mesures contre les citoyens actifs qui se désengagent de la Garde nationale ou se font remplacer.

    Le 1er Août 1792, un décret ouvrira l'accès à la Garde nationale aux citoyens passifs.

    Le 10 Août 1792, devant la menace ennemie, les Parisiens s'insurgeront et chasseront le roi de son Palais des Tuileries ; une insurrection à laquelle prendra part la Garde Nationale.

10 Août 1792, prise des Tuileries

    Suite à l'insurrection du 10 Août 1792, les décrets des 11 et 12 août 1792 modifieront les règles et le corps électoral. "La distinction des Français entre citoyens actifs et non-actifs sera supprimée, et pour y être admis, il suffira d’être Français, âgé de vingt et un ans, domicilié depuis un an, vivant de son revenu et du produit de son travail, et n’étant pas en état de domesticité."

    La loi du 19-21 Août 1792 légalisera la réduction des soixante bataillons correspondants aux soixante districts parisiens, à quarante-huit ; ce qui correspondait au nombre des sections de la Commune.

Septembre 1792, Pont Neuf de Paris,
départ de la Garde nationale vers le front.
Tableau de Léon Cogniet

    À la fin de l’été, la situation militaire deviendra dramatique. Longwy capitulera le 23 août devant les Prussiens, Verdun se rendra. Le 26 août, l’assemblée approuvera alors, sur la proposition de Danton, une nouvelle levée de 30 000 hommes.

    Le 21 Septembre 1792, lendemain de la victoire de Valmy, ou la progression des armées étrangères sera enfin stoppée, la France deviendra une république.

20 Septembre 1792, Victoire de Valmy


    En résumé, on avait besoin d'armer le peuple pour défendre la France, raison pour laquelle la Garde nationale s'ouvrit à tous les citoyens...

La Garde nationale sera intégrée sous le commandement militaire de Paris en 1795.


    La Garde nationale aura une dernière fois son heure de gloire à Paris en 1871 lors de la Commune de Paris, quand elle sera la dernière à s'opposer aux troupes prussiennes, pour finir par se faire massacrer par les troupes versaillaises de Thiers (Plutôt le Kaiser que la Commune!). Mais ça, c'est une autre histoire...

Le Peuple et sa Garde nationale en 1871.


Merci pour votre lecture,


Bertrand Tièche, alias le Citoyen Basset !


Post Scriptum :

Je vous conseille la lecture de cet article de Florence Devenne publié en 1990 dans lequel j'ai trouvé des infos intéressantes :
"La garde Nationale ; création et évolution (1789-août 1792)".



samedi 9 octobre 2021

La mode au XVIIIe siècle

Article mis à jour le 01/12/2021

Trop de texte sur ce site ? Ok, alors voici plus de 300 estampes de mode !

    La plus grande partie des gravures de mode que je vous propose dans les 5 albums ci-dessous, a été publiée dans la célèbre "Galerie des Modes et Costumes Français", à Paris, de 1778 à 1787.

    Le premier volume regroupant ces gravures, réalisé en 1779, avait une page de titre agrémentée d'une belle illustration allégorique (voir ci-dessous), ainsi que le titre complet de la collection :

"Gallerie des modes et des costumes français dessinés d'après nature, Gravés par le plus Célèbres Artistes en ce genre, et colorés avec le plus grand soin par Madame Le Beau. Ouvrage commencé en l'année 1778. A Paris, chez les Srs Esnauts et Rapilly rue St. Jacques à la Ville de coutances. Avec priv. Du Roi"

( Galerie des modes et costumes français, tirés d'après nature, gravés par les artistes les plus célèbres de ce milieu, et coloriés à la main avec le plus grand soin par Madame Le Beau ; publication commencée en 1778. Paris, MM. Esnauts et Rapilly, rue Saint-Jacques, à l'enseigne de la Cité des Comptes. Avec privilège du Roi (License du Roi).)

Frontispice de l'ouvrage

    Un point intéressant, c'est que ce long titre (chose courante à l'époque), indique que les gravures de la Galerie (ou Gallerie, selon l'orthographe du XVIIIe siècle) ont été créés "d'après nature" ou "après nature", ce qui signifie qu'elles représentaient ce qui était réellement porté dans les rues de Paris au cours de la dernière partie du XVIIIe siècle.

    Bien qu'elles varient dans leur présentation, la majorité des images sont des tableaux vivants dans lesquels des Parisiens de divers horizons affichent leurs modes quotidiennes. Ces planches ont été réalisées par un groupe d'éminents dessinateurs et graveurs du XVIIIe siècle et sont accompagnées d'un texte descriptif. Bien qu'aucune collection privée ou publique ne possède une édition complète de la Galerie, cette série est largement reconnue pour sa haute valeur esthétique et pour caractère innovant dans le domaine de la gravure de mode. René Colas, qui a compilé en 1933 un ouvrage de référence du costume et de la mode, l'a qualifié de « plus beau recueil existant sur la mode du XVIIIe siècle »

    Je pense que le temps a néanmoins dû faire son tri dans toutes ces gravures. Vous remarquerez qu'il y a peu (voir pas) de gravures de femmes du peuple. On reconnait quelques bourgeoises, et mêmes quelques "hétaïres". On y reconnait même le roi et la reine. Mais la plupart des tenues que vous pourrez voir sont portées par des femmes de la noblesses. Cette mode s'apparente donc à ce que nous appelons de nos jours, la "haute couture".

    Pour vous rappeler à quoi ressemblait l'immense majorité des gens du peuple, je vous invite à consulter ma galerie des "Les cris de Paris, cris des petits métiers, cris du petit peuple". Voici néanmoins une marchande de mode et une couturière allant livrer son ouvrage.

Marchande de mode
Couturière
 
    Petite devinette, dans chacun des albums de la mode féminine et de la mode masculine, vous retrouverez une personne que je n'ai pas su classer. Elle porte un costume d'homme, mais... 😏

    Il vous suffit de cliquer sur les images ci-dessous pour accéder à mes albums en ligne, que je continuerai de compléter au fil du temps. Une fois dans l'album, cliquez sur chaque image pour l'agrandir.


Mode féminine :

Mode masculine :

Mode enfantine :

Coiffures et chapeaux :

    L'album ci-dessous a été mis à jour le 01/12/2021, avec 21 nouvelles estampes de coiffures découvertes sur le site Gallica, grâce à cet intéressant article :"La coiffure, bel art du XVIII siècle".

    Honnêtement, je pense qu'aucune époque n'aura "déliré" autant que le dix-huitième siècle sur le thème de la coiffure ! Un siècle qui avait commencé en 1731 avec le scandale des emperruqués.  Les notes d’un inspecteur de police dénommé Duval, rapportent ce court texte anonyme évoquant ce scandale des fausses chevelures emplies de farine, alors que les pauvres n’avaient pas de pain :

"Dieu nous donne les blés non pour en faire profanations extravagantes, sacrilèges. Les perruques consomment plus d’une livre de farine par jour. C’est un grand scandale. Un grand scandale aussi dans l’Église quand des évêques, ecclésiastiques et religieux portent cet ornement par vanité, osent célébrer nos saints, la tête ainsi couverte avec indécence."

    Ce furent Rose Bertin, la modiste de Marie-Antoinette et Léonard, coiffeur de la Du Barry puis de la reine, qui portèrent aux plus hauts niveaux ces extravagances capillaires.

Je vous propose de consulter les liens ci-dessous, si vous souhaitez en savoir un peu plus :

"Histoire du poil"

"La mode des poufs à la Cour de Marie-Antoinette" (Reine de la mode à défaut d'être une bonne reine de France)

"Les chapeaux sous Louis XVI"

Et voici l'album :


Costume de scènes :




    Alors, d'après vous, la personne sur l'estampe ci-dessous, homme ou femme ?
Je l'ai mise dans chacun des albums de mode masculine et féminine.



    Au fait ! Saviez-vous que la loi interdisant le du port du pantalon par les femmes n'a été abrogée qu'en 2013 ?