mardi 25 juin 2024

RN, le côté hideux de la France.

La Liberté en larmes.

Précisions utiles et nécessaires.

    Je pense utile et nécessaire de préciser quelques points importants, à la veille de ces élections législatives qui risquent de porter au pouvoir le sinistre Rassemblement National. Ce faisant, je sors de la réserve que je m'impose généralement. Mais je reste malgré tout dans les limites fixées par Spinoza que j'affiche en tête de ma page "Ne pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas détester, mais comprendre."

Qu'est-ce que le RN ? 

    Le RN est à l’opposé de toutes les valeurs portées par le Lumières, la Révolution française et la République laïque une et indivisible. La famille politique du RN n’a pas cessé de combattre ces valeurs depuis plus de 200 ans, depuis la réaction contre-révolutionnaire jusqu’au pétainisme fasciste ! Après avoir haï le drapeau tricolore, puis l’avoir travesti avec une fleur de lys ou un sacré cœur vendéen, le RN se l’est accaparé et l'a brandi pour illusionner les naïfs. Ses adversaires politiques, influencés par d'autres doctrines, ayant abandonné les symboles républicains, cet accaparement a été couronné de succès, et ce n'est pas la république de Versaillais qui est au pouvoir, qui va changer quelque chose.

    La nation du RN, ce n’est en aucun cas la Nation de la Révolution française.

    La nation du RN, c’est la tribu ignorante, superstitieuse et raciste des sociétés fermées qui ont précédé l’avènement de la société ouverte, universelle et démocratique.

    La Nation issue du nouveau contrat social de la Révolution française, c’est une société de frères et de sœurs bénéficiant des mêmes lois et des mêmes libertés, et ce, quelle que soit leur origine.

    Le Vénézuélien Miranda qui combattit à Valmy en 1792 était aussi Français que ces milliers de volontaires accourus de toutes les provinces de France pour défendre la liberté. Tant d’étrangers ont combattus pour la France et sa République née de la Révolution. Il y a beaucoup de Français de cœur de par le Monde, qui nous honorent par l’amour qu’ils ont de nos valeurs républicaines.

L’article 4 de la Constitution du 24 Juin 1793 stipulait  que :

«  Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis ; - Tout étranger âgé de vingt et un ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année - Y vit de son travail - Ou acquiert une propriété - Ou épouse une Française - Ou adopte un enfant - Ou nourrit un vieillard ; - Tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l'humanité - Est admis à l'exercice des Droits de citoyen français. »

Source : https://www.conseil-constitutionnel.fr/les-constitutions-dans-l-histoire/constitution-du-24-juin-1793 

    Le souverainisme nationaliste et raciste du RN est une négation du monde tel qu’il est. Aucun pays ne peut faire fi des autres nations. La prétendue souveraineté de la France n’a pu exister que du temps où elle possédait un empire colonial, asservissant et pillant les nations les plus faibles. Tous les pays sont dépendants les uns des autres. Aucun ne possède à lui seul toutes les ressources qui pourraient lui assurer l’autonomie. Nous sommes tous embarqués dans le même navire. Nous avons l’obligation de devenir frères. Non pas pour des raisons morales ou philosophiques, mais par la plus élémentaire nécessité. Sinon, ce sera le retour à la barbarie, à la guerre de tous contre tous.

    L’ignorance ainsi qu'une sorte de désespoir (comme un vertige suicidaire) peuvent expliquer l’ascension de cette hydre monstrueuse. Il est difficile de discuter avec des électeurs du RN parce que bien souvent ils ne disposent pas des éléments de savoir ni même parfois des éléments de langage, permettant le dialogue et la compréhension. Quant à leurs élus, ce sont soit de dangereux cyniques méprisant le peuple et se servant de celui-ci comme simple marchepied pour accéder au pouvoir, soit de malheureux idiots manipulés par les premiers.

    Le Rassemblement National, c’est la face hideuse et honteuse de notre pays. Son accession au pouvoir sera notre déshonneur.

    Regardez l'estampe ci-dessous, publiée en 1792 par les royalistes combattant la République. Elle représente la statue de la Nation et de la Démocratie fondant sous les rayons ardents du pouvoir royal et symbolise 232 années de haine de la démocratie et de la République.


Cet article analyse l'estampe : 
https://www.caricaturesetcaricature.com/article-12946689.html

    L'accession au pouvoir du RN, ce sera la victoire de la réaction contre-révolutionnaire, ce sera la mort de la Nation française et de la Démocratie...

    Quant à celles et ceux qui réclament des politiciens parfaits, qu’ils réfléchissent à cette phrase :  « Si l’on veut un régime politique parfait, il faut que l’ensemble de ses citoyens soient parfaits. » 

 (Lire également cet article :"Démocratie, moindre bien ou monde parfait".)


Article alternatif :

    Je comprendrai que vous renonciez à faire lire cet article à des électeurs du RN. Peut-être pourriez-vous leur faire lire celui-ci ? :
https://www.transitio.info/2024/06/ce-que-les-electeurs-du-rn-devraient.html



Merci pour votre lecture

Salut et Fraternité Citoyennes et Citoyens.

lundi 8 avril 2024

Une médaille, une estampe, une même idée.

    Voici une jolie médaille en étain extraite, de ma petite collection personnelle. Elle date de 1789 et elle célèbre les Etats Généraux dont les Français attendaient tant de réformes et de bienfaits ! (Mais qui ne se passeront pas exactement comme le Roi l'espérait).

    Elle a dû être portée puisqu'elle est percée d'un petit trou à côté de la fleur de lys de la couronne.

Sur l'avers, (ci-dessous) :

    On voit un paysan portant sur son dos un globe orné des 3 fleurs de Lys des Bourbons et d'une couronne royale (il s'agit de la France). A ses pieds on devine une ruche et une bèche. On remarque sur sa droite un noble et sur sa gauche, un religieux.


Sur le revers de la médaille, on peut lire :

Sur le pourtour :

LES ESTA Gx TENU A V SOUS LOUIS 16 L ANNEE 1789

Au centre :

LA FRANCE

FIGURE SOUS

UN GLOBE EST

SOUTENU DU PEU

PLE LES DEUX OR

AIDE AU PREMIE

LA RUCHE FONT

LES ORDRES

REUNIS


J'ai retrouvé une estampe de l'époque correspondant à cette médaille.

    L'illustration et la légende sont les mêmes que celles figurant sur la médaille.

Les trois états.
"La France Figurée sous un Globe est soutenue du Peuple
La Noblesse et le Clergé aide au premier
La Ruche représente les trois Ordres réunies."

(Les fautes sont d'époque)

    Vous remarquerez que le Clergé "aide au premier", c'est-à-dire le Peuple. Mais que la Noblesse s'appuie nonchalamment sur le globe (représentant la France).


jeudi 15 février 2024

Hommage au visionnaire Marquis d'Argenson

 


Pourquoi un article sur le Marquis d’Argenson ?

    René Louis de Voyer de Paulmy d'Argenson, né à Paris le  et mort à Paris le , fut un ministre de Louis XV. Le roi l’avait nommé secrétaire d’état aux affaires étrangères en novembre 1774, plusieurs mois après que la France fut officiellement entrée dans la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748), aux côtés de la Prusse. Eh oui, à cette époque la Prusse était l’alliée de la France contre l’Autriche ! C’est même la raison pour laquelle le mariage de Louis XVI avec l’Autrichienne Marie Antoinette fut très mal vu par une grande partie de la Cour et que celle-ci fut à l’origine de toutes les rumeurs salissant la reine, rumeurs reprises plus tard par le peuple sous la Révolution. Mais ce n'est pas là le sujet de cet article...

Marie Antoinette, luxueusement parée,
lors des Etats Généraux de 1789.
(Grosse erreur de com. vu que ceux-ci avaient été
 convoqués pour traiter du déficit des compte du royaume.)

    C’est au travers de quelques témoignages évoquant ses écrits que j’ai découvert ce grand homme. Et quels écrits ! On y retrouve bien sûr le grand style du 18ème siècle, avec son esprit et sa vivacité. Mais le plaisir ne s’arrête pas là. Comment ne pas être sensible à l’intelligence et à l’humanité de cet homme ? Ses descriptions de l’effroyable misère du peuple français dans les années 1739 et 1740 sont saisissantes. J’ai rapporté plusieurs extraits de ses mémoires dans mon article sur la misère avant la Révolution

La famille pauvre, de JB Greuze.

    Dans l’introduction du tome 1 des Révolutions de Paris, journal né durant l'été 1789 (Introduction écrite le 30 janvier 1790 pour les numéros reliés du tome 1), le rédacteur (probablement Elysée Loustallot) rendit hommage au Marquis d’Argenson qui « avait eu le courage de dire la vérité dans ses Considérations sur les gouvernements. » (p.35).

Un visionnaire prédisant la Révolution à venir.

    Ce ministre exceptionnel, au contraire de la plupart de ses pairs, connaissait particulièrement bien l'état de la France, et il s’en alarmait. Ce que l’on peut lire dans le chapitre « Misère des provinces (Février 1739 – fin 1740) » (Accessible en bas de page) ressemble à une prédiction de la Révolution qui bouleversera la France 50 ans plus tard ! (page 23 du tome 2) :

« Le mal véritable, celui qui mine ce royaume et ne peut manquer d’entrainer sa ruine, c’est que l’on s’aveugle trop à Paris sur le dépérissement de nos provinces. »

    S’en suit une effrayante description de la misère qui frappe de nombreuses provinces du royaume. Voici quelques extraits :

« Les hommes meurent autour de nous, dru comme des mouches, de pauvreté, et broutant l’herbe. » (p.24)

« Il est positif qu’il est mort plus de Français de misère depuis deux ans que n’en ont tué toutes les guerres de Louis XIV » (p.34)

19 mai 1739 :

« Le Duc d’Orléans porta dernièrement au conseil un morceau de pain de fougère. À l’ouverture de la séance, il le posa sur la table du roi, disant : Sire, voilà de quoi vos sujets se nourrissent. » (p.27)

D’Argenson est lucide sur l’aveuglement et la cruauté des puissants.

« On répond à tous ces récits que la saison est belle, que la récolte promet beaucoup. Mais je demande ce que la récolte donnera aux pauvres. Les blés sont-ils à eux ? La récolte appartient aux riches fermiers, qui eux-mêmes, dès qu’ils la recueillent, sont accablés de demandes de leurs maîtres, de leurs créanciers, des receveurs des deniers royaux, qui n’ont suspendu leurs poursuites que pour les reprendre avec plus de dureté. » (p.28)

L’éternelle rengaine des riches sur la fainéantise des pauvres...

Août 1739 :

« Il (Le conseiller d’État Fagon) a persuadé tout de bon au ministère que c’est une habitude de paresse qui corrompt les meurs des provinces. C’est ainsi que j’ai entendu accuser de pauvres enfants sur lesquels opérait un chirurgien d’avoir la mauvaise habitude d’être criards. » (p.29)

« Tels sont ceux qui ont part à la direction des affaires : durs, tyranniques, heureux de leur sort, jugeant celui des autres par le leur propre ; juges de Tournelle, habitués à voir de sang-froid disloquer les membres des suppliciés.

Toute misère provient de la fainéantise, et les impôts tels qu’ils sont ne sont pas suffisants. Ces bourreaux de ministres pensent aiguillonner l’industrie et corriger les mœurs par la nécessité de payer de gros subsides. » (p.30)

    D’Argenson a raison, on voit le monde à l’image de ce que l’on est. Un voleur n’y voit que des voleurs, un envieux ne reconnait autour de lui que d’autres envieux, un corrompu est persuadé que toutes et tous sont à vendre, etc.

Le triste constat

    Quand on lit ce terrible chapitre, on comprend que la Révolution était inévitable. La description qui y est faite de la France est bien loin de l’image idyllique que les nostalgiques de l’Ancien régime continuent de nous représenter inlassablement.

    Hélas, mille fois hélas ! Tout le monde est convaincu par les histrions qui font de l’histoire de contes de fées : L’Ancien régime était idyllique et la Révolution qui y mis fin fut une horreur  absolue ! 

    Quand donc une série télé nous montera-t-elle l’odieuse misère de cette époque plutôt que les simagrées de marquises et marquis d’opérettes ?


Digression...

    Je ne suis pas un grand cinéphile, mais je n'ai pas vu la misère et la colère du peuple aussi bien représentée en ce début de 18ème siècle que dans le film de Bertrand Tavernier sorti en 1975 : "Que la fête commence". L'histoire se situe sous la régence de Philippe d'Orléans, tuteur de l'enfant qui deviendra Louis XV. À la fin du film le carrosse du Régent lancé à toute allure sur la route de Versailles, renverse un enfant. Philippe d’Orléans propose de dédommager la mère par une somme d’argent. Des paysans accourent et incendient le carrosse. La mère dit alors à son enfant mutilé : « Regarde comme ça brûle bien » dit la mère a son enfant. On va en brûler d’autres… beaucoup d’autres. » 

 

Source :

    Le chapitre sur la misère des provinces est accessible sur la site de la BNF via la fenêtre ci-dessous :