mardi 9 avril 2024

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Bienvenue sur ce site consacré à la Révolution française.

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    A noter que dans lesdites archives, l'année 1789 se trouve dans celle de 2020. Mais vous comprendrez vite le principe. Il y a aussi une fonction "recherche", mais celle-ci vous conduit d'abord aux articles les plus récents. Il ne faut donc pas hésiter à poursuivre la recherche en cliquant sur "Articles plus anciens".

    Sinon, vous pouvez aussi cliquer sur le bouton ci-dessous pour commencer par le mois de juillet 1789 ! En bas de chaque article, des flèches vous conduiront à l'article suivant (ainsi qu'au précédent).

Philosophie du site

    Ce site ne fait l'apologie d'aucun courant particulier de la Révolution et n'idolâtre aucun de ses personnages. Je suis de sensibilité républicaine, mais ce qui me préoccupe le plus dans la vie, c'est ce qui rassemble et non-pas ce qui divise, et pour rassembler, il faut comprendre.

    J'ai fait mienne depuis longtemps cette citation de Spinoza :"Ne pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas détester, mais comprendre." Avec d'autres disciplines, comme la philosophie et la psychologie (qui me passionnent également), l'histoire constitue un bon moyen de comprendre les hommes et leurs sociétés.

    C’est précisément ma passion pour la philosophie qui m’a conduit à m'intéresser plus particulièrement au XVIIIe siècle, jusqu'à progressivement me retrouver face à ce monument incontournable que représente la Révolution française. Ayant reçu une éducation laïque et républicaine, j’étais également sensible aux valeurs politiques qui naquirent durant cette très courte période de l’histoire. Cet événement extraordinaire n’a pas duré longtemps, mais j'ai été surpris de constater comment lors de ce bref moment de l'histoire, si peu de gens, avec si peu de moyens ont pu inventer tant de concepts nouveaux qui ont profité ensuite à toute l’humanité.

    Le philosophe Emmanuel Kant fut l’un des premiers à comprendre ce phénomène historique, lorsqu’il écrivit en 1798 :

"Même si le but visé par cet événement n’était pas encore aujourd’hui atteint, quand bien même la révolution ou la réforme de la constitution d’un peuple aurait finalement échoué, ou bien si, passé un certain laps de temps, tout retombait dans l’ornière précédente (comme le prédisent maintenant certains politiques), cette prophétie philosophique n’en perd pourtant rien de sa force. Car cet événement est trop important, trop mêlé aux intérêts de l’humanité, et d’une influence trop vaste sur toutes les parties du monde pour ne pas devoir être remis en mémoire aux peuples à l’occasion de certaines circonstances favorables et rappelé lors de la reprise de nouvelles tentatives de ce genre. " (…) "Dès le début, la Révolution française ne fut pas l’affaire des seuls Français."

(Emmanuel Kant - Le Conflit des Facultés et autres textes sur la révolution)

Mon travail

    Il y a quelques années, j’eu l’occasion d’entrer dans une association de reconstitution historique, qui avait pour but de mieux faire connaître aux gens la Révolution française. Je partageais l’inquiétude des fondateurs de cette association, qui étaient consternés d’entendre le discours calomniateur et révisionniste concernant la Révolution, qui prenait de plus en plus d’ampleur dans les médias et ailleurs. Ce fut pour moi une expérience enrichissante.

    A l’occasion d’une émission de télé pour laquelle nous devions faire de la figuration, j’eu l’idée d’incarner un artisan parisien de l’époque, un graveur et fabriquant d’estampes qui avait réellement existé, le citoyen Basset. (Un article lui est consacré)

Basset à droit sur la photo

    Par la suite, au cours de nos sorties, ce personnage me servit pour raconter toute la Révolution en n'utilisant que des copies des estampes de l’époque, que j’exposais dans une échoppe. La sortie la plus mémorable que nous eûmes, eu lieu lorsque la ville de Moscou nous invita à un grand festival de reconstitution historique à l’occasion de la fête nationale de la Fédération de Russie, en juin 2017. (Désolé, à l'époque nous n'étions pas en guerre contre les Russes et ceux-ci adoraient la France).

Basset sur la Place Rouge de Moscou
(Info : Les Russes adorent vraiment la France et les Français)

    Cette association n’existe plus. Mais j’ai continué seul de mon côté, avec mon personnage du citoyen Basset. Un de mes meilleurs souvenirs fut lorsque je fus invité deux fois dans un collège de Créteil par une professeure d’histoire, pour raconter aux élèves, en costume et avec mes estampes, la Révolution française. (Je suis toujours disponible pour ce genre de prestation, si cela vous intéresse).

Basset raconte la Révolution aux collégiens de Créteil

    La retraite venue, l’isolement qui va avec (renforcé par celui de la pandémie), j’ai eu l’idée de créer ce site, dans lequel je projetais de réaliser une chronique au jour le jour de la Révolution. Je disposais de "suffisamment" de livres chez moi pour cela et j’avais créé quelques années auparavant sur un tableur, au fil de mes lectures, une chronologie de tous les événements qui allait me servir de trame et mon ordi stockait des centaines d'estampes et de documents précieux.

    Ne voulant pas faire du simple copier-coller, je me suis retrouvé à consacrer plusieurs jours de travail pour la rédaction de certains articles ! De plus, j'écrivais souvent plusieurs articles pour une même journée de 1789 (tant il se passait de choses en une journée !). C’est la raison pour laquelle, en novembre 2020, je me suis rendu compte que je ne pouvais plus continuer au même rythme. J'ai donc décidé de compléter entièrement l’année 1789 et de ne passer à 1790 qu’un peu plus tard...

A ce jour, il y a 319 articles publiés sur le site, et plus de 20 en cours de rédaction.

Basset au travail !

    Certains articles traitent de thèmes généraux tels que le pain, la misère ou la mode, etc. Il y en a même un sur l'incontournable Marie-Antoinette

    L'un des articles entrant dans cette catégorie spéciale, vous permettra de comprendre pourquoi j'aime tant ladevise de Spinoza déjà citée plus haut "Ne pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas détester, mais comprendre". Le titre de cet article est un peu farfelu : "L'histoire, la vérité, le bien, le mal, et toutes ces sortes de choses très relatives".

    Ma principale préoccupation est de comprendre et non-pas de juger. Raison pour laquelle, je peux comprendre aussi bien un royaliste qu'un républicain.

    Rien de ce qui est humain ne m'est étranger. Je suis un humaniste universaliste convaincu. Le hasard de ma naissance a fait de moi un citoyen français, mais le monde est ma patrie.

J'espère que vous prendrez plaisir à lire mes articles, et d'avance, je vous en remercie.

Salut et Fraternité, comme on disait en 1792.

Bertrand Tièche, alias le Citoyen Basset.


lundi 8 avril 2024

Une médaille, une estampe, une même idée.

    Voici une jolie médaille en étain extraite, de ma petite collection personnelle. Elle date de 1789 et elle célèbre les Etats Généraux dont les Français attendaient tant de réformes et de bienfaits ! (Mais qui ne se passeront pas exactement comme le Roi l'espérait).

    Elle a dû être portée puisqu'elle est percée d'un petit trou à côté de la fleur de lys de la couronne.

Sur l'avers, (ci-dessous) :

    On voit un paysan portant sur son dos un globe orné des 3 fleurs de Lys des Bourbons et d'une couronne royale (il s'agit de la France). A ses pieds on devine une ruche et une bèche. On remarque sur sa droite un noble et sur sa gauche, un religieux.


Sur le revers de la médaille, on peut lire :

Sur le pourtour :

LES ESTA Gx TENU A V SOUS LOUIS 16 L ANNEE 1789

Au centre :

LA FRANCE

FIGURE SOUS

UN GLOBE EST

SOUTENU DU PEU

PLE LES DEUX OR

AIDE AU PREMIE

LA RUCHE FONT

LES ORDRES

REUNIS


J'ai retrouvé une estampe de l'époque correspondant à cette médaille.

    L'illustration et la légende sont les mêmes que celles figurant sur la médaille.

Les trois états.
"La France Figurée sous un Globe est soutenue du Peuple
La Noblesse et le Clergé aide au premier
La Ruche représente les trois Ordres réunies."

(Les fautes sont d'époque)

    Vous remarquerez que le Clergé "aide au premier", c'est-à-dire le Peuple. Mais que la Noblesse s'appuie nonchalamment sur le globe (représentant la France).


jeudi 15 février 2024

Hommage au visionnaire Marquis d'Argenson

 


Pourquoi un article sur le Marquis d’Argenson ?

    René Louis de Voyer de Paulmy d'Argenson, né à Paris le  et mort à Paris le , fut un ministre de Louis XV. Le roi l’avait nommé secrétaire d’état aux affaires étrangères en novembre 1774, plusieurs mois après que la France fut officiellement entrée dans la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748), aux côtés de la Prusse. Eh oui, à cette époque la Prusse était l’alliée de la France contre l’Autriche ! C’est même la raison pour laquelle le mariage de Louis XVI avec l’Autrichienne Marie Antoinette fut très mal vu par une grande partie de la Cour et que celle-ci fut à l’origine de toutes les rumeurs salissant la reine, rumeurs reprises plus tard par le peuple sous la Révolution. Mais ce n'est pas là le sujet de cet article...

Marie Antoinette, luxueusement parée,
lors des Etats Généraux de 1789.
(Grosse erreur de com. vu que ceux-ci avaient été
 convoqués pour traiter du déficit des compte du royaume.)

    C’est au travers de quelques témoignages évoquant ses écrits que j’ai découvert ce grand homme. Et quels écrits ! On y retrouve bien sûr le grand style du 18ème siècle, avec son esprit et sa vivacité. Mais le plaisir ne s’arrête pas là. Comment ne pas être sensible à l’intelligence et à l’humanité de cet homme ? Ses descriptions de l’effroyable misère du peuple français dans les années 1739 et 1740 sont saisissantes. J’ai rapporté plusieurs extraits de ses mémoires dans mon article sur la misère avant la Révolution

La famille pauvre, de JB Greuze.

    Dans l’introduction du tome 1 des Révolutions de Paris, journal né durant l'été 1789 (Introduction écrite le 30 janvier 1790 pour les numéros reliés du tome 1), le rédacteur (probablement Elysée Loustallot) rendit hommage au Marquis d’Argenson qui « avait eu le courage de dire la vérité dans ses Considérations sur les gouvernements. » (p.35).

Un visionnaire prédisant la Révolution à venir.

    Ce ministre exceptionnel, au contraire de la plupart de ses pairs, connaissait particulièrement bien l'état de la France, et il s’en alarmait. Ce que l’on peut lire dans le chapitre « Misère des provinces (Février 1739 – fin 1740) » (Accessible en bas de page) ressemble à une prédiction de la Révolution qui bouleversera la France 50 ans plus tard ! (page 23 du tome 2) :

« Le mal véritable, celui qui mine ce royaume et ne peut manquer d’entrainer sa ruine, c’est que l’on s’aveugle trop à Paris sur le dépérissement de nos provinces. »

    S’en suit une effrayante description de la misère qui frappe de nombreuses provinces du royaume. Voici quelques extraits :

« Les hommes meurent autour de nous, dru comme des mouches, de pauvreté, et broutant l’herbe. » (p.24)

« Il est positif qu’il est mort plus de Français de misère depuis deux ans que n’en ont tué toutes les guerres de Louis XIV » (p.34)

19 mai 1739 :

« Le Duc d’Orléans porta dernièrement au conseil un morceau de pain de fougère. À l’ouverture de la séance, il le posa sur la table du roi, disant : Sire, voilà de quoi vos sujets se nourrissent. » (p.27)

D’Argenson est lucide sur l’aveuglement et la cruauté des puissants.

« On répond à tous ces récits que la saison est belle, que la récolte promet beaucoup. Mais je demande ce que la récolte donnera aux pauvres. Les blés sont-ils à eux ? La récolte appartient aux riches fermiers, qui eux-mêmes, dès qu’ils la recueillent, sont accablés de demandes de leurs maîtres, de leurs créanciers, des receveurs des deniers royaux, qui n’ont suspendu leurs poursuites que pour les reprendre avec plus de dureté. » (p.28)

L’éternelle rengaine des riches sur la fainéantise des pauvres...

Août 1739 :

« Il (Le conseiller d’État Fagon) a persuadé tout de bon au ministère que c’est une habitude de paresse qui corrompt les meurs des provinces. C’est ainsi que j’ai entendu accuser de pauvres enfants sur lesquels opérait un chirurgien d’avoir la mauvaise habitude d’être criards. » (p.29)

« Tels sont ceux qui ont part à la direction des affaires : durs, tyranniques, heureux de leur sort, jugeant celui des autres par le leur propre ; juges de Tournelle, habitués à voir de sang-froid disloquer les membres des suppliciés.

Toute misère provient de la fainéantise, et les impôts tels qu’ils sont ne sont pas suffisants. Ces bourreaux de ministres pensent aiguillonner l’industrie et corriger les mœurs par la nécessité de payer de gros subsides. » (p.30)

    D’Argenson a raison, on voit le monde à l’image de ce que l’on est. Un voleur n’y voit que des voleurs, un envieux ne reconnait autour de lui que d’autres envieux, un corrompu est persuadé que toutes et tous sont à vendre, etc.

Le triste constat

    Quand on lit ce terrible chapitre, on comprend que la Révolution était inévitable. La description qui y est faite de la France est bien loin de l’image idyllique que les nostalgiques de l’Ancien régime continuent de nous représenter inlassablement.

    Hélas, mille fois hélas ! Tout le monde est convaincu par les histrions qui font de l’histoire de contes de fées : L’Ancien régime était idyllique et la Révolution qui y mis fin fut une horreur  absolue ! 

    Quand donc une série télé nous montera-t-elle l’odieuse misère de cette époque plutôt que les simagrées de marquises et marquis d’opérettes ?


Digression...

    Je ne suis pas un grand cinéphile, mais je n'ai pas vu la misère et la colère du peuple aussi bien représentée en ce début de 18ème siècle que dans le film de Bertrand Tavernier sorti en 1975 : "Que la fête commence". L'histoire se situe sous la régence de Philippe d'Orléans, tuteur de l'enfant qui deviendra Louis XV. À la fin du film le carrosse du Régent lancé à toute allure sur la route de Versailles, renverse un enfant. Philippe d’Orléans propose de dédommager la mère par une somme d’argent. Des paysans accourent et incendient le carrosse. La mère dit alors à son enfant mutilé : « Regarde comme ça brûle bien » dit la mère a son enfant. On va en brûler d’autres… beaucoup d’autres. » 

 

Source :

    Le chapitre sur la misère des provinces est accessible sur la site de la BNF via la fenêtre ci-dessous :