mercredi 26 juin 2024

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Bienvenue sur ce site consacré à la Révolution française.

Mode d'emploi

    Vous trouverez sur la droite, le Menu qui vous mènera vers les archives du site et vers les différentes rubriques dans lesquelles se trouvent classés les articles

    A noter que dans lesdites archives, l'année 1789 se trouve dans celle de 2020. Mais vous comprendrez vite le principe. Il y a aussi une fonction "recherche", mais celle-ci vous conduit d'abord aux articles les plus récents. Il ne faut donc pas hésiter à poursuivre la recherche en cliquant sur "Articles plus anciens".

    Sinon, vous pouvez aussi cliquer sur le bouton ci-dessous pour commencer par le mois de juillet 1789 ! En bas de chaque article, des flèches vous conduiront à l'article suivant (ainsi qu'au précédent).

Philosophie du site

    Ce site ne fait l'apologie d'aucun courant particulier de la Révolution et n'idolâtre aucun de ses personnages. Je suis de sensibilité républicaine, mais ce qui me préoccupe le plus dans la vie, c'est ce qui rassemble et non-pas ce qui divise, et pour rassembler, il faut comprendre.

    J'ai fait mienne depuis longtemps cette citation de Spinoza :"Ne pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas détester, mais comprendre." Avec d'autres disciplines, comme la philosophie et la psychologie (qui me passionnent également), l'histoire constitue un bon moyen de comprendre les hommes et leurs sociétés.

    C’est précisément ma passion pour la philosophie qui m’a conduit à m'intéresser plus particulièrement au XVIIIe siècle, jusqu'à progressivement me retrouver face à ce monument incontournable que représente la Révolution française. Ayant reçu une éducation laïque et républicaine, j’étais également sensible aux valeurs politiques qui naquirent durant cette très courte période de l’histoire. Cet événement extraordinaire n’a pas duré longtemps, mais j'ai été surpris de constater comment lors de ce bref moment de l'histoire, si peu de gens, avec si peu de moyens ont pu inventer tant de concepts nouveaux qui ont profité ensuite à toute l’humanité.

    Le philosophe Emmanuel Kant fut l’un des premiers à comprendre ce phénomène historique, lorsqu’il écrivit en 1798 :

"Même si le but visé par cet événement n’était pas encore aujourd’hui atteint, quand bien même la révolution ou la réforme de la constitution d’un peuple aurait finalement échoué, ou bien si, passé un certain laps de temps, tout retombait dans l’ornière précédente (comme le prédisent maintenant certains politiques), cette prophétie philosophique n’en perd pourtant rien de sa force. Car cet événement est trop important, trop mêlé aux intérêts de l’humanité, et d’une influence trop vaste sur toutes les parties du monde pour ne pas devoir être remis en mémoire aux peuples à l’occasion de certaines circonstances favorables et rappelé lors de la reprise de nouvelles tentatives de ce genre. " (…) "Dès le début, la Révolution française ne fut pas l’affaire des seuls Français."

(Emmanuel Kant - Le Conflit des Facultés et autres textes sur la révolution)

Mon travail

    Il y a quelques années, j’eu l’occasion d’entrer dans une association de reconstitution historique, qui avait pour but de mieux faire connaître aux gens la Révolution française. Je partageais l’inquiétude des fondateurs de cette association, qui étaient consternés d’entendre le discours calomniateur et révisionniste concernant la Révolution, qui prenait de plus en plus d’ampleur dans les médias et ailleurs. Ce fut pour moi une expérience enrichissante.

    A l’occasion d’une émission de télé pour laquelle nous devions faire de la figuration, j’eu l’idée d’incarner un artisan parisien de l’époque, un graveur et fabriquant d’estampes qui avait réellement existé, le citoyen Basset. (Un article lui est consacré)

Basset à droit sur la photo

    Par la suite, au cours de nos sorties, ce personnage me servit pour raconter toute la Révolution en n'utilisant que des copies des estampes de l’époque, que j’exposais dans une échoppe. La sortie la plus mémorable que nous eûmes, eu lieu lorsque la ville de Moscou nous invita à un grand festival de reconstitution historique à l’occasion de la fête nationale de la Fédération de Russie, en juin 2017. (Désolé, à l'époque nous n'étions pas en guerre contre les Russes et ceux-ci adoraient la France).

Basset sur la Place Rouge de Moscou
(Info : Les Russes adorent vraiment la France et les Français)

    Cette association n’existe plus. Mais j’ai continué seul de mon côté, avec mon personnage du citoyen Basset. Un de mes meilleurs souvenirs fut lorsque je fus invité deux fois dans un collège de Créteil par une professeure d’histoire, pour raconter aux élèves, en costume et avec mes estampes, la Révolution française. (Je suis toujours disponible pour ce genre de prestation, si cela vous intéresse).

Basset raconte la Révolution aux collégiens de Créteil

    La retraite venue, l’isolement qui va avec (renforcé par celui de la pandémie), j’ai eu l’idée de créer ce site, dans lequel je projetais de réaliser une chronique au jour le jour de la Révolution. Je disposais de "suffisamment" de livres chez moi pour cela et j’avais créé quelques années auparavant sur un tableur, au fil de mes lectures, une chronologie de tous les événements qui allait me servir de trame et mon ordi stockait des centaines d'estampes et de documents précieux.

    Ne voulant pas faire du simple copier-coller, je me suis retrouvé à consacrer plusieurs jours de travail pour la rédaction de certains articles ! De plus, j'écrivais souvent plusieurs articles pour une même journée de 1789 (tant il se passait de choses en une journée !). C’est la raison pour laquelle, en novembre 2020, je me suis rendu compte que je ne pouvais plus continuer au même rythme. J'ai donc décidé de compléter entièrement l’année 1789 et de ne passer à 1790 qu’un peu plus tard...

A ce jour, il y a 319 articles publiés sur le site, et plus de 20 en cours de rédaction.

Basset au travail !

    Certains articles traitent de thèmes généraux tels que le pain, la misère ou la mode, etc. Il y en a même un sur l'incontournable Marie-Antoinette

    L'un des articles entrant dans cette catégorie spéciale, vous permettra de comprendre pourquoi j'aime tant ladevise de Spinoza déjà citée plus haut "Ne pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas détester, mais comprendre". Le titre de cet article est un peu farfelu : "L'histoire, la vérité, le bien, le mal, et toutes ces sortes de choses très relatives".

    Ma principale préoccupation est de comprendre et non-pas de juger. Raison pour laquelle, je peux comprendre aussi bien un royaliste qu'un républicain.

    Rien de ce qui est humain ne m'est étranger. Je suis un humaniste universaliste convaincu. Le hasard de ma naissance a fait de moi un citoyen français, mais le monde est ma patrie.

J'espère que vous prendrez plaisir à lire mes articles, et d'avance, je vous en remercie.

Salut et Fraternité, comme on disait en 1792.

Bertrand Tièche, alias le Citoyen Basset.


mardi 25 juin 2024

RN, le côté hideux de la France.

La Liberté en larmes.

Précision utile et nécessaire 

    Je pense utile et nécessaire de préciser quelques points importants, à la veille de ces élections législatives qui risquent de porter au pouvoir le sinistre Rassemblement National.

    Le RN est à l’opposé de toutes les valeurs portées par le Lumières, la Révolution française et la République laïque une et indivisible. La famille politique du RN n’a pas cessé de combattre ces valeurs depuis plus de 200 ans, depuis la réaction contre-révolutionnaire jusqu’au pétainisme fasciste ! Après avoir haï le drapeau tricolore, puis l’avoir travesti avec une fleur de lys ou un sacré cœur vendéen, le RN se l’est accaparé et l'a brandi pour illusionner les naïfs.

    La nation du RN, ce n’est en aucun cas la Nation de la Révolution française.

    La nation du RN, c’est la tribu ignorante, superstitieuse et raciste des sociétés fermées qui ont précédé l’avènement de la société ouverte, universelle et démocratique.

    La Nation issue du nouveau contrat social de la Révolution française, c’est une société de frères et de sœurs bénéficiant des mêmes lois et des mêmes libertés, et ce, quelle que soit leur origine.

    Le Vénézuélien Miranda qui combattit à Valmy en 1792 était aussi Français que ces milliers de volontaires accourus de toutes les provinces de France pour défendre la liberté. Tant d’étrangers ont combattus pour la France et sa République née de la Révolution. Il y a beaucoup de Français de cœur de par le Monde, qui nous honorent par l’amour qu’ils ont de nos valeurs républicaines.

L’article 4 de la Constitution du 24 Juin 1793 stipulait  que :

«  Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis ; - Tout étranger âgé de vingt et un ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année - Y vit de son travail - Ou acquiert une propriété - Ou épouse une Française - Ou adopte un enfant - Ou nourrit un vieillard ; - Tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l'humanité - Est admis à l'exercice des Droits de citoyen français. »

Source : https://www.conseil-constitutionnel.fr/les-constitutions-dans-l-histoire/constitution-du-24-juin-1793 

    Le souverainisme nationaliste et raciste du RN est une négation du monde tel qu’il est. Aucun pays ne peut faire fi des autres nations. La prétendue souveraineté de la France n’a pu exister que du temps où elle possédait un empire colonial, asservissant et pillant les nations les plus faibles. Tous les pays sont dépendants les uns des autres. Aucun ne possède à lui seul toutes les ressources qui pourraient lui assurer l’autonomie. Nous sommes tous embarqués dans le même navire. Nous avons l’obligation de devenir frères. Non pas pour des raisons morales ou philosophiques, mais par la plus élémentaire nécessité. Sinon, ce sera le retour à la barbarie, à la guerre de tous contre tous.

    Seule l’ignorance peut expliquer l’ascension de cette hydre monstrueuse. Il est difficile de discuter avec des électeurs du RN parce que bien souvent ils ne disposent pas des éléments de savoir ni même parfois des éléments de langage, permettant le dialogue et la compréhension. Quant à leurs élus, ce sont soit de dangereux cyniques méprisant le peuple et se servant de celui-ci comme simple marchepied pour accéder au pouvoir, soit de malheureux idiots manipulés par les premiers.

 

    Le Rassemblement National, c’est la face hideuse et honteuse de notre pays. Son accession au pouvoir sera notre déshonneur.

    Regardez l'estampe ci-dessous, publiée en 1792 par les royalistes combattant la République. Elle représente la statue de la Nation et de la Démocratie fondant sous les rayons ardents du pouvoir royal et symbolise 232 années de haine de la démocratie et de la République.


Cet article analyse l'estampe : 
https://www.caricaturesetcaricature.com/article-12946689.html

    L'accession au pouvoir du RN, ce sera la victoire de la réaction contre-révolutionnaire, ce sera la mort de la Nation française et de la Démocratie...

    Quant à celles et ceux qui réclament des politiciens parfaits, qu’ils réfléchissent à cette phrase :  « Si l’on veut un régime politique parfait, il faut que l’ensemble de ses citoyens soient parfaits. »


Article alternatif :

    Je comprendrai que vous renonciez à faire lire cet article à des électeurs du RN. Peut-être pourriez-vous le faire lire celui-ci ? :
https://www.transitio.info/2024/06/ce-que-les-electeurs-du-rn-devraient.html



Merci pour votre lecture

Salut et Fraternité Citoyennes et Citoyens.

lundi 8 avril 2024

Une médaille, une estampe, une même idée.

    Voici une jolie médaille en étain extraite, de ma petite collection personnelle. Elle date de 1789 et elle célèbre les Etats Généraux dont les Français attendaient tant de réformes et de bienfaits ! (Mais qui ne se passeront pas exactement comme le Roi l'espérait).

    Elle a dû être portée puisqu'elle est percée d'un petit trou à côté de la fleur de lys de la couronne.

Sur l'avers, (ci-dessous) :

    On voit un paysan portant sur son dos un globe orné des 3 fleurs de Lys des Bourbons et d'une couronne royale (il s'agit de la France). A ses pieds on devine une ruche et une bèche. On remarque sur sa droite un noble et sur sa gauche, un religieux.


Sur le revers de la médaille, on peut lire :

Sur le pourtour :

LES ESTA Gx TENU A V SOUS LOUIS 16 L ANNEE 1789

Au centre :

LA FRANCE

FIGURE SOUS

UN GLOBE EST

SOUTENU DU PEU

PLE LES DEUX OR

AIDE AU PREMIE

LA RUCHE FONT

LES ORDRES

REUNIS


J'ai retrouvé une estampe de l'époque correspondant à cette médaille.

    L'illustration et la légende sont les mêmes que celles figurant sur la médaille.

Les trois états.
"La France Figurée sous un Globe est soutenue du Peuple
La Noblesse et le Clergé aide au premier
La Ruche représente les trois Ordres réunies."

(Les fautes sont d'époque)

    Vous remarquerez que le Clergé "aide au premier", c'est-à-dire le Peuple. Mais que la Noblesse s'appuie nonchalamment sur le globe (représentant la France).


jeudi 15 février 2024

Hommage au visionnaire Marquis d'Argenson

 


Pourquoi un article sur le Marquis d’Argenson ?

    René Louis de Voyer de Paulmy d'Argenson, né à Paris le  et mort à Paris le , fut un ministre de Louis XV. Le roi l’avait nommé secrétaire d’état aux affaires étrangères en novembre 1774, plusieurs mois après que la France fut officiellement entrée dans la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748), aux côtés de la Prusse. Eh oui, à cette époque la Prusse était l’alliée de la France contre l’Autriche ! C’est même la raison pour laquelle le mariage de Louis XVI avec l’Autrichienne Marie Antoinette fut très mal vu par une grande partie de la Cour et que celle-ci fut à l’origine de toutes les rumeurs salissant la reine, rumeurs reprises plus tard par le peuple sous la Révolution. Mais ce n'est pas là le sujet de cet article...

Marie Antoinette, luxueusement parée,
lors des Etats Généraux de 1789.
(Grosse erreur de com. vu que ceux-ci avaient été
 convoqués pour traiter du déficit des compte du royaume.)

    C’est au travers de quelques témoignages évoquant ses écrits que j’ai découvert ce grand homme. Et quels écrits ! On y retrouve bien sûr le grand style du 18ème siècle, avec son esprit et sa vivacité. Mais le plaisir ne s’arrête pas là. Comment ne pas être sensible à l’intelligence et à l’humanité de cet homme ? Ses descriptions de l’effroyable misère du peuple français dans les années 1739 et 1740 sont saisissantes. J’ai rapporté plusieurs extraits de ses mémoires dans mon article sur la misère avant la Révolution

La famille pauvre, de JB Greuze.

    Dans l’introduction du tome 1 des Révolutions de Paris, journal né durant l'été 1789 (Introduction écrite le 30 janvier 1790 pour les numéros reliés du tome 1), le rédacteur (probablement Elysée Loustallot) rendit hommage au Marquis d’Argenson qui « avait eu le courage de dire la vérité dans ses Considérations sur les gouvernements. » (p.35).

Un visionnaire prédisant la Révolution à venir.

    Ce ministre exceptionnel, au contraire de la plupart de ses pairs, connaissait particulièrement bien l'état de la France, et il s’en alarmait. Ce que l’on peut lire dans le chapitre « Misère des provinces (Février 1739 – fin 1740) » (Accessible en bas de page) ressemble à une prédiction de la Révolution qui bouleversera la France 50 ans plus tard ! (page 23 du tome 2) :

« Le mal véritable, celui qui mine ce royaume et ne peut manquer d’entrainer sa ruine, c’est que l’on s’aveugle trop à Paris sur le dépérissement de nos provinces. »

    S’en suit une effrayante description de la misère qui frappe de nombreuses provinces du royaume. Voici quelques extraits :

« Les hommes meurent autour de nous, dru comme des mouches, de pauvreté, et broutant l’herbe. » (p.24)

« Il est positif qu’il est mort plus de Français de misère depuis deux ans que n’en ont tué toutes les guerres de Louis XIV » (p.34)

19 mai 1739 :

« Le Duc d’Orléans porta dernièrement au conseil un morceau de pain de fougère. À l’ouverture de la séance, il le posa sur la table du roi, disant : Sire, voilà de quoi vos sujets se nourrissent. » (p.27)

D’Argenson est lucide sur l’aveuglement et la cruauté des puissants.

« On répond à tous ces récits que la saison est belle, que la récolte promet beaucoup. Mais je demande ce que la récolte donnera aux pauvres. Les blés sont-ils à eux ? La récolte appartient aux riches fermiers, qui eux-mêmes, dès qu’ils la recueillent, sont accablés de demandes de leurs maîtres, de leurs créanciers, des receveurs des deniers royaux, qui n’ont suspendu leurs poursuites que pour les reprendre avec plus de dureté. » (p.28)

L’éternelle rengaine des riches sur la fainéantise des pauvres...

Août 1739 :

« Il (Le conseiller d’État Fagon) a persuadé tout de bon au ministère que c’est une habitude de paresse qui corrompt les meurs des provinces. C’est ainsi que j’ai entendu accuser de pauvres enfants sur lesquels opérait un chirurgien d’avoir la mauvaise habitude d’être criards. » (p.29)

« Tels sont ceux qui ont part à la direction des affaires : durs, tyranniques, heureux de leur sort, jugeant celui des autres par le leur propre ; juges de Tournelle, habitués à voir de sang-froid disloquer les membres des suppliciés.

Toute misère provient de la fainéantise, et les impôts tels qu’ils sont ne sont pas suffisants. Ces bourreaux de ministres pensent aiguillonner l’industrie et corriger les mœurs par la nécessité de payer de gros subsides. » (p.30)

    D’Argenson a raison, on voit le monde à l’image de ce que l’on est. Un voleur n’y voit que des voleurs, un envieux ne reconnait autour de lui que d’autres envieux, un corrompu est persuadé que toutes et tous sont à vendre, etc.

Le triste constat

    Quand on lit ce terrible chapitre, on comprend que la Révolution était inévitable. La description qui y est faite de la France est bien loin de l’image idyllique que les nostalgiques de l’Ancien régime continuent de nous représenter inlassablement.

    Hélas, mille fois hélas ! Tout le monde est convaincu par les histrions qui font de l’histoire de contes de fées : L’Ancien régime était idyllique et la Révolution qui y mis fin fut une horreur  absolue ! 

    Quand donc une série télé nous montera-t-elle l’odieuse misère de cette époque plutôt que les simagrées de marquises et marquis d’opérettes ?


Digression...

    Je ne suis pas un grand cinéphile, mais je n'ai pas vu la misère et la colère du peuple aussi bien représentée en ce début de 18ème siècle que dans le film de Bertrand Tavernier sorti en 1975 : "Que la fête commence". L'histoire se situe sous la régence de Philippe d'Orléans, tuteur de l'enfant qui deviendra Louis XV. À la fin du film le carrosse du Régent lancé à toute allure sur la route de Versailles, renverse un enfant. Philippe d’Orléans propose de dédommager la mère par une somme d’argent. Des paysans accourent et incendient le carrosse. La mère dit alors à son enfant mutilé : « Regarde comme ça brûle bien » dit la mère a son enfant. On va en brûler d’autres… beaucoup d’autres. » 

 

Source :

    Le chapitre sur la misère des provinces est accessible sur la site de la BNF via la fenêtre ci-dessous :

dimanche 16 juillet 2023

Découvrez la caricaturiste anglaise Mary Darly

 

Boutique des Darly au 39 The Strand à Londres

Une belle découverte !

    Mes articles sont toujours trop longs et m'emmènent trop loin ! Lorsque j'effectuais des recherches pour mon article sur Marie-Antoinette reine de la mode, j'avais découvert au British Muséum des estampes humoristiques de l'anglaise Mary Darly. Je pense que cette étonnante londonienne mérite un article à elle seule. L'histoire est si ingrate envers les femmes que lorsque l'on peut mettre en lumière une femme hors du commun, il ne faut pas hésiter. Je vais m'efforcer d'appliquer cette règle aussi souvent que possible.

L'esprit du temps

    Les idées et les modes circulaient dans les deux sens entre la France et l'Angleterre. Les Anglais étaient même en avance sur nous en affaire de révolution puisqu'ils en avaient déjà fait deux (1642-1651 puis 1688-1689) et même coupé la tête à leur roi Charles 1er lors de la première ! Les députés de l'Assemblée nationale constituante avaient pour principales références les lois anglaises. J'ai montré également dans un article que les révolutionnaires du club des Cordeliers avait été inspirés par les idées anglaises pour penser la République (Lisez l'Affaire Rutledge).

    Que l'on ne s'y trompe pas, les caricatures de Mary Darly constituent bien la critique d'une classe sociale de privilégiés, tout comme celles que l'on verra dans la boutique de Paul André Basset dix ans plus tard à Paris...

Humour anglais

    Mary Darly était marchande d'estampes et caricaturiste. Elle était l'épouse de Matthew Darly créateur de meubles et graveur. En 1756, le couple avait des imprimeries à Fleet Street et au Strand. Mary était l'unique directrice de la succursale de "The Acorn, Ryders Court (Cranbourne Alley)Leicester Fields". Elle faisait de la publicité dans les quotidiens sous son propre nom, en tant que "graveur et éditeur". 

    Mary Darly fut l'une des premières caricaturistes professionnelles en Angleterre. Les boutiques Darly, parmi les premières à se spécialiser dans la caricature, se spécialisèrent sur des thèmes politiques dans les années 1750, une époque de crises politiques, mais elles se concentrèrent par la suite sur le monde de la mode.

Macaronis ?

    Dans leur boutique du West End, ils publièrent entre 1771 et 1773 six séries d'estampes satiriques intitulées « macaronis », chaque série contenant 24 portraits. Un macaroni (ou anciennement maccaroni) au milieu du XVIIIe siècle en l'Angleterre, était un homme à la mode qui s'habillait comme sur le continent et qui parlait de manière efféminée. La nouvelle boutique des Darly fut connue sous le nom de "The Macaroni Print-Shop". Matthew et Mary Darly produisirent nombre de caricatures de la vie sociale londonienne par le biais de leurs « macaronis ».


Grosse production

    En dix années d’activité, le couple Darly produisit plus de 500 images d'une qualité exceptionnelle. Au plus fort de leur renommée, les calèches faisaient la queue dans la rue pour que leurs occupants puissent pouffer de rire devant les images exposées. Dans chaque ville et village de Grande-Bretagne et d'Irlande, les libraires vendaient leurs publications. Ils cessèrent brusquement d’imprimer en 1779, probablement en raison d’une soudaine maladie de Matthew qui décéda en janvier 1780. Mary continua à produire seule jusqu'en mars 1781 au moins, date à laquelle sa dernière impression connue a été publiée. On ne sait pas ce qu’elle devint ensuite. Son sort n'est pas connu.

Quelques caricatures de Mary Darly !

1771









Articles intéressants :

vendredi 14 juillet 2023

Les estampes érotiques révolutionnaires...

 

La face cachée...

"La joyeuse face cachée de la Révolution."

    Je ne pouvais pas passer sous silence ces autres estampes diffusées sous la Révolution, c’est-à-dire, les coquines, les érotiques, etc. Il fallait bien que je leur consacre un article, par honnêteté envers vous, chers lectrices et lecteurs !

    Il y en a eu tellement ! Je dispose de nombre de ces images "impudiques" dans un dossier de ma base de données ! Mais bien sûr, je ne peux pas vous les montrer toutes, car je tiens à ce que mon site reste pour tous publics. L'abondance de texte caractérisant celui-ci devrait suffire à dissuader les jeunes âmes innocentes. Mais quid ensuite du référencement des images par Google ? J'ai déjà assez de soucis avec les royalistes (pas tous) qui me dénoncent régulièrement à Facebook ou Google ! Je ne vous montrerai donc dans cet article que les gravures les plus bénignes et quelques autres un peu plus scabreuses que je censurerai.

    J’ai emprunté cette expression « La joyeuse face cachée de la Révolution » à l’écrivaine Régine Desforges qui l’utilisa dans la préface qu’elle rédigea en introduction de l’ouvrage de son mari éditeur, Jean-Jacques Pauvert, publié en 1789, ouvrage consacré aux estampes érotiques révolutionnaires.

    Régine Desforges fut une éditrice et une romancière à succès dans les années 80. Défendant le droit des femmes à s'assumer seules, y compris dans leur sexualité, elle publia également des romans érotiques et fut même condamnée pour atteinte aux bonnes mœurs à cause des textes érotiques qu’elle publiait. Elle co-réalisa également en 1980 un film inspiré de l’un d’entre eux, « contes pervers ». (Ah les années 80 ! Si vous saviez !)

Je vous propose de lire cette préface de Régine Desforges :

« Quelle gaîté, quelle santé, quelle jeunesse, quelle belle humeur, quelles jolies couleurs !

Que la convulsion révolutionnaire se soit extériorisée (et finalement des deux côtés, semble-t-il), avec une exubérance aussi sensuelle, aussi printanière, me ravit.

Mais à la réflexion, y a-t-il tellement de politique là-dedans ? A faire défiler toutes ces estampes dont aucune, en fin de compte, n’est féroce (où est la guillotine, où sont les massacres des prisons ?), aucune, à bien y regarder, vraiment obscène, on se prend à penser que peut-être, bien plus que dans le combat des factions, c’est dans l’ivresse d’une liberté de tout dire, de tout montrer, dans l’allègre vertige de l’ « interdit d’interdire » que se jetaient – sur commande ou pas – les jeunes artistes des deux camps : c’est le gentil chasseur bandant, Lafayette lutinant Marie-Antoinette, le triomphe des Droits de l’Homme – un gros vit porté en triomphe -, de la maudite liberté foutant en cul, du voluptueux anachorète… tout cela dans la joie sans jamais rien de pervers.

Rien de semblable avec la littérature, qui est noire - reflet des angoisses de ce temps - c’est l’époque du grand succès des livres d’Ann Radcliffe, de Ducray-Duminil, de la Justine de Sade, de l’étrange roman de Revérony Saint-Cyr, Pauliska ou la perversité moderne, des liaisons dangereuses, toujours, du Moine de Lewis, et de tant d’autres.

Je livre la question aux historiens. Aux simples lecteurs et voyeurs comme moi, je laisse le plaisir de découvrir la joyeuse face cachée de la Révolution. »

Un nouveau concept :"Le plaisir national"

Grivoiseries révolutionnaires et libertinages d’ancien régime.

    Je partage la même impression que Régine Desforges quant à la nature de ces estampes "révolutionnaires". Leurs auteurs sont plus dans l’esprit des donneurs de fessées publiques dont je vous ai parlées dans un précédent article que de celui des septembriseurs assoiffés de sang. Ces images relèvent plus de ce que l’on appelait autrefois la grivoiserie ou la gauloiserie que d’une forme de dépravation.

    C’est plutôt dans certaines gravures de l’ancien régime que l’on découvre ce que l’on peut objectivement considérer comme du vice ou de la perversion. Pas dans toutes, bien sûr, car le libertinage fut aussi au 18ème siècle une forme de libération sexuelle et il inspira joliment des créations artistiques fort plaisantes. J'ai de très jolies estampes de ce type, que je ne publierai hélas pas dans cet article, car ce n'est pas le sujet ! 😉

L'illustration ci-dessous constitue un bel exemple de ces jolies gravures :

"Dame à sa toilette"
Gravure d'après Charles Eisen.

    Tout comme il en fut de la violence, les gravures licencieuses ne furent pas l’apanage de la Révolution. Même si elles sont contemporaines, les estampes érotiques révolutionnaires font bien pâles figures comparées aux gravures figurant dans les ouvrages du Marquis de  Sade ! Contemporaines, car c’est bien grâce à la Révolution que Sade, alors âgé de 50 ans, fut libéré de prison le 2 avril 1790 (il était alors emprisonné pour ses crimes réels et pas seulement pour ses écrits) par suite de l’abolition des lettres de cachet et c’est sous la Révolution malgré tout qu’il publiera ses principaux livres.

Un mot sur Sade.

    Je ne pense pas prendre parti en écrivant que l’univers de Sade est celui de l’Ancien régime. Il suffit de le lire pour s’en assurer. Bon courage d’ailleurs si vous vous y aventurez car c’est parfois à la limite du soutenable du fait des cruautés qui y sont décrites. Cet homme sulfureux traversera d’ailleurs sans trop de soucis la Révolution. Il sera finalement interné parmi les fous au milieu desquels il mourra en 1814. Passons. Je vous laisse lire sa bio sur Wikipédia si vous souhaitez en savoir plus.

Mise à jour au 08/04/2024 : Une de mes plus fidèles abonnées de ma page Facebook, m'a conseillé ce livre sur le ténébreux marquis : "Les Sept Vies du Marquis". Il semble en donner une autre image. Merci Lucette 😊

Marie-Antoinette confrontée à la "passivité" de Louis (extrait).

Légèreté des estampes versus gravité des livres ?

    Régine Desforges souligne une différence entre les estampes et la littérature de l’époque. Elle liste même quelques auteurs pour étayer son propos. Le livre de Jean-Jacques Pauvert montre néanmoins de nombreuses gravures qui ont été extraites de livres. Je vous propose de consulter l’un d’entre eux, publié en 1791 par "La Muse libertine", intitulé : "Les fouteries chantantes, ou Les récréations priapiques des aristocrates en vie", édité "A Couillardinos, de l'imprimerie de Vit-en-l'air et distribué chez le Sieur Flavigny, chanteur de godet, et marchand de musique, quai des Morfondus, au Vit couronné…". Tout un programme...

    Vous pourrez y constater que le texte et les images sont bien légères, comparées à ce que l’on trouve dans un livre du Marquis de Sade.

    Vous pouvez le consulter dans la fenêtre ci-dessous (Pour Sade, je vous laisse chercher par vous-même) :


Quelques exemples ?

    Je parle, je parle, mais jusque-là, bien peu d'images ! Je vous propose arbitrairement deux thèmes. 

Vigueur de soldat...

    Ces quelques estampes vantent la vigueur des soldats. La quatrième (la plus explicite) a même été dessinée par deux officiers de la Garde nationale parisienne...

 
 
Dans le même esprit...

Marie-Antoinette.

    Enormément de gravures évoquent les vices présumés de Marie-Antoinette. J'ai bien sûr choisi les moins choquantes. 
    Concernant cette réputation de Marie-Antoinette, n'oublions pas que toutes les rumeurs à son sujet sont toujours partie de la Cour de Versailles. Il existait en effet à la Cour un très fort courant anti-autrichien qui remontait au fameux renversement des alliances scellé par le traité du 1er mai 1756. Beaucoup de nobles détestait l'autrichienne. Toutes les pires rumeurs à propos de la reine qui coururent au sein du peuple, partirent toujours de la cour...

    Il apparait clairement que beaucoup d'estampes étaient destinées à orienter l'opinion. Necker s'en servit d'ailleurs énormément pour promouvoir sa personne et sa politique. D'autres, anonymes, avaient des intentions plus troubles. Il était si facile d'orienter la colère du peuple vis-à-vis de Marie-Antoinette...

 
 
 

Marie-Antoinette et La Fayette...
(Liaison purement imaginaire)


J'espère n'avoir choqué la sensibilité de personne avec cet article. 😇



Post-Scriptum :

    Si vous souhaitez une version non censurée d'une estampe, contactez-moi par un message sur ma page Facebook. Cela restera entre nous. 😉