La face cachée... |
"La joyeuse face cachée de la Révolution."
Je ne pouvais pas passer sous silence ces autres estampes diffusées sous la Révolution, c’est-à-dire, les coquines, les érotiques, etc. Il fallait bien que je leur consacre un article, par honnêteté envers vous, chers lectrices et lecteurs !
Il y en a eu tellement ! Je dispose de nombre de ces images "impudiques" dans un
dossier de ma base de données ! Mais bien sûr, je ne peux pas vous les
montrer toutes, car je tiens à ce que mon site reste pour tous publics. L'abondance de texte caractérisant celui-ci devrait suffire à dissuader
les jeunes âmes innocentes. Mais quid ensuite du référencement des images par
Google ? J'ai déjà assez de soucis avec les royalistes (pas tous) qui me dénoncent régulièrement à Facebook ou Google ! Je ne vous montrerai donc dans cet article que les gravures les
plus bénignes et quelques autres un peu plus scabreuses que je censurerai.
J’ai emprunté cette expression « La joyeuse face cachée de la Révolution » à l’écrivaine Régine Desforges qui l’utilisa dans la préface qu’elle rédigea en introduction de l’ouvrage de son mari éditeur, Jean-Jacques Pauvert, publié en 1789, ouvrage consacré aux estampes érotiques révolutionnaires.
Régine Desforges fut une éditrice et une romancière
à succès dans les années 80. Défendant le droit des femmes à s'assumer seules, y
compris dans leur sexualité, elle publia également des romans érotiques et
fut même condamnée pour atteinte aux bonnes mœurs à cause des textes érotiques
qu’elle publiait. Elle co-réalisa également en 1980 un film inspiré de l’un d’entre eux,
« contes pervers ». (Ah les années 80 ! Si vous saviez !)
Je vous propose de lire cette préface de Régine Desforges :
« Quelle gaîté, quelle santé, quelle jeunesse, quelle belle humeur, quelles jolies couleurs !
Que la convulsion révolutionnaire se soit extériorisée (et finalement des deux côtés, semble-t-il), avec une exubérance aussi sensuelle, aussi printanière, me ravit.
Mais à la réflexion, y a-t-il tellement de politique là-dedans ? A faire défiler toutes ces estampes dont aucune, en fin de compte, n’est féroce (où est la guillotine, où sont les massacres des prisons ?), aucune, à bien y regarder, vraiment obscène, on se prend à penser que peut-être, bien plus que dans le combat des factions, c’est dans l’ivresse d’une liberté de tout dire, de tout montrer, dans l’allègre vertige de l’ « interdit d’interdire » que se jetaient – sur commande ou pas – les jeunes artistes des deux camps : c’est le gentil chasseur bandant, Lafayette lutinant Marie-Antoinette, le triomphe des Droits de l’Homme – un gros vit porté en triomphe -, de la maudite liberté foutant en cul, du voluptueux anachorète… tout cela dans la joie sans jamais rien de pervers.
Rien de semblable avec la littérature, qui est noire - reflet des angoisses de ce temps - c’est l’époque du grand succès des livres d’Ann Radcliffe, de Ducray-Duminil, de la Justine de Sade, de l’étrange roman de Revérony Saint-Cyr, Pauliska ou la perversité moderne, des liaisons dangereuses, toujours, du Moine de Lewis, et de tant d’autres.
Je livre la question aux historiens. Aux simples lecteurs et voyeurs comme moi, je laisse le plaisir de découvrir la joyeuse face cachée de la Révolution. »
Un nouveau concept :"Le plaisir national" |
Grivoiseries révolutionnaires et libertinages d’ancien régime.
Je partage la même impression que Régine Desforges quant à la nature de ces estampes "révolutionnaires". Leurs auteurs sont plus dans l’esprit des donneurs de fessées publiques dont je vous ai parlées dans un précédent article que de celui des septembriseurs assoiffés de sang. Ces images relèvent plus de ce que l’on appelait autrefois la grivoiserie ou la gauloiserie que d’une forme de dépravation.
C’est plutôt dans certaines gravures de l’ancien régime que l’on découvre ce que l’on peut objectivement considérer comme du vice ou de la perversion. Pas dans toutes, bien sûr, car le libertinage fut aussi au 18ème siècle une forme de libération sexuelle et il inspira joliment des créations artistiques fort plaisantes. J'ai de très jolies estampes de ce type, que je ne publierai hélas pas dans cet article, car ce n'est pas le sujet ! 😉
L'illustration ci-dessous constitue un bel exemple de ces jolies gravures :
"Dame à sa toilette" Gravure d'après Charles Eisen. |
Tout comme il en fut de la violence, les gravures licencieuses ne furent pas l’apanage de la Révolution. Même si elles sont contemporaines, les estampes érotiques révolutionnaires font bien pâles figures comparées aux gravures figurant dans les ouvrages du Marquis de Sade ! Contemporaines, car c’est bien grâce à la Révolution que Sade, alors âgé de 50 ans, fut libéré de prison le 2 avril 1790 (il était alors emprisonné pour ses crimes réels et pas seulement pour ses écrits) par suite de l’abolition des lettres de cachet et c’est sous la Révolution malgré tout qu’il publiera ses principaux livres.
Un mot sur Sade.
Je ne pense pas prendre parti en écrivant que l’univers de Sade est celui de l’Ancien régime. Il suffit de le lire pour s’en assurer. Bon courage d’ailleurs si vous vous y aventurez car c’est parfois à la limite du soutenable du fait des cruautés qui y sont décrites. Cet homme sulfureux traversera d’ailleurs sans trop de soucis la Révolution. Il sera finalement interné parmi les fous au milieu desquels il mourra en 1814. Passons. Je vous laisse lire sa bio sur Wikipédia si vous souhaitez en savoir plus.
Mise à jour au 08/04/2024 : Une de mes plus fidèles abonnées de ma page Facebook, m'a conseillé ce livre sur le ténébreux marquis : "Les Sept Vies du Marquis". Il semble en donner une autre image. Merci Lucette 😊
Marie-Antoinette confrontée à la "passivité" de Louis (extrait). |
Légèreté des estampes versus gravité des livres ?
Régine Desforges souligne une différence entre les estampes et la littérature de l’époque. Elle liste même quelques auteurs pour étayer son propos. Le livre de Jean-Jacques Pauvert montre néanmoins de nombreuses gravures qui ont été extraites de livres. Je vous propose de consulter l’un d’entre eux, publié en 1791 par "La Muse libertine", intitulé : "Les fouteries chantantes, ou Les récréations priapiques des aristocrates en vie", édité "A Couillardinos, de l'imprimerie de Vit-en-l'air et distribué chez le Sieur Flavigny, chanteur de godet, et marchand de musique, quai des Morfondus, au Vit couronné…". Tout un programme...
Vous pourrez y constater que le texte et les images
sont bien légères, comparées à ce que l’on trouve dans un livre du Marquis de
Sade.
Vous pouvez le consulter dans la fenêtre ci-dessous (Pour Sade, je vous laisse chercher par vous-même) :
(Liaison purement imaginaire)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand