Redécouvrez la Révolution française, avec cette étonnante chronologie commentée, illustrée de nombreuses gravures de l'époque.
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Pour évoquer cette terrible journée du 17 juillet 1791, je vous propose un article court, quelques estampes et surtout une vidéo.
Une conséquence de la fuite du roi
Le 13 juillet 1791, François Muguet de Nanthou,
rapporteur de l'enquête ouverte sur l'affaire de Varennes, avait conclu que le "voyage" du roi n'avait rien de coupable et que le
roi était protégé par son inviolabilité constitutionnelle. On prétendit même
que le roi avait été enlevé ! Et mieux encore, la pension attribuée au roi
fut augmentée ! Cette conclusion qui rétablissait Louis XVI de plein droit
sur le trône, fit l’objet d’un décret de l'Assemblée qui suscita de vives protestations.
Selon les versions, vous lirez que le club des Jacobins décida d’une pétition ayant pour objet le report de ce décret,
qui serait portée le dimanche suivant au Champ de Mars, où chaque citoyen pourrait la
signer sur l'autel de la patrie ; ou alors vous lirez que cette pétition rédigée
par des membres des sections des clubs des Cordeliers et des Jacobins avait
pour objet de demander la déchéance du roi.
22 juin 1791, arrestation de la famille royale à Varenne.
25 juin 1791, retour à Paris de la famille royale
L'autel de la Patrie
Ce dimanche 17 juin 1791, un grand nombre de Parisiens se rendent donc pacifiquement au Champs de Mars pour signer cette pétition sur l'autel de la Patrie. Il s'agit précisément de l'autel sur lequel avait été donnée la grande messe, le 14 juillet 1790, en présence du roi et de milliers de Français venus de tout le royaume, lors de la mémorable grande fête de la Fédération des Français. Le Champs de Mars avait d'ailleurs été aménagé spécialement pour cette occasion grâce au travail de milliers de Parisiens.
Voici une représentation de l'autel extraite de l'estampe représentant le plan du Champs de Mars, que vous trouverez ci-dessous également.
Plan du Champs de Mars
Parisiens participants à l'aménagement du Champs de Mars en 1790
La loi martiale est proclamée.
Mandaté par l'Assemblée nationale pour réprimer de tels "désordres", Jean-Sylvain Baillyse rend au Champ-de-Mars, accompagné de plusieurs
officiers municipaux et d'un détachement important de la Garde nationale commandée par La Fayette.
Bailly fait déployer le drapeau rouge, signe que la loi martiale est proclamée et les trois sommations d'usage sont adressées aux manifestants. Ceux-ci répondent par des jets de
pierres ; un coup de feu est tiré, sur le maire de Paris ou sur La Fayette.
Solidaires depuis 1789, La Fayette et Bailly.
Le massacre du Champs de Mars
La Fayette fait tirer quelques coups en l'air "Au-dessus des têtes". Mais cette
sommation indigne les manifestants et fait redoubler leur colère. La Garde nationale ouvre alors le
feu. Une centaine de manifestants, hommes, femmes et enfants tombent à terre, morts ou blessés. Quelques officiers
voudraient même employer l'artillerie. La Fayette s'y oppose avec force. Il aurait même poussé résolument son cheval devant la bouche des canons.
La panique saisit la foule et les manifestants s'enfuient affolés dans les rues de Paris.
Cet événement tragique constituera un pas de plus vers l’idée de la République, les gens prenant peu à peu conscience de l'inutilité du roi, de ses trahisons et de la complicité du pouvoir en place
Rappelons que les manifestants ne faisaient que signer une pétition...
La vidéo !
Il est de souvent de bon ton de critiquer les reconstitutions cinématographiques d'événements historiques. Mais j'espère que vous reconnaîtrez avec moi, après avoir lu l'article ci-dessus et regardé cet extrait du film « La Révolution française »
de Robert Enrico et Richard T. Heffron, (sorti pour le bicentenaire en 1989), que la restitution est plutôt fidèle aussi bien aux estampes de l'époque, qu'au récit.
Post Scriptum :
Vous avez vu plus haut une estampe comparant la famille royale à des cochons fuyards ramenés à l'étables. Comprenez que de plus en plus de gens commençaient à se demander à quoi leur servait ce roi qu'ils continuaient d'engraisser comme un cochon et qui les avait trahis déjà plusieurs fois.
Souvenez-vous de la lettre de Louis XVI à son cousin le roi d'Espagne, le 12 octobre 1789. Dès le début de la Révolution, Louis XVI a joué un double jeu.
L'estampe ci-dessous donne une bonne idée du constat de l'inutilité du roi et de la question de son avenir...
"Je me suis ruiné pour l'engraisser. La fin du compte, je ne sais plus qu'en faire."
Cadeau bonus !
J'ai trouvé les deux belles illustrations ci-dessous sur la page Facebook du groupe "French Revolution Enthusiasts". Ce groupe enthousiastes est une vraie mine d'or !
Pas de long article cette fois-ci. Voici juste une reproduction d'un Brevet de la Garde Nationale Parisienne, attribué à un certain Pierre Joseph D'Ablancour, citoyen Parisien.
Mais un petit commentaire quand même ! 😉
Pour avoir l'honneur de faire partie de cette garde nationale, il fallait être un citoyen actif, c'est-à-dire un citoyen payant des impôts. Hormis quelques exceptions, l'accès était interdit aux citoyens passifs.
De plus, il était nécessaire de pouvoir se payer son uniforme dont le coût était de 4 Louis, soit plus de 240 sous. Sachant qu'un pain nourrissant une famille pour une journée coûtait 14 sous et que le salaire moyen d'un journalier en Juillet 1789 se situait entre 15 et 20 sous maximum, vous comprenez pourquoi on appela cette garde, la garde bourgeoise.
La garde nationale s'ouvrit au peuple le 30 Juillet 1792, alors que les armées prussiennes et autrichiennes se précipitaient sur Paris, pour dévaster la Ville, comme s'y était engagé Brunswick le chef de l'armée prussienne dans son manifeste.
Je vous invite à lire cet article plus complet sur la Garde nationale, sur lequel vous pourrez surtout découvrir les drapeaux des soixante districts parisiens de la Garde nationale ! :
Sous la présidence du Duc De Liancourt, la séance de
l’Assemblée nationale constituante s’ouvre à 9h00 du matin.
Le Président rapporte que :
« Sur les deux heures du matin,
un courrier envoyé de l’hôtel de ville de Paris, lui a remis une lettre par
laquelle on lui annonçait que la présence et le discours de M. Necker avait
porté les représentants de la commune à donner des ordres pour que Monsieur de
Bezenval, arrêté par la milice de Villenauxe, et qu’on conduisait à Paris, eût
la liberté d’aller en Suisse ; que l’Assemblée générale des électeurs avait
fait un arrêté, pour déclarer, au nom de la capitale, qu’elle pardonnait à ses
ennemis, et qu’elle proscrit tout acte de violence ; mais que ces résolutions
étaient désapprouvées par plusieurs districts ; qu’elles excitaient la
fermentation la plus alarmante, et qu’il était extrêmement important que
l’Assemblée nationale s’occupât des moyens de les calmer. »(L’orthographe est
de l’époque et celle de Bezenval change selon les sources)
Avec un peu de malice, nous pourrions présenter la chose comme
suit :
« La bonne bourgeoisie parisienne ayant obtenue ce qu’elle désirait, à
savoir une monarchie constitutionnelle, ses représentants pardonnent au nom de
tous les habitants de Paris à ses ennemis. Par la même, elle ordonne que
Besenval, le lieutenant suisse du Maréchal de Broglie, qui le 4 juillet dernier
avait reçu l’ordre du roi de rassembler ses troupes autour de Paris pour le 13,
puisse être relâché et regagner au plus vite sa paisible suisse natale. Mais
que ledit peuple de Paris, au nom duquel elle parle, ne l’entendant pas de
cette façon et réclamant justice, il serait bon que l’Assemblée nationale
envoyât la Garde Nationale pour rappeler ces trublions à l’ordre ».
De si gentils révolutionnaires... 😉
Pierre Victor de Besenval de Brünstatt
Soyons rassurés, nos constituants n’étaient donc pas de bien
méchants révolutionnaires. Nous le verrons par la suite, la politique de
l’Assemblée constituante consistera principalement à promouvoir la plus entière
liberté du commerce, protéger, voire sacraliser la propriété (incluant les esclaves) et réprimer tout mouvement populaire, urbain ou rural, visant à combattre
cette liberté économique et surtout ses effets négatifs sur les plus
démunis.
Ces honnêtes gens n’agissaient pas ainsi sous l'effet d'une
sorte de méchant égoïsme de classe (quelle vilaine expression). Ils étaient
sincèrement convaincus par les idées économiques du temps qui affirmaient que
la totale liberté de commerce, sans contrôle de l’état, était la recette idéale
pour une société épanouie. Le problème, c’est qu’il faudra encore quelques
siècles pour faire comprendre au peuple les bienfaits du ruissellement, la
fameuse théorie établissant que plus les riches sont riches et plus les pauvres
profitent de leurs miettes. Malgré plus de deux siècles de preuves du contraire, de braves gens croient encore de nos jours en la théorie du ruissellement qui dit que plus il y a de riches à table, plus il y a de miettes pour les pauvres.
Désolé pour cette digression.
Nous aurons d'autres occasions de parler du si charmant Helvète qu'est Besenval. Cet homme de qualité était un courtisan et même un confident de la reine...
Vous avez vu ? Encore un Suisse ! Mais
celui-ci était dans le camp du roi. Remarquez que c'est un peu normal lorsque
l'on commande la garde suisse dudit monarque !
Les Parisiens veulent la tête du Baron de Besenval. Rappelons
que celui-ci officiait comme lieutenant sous les ordres du vieux du Maréchal de
Broglie, qui le 4 juillet avait reçu l’ordre du roi de rassembler ses troupes
autour de Paris pour le 13, afin d'y "calmer" l'agitation grandissante.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ladite agitation avait été
maladroitement calmée. Relisez l'article du 12 juillet, concernant l'incident
des Tuileries.
"L'incident des Tuileries"
Selon une certaine source, Besenval y avait rassemblé
plusieurs escadrons étrangers, sans en avoir reçu la permission, ce qui aurait
suscité le mécontentement des Parisiens. Lesdits Parisiens, fort énervés, auraient
alors jeté des projectiles sur ces régiments "sagement" stationnés,
jusqu’à ce que les Gardes Françaises, ces troupes qui avaient rejoint le camp
des Parisiens, joignent leurs forces aux "émeutiers", comme les appelle cette
source.
Une autre version prétend que Besenval, quelque peu en
disgrâce de la coterie de la reine, craignait les reproches de la Cour et qu’il
aurait donné l’ordre au prince de Lambesc de faire mettre sabre au clair et de
charger avec son régiment du royal-allemand pour dégager le jardin des
Tuileries et disperser les manifestants. J'imagine difficilement un Lieutenant,
fusse-t-il favori de la Reine, donner un tel ordre à un Prince de sans royal.
A noter que le 14 juillet, les troupes de Besenval,
stationnées sur le Champs de Mars, n’intervinrent pas alors que des milliers de
Parisiens en armes allaient et venaient dans Paris pour prendre la Bastille. Besenval
était-il vexé de la bavure des Tuileries ? Certains disent que ses troupes
avaient été achetées…
Sinon, vous avez aussi la version Wikipédia qui vaut son
pesant de Louis d'or et dont je vous laisse juge. Je suis certain que ce favori
de la Reine en fera frissonner quelques-uns.
Villenauxe-la-Grande
Passons. Besenval a été arrêté par les miliciens de Villenauxe-la-Grande,
dans l'Aube, alors qu'il fuyait vers la Suisse, son pays d'origine. Comment
ont-ils su qui il était ? Cela fait partie des petits mystères sur lesquels les
historiens semblent pudiquement glisser de temps en temps. Ce fait sera
rapporté dès le lendemain devant l'Assemblée nationale.
Château de Villenauxe-la-Grande
Les miliciens de cette bonne ville de
Villenauxe-la-Grande l'ont donc enfermé à l’hôtel du Cheval Bardé, dans l'intention
de le remettre aux émissaires en route depuis Paris pour l'arrêter.
Surtout ne manquez pas l'article de demain. Car il vous
donnera un aperçu de la façon dont on rend la justice entre "honnêtes gens", ou pas.
Bailly, maire de Paris
Bailly demande un Tribunal Populaire
Agacé par l'atmosphère vengeresse qui règne à Paris, Bailly,
le maire de cette bonne ville va réclamer à l'Assemblée nationale,
l'institution d'un tribunal populaire que celle-ci refusera.
Le 24 octobre 1789, le Roi finira par accorder au Tribunal
du Châtelet, présidé par Bailly de juger des crimes de lèse Nation, mais
celui-ci ne concernant que les crimes gravissimes, il sera insuffisant pour
punir les forfaits du Peuple, bien qu'il y parviendra un peu quand même, en
faisant enfermer Marat, par exemple.
Le 17 août 1792, la Commune de Paris demandera elle aussi la
création d’un tribunal, qu’on n’appellera pas encore Tribunal Révolutionnaire,
mais Tribunal criminel. Les Girondins empêcheront autant qu’ils le pourront le
fonctionnement de ce tribunal. Certains historiens disent que si ce tribunal
avait jugé les différents comploteurs et complices de l’étranger, les massacres
de septembre dans les prisons, orchestrés par la plèbe parisienne n'auraient
peut-être pas eu lieu. Notons que les prisonniers avaient eu la mauvaise idée le
2 septembre 1792 de fêter bruyamment dans leurs prisons, la prise de Verdun par
les Prussiens, alors que les Parisiens qui les entendaient chanter avaient
leurs fils armés de piques qui pataugeaient dans la boue de l'Argonne face aux
Prussiens. Les Girondins obtiendront sa suppression le 29 novembre 1792.
Ce sera finalement Danton, probablement effrayé par les
massacres de septembre et par ce peuple qui demandait toujours plus de têtes,
qui parviendra à imposer cette idée d'un Tribunal populaire lorsqu'il
instaurera le Tribunal Révolutionnaire avec son jury populaire.
Le 10 mars 1793, la Convention instituera un Tribunal
criminel extraordinaire, plus tard appelé Tribunal révolutionnaire. Le but de
cette cour de justice sera de lutter contre « toute entreprise
contre-révolutionnaire, tout attentat contre la liberté, tout complot royaliste
». En faisant allusion à la période de troubles et de massacres que vivait
alors la France Danton déclara : « Soyons terribles pour dispenser le peuple de
l'être »
Le 1er septembre 1793, Danton proclamera :" Le tribunal
révolutionnaire ne travaille pas assez, il n'y a pas assez de têtes qui
tombent, Je demande une tête par jour !"... Ambiance...
Ah oui, Bailly, nous serons souvent amenés à parler de lui et
son comparse La Fayette.
Bailly - La Fayette L'homme a deux têtes.
Bailly sera victime d'un Tribunal populaire, pas vraiment comme celui qu'il avait souhaité en 1789. Il sera arrêté en juillet 1793 afin de témoigner au procès de
Marie Antoinette. Il voudra témoigner en la faveur de la Reine, ce qui bien sûr causera sa
perte. Le Tribunal Révolutionnaire le condamnera à la peine capitale le 10
novembre 1793 et il sera guillotiné le lendemain sur l’esplanade du Champ-de-Mars, à
l’endroit même où les troupes de la Constituante commandée par La Fayette avaient
tiré sur les Parisiens venus pétitionner pour la destitution du roi, le 17 juillet 1791.
La triste fin de Bailly, premier maire de Paris
Besenval ?
Lisez l'article du 31 juillet 1789 et bientôt celui du 10
août 1789, que je rédige après celui-ci. Vous serez étonnés.
Allégorie de la Révolution de 1789 Source : Paris Musées
Rien ne nait de rien (ex nihilo). Les révolutionnaires français ont
inventé et créé à partir de ce qui existait déjà ici, la et même ailleurs. Essayons de trouver des pistes (de réflexion).
Une chanson pour la Révolution !
Dans son roman "Les misérables" Victor Hugo fait chanter à
Gavroche, le gamin révolutionnaire parisien, une petite chanson dont le couplet suivant est resté célèbre :
« Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à Rousseau. »
Cette chanson satirique fut composée par le chansonnier parisien
Béranger, en réaction à un "mandement de Messieurs les vicaires généraux du
chapitre métropolitain de Paris".
La chanson de Gavroche
Ces messieurs du clergé avaient en effet commandé de lire dans toutes les
églises de Paris le 9 février 1817, (pendant la Restauration), un prêche
établissant que la culpabilité de la révolution revenait aux ouvrages de ces
deux philosophes. Cette thèse chère aux royalistes, qui ajoutèrent plus tard
sur leur charrette des coupables, les francs-maçons et les juifs, a eu le triste et honteux succès
que nous lui connaissons.
Mais si coupables il y a, qui sont-ils ?
Voltaire ?
Voltaire
La première qualité d’un philosophe, depuis Platon, c’est d’éclairer
l’esprit des hommes qui vivent dans l’ombre de l’ignorance et de la
superstition. Voltaire l’a fait brillamment, avec intelligence, talent et
humour (Comme j’ai pu rire en lisant son dictionnaire philosophique).
Mais
Voltaire n’était pas un révolutionnaire, car il connaissait trop bien les
hommes et il ne se faisait aucune illusion sur ceux-ci. Par contre, on ne peut
nier l’effet que produisit sa lumière sur les esprits qui la reçurent, à
commencer par l’empereur d’Autriche, Joseph II, (le propre frère de Marie-Antoinette).
Ce « despote éclairé » entreprit en effet de réformer son empire sur la base
des idées de Voltaire. Il avait si bien compris Voltaire que lui aussi se
méfiait du peuple. Sa devise était « Tout pour le peuple, mais rien par le
peuple ». Il n’avait pas vraiment tort, puisque ledit peuple sous l’emprise de
la superstition, fit rappeler après sa mort les moines que Joseph II avait chassé
de leurs monastères contemplatifs, pour cause d’inutilité.
Il est également évident que la pensée de Voltaire a très
fortement imprégné tous les hommes de cette époque. Ils se rendaient compte que
le monde changeait et que la société devait évoluer, et ce, aussi bien du côté
de la noblesse que du Tiers État. Leur attitude critique vis-à-vis de la religion
dû beaucoup aux moqueries de Voltaire dans ses ouvrages contre celle-ci. Nous le verrons
bientôt.
La Révolution lui sera reconnaissante puisqu’elle fera
revenir en grande pompe ses cendres à Paris le 4 juillet 1791.
Le retour des cendres de Voltaire (collection personnelle)
Tant d'âneries ont été dites et écrites par des penseurs de pacotilles de nos jours, que j'ai jugé nécessaire de consacrer au grand Voltaire un article afin de le réhabiliter : IL FAUT SAUVER LE SOLDAT VOLTAIRE.
Rousseau fut le premier à affirmer que la démocratie était
la seule forme légitime d'État. Là où Rousseau divergeait du cynique et trop
lucide Voltaire (selon moi), c’est qu’il pensait que l’homme était
naturellement bon et que c’était la société qui le corrompait (le fameux mythe
du bon sauvage). C’est mal connaître la violence intrinsèque de la nature que
de ne pas voir que seule la culture, l’éducation et la civilisation, nous
empêchent de redevenir les prédateurs sans scrupules que nous étions à nos
origines. Notre époque est encore malheureusement prise au piège de cette
idolâtrie naïve d’une nature paradisiaque.
De tous les révolutionnaires, le plus imprégné de la pensée
de Jacques Rousseau, fut sans conteste Maximilien Robespierre qui le
considérait comme son maître.
Néanmoins, Rousseau non-plus, n’était pas un
révolutionnaire, car il détestait ceux qu’il appelait les séditieux.
Oui bien sûr ! En particulier Condorcet qui fut même un
acteur important de la révolution ! Mais pourquoi s’acharner sur les
philosophes ? Car en vérité, le premier corps de la société à s’opposer ferment
au roi, ce fut bien la noblesse et la partie du clergé appartenant à la
noblesse !
La noblesse ?
Ce sont effectivement les nobles et le haut clergé
appartenant à la noblesse, qui des années durant, bien avant la révolution, se
sont opposés à toutes les tentatives de réformes du roi et de ses ministres
successifs ! Dans les Assemblées des Notables provoquées par Louis XVI en 1787
et 1788 pour tenter de redresser financièrement une France au bord de la
banqueroute ; Dans les différents parlements de Paris et de Provinces, depuis
lesquels ils refusaient de valider toutes les nouvelles lois, en
instrumentalisant au besoin le peuple qui réagissait violemment par des
émeutes.
Ce comportement irresponsable d’une classe qui ne veut
renoncer à aucun de ses privilèges, fera que le roi finira par se résoudre à
convoquer les États Généraux, dont les préparatifs, aussi bien lors de la
rédaction des cahiers de doléances dans la France entière, que dans les
chamailleries portant sur la représentativité des trois corps, conduiront le
pays aux conditions optimales pour une révolution.
N’oublions pas non plus tous ces nobles, acquis aux idées
nouvelles, qui s’engagèrent du côté de la révolution, à commencer par le
célèbre Duc D’Orléans dont nous avons parlé ces derniers jours et dont nous reparlerons.
Le clergé ?
Je parle du vrai clergé, c’est-à-dire le bas clergé, celui
des petits curés de campagne ; pas des nobles comme par exemple Talleyrand,
l’évêque d’Autun, probablement athée, que Voltaire avait même béni.
Sachez en effet que la révolution ne se serait peut-être pas
produite, si le bas clergé n’avait pas rejoint en majorité le Tiers Etat le 24
juin 1789, lors des États Généraux (3 curés du Poitou l’avait déjà fait le 13). Lire cet article.
Quoi de plus normal en fait ? Les braves curés étaient bien
placés pour connaître l’horrible misère du peuple, puisqu’ils la partageaient.
Ils avaient même contribué à ce que le peuple en grande partie analphabète, puisse
exprimer ses réclamations dans les cahiers de doléances.
On vit même, la veille de la Bastille, le curé de Saint-Étienne du Mont et trois autres curés conduire leurs ouailles à l’Hôtel
de Ville pour s’enrôler, tandis que l’abbé Lefebvre organisait la distribution
de petits sachets de poudre à fusil aux gens ! Certains prêtres, comme Jacques Roux en Charentes, avaient poussé les paysans à brûler des châteaux !
Jaques Roux
Hélas, tous les révolutionnaires, on le verra bientôt, ne
leur seront pas vraiment reconnaissants. Les constituants (Bourgeois et nobles
tous voltairiens) se méfiaient des 40.000 prêtres (sur un clergé de 44.000) qui
étaient trop proches du peuple. Raison pour laquelle ils nationaliseront les
biens du clergé, rédigeront une constitution civile du clergé (façon Joseph II)
et qu’ils trouveront judicieuse l’idée de détourner la colère du peuple vers l’Église. Néanmoins, il faut savoir que les petits curés seront récompensés
tout de même, puisque leur salaire versé par la Nation sera doublé à l'occasion
de la constitution civile du clergé et qu'en plus ils auront le droit de se
marier !
Enterrement du Clergé le 2 Novembre 1789, jour de la nationalisation de ses biens.
Ce sont les bons bourgeois Girondins qui feront passer une
loi terrible contre les prêtres, disant qu’il suffirait de la dénonciation de
vingt citoyens pour qu’un prêtre soit condamné à la déportation. Le Girondin
Isnard avait même dit : « Le dénouement de la révolution doit être l’exclusion
du christianisme ».
Le Girondin Maximin Isnard, le pourfendeur de curés...
Robespierre luttera en vain contre cette déchristianisation,
en affirmant qu’elle dissimulait une manœuvre politique et qu’elle aggravait
l'agitation menée par les sans-culottes radicaux tels que les hébertistes et
les enragés. Il avait effectivement raison puisqu’on découvrira par la suite
que les « enragés » étaient financés par l’Angleterre pour créer le désordre,
par l’intermédiaire du banquier suisse Perregaux. Le 21 novembre 1793,
Robespierre inaugurera même au Club des Jacobins sa croisade contre l'athéisme.
Jean-Pierre Perregaux
La hiérarchie de l’église reprendra vite la main sur le
désordre révolutionnaire régnant dans ses rangs (des milliers de prêtres
s’étaient mariés) et bien vite, comme elle sait si bien le faire, l’Eglise
tissera une belle légende présentant à sa façon la révolution comme une abomination.
Les francs-maçons ?
En 1789, il y avait des francs-maçons dans presque tous les
corps d’état de la société. Même Louis XVI, semble-t-il, en faisait partie !
Le projet maçonnique étant le progrès de l’humanité
et la fraternité entre les hommes, il n’y avait donc rien d’étonnant à ce que
les « frères » soient acteurs à divers degrés de ce changement de société. Il
est même très vraisemblable que le travail intellectuel issu de leurs loges
(les fameuses planches), ait servi de base à de nombreux projets.
Si leur participation a été à la hauteur de ce que
prétendent les nostalgiques de l’ancien régime, nous ne pouvons que leur en
être reconnaissant.
Assemblée de Francs-maçons
Les Protestants ?
Nombre de révolutionnaires étaient en effet des Protestants.
Boissy d’Anglas, Cambon, Marat, Necker, Rabaud Saint-Etienne, Barnave, Jean-BonSaint-André étaient Protestants, sans parler des banquiers suisses présents à
Paris ; mais rien d’autre que leur religion, ne semblait relier ces hommes dont
les sensibilités et les opinions étaient aussi différentes que celles du reste des
Français ? Les Protestants étaient 5% à la Convention (moins de 2% aux États
Généraux), mais ils se situaient aussi bien parmi les Feuillants royalistes que
chez les régicides, aussi bien à la Gironde qu’à la Montagne. L’époque n’était
plus aux persécutions. Ils étaient considérés comme des citoyens ordinaires et
ils bénéficiaient même un peu de l’estime suscitée par leurs cousins
américains.
Soyons sérieux et laissons en paix ce peuple cultivé et travailleur qui a dû attendre la Révolution française pour avoir le droit
d’être citoyen français. C'est principalement l'Abbé Grégoire qui fut le promoteur de leur émancipation durant la Révolution.
Ne riez pas ! Vous avez pu découvrir dans mes précédentes publications, la
participation active et surtout financière des banquiers suisses Delessert et
Perregaux aux préparatifs des événement des 13 et 14 juillet. C’est encore un
Suisse, Hulin, un homme de main de Perregaux qui conduira l’attaque de la
Bastille !
Je ne plaisante qu’à moitié ! Il faut en effet savoir qu’en
1782, l’aristocratie genevoise avait appelé Louis XVI à l’aide pour reprendre
un pouvoir qu’elle avait perdu. Genève capitula le 2 juillet 1782 devant 3
armées coalisées dont l’armée du roi Louis XVI. Les cercles, sortes de clubs
politiques, furent dissous et la liberté de la presse supprimée. Un millier de
genevois s'exilèrent à Paris, où leurs idées de liberté trouvèrent une écoute
pour le moins favorable. De là, l'explication de la participations de Suisses à la Révolution
française.
Plus d'infos sur la révolution suisse sur le lien figurant
avec l'illustration ci-dessous :
A Genève, l’Édit du 10 février 1789, résultat politique de
l’émeute frumentaire du mois précédent, met brutalement fin au musellement
qu’avaient enduré les Genevois pendant sept années. Les exilés de 1782 sont
admis à revenir dans leur patrie, les compagnies bourgeoises sont rétablies et
les cercles rouverts. Le Conseil militaire est supprimé tandis que l’accès à la
bourgeoisie est plus amplement accordé aux natifs. Enfin, dans un délai de dix
ans, le Conseil général sera maître de l’élection des conseillers d’État et des
syndics. Encore fallait-il juger de la réaction des puissances garantes de
l’édit de 1782...
Les paysans français ?
J’ai déjà évoqué avec vous l’image d’une France mosaïque,
peuplée de mille peuples parlant différentes langues, ayant des cultures et parfois même des religions différentes.
Les réactions à la nouvelle de la prise de la Bastille et
plus tard aux réformes révolutionnaires, furent donc très différentes selon les
régions et surtout en fonction de la conscience politique balbutiante de ce
grand oublié de l’histoire qu’est toujours le peuple.
Comprenez bien que certains paysans ne savaient même pas qu’ils
étaient français et que la majorité ne parlait ni ne comprenait la langue dite
française ! Néanmoins, la souffrance, les humiliations et surtout la faim,
étaient bien là et ce peuple, dans son ensemble, était à bout. Dès les
premiers jours de la révolution, et même bien avant, le peuple sera manipulé,
instrumentalisé. Nous en avons déjà parlé et nous en reparlerons.
Ce ne sera que progressivement, lentement, que ce peuple
prendra conscience de son pouvoir, de sa souveraineté.
J'ai failli oublier les Américains et même les Anglais ! 😉
Les États-Unis d’Amérique.
Comment ne pas penser
à la Révolution américaine ? Les institutions qui en naquirent inspirèrent
nombre des nôtres. La révolution américaine fut même l’une des causes directes
de la nôtre, puisque les dépenses astronomiques qu’occasionna le soutient de la
France aux colons américains insurgés, achevèrent de ruiner notre pays.
Nos
deux révolutions furent cependant différentes. Les colons américains étaient pour
la plupart des propriétaires aisés et leur révolution fut victorieuse (grâce à
notre soutient militaire et financier). Alors que notre révolution entraina dans son
torrent les millions de paysans français qui pour la plupart vivaient dans la
misère, et surtout, grande différence, notre révolution fut finalement vaincue, épuisée par toutes
les guerres qu’elle dû mener contre toutes les armées d’Europe et même contre
des ennemis de l’intérieur. Raison pour laquelle ces deux révolutions, aussi
sanglantes l’une que l’autre, font l’objet de récits historiques fort
différents (légende dorés vs légende noire).
Le Royaume Uni eut lui
aussi ses grands penseurs politiques au 18ème siècle et n’oublions
pas que nos voisins anglais avaient déjà fait deux révolutions avant que nous
ne fassions la nôtre ! Ils avaient déjà même coupé la tête de leur roi
Charles 1er !
A noter que les historiens anglais désignent leurs révolutions sous l'appellation de "guerre civile". C'est plutôt judicieux et si l'on y réfléchit bien, notre Révolution fut elle aussi une guerre civile.
Les deux révolutions
anglaises instaurèrent la monarchie constitutionnelle, une nouvelle forme de
régime politique qui inspira les représentants élus aux États Généraux devenus
député de l’Assemblée nationale. Tous les députés français étaient nourris de
la pensée politique anglaise comme on le remarque souvent dans leurs discours
et dans leurs actes. C’est bien une monarchie constitutionnelle à l’anglaise
que voulaient instaurer les députés de 1789 et ils y parviendront en 1791, comme nous le
verrons.
Que s'est-il réellement passé durant ces
journées chaudes de juillet 89 ? Lafayette aurait répondu ainsi le 24 juillet 1789 :
"On ne le sait pas on ne le saura jamais, car une main
invisible dirige la populace".
M. Le Marquis de Lafayette (Que l'on connaîtra aussi dorénavant pour son humour)
La populace est effectivement manipulée. Nous l'avons déjà constaté plusieurs fois. Des fauteurs de troubles agissent, diffusant des rumeurs de ci de là. Mirabeau a déclaré une fois que provoquer une émeute coûtait 25 Louis (propos rapporté par le ministre de l'intérieur, Saint-Priest). Mais je ne suis pas sûr que c'était à cela que pensait Lafayette quand il dit ces mots.
Mauvais esprit du Citoyen Basset
Si vous avez lu mes articles sur les journées précédentes de juillet 1789, peut-être que certains parmi vous vont se demander s'il ne s'agirait pas plutôt de la main invisible du marché, imaginée par Adam Smith, tant il semble évident qu'une certaine classe industrieuse et financière a œuvré durant des mois à une certaine préparation des événements.
Alors la faute à qui ?
En histoire, comme en beaucoup d’autres domaines, il n’y a
jamais de réponses simples. Qui plus est, le mot « faute », implique un jugement
de valeur négatif et un historien ne doit pas juger, mais comprendre.
Mon modeste site est là pour nous aider à prendre conscience du chaos
qui régna durant cette période et comment certains réussirent, soit à lui donner du sens, soit à l'utiliser. Comprendre les actes et les gens...
Je ne vous dis pas quoi penser. Je vous donne de quoi penser.