Le grand Châtelet |
Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1877_num_9_1_5231_t1_0517_0000_6
Pour mémoire : Chaque fois que nous apprenons une décisions ou un acte de Louis XVI, gardons à l’esprit la lettre qu’il a adressée le 12 octobre à son cousin le roi d’Espagne, dans laquelle il lui confie sa « protestation solennelle que j’élève contre tous les actes contraires à l’autorité royale, qui lui ont été arrachés par la force depuis le 15 juillet de cette année ».
La forteresse du Châtelet
Le Chatelet, ou plutôt le Grand Châtelet, était une forteresse édifiée sous Louis VI, située sur la rive droite de la Seine, au débouché de la rue Saint-Denis, en lieu et place de l’actuelle place du Chatelet. Elle abritait le tribunal, la police, des cachots et la première morgue de la capitale. Elle était d’aspect sinistre et de plus, du fait qu’elle servait de morgue et qu’elle était entourée de boucheries et autres triperies, c’était également l’un des endroits les plus puants de la capitale.
Le tribunal de Paris
Le tribunal du Châtelet relevait de la juridiction royale et
il était le siège de la prévôté de la capitale. Il était compétent au premier
degré pour tous les cas civils et criminels relevant de son ressort, à
l'exception des cas royaux (lèse-majesté, hérésie...).
En accorder ce droit au tribunal du Chatelet, Louis XVI
abandonnait donc un grand pouvoir à la Commune de Paris, dirigée par Bailly, et
ce dernier ne se retiendra pas d’en faire usage.
On y retrouvera Babeuf en Juin 1790, lorsqu’il sera incarcéré
avec quelques 500 autres pauvres bougres, accusé avec eux d’avoir incendié les
barrières d’octroi du mur des Fermiers Généraux lors de la fameuse nuit du 13
au 14 juillet 1789. Rappelons que cette insurrection fut pour le moins
bénéfique pour les hommes à présent au pouvoir en 1789. A l’époque on avait
accusé les émeutiers d’être des fraudeurs, mais certains historiens rappellent
que la prise du mur des Fermiers Généraux fut la première action opérée par la
milice bourgeoise dès sa première garde de 21h00. (Disons qu’une fois que l’on
est au pouvoir, on est toujours libre de réécrire un peu l’histoire).
Après avoir jugé les premiers accusés de crime de
lèse-nation (voir plus bas), la cour de justice du Châtelet fut supprimée par
la loi votée le 25 août 1790. Ses fonctions cessèrent le 24 janvier
1791, mais la prison subsista.
Plus d'infos sur le site du ministère de la justice en cliquant sur l'image ci-dessous :
Grand sceau du Châtelet |
Les détenus incarcérés au Chatelet avaient la réputation d’être de grands criminels. Damien, qui avait tenté d’assassiner Louis XV, y avait été jugé et condamné. Les prisonniers devaient payer leur emprisonnement et certaines geôles particulièrement horribles. La pire d’entre-elles était la fosse, également appelée Chausse d'hypocras, dans laquelle les prisonniers étaient descendus à l'aide d'une poulie. Les malheureux avaient en permanence les pieds dans l'eau (la Seine était proche) et ne pouvaient se tenir ni debout, ni couché. On y mourait habituellement après quinze jours de détention. Une autre appelée Fin d'aise était remplie d'ordures et de reptiles. Lors des massacres des prisons, le 2 septembre 1792, sur les deux cent soixante-neuf détenus incarcérés au Châtelet, deux cent seize prisonniers furent massacrés.
Le crime de lèse-nation
L’expression « crime de lèse-nation » annulait et
remplaçait le « crime de lèse-majesté » qui s’appliquait au roi
souverain. Cette nouvelle désignation était apparue le 23 juillet 1789,
consacrant ainsi le transfert de souveraineté qui avait eu lieu entre le roi et
la nation.
Vous trouverez une intéressante étude sur le crime de lèse-nation
dans cet article « Qu'est-ce que la lèse-nation ? A propos du problème
de l'infraction politique sous la constituante (1789-1791) ».
Voici son URL : https://www.persee.fr/doc/ds_0378-7931_1990_num_14_4_1200
Un seul condamné à mort pour crime contre lèse-nation, le Marquis de Favras.
Le 30 novembre 1789, on décrétera de crime de
lèse-nation : Charles-Eugène de Lorraine, Pierre Joseph Victor
de Besenval, Charles Marie Auguste Joseph de Beaumont, comte d'Autichamp, Victor-François
de Broglie, Charles Louis François de Paule de Barentin garde des
Sceaux, Louis Pierre de Chastenet de Puységur ministre de la Guerre,
pour leurs agissements répressifs à l’égard des Parisiens révoltés en juillet
1789.
Marquis de Favras |
Le Grand Chatelet |
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Bien cordialement
Bertrand