samedi 31 octobre 2020

31 Octobre 1789 : Pendant ce temps-là, à Ajaccio, un certain Napoléon Buonaparte…


Napoléon Bonaparte en 1792

    Je lis dans un de mes livres : « Aujourd’hui, les patriotes d’Ajaccio, sous l’impulsion du jeune lieutenant Napoléon Bonaparte, se sont réunis en soirée dans l’église Saint-François pour adopter une motion qu’ils vont adresser à l’Assemblée nationale »

Des patriotes français ? A Ajaccio ? Vraiment ?

    La Corse n’était plus indépendante depuis qu’elle avait été conquise par les Français à l’issue de la bataille de Ponte-Novo (Ponte Novu en corse), qui avait eu lieu du 8 au 9 mai 1769.  A ce propos, Mirabeau alors âgé de 20 ans, y a participé en tant que soldat du roi de France Louis XV. La Corse n’est donc plus un dominio de la Sérénissime République de Gênes, mais de là à dire qu’elle est française ! Sa situation est d'ailleurs assez indéfinie, puisqu'elle n’a même pas encore le statut de province française.

    Préférant me renseigner auprès de Corses, j’ai obtenu une version un peu plus détaillée dans un article de Corse Matin, et puis, coup de chance, j'ai retrouvé les souvenirs d’un témoin de l’époque ! 

Carte de 1756

La Corse en octobre 1789

    La Corse n’était donc pas vraiment française, mais la nouvelle de la Révolution n’avait pas laissé les Corses indifférents, comme dans bien d’autres pays d’ailleurs. Le système féodal n’y existait plus comme en France, mais des inégalités persistaient, bien sûr ; et la nouvelle de la nuit du 4 août y avait fait son petit effet. Tout cela était suffisant pour donner des idées à quelques individualités fortes, ce qui déjà à l’époque ne manquait pas dans l’île de Beauté.

    C’est donc dans ce contexte qu’un jeune corse, officier d’artillerie du nom de Buonaparte était arrivé à Bastia depuis quelques jours pour, soi-disant, visiter une tante et des cousines.

Souvenirs de M. de R...

    Un certain Monsieur de Romain, officier (artilleur lui aussi) sous les ordres du gouverneur, le vicomte de Barrin de La Galissonnière, racontera dans ses "Souvenirs d'un officier royaliste" qu’il soupçonnait le jeune Buonaparte « de faire se mouvoir les ressorts de cette insurrection ». Bonaparte, témoin de l’agitation en France, serait venu « styler ses compatriotes dans la marche indiquée sourdement pour parvenir au grand œuvre, le renversement du trône ! »

   Depuis son débarquement à Ajaccio en septembre, Bonaparte soutenait un projet du Comité national visant à remplacer l’ancienne institution des Nobles Douze (Nobili Dodeci), lesquels n’entendaient pas se laisser si facilement évincer.

    De nouveaux événements éclaterons à Bastia le 5 novembre, à propos de la constitution de la Garde nationale, auxquels bien sûr le bouillonnant Lieutenant Bonaparte sera mêlé.

    Fidèle à mon habitude, j’ai cherché des témoignages de l’époque et par chance, j’ai retrouvé les souvenirs de l’officier relatant les événements ! Je vous conseille de lire à partir de la page 49. C’est assez savoureux !

Souvenirs d’un officier royaliste par M. de Romain, ancien colonel d’artillerie. Egron imprimeur. Paris

Et voici la fenêtre sur le précieux ouvrage scanné par l'ami Google :




Excellent article, sobre, beaucoup de retenue. 😉


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Bertrand