Article mis à jour le 8 octobre 2023.
Poissardes parisiennes ou dames de la Halle, en marche pour Versailles le 5 octobre 1789 |
L'agitation persiste dans Paris
Deux mille huit cents sacs de farine sont arrivés hier dans Paris. Les Parisiennes avaient donc raison, le pain revient dans Paris lorsque le roi s'y trouve établi.
Mais le calme ne revient toujours pas. Les bourgeois sont inquiets et le désordre d'aujourd'hui leur semble sans prétexte (sans motif). On rencontre toujours çà et là des groupes de femmes qui demandent tantôt de l'argent, tantôt des rubans tricolores.
Ces amazones portent encore des couteaux de chasse, ou des demi-sabres, qui pendent de façon bizarre sur leurs jupons. Dans le nombre, on voit des dames en chapeaux. Elles furent probablement entraînées de force le 5 octobre au matin, mais il semble qu'elles se soient prises au jeu et que cette nouvelle mode amuse leur coquetterie !
On remarque que les dons patriotiques se sont accrus dans une
énorme proportion depuis l'émeute du 5 octobre. Chez quelques-uns des donateurs, il s'agit d'une forme de prudence personnelle, signe de craintes pour l'avenir ; mais la plupart sentent
qu'il est nécessaire, si l'on veut prévenir de nouveaux excès, que les honnêtes
gens se serrent autour de l'Assemblée, qu'ils lui accordent leur confiance et qu'ils se montrent un peu plus généreux...
Source : Journal d'un bourgeois de Paris sous la Révolution de H. Monin.
Françaises devenues libres |
Les femmes commencent à faire peur.
Les femmes en ont eu assez d'entendre leurs bonshommes refaire le monde ou la révolution à hauts cris dans les tavernes. Confrontées chaque jour aux regards suppliants de leurs enfants qui ont faim, les femmes sont en colère. On les reverra souvent au cours de la Révolution, réclamer du pain, mais aussi des têtes, car elles ne céderont rien aux hommes dans la colère et la violence. Bientôt elles créeront des sociétés de femmes. Certaines iront même plus tard rejoindre les armées pour combattre l'arme au poing les armées ennemies.
Ci-dessous une gouache de Lesueur représentant une société patriotique de femme et une gravure montrant une française partant s'entrainer au Champs de Mars (lisez l'inscription sur la pointe de sa pique).
Bien sûr, tout cela ne durera pas, les "hommes de bien" combattront ce mouvement féminin, comme ils combattront les aspirations populaires de la Révolution. Beaucoup de mouvements nouveaux ont échoué durant cette Révolution qui a tant inventé, tant créé. Mais à défaut de réussir, ils ont pour le moins ouvert à jamais de nouvelles voies.
Ces femmes de 1789 auront de belles arrières petites filles dans l'avenir.
Les tricoteuses de la guillotine sur les marches de l'église Saint-Roch Dessin de Léopold Massard, d'après un dessin de Henri-Charles-Antoine Baron |
Mise à jour au 07/10/2022
Rions un peu. Des femmes où des travestis ?
À la suite de ma publication du 5 octobre dernier, un certain Pierre Maeght, documentaliste de professions, s'est moqué de mon article dans un
commentaire sur Facebook, en affirmant que c'étaient des hommes travestis en
femmes qui avaient marché sur Versailles le 5 octobre 1789 !
Cette assertion fantaisiste fait partie des nombreuses lubies des adversaires de la Révolution. Le quidam s'est également moqué de mon partage du récit de
l'événement fait par Michelet. Certes, Michelet date un peu. Il n'est pas apprécié de tous les
historiens. C'est en effet un historien démodé que l'on critique pour son manque
de méthode et d'objectivité (son anticléricalisme dérange). De plus il a le tort de bien écrire, avec émotion et lyrisme, comme on écrivait encore au 19ème siècle. Malgré ces défauts, les documents et témoignages auxquels il a eu accès étaient bien réels et même
récents (certains ont disparu depuis). Mais concernant les femmes de la Révolution, d'autres témoignages de
l'époque ont fait mention de leur très forte participation lors de ces émeutes. J'ai même mentionné
dans mon article le témoignage de l'avocat Colson.
Ça se passe comme ça sur Facebook |
(A ce propos il va falloir que je vous écrive un article sur la propreté au 18ème siècle. Vous y apprendrez qu'une certaine propreté est obligatoire pour des gens qui travaillent durement. Si vous ne me croyez pas, essayez de travailler dans votre jardin en plein été, une semaine sans vous laver. Ce sont surtout ceux qui ne travaillaient pas qui ne se lavaient pas et ceux qui avaient une alimentation riche en sucre qui gâtaient leurs dents et les perdaient.)
Mais on peut également imaginer que des bourgeoises participèrent à l'affaire !
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Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand