mercredi 14 octobre 2020

14 Octobre 1789 : L'Assemblée nationale reçoit une délégation de Juifs d'Alsace et de Lorraine

 

L'abbé Grégoire

    Ce 14 octobre 1789, à l’Assemblée nationale, l’abbé Grégoire fait accorder les honneurs de la séance du soir à une députation de Juifs d’Alsace et de Lorraine qui sont venus demander l’égalité des droits pour leur communauté. (L'abbé Grégoire est véritablement l'un des grands hommes de la Révolution française).

    Voilà bien un événement qui chagrinera au plus haut point l’évêque de Tréguier, conseiller du roi, qui déplorait dans son mandement du 14 Septembre (page 10) que : « le Disciple obstiné de Moïse, que le fanatique sectateur de Mahomet, que l’adorateur insensé des plus méprisables Idoles, que l’artificieux Socinien, que l’aveugle & voluptueux Athée, que les sectes les plus contraires, les plus absurdes, reposent avec le Chrétien Catholique sous l’aile & la protection du gouvernement Français. »

    Il aura fallu attendre en effet la Révolution française, pour que la tolérance religieuse s’inscrive peu à peu dans la Loi.

Voici le compte rendu de l’intervention de ces envoyés Juifs :

MM. les députés de la Lorraine demandent que plusieurs envoyés juifs des provinces des Trois-Evêchés, d'Alsace et de Lorraine soient admis à la barre ; l'Assemblée les fait introduire.

M. Besr-lsam-Besr, juif . Messeigneurs ,

C'est au nom de l'Eternel, auteur de toute justice et de toute vérité ; c'est au nom de Dieu qui, en donnant à chacun les mêmes droits, a prescrit à tous les mêmes devoirs ; c'est au nom de l'humanité outragée depuis tant de siècles par les traitements ignominieux qu'ont subis, dans presque toutes les contrées de la terre, les malheureux descendants du plus ancien de tous les peuples, que nous venons aujourd'hui vous conjurer de vouloir bien prendre en considération leur destinée déplorable.

Partout persécutés, partout avilis, et cependant toujours soumis, jamais rebelles ; objet, chez tous les peuples, d'indignation et de mépris, quand ils n'auraient dû l'être que de tolérance et de pitié, ces juifs, que nous représentons à vos pieds, se sont permis d'espérer qu'au milieu des travaux importants auxquels vous vous livrez, vous ne rejetterez pas leurs vœux, vous ne dédaignerez pas leurs plaintes ; vous écouterez avec quelque intérêt les timides réclamations qu'ils osent former au sein de l'humiliation profonde dans laquelle ils sont ensevelis.

Nous n'abuserons pas de vos moments, Messeigneurs, pour vous entretenir de la nature et de la justice de nos demandes ; elles sont consignées dans les mémoires que nous avons eu l'honneur de mettre sous vos yeux.

Puissions-nous vous devoir une existence moins douloureuse que celle à laquelle nous sommes condamnés ! Puisse le voile d'opprobre qui nous couvre depuis si longtemps se déchirer enfin sur nos têtes ! Que les hommes nous regardent comme leurs frères ; que cette charité divine, qui vous est si particulièrement recommandée, s'étende aussi sur nous ; qu'une réforme absolue s'opère dans les institutions ignominieuses auxquelles nous sommes asservis, et que cette réforme, jusqu'ici trop inutilement souhaitée, que nous sollicitons les larmes aux yeux, soit votre bienfait et votre ouvrage.

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1877_num_9_1_5177_t1_0444_0000_8

    Le Mémoire rédigé par Isaac Ber-Bing pour la communauté des Juifs établis à Metz, annexé à la séance du jour, est accessible par le lien suivant :

https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1877_num_9_1_6402_t1_0445_0000_8


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Bien cordialement
Bertrand