Talleyrand, la girouette politique |
L’évêque d’Autun, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord,
propose en séance ce 10 octobre 1789, de mettre les biens du Clergé à la
disposition de la Nation, le but étant bien sûr de redresser les finances du
pays. En contrepartie de cette nationalisation, ladite Nation prendra en charge
les salaires des ecclésiastiques dont elle déterminera le nombre total.
Les historiens semblent insister beaucoup sur cette proposition de Talleyrand, en date du 10 octobre. Est-ce à cause de la personnalité de Talleyrand, celui que l’on surnomma « Le diable boiteux », à cause de son pied bot et de son esprit retors ? (Lisez sa fiche Wikipédia qui en brosse un portrait assez détaillé).
C’est oublier en effet que ce sujet
est déjà dans l’air de l’auguste Assemblée nationale depuis un moment.
Souvenez-vous de la proposition faites le 24 septembre dernier par Monsieur
Dupont de Nemours !
Monsieur Dupont de Nemours a-t-il été oublié pour quelque obscure raison ? Le fait qu’il soit Protestant ? Ou que son nom ait traversé ces deux derniers siècles en raison de sa bonne fortune en Amérique ? Disons que Talleyrand est un personnage théâtral qui se prête mieux aux imaginations des fans "d'histoire spectacle". Nous aurons d’autres occasions de parler de cet évêque un peu spécial, qui ne l’était d’ailleurs que depuis un an et qui ne le restera pas longtemps.
Vous pourrez lire la très longue présentation de ce projet
par le lien suivant :
https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1877_num_9_1_5157_t1_0398_0000_4
Réforme dans l'air du temps.
Vous vous doutez bien que cette réforme du clergé va faire grand bruit, et ce, même si elle n’avait rien de très originale.
Les constituants n’avaient en effet rien inventé. Ils s’inspiraient grandement des réformes réalisées dans son Empire, par Joseph II, le propre frère de la reine Marie Antoinette. Ce despote éclairé dont le mot d’ordre était « Tout pour le peuple ; rien par le peuple », avait soumis totalement l’Eglise à son autorité, fait prêter au évêques un serment qui les soumettaient à l’Etat, ordonné la fermeture de monastères jugés inutiles dont les biens avaient été transférés aux paroisses et tout plein d’autres réformes qui auraient fait défaillir un Chouan ou un de nos contemporains ignare en histoire !
Vous ne me croyez pas ? Vérifiez, je n’invente rien, on appela le Joséphisme.
Joseph II, le despote éclairé qui mis l'Eglise au pas dans son Empire |
La bourgeoisie au pouvoir était progressiste, mais pas au point
d’augmenter les impôts qu’elle devrait payer ensuite. Voilà pourquoi ces esprits
éclairés, tous un peu voltairiens, voire théistes ou athées, s'étaient
tournés vers le richissime clergé.
L’Eglise possédait un quart de Paris et un dixième à peu près du territoire national, ce qui représentait 3 à 3,5 milliards de l’époque. Elle percevait de plus, 150 millions de rentes annuelles !
Des débats en prévision !
Concernant Talleyrand, j’aurais pu vous renvoyer sur un des nombreux sites évoquant cet étonnant personnage. Mais la fantaisie me prend de vous proposer cette vidéo. Il s’agit d’un extrait de 11 minutes, du film de Sacha Guitry, « Le diable boiteux » réalisé en 1948. C’est du pur Sacha Guitry. Le plus anciens comprendront ce que je veux dire par là. 😉
C'était déjà un vieux film quand j'étais jeune, mais je conseille aux jeunes de ne pas se laisser rebuter par le noir et blanc et de regarder cet extrait qui devrait les faire sourire, voire les étonner. Les dialogues sont délicieux. Ils me font penser à du Audiard, mais niveau Académie française.
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Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand