jeudi 29 octobre 2020

29 Octobre 1789 : Le hibou sulfureux, Restif de la Bretonne, est dénoncé, arrêté et bien sûr relâché

 

 Le "Hibou" dans les rues de Paris.
On voit derrière lui un enlèvement
de filles, des voleurs crochetant
une porte, le guet à cheval
et le guet à pied.

    Le sieur Restif de la Bretonne a été arrêté par le comité de police de son quartier, pour répondre de l’accusation portée contre lui par son gendre. Celui-ci l’a en effet dénoncé comme étant l’auteur de trois libelles antipatriotiques, dont le pornographique « Dom Bougre aux Etats Généraux ».

    Augé, c’est le nom de ce beau-fils indigne, a voulu ainsi se venger d’avoir été dépeint comme un mari brutal dans le dernier roman de son beau-père. Fort curieusement, après quelques jours d’emprisonnement, Restif sera reconnu innocent et c’est Augé qui sera condamné pour dénonciation calomnieuse...

    "Fort curieusement", ai-je précisé, parce que Restif de la Bretonne était bien l’auteur de cette petite « petite curiosité philosophico-libertine », comme désignée au-dessus du titre, sur l’exemplaire scanné par Google, provenant de la Bibliothèque de Bavière, à Munich. Voir ci-dessous 😉 Mais sa libération rapide n'était pas vraiment étonnante...




Voici le titre complet :

DOM BOUGRE
AUX ETATS GENERAUX
Ou
DOLEANCES DU PORTIER DES CHARTREUX
PAR
L’AUTEUR DE LA FOUTROMANIE

La suite est plaisante, lisez plutôt :

Réimprimé textuellement à 64 exemplaires sus l’édition originale
A FOUTROPOLIS, CHEZ BRAQUEMART
Librairie, rue Tire-vit, (à la Couille d’Or.)
(avec permission des supérieurs)

 

Nicolas Edme Restif de la Bretonne

    Restif de la Bretonne mériterait pour lui seul un très long article. Sa fiche Wikipédia est pour une fois assez bien faite et pas trop de "parti-pris", comme chaque fois qu’il s’agit de la Révolution (hélas). Je vous en conseille donc la lecture. Vous découvrirez en la lisant que Restif a beaucoup écrit, et pas seulement des fantaisies libertines (que l’on qualifierait certainement en notre époque puritaine de pornographiques).

    Nous reparlerons probablement de lui car c’était un fin observateur de la vie parisienne, aussi bien diurne que nocturne. Il se surnommait lui-même le hibou. Son livre intitulé « Les nuits de Paris » regorge de détails passionnants sur l’époque et celui intitulé « les Nuits Révolutionnaires » couvre la période allant des quelques jours précédant le 14 juillet 1789 à octobre 1793.

    Si vous souhaitez en apprendre plus, je vous conseille la lecture de ce texte érudit, de Anne-Marie Baranowski : "L’image de la foule dans Les Nuits révolutionnaires de Restif de la Bretonne"

    La raison la plus probable pour laquelle Restif fut innocenté et son accusateur emprisonné, est que, de par ses talents d’observateur, il était également un informateur de la police ; C’est-à-dire, un mouchard, ou une mouche, selon l’expression de l’époque. Son gendre avait donc été bien mal avisé de dénoncer à la police, un dénonciateur travaillant pour celle-ci ! Sa fille Agnès divorcera d'Augé le 11 janvier 1794. Le divorce est également l'un des bienfaits apportés par la Révolution française ! (Loi du 20 septembre 1792).

Les livres !

    Fidèle à mon habitude, je vous donne l’accès au livre qui a fait scandale, mais pas seulement ! Car j’ai également trouvé les versions scannées des "Nuits de Paris" et des "Nuits révolutionnaires".

Avertissement aux enfants !

    Je rappelle que l’ouvrage qui avait fait scandale, que j’ai placé en dernier, s’adressait à un public averti. 

Donc si un enfant tombe sur cet article, je lui déconseille de fermer cette page.

    Vous constaterez un détail amusant sur la couverture de l'ouvrage libertin. On peut voir inscrite au crayon, l’annotation « Enfer ». L’enfer était la partie secrète de certaines bibliothèques qui était réservée aux livres « libertins » et autres fantaisies scabreuses ! 😈


Les nuits de Paris :

Les Nuits Révolutionnaires :




"Dom Bougre aux Etats Généraux" ===> INTERDIT AUX ENFANTS 😡

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Bertrand