Le roi est à présent à Paris et l’Assemblée nationale va
bientôt le rejoindre.
Les personnages influents au sein de l’Assemblée ont changé.
Mounier et ses amis ont été discrédités, au point que celui-ci a choisi de se
retirer de la vie politique et de se réfugier dans son Dauphiné natal. C’est à
présent au tour de Lafayette, Mirabeau, Barnave, Duport et les frères Lameth de
jauger leurs pouvoirs respectifs au sein de l’Assemblée.
Mirabeau est toujours aussi difficile à cerner. Son attitude
n’a pas été claire lors des journées révolutionnaires d’octobre, où il semblait
soutenir tantôt l’insurrection et tantôt la couronne. De plus, on le soupçonne
toujours de comploter avec le duc d’Orléans dans le but de renverser Louis XVI,
ce qui ne manque pas de le faire rire haut et fort.
Mirabeau est un animal politique. Il a compris au matin du 7
Octobre, que la monarchie était vraiment menacée. Il s’est donc rendu chez son
ami La Marck, un grand aristocrate étroitement lié aux cours autrichienne et
française, et il lui a proposé d’élaborer un plan pour le roi. La Marck lui
aurait répondu : « occupez-vous de bâtir votre plan, je saurai
bien le faire parvenir au roi... »
Comte de La Marck |
Les grandes lignes de ce plan étaient les suivantes :
1° Le roi a été contraint de résider à Paris : une partie de
la nation va donc refuser d’obéir à un souverain qui n’est plus libre.
2° Le roi est inséparable de la Révolution. Il ne peut
s’appuyer que sur le peuple et, pour cela, il doit lui garantir ses conquêtes
sociales.
3° Le roi doit agir avec énergie ; gagner la Normandie,
région fidèle à la couronne, plutôt que l’Est qui est trop proche de l’étranger
et de certains émigrés. De là il fera une déclaration solennelle pour rappeler
que seul compte pour lui l’amélioration du sort du peuple.
4° Le Roi doit promettre :
- L'accroissement des droits politiques des citoyens ;
- Le respect et la garantie de la dette publique ;
- L'abolition définitive des Parlements ;
- La sanction définitive de certains décrets (liberté de la presse, rachat des droits féodaux... etc.).
5° Le roi appellera l’Assemblée nationale à lui. Si elle
vient, la cause est gagnée ; si elle ne vient pas, le Roi sera alors fondé à
faire appel à la force pour dissoudre l'Assemblée et en faire élire une
nouvelle qui établisse une Constitution sur les bases précitées.
Le 16 au matin, très tôt, La Marck rendra compte à son ami
Mirabeau de l’échec de son entrevue avec le frère du roi. Plein de ressources,
Mirabeau organisera le soir même une réunion avec les hommes forts du moment, La
Fayette, Duport, Barnave et les frères Lameth. (Mirabeau se voit ministre et
pourquoi pas premier ministre). A l’issue de cette réunion, il sera décidé que
La Fayette accompagnera Mirabeau chez Montmorin le lendemain 17 Octobre et,
qu’à la suite de cette entrevue, Mirabeau pourrait rencontrer Necker en tête à
tête.
Montmorin |
Certains documents mentionnent le fait que durant ces mêmes jours, lors d’une entrevue secrète avec Lafayette, Mirabeau aurait refusé l’exil
doré d’une ambassade qui lui était proposée, mais qu’il aurait néanmoins accepté
l’argent de Lafayette.
Toutes ces manœuvres évoquées, furent secrètes sur le moment. La plupart de ce que l’on en sait nous vient de la correspondance de La Marck. Gardons néanmoins à l’esprit que des révélations de secrets, peuvent parfois être fausses afin de dissimuler d’autres secrets. Je plains parfois les historiens qui doivent faire le tri dans toutes ces machinations !
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Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand