vendredi 7 juin 2019

7 Juin 1788 : La journée des tuiles.

 

Tableau d'Alexandre Debelle

Les historiens adorent les dates...

    Les historiens adorent les dates liées à des événements bien précis. Cela leur permet de les utiliser comme des repères marquant des débuts ou des fins. L'esprit humain affectionne ce genre de commodités qui satisfont son besoin de comprendre et de donner du sens. Raison pour laquelle, la date du 7 juin 1788 correspondant à l'événement désigné sous le nom de "journée des tuiles", est unanimement considérée comme l'une des prémisses de la Révolution française.

    En effet, à la suite de cette émeute qui se déroula à Grenoble, les états généraux du Dauphiné se réunirent (illégalement) au Château de Vizille le 21 juillet 1789 ("Illégalement" parce que le lieutenant-général du Dauphiné, le maréchal de Vaux en avait interdit la tenue à Grenoble) et certains historiens affirment que l'Assemblée de Vizille fut à l'origine de la convocation des Etats généraux du Royaume par Louis XVI ; ce qui est faux puisque Louis XVI avait déjà fait annoncer par un arrêt du conseil, le 5 juillet précédent, la prochaine tenue des états généraux…

   Comme vous devez le savoir, ces Etats généraux allaient prendre une tournure inattendue en aboutissant à la création de l'Assemblée nationale dans un premier temps, puis à la prise de la Bastille dans un second temps…

La rue Raoul Blanchard à Grenoble, et ses fantômes de 1788.

L'émeute grenobloise du 7 juin 1788, "la journée des Tuiles".

    Comment ne pas reconnaître quelques-uns des curieux ingrédients de la prise de la Bastille, dans cette insurrection qui eut lieu à Grenoble le 7 juin 1788 ? La bourgeoisie est irritée par les mesures impopulaires prises par le roi et fort commodément des émeutiers s'insurgent dans les beaux quartiers de Grenoble en lançant des tuiles sur la troupe depuis les toits.

    Dans les faits, le lieutenant général de la province confia à des patrouilles de soldats des lettres de cachet à remettre aux parlementaires pour leur signifier un exil sur leurs terres. Mais le tocsin se mit à sonner. La population fut rameutée par les auxiliaires de justice, (particulièrement fâchés de perdre le Parlement, qui était leur gagne-pain). Des Grenoblois s'emparèrent des portes de la ville. D'autres, montés sur les toits, jetèrent des tuiles et divers objets sur les soldats. Vers la fin de l'après-midi, les émeutiers, maîtres de la ville, réinstallèrent les parlementaires dans le palais de justice.

    En tout, 6 foyers d'émeutes seront recensés dans la ville lors de cette fameuse journée. Deux dans le nord de la ville, au palais du Parlement du Dauphiné et sur la place des Herbes. Quatre autres plus au sud, l'un devant le couvent des Jacobins appelés aussi Dominicain (actuel magasin des Galeries Lafayette), un second à l'hôtel de la première présidence (actuelle rue Voltaire), un troisième à l'hôtel du Lieutenant général et le quatrième au collège des Jésuites (actuel Lycée Stendhal, rue Raoul Blanchard. Ce dernier affrontement sera immortalisé par le peintre Alexandre Debelle, dans un tableau exposé au Château de Vizille, devenu musée de la Révolution française. Ces émeutes feront trois morts et vingt blessés dans la population et un assez grand nombre de blessés parmi les soldats du régiment de Royal-Marine.

Uniforme et drapeaux du Royal Marine


    Etonnant, non ? Lisez plutôt la suite. 😉