samedi 10 octobre 2020

10 Octobre 1789 : Mounier abandonne la politique, ou prend la fuite ?

 

Mounier, poursuivi par une lanterne...

    Mounier, qui présidait encore il y a trois jours à peine, l’auguste assemblée nationale, a décidé d’abandonner son mandat de député et de se retirer dans sa province du Dauphiné. Il arrive ce jour à Grenoble. 

    Le fougueux orateur de Vizille avait été un des précurseurs de cette révolution. C’était en effet à Vizille dans le château de l’industriel Claude Perier, que s’était déroulée le 21 juillet 1788, la Réunion des états généraux du Dauphiné, également appelée Assemblée de Vizille, depuis laquelle avait été lancé un appel à la nation tout entière pour définir par la voie des Etats Généraux, un nouvel ordre politique.

    Mounier avait cru voir son rêve réalisé quand le Tiers Etat avait réussi à imposer la souveraineté nationale. Mais il aurait voulu que les choses en restent là et que l’on puisse trouver un accord avec le roi en jetant les bases d’une monarchie constitutionnelle. La méfiance de Louis XVI envers cette bourgeoisie trop ambitieuse et l’impatience populaire ont eu raison de son rêve de révolutionnaire bien sage. Le moment de bascule a eu lieu pour lui lors de la scission du parti patriote qui l’a fait se retrouver à droite. Mais ce sont les journées des 5 et 6 octobre et surtout le retour à Paris manu militari du roi qui l'ont décidé à prendre la fuite. Même son ami, l’avocat Barnave, lui aussi du Dauphiné, l’a abandonné.

    Officiellement son départ est un renoncement à la vie politique. Mais ce départ, vu par le graveur de cette estampe, ressemble plutôt à une fuite. On le voit même poursuivi par une lanterne, ce mobilier urbain qui servait en certaines occasions à pendre des aristocrates. Il faut dire que Mounier avait été victime de campagnes de presse très hostiles lorsqu'il était au sein de l'Assemblée.

Toujours est-il qu'à peine sera-t-il arrivé dans son cher Dauphiné que des troubles vont commencer de s'y produire dès le 14 octobre.

Le 26 octobre, le président de l'Assemblée nationale recevra une adresse des officiers municipaux de la ville de Saint-Marcellin en Dauphiné, au sujet d'une convocation extraordinaire ordonnée par la commission intermédiaire de cette province. La municipalité de Saint Marcellin demandera dans cette circonstance la conduite qu'elle doit tenir, (ne désirant que le vœu et les ordres de l'Assemblée nationale).

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1877_num_9_1_5237_t1_0552_0000_26

S'en suivra une discussion des députés sur la légalité de cette convocation, et le décret suivant :

"L'Assemblée nationale décrète qu'il soit sursis à toute convocation de provinces et d'États, jusqu'à ce que l'Assemblée nationale ait déterminé, avec l'acceptation du Roi, le mode de convocation dont elle s'occupe présentement ; décrète en outre que M. le président se retirera par-devers le Roi, à l'effet de demander à Sa Majesté si c'est avec son consentement qu'aucune commission intermédiaire a convoqué les Etats de sa province ; et dans le cas où ils auraient été convoqués sans la permission du Roi, Sa Majesté sera suppliée de prendre les mesures les plus promptes pour en prévenir e rassemblement (...)"

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1877_num_9_1_5240_t1_0555_0000_2

Les explications de Mounier

Le plus intéressant, lors de cette journée du 26 octobre, sera la lecture du rapport envoyé à l'Assemblée par Mounier, pour expliquer son départ précipité.

Je vous en conseille vivement la lecture, car on y apprend nombre de détails passionnants sur tous les événements qui se sont déroulés depuis juin 1789.

En voici le lien : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1877_num_9_1_6426_t1_0557_0000_3

Et la version PDF : 
https://www.persee.fr/docAsPDF/arcpa_0000-0000_1877_num_9_1_6426_t1_0557_0000_3.pdf




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Bertrand