jeudi 23 juillet 2020

23 Juillet 1789, Un Duc anglophile, agronome et ami du roi, président de l’assemblée.

 

Le président de l'Assemblée évoque le prétexte de disette.

    Lors de la séance matinale de l’Assemblée nationale, le président, François Alexandre Frédéric de la Rochefoucauld, duc De Liancourt, fait lecture de plusieurs lettres qu’il a reçues de diverses villes qui demandent des secours, pour dissiper des troupes de brigands qui sous prétexte de la disette des grains, infestent le pays et causent des soulèvements.

    Le Président fait également lecture d’un avis qui lui a été envoyé par le ministre, et qui annonce que des grains venus de Barbarie (1) par les soins de Monsieur Necker, pour l’approvisionnement de Paris, sont arrivés jusqu’à Montlhéry, toujours escortés par des troupes ; il demande qu’attendu que les troupes ont été retirées depuis Montlhéry jusqu’à Paris, on prenne des moyens pour faire arriver ces grains de ce poste jusqu’à Paris, en les faisant escorter par des milices nationales. Monsieur le Président ajoute qu’il a fait passer cet avis du ministre à Monsieur le Marquis de Lafayette.

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4705_t2_0261_0000_6

    François-Alexandre-Frédéric de La Rochefoucauld-Liancourtle fameux Duc de Liancourt qui préside alors l’Assemblée nationale était : homme politique, diplomate, philanthrope, anglophile, fondateur de l'École des Arts et métiers de Châlons et il était également agronome. 

Arthur Young

    Son anglophilie et sa passion pour l’agronomie firent qu’il devient ami avec Arthur Young, le célèbre agronome anglais, membre de la société royale d'Agriculture. Celui-là même qui se rendit célèbre par le récit de ses 3 voyages en France, entre 1787 et 1790, dans un livre qui parut en 1792 (et que l’on peut toujours lire avec plaisir, car il est régulièrement réédité). Nous aurons souvent l’occasion de reparler d’Arthur Young en raison de la passionnante description qu’il fit de notre pays.

    Le Duc de Liancourt était également un ami proche de Louis XVI, qui lui avait confié la fonction honorifique de grand maître de la garde-robe du roi. 

    C’est lui qui, dans la nuit du 14 Juillet eu ce dialogue mémorable avec le roi, qu’il rapporta dans ses mémoires : 

« On sait que le 14 juillet j'allai dans la nuit réveiller le roi [...]. "Qu'ai-je fait, disait-il, pour que le peuple soit contre moi ? Je n'ai jamais voulu lui faire que du bien." "Quelle révolte", disait-il encore. Et c'est alors que je lui répondis : "Ah, sire, dites Révolution."

    Vous en apprendrez plus sur cet événement et sur les bons conseils donnés par le Duc à son ami le Roi, en vous reportant à cet article du 15 juillet.

Le retour de Necker à Versailles.

    Le même jour, arrivant de Bâle, Necker rentre à Versailles et réinstalle son ministère. Rappelons que son remplaçant, Foullon, a été assassiné la veille dans de terribles conditions (voir la publication d’hier). Necker reprend le contrôle des Finances. Ses amis Montmorin et Saint-Priest, écartés avec lui, reviennent aux Affaires étrangères et à la Maison du roi.

Les soixante districts parisiens.

    A Paris, les soixante districts parisiens sont invités à choisir chacun deux commissaires pour former l'administration municipale de Paris.

Division administrative des 60 districts parisiens

    Lors de la convocation des États généraux en 1789, une ordonnance de Necker avait divisé Paris en 60 districts, auxquels correspondirent les 60 bataillons de la garde nationale créés en juillet 1789, dont les noms furent principalement tirés de ceux des églises ou des communautés religieuses.
    Cette organisation administrative subsista jusqu'au 22 juin 1792 ou un décret de l'Assemblée constituante substitue alors aux 60 districts 48 sections dont la dénomination fut l'occasion d'une première tentative d'innovation révolutionnaire.


(1) Vous avez été surpris par ce mot "Barbarie". Il désigne jusqu’au XIXe siècle la côte nord-africaine. Ces grains venaient donc de fort loin semble-t-il ! Nous en reparlerons dans l'article du 7 août 1789...

 


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Bertrand