dimanche 19 juillet 2020

19 Juillet 1789 : Terrifiante explosion au Chateau de Quincey, début de la Grande Peur.

Château de Quincey

    Le soir du 19 juillet 1789, une centaine de villageois et de soldats se rendent au château de Quincey, propriété du seigneur Jean Antoine Marie de Mosnay (ou de Mesmay), conseiller au parlement de Besançon. Ce généreux seigneurs les a invités pour fêter la prise de la Bastille. Vers 23 heures, une explosion occasionnée par des poudres entreposées au château détruit une partie de la terrasse de celui-ci et entraine la mort de quatre personnes.

    La population croit qu’une machine infernale a été placée par le seigneur des lieux afin de se venger du Tiers État. Elle incendie le château en représailles. Certains documents nous disent que le château a été réduit en cendres. Pourtant, une description de celui-ci en 1794 le représente en bon état et il en est toujours de même aujourd'hui ; vous pouvez même y passer une nuit puisque c'est devenu un hôtel !

    Néanmoins, l’épisode est rapporté dans le journal « Suite des Nouvelles de Versailles », un quotidien fondé par Claude François Beaulieu et l’Assemblée nationale s’en trouve alarmée. Il connaît donc un retentissement national.

« une explosion affreuse se fait aussitôt sentir ; tout dans Quincey n’offre que l’image de la mort, de l’effroi… Des cadavres amoncelés, des membres épars, des débris d’édifices ébranlés… tels est l’horrible spectacle que présente ce village. Le bruit de cette abomination se répand bientôt dans Vesoul et dans les campagnes. Tous les habitants des villages voisins conçoivent le projet de dévaster toute la province et de détruire tous les châteaux. L’endroit où la dévastation a été plus remarquable est le village de Saulx. Les maisons ont été renversées, les effets pillés, les moissons foulées au pied. »

    Finalement, après une enquête minutieuse, il s’avèrera que cette explosion fut due à un acte de malveillance et que Monsieur De Mesmay n’était en rien responsable. Il faudra pourtant attendre le 30 mai 1791 pour que le tribunal de Vesoul conclut à son innocence. (Tout le monde semble donc trouver normal qu'une si grande quantité de poudre se fut trouvée là...)

Une affaire pas si claire que cela.

    On pourrait s'arrêter à cette première relation de cette affaire et la plupart des sites le font. Mais l'envie m'a pris d'en savoir plus et c'est ainsi que j'ai découvert ce second article en date du 29 juillet, à propos de l'incendie du château de Quincey.

Lisez plutôt :

On a lu différentes adresses de félicitation de plusieurs provinces à l’assemblée nationale. La seule vraiment intéressante est celle de madame la princesse de Baufremont, qui réclame la protection de l’assemblée nationale, pour la faire renter en possession des titres que sa maison conservait depuis Philippe IV, titres qui ont été livrés aux flammes par une foule de brigands, qui ont exercé les plus grands ravage de son château en Franche-Comté.

Un membre du parlement de Franche-Comté a demandé la lecture du procès-verbal, dressé par des commissaires nommés à cet effet, & qui se sont transportés au château de Quincé, pour prendre des renseignements locaux, afin de punir les coupables des désordres. Il a fait d’ailleurs l’éloge de la compagnie.

Alors un membre des communes de la même province, s’est élevé pour démontrer que la conduite du parlement de Franche-Comté n’était pas aussi pure, aussi irréprochable qu’un de ses membres avait osé l’avancer.

Il aurait dû abandonner, a-t-il dit, les sentiments aristocratiques qu’il a manifesté dans un certain arrêté du 26 juillet 1789.

Dans cet arrêté on remarque en effet, avec surprise, que le parlement y déclare que l’on ne devra délibérer, aux états généraux, que par ordre & non par tête ; que chacun de leurs députés se retirera dans la chambre, pour y délibérer.

C’était, à l’exemple du parlement de Paris, invoquer la forme de convocation de 1614 : c’est-à-dire cette forme vicieuse & détestable qui enlevait aux communes toutes l’influence qu’ils devaient avoir, puisque les deux ordres du clergé & de la noblesse auraient toujours opposé un fatal veto.

D’après l’esprit de l’arrêté que nous venons d’analyser, l’on ne doit pas être surpris des désordres sans doute condamnables auxquels s’est livré un peuple justement irrité des prétentions d’un corps qui feignait de les représenter.

Ces observations, faites par M. de Puisy, furent appuyées par M. de Touranjon, membre de la noblesse, qui, après avoir développé avec la plus vive énergie, le système des douze parlements du royaume, & les horreurs commises par le conseiller dont nous avons rendu compte, conclut à la suppression totale du parlement de Franche-Comté.

Source : "Suite des nouvelles de Versailles", numéro du 29 juillet 1789.

    A la lecture ce texte, vous aurez compris que le peuple avait quelques raisons d'être "justement irrité des prétentions d'un corps qui feignait de les représenter"...

La Grande Peur de Juillet 1789.

La Grande Peur.

    Après la prise de la Bastille, une rumeur s'était répandu, affirmant que des bandes de brigands à la solde des privilégiés allaient dévaster les granges et couper les blés. Nombre de paysans s’armèrent alors et se livrèrent à une véritable jacquerie.  On appela cela "La Grande Peur". Des châteaux furent attaqués et brûlés, des nobles assassinés. Le mouvement toucha particulièrement la Franche-Comté où près de 350 château furent incendiés ou pillés. La plupart des nobles de cette région s'enfuirent en Savoie. La Grande peur se répandit également dans la vallée du Rhône, la Provence et les régions des Alpes. Je vais l'évoquer encore dans de prochains articles.

Question.

    Le point de départ de cette Grande Peur fut fort probablement cette "destruction" du château de Quincey dans la nuit du 19 juillet 1789. Aurait-elle eu lieu si la presse n'en n'avait pas parlé ?

Source concernant la Révolution en Franche-Comté (Document PDF) :
https://archives.doubs.fr/document/la-revolution-dans-les-archives-comtoises






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Bertrand