dimanche 12 juillet 2020

12 Juillet 1789 : Les événements se précipitent, Camille Desmoulins "motionne" le Palais Royal ! La Révolution commence.


    Ce 12 juillet, les Parisiens apprennent la nouvelle du renvoi la veille, de Necker par le roi et soudain les événements se précipitent ! Il se passent tant de choses ce jour-là que l'on peut considérer que la Révolution commence le 12 juillet 1789.

    Rappelez-vous (voir article précédent), sous la pression du parti, disons "conservateur", qui entoure la reine, Louis XVI a renvoyé son trop populaire ministre, le banquier suisse et protestant Jacques Necker.

Panique à la Bourse !

    Aussitôt la nouvelle connue, le bruit court dans Paris que la banqueroute (faillite de l’Etat) va être déclarée. Les agents de change se réunissent et ils décident de fermer la Bourse en signe de protestation contre le renvoi de Necker. Les banquiers veulent le retour de Necker, parce qu’avec lui, les paiements sont assurés.

Camille Desmoulins, vert de colère !

Motion faite au Palais Royal par Camille Desmoulins

    Au cœur du Palais Royal, le prestigieux quartier de loisirs appartenant au Duc D’Orléans, à la terrasse du café de Foy (n°57 à 60 de la Galerie de Montpensier), un jeune avocat de 29 ans nommé Camille Desmoulins, membre du club des cordeliers auprès de Danton, ayant appris le renvoi de Necker, se met en colère ! Il monte sur une table, armé parait-il, d’un pistolet à chaque main et harangue la foule attroupée.

Motion du jardin du Palais Royal
(Gouache de Lesueur)

Nuance...

    Concernant les pistolets, vous aurez remarqué ma prudence, car bizarrement on ne le voit pas armé sur la célèbre gouache de Lesueur reproduite ci-dessus. On nous dit qu'il était bègue, mais dans son exaltation, il sut trouver les mots pour inciter les citoyens présents à prendre les armes afin de parer, selon son expression, "à une Saint Barthélémy des patriotes". Rappelons que des dizaines de milliers de soldats appelés par le roi, cantonnent à présent autour de Paris et patrouillent dans ses rues...

Cocarde verte

    Le bouillant Camille se serait saisi, nous dit-on, d’une feuille d'arbre qu’il aurait fixée à son chapeau et il aurait incité les citoyens à porter une semblable cocarde verte. Cette cocarde verte avait pour but de se faire distinguer des fauteurs de complots que l'on craignait tout particulièrement, et ce, à juste raison. Il y avait en effet des agitateurs, aussi bien dans le camp conservateur que dans le camp progressiste. J’utilise le terme de progressiste car il me semble qu’il est encore un peu tôt pour parler de révolution. Cette couleur verte sera abandonnée dès le lendemain, au motif que c’est aussi celle des livrés des gens de Necker (C'était d’ailleurs aussi la couleur du comte d'Artois).

    À la suite de la harangue, ou motion (c'est le terme de l'époque) de Camille Desmoulins, les insurgés se précipitent chez Curtius, c'est-à-dire la boutique de Philippe Mathé-Curtz (dit Curtius) spécialisée dans les figures de cire grandeur nature, dans laquelle ils s'emparent des bustes de Necker et du duc d'Orléans qu’ils vont promener dans les rues de Paris en réclamant haut et fort le retour de Necker.

Ces bustes de cire seront les premières cibles des soldats du régiment Royal-Allemand, avant que les manifestants eux-mêmes ne soient visés !

Délivrance des bustes chez Curtius !
(Gravure de Jean-François Janinet)

Les bustes de Necker et du Duc d'Orléans promenés dans Paris.
(Gouache de Lesueur)

    Le boucher Louis Legendre qui deviendra une figure importante durant toute la Révolution, participera à cette manifestation dans les rues de Paris.

Louis Legendre

A propos des différentes versions.

    Vous avez remarqué ma remarque relative à un détail de l'événement (pistolets ou pas). De même, je vous présenterai demain 13 juillet au moins 3 versions différentes pour les changements de couleurs des cocardes.

    C'est un problème que je rencontre très souvent lorsque je lis plusieurs versions d'un même événement révolutionnaire. Comme dans certaines enquêtes policières, il y a parfois autant de versions qu’il y eu d’acteurs ou de témoins. Je me demande toujours comment les historiens s'y retrouvent. Certains, comme je l’ai déjà évoqué, font le tri à la lumière de leurs préjugés ou du parti qu’ils ont pris. Cela peut se deviner non seulement aux événement qu’ils laissent dans l’ombre, qu’au choix des adjectifs employés. D'autres choisissent d'accorder plus de crédit à un témoin qu'à un autre. Mais qui nous dit que ce témoin rapporte une description fidèle. Même si celui-ci est sincère, la psychologie nous a appris depuis que bien souvent nous ne voyons que ce que nous voulons voir, sans parler des récits de nos souvenirs qui se modifient sans cesse tout le long de notre vie.


Mais la journée n'est pas finie !

    Cette journée révolutionnaire est en effet très loin d'être terminée ! Voyons l'article suivant consacré au second événement important de la journée !


Post Scriptum :

    Si le cœur vous en dit, vous pouvez lire mon article évoquant mes incertitudes quant à la notion de vérité en histoire : L'histoire, la vérité, le bien, le mal, et toutes ces sortes de choses très relatives.

Lien vers l'article
(Attention, c'est un peu long)


                               



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Bertrand