C’est à dix heures ce vendredi matin du 17 juillet 1789, que Louis XVI, accompagné d’une centaine de membres de l'Assemblée nationale constituante, arrive à Paris afin de recevoir l'hommage de ses turbulents sujets.
Arrivée de Louis XVI à la barrière de la Conférence, aussi appelée barrière de Passy, constituant l'entrée Ouest de Paris de la route venant de Versailles. |
Le roi est reçu à l'hôtel de ville par le colon Martiniquais Moreau de Saint-Méry, ancien membre du Conseil supérieur du Cap-Français, devenu président de l'Assemblée des électeurs de Paris (du Tiers Etat), et par le premier maire de Paris, Jean Sylvain Bailly.
Bailly a été "élu" maire de Paris le lendemain de l’assassinat de Jacques de Flesselles (le prévôt des marchands), par l’acclamation d’une assemblée improvisée d’électeurs des soixante districts parisiens et de quelques députés de l’Assemblée Nationale. Vous comprenez pourquoi j'ai écrit "élu" entre guillemets, car il s'agit là d'une élection improvisée.
Du fait de cette nouvelle
fonction de maire, il est devenu le chef de la première Commune de Paris.
Celle-ci a mis à sa disposition un hôtel particulier, sis aux numéros 8 à 12
de la rue Neuve des Capucines.
Bailly a donc accueilli le Roi et lui a remis une cocarde tricolore, bleu, blanc et rouge (rose, disent certains), que sa majesté a accepté.
Bailly et La Fayette accueillant Louis XVI à l'Hôtel de Ville |
Le même jour, Lafayette fera adopter cette cocarde tricolore par la Garde Nationale créée le 15 juillet.
Gilbert de Motier de La Fayette |
Extrait du film "La Révolution française" de 1989
La cocarde !
On a dit beaucoup de choses sur cette cocarde, comme sur ses variantes des précédents jours. Souvenez-vous du témoignage d'Adrien Colson (avocat au parlement de Paris et intendant de la famille de Longaunay) lorsqu'il racontait les événements de la journée du 13 Juillet 1789 dans la lettre qu’il écrivait à son ami de province :
"Tout le monde est obligé de porter des cocardes, et l'on quitte, dit-on, les vertes qu'on avait prises par la remarque que c'est la couleur de monsieur le comte d'Artois et l'on va prendre le blanc, couleur de la nation, et le rouge, couleur de monsieur le duc d'Orléans."
La version retenue par l’histoire est que le bleu et le rouge font référence aux couleurs de la ville de Paris et que le blanc est la couleur du roi, ou plutôt celui de la royauté.
Concernant le blanc, il faut savoir que c'était la couleur des Protestants durant les guerres de religions et que c'est Henri IV, le Protestant devenu Roi catholique, qui en fit le symbole du pouvoir royal.
Plus d'infos dans cet article : Vêture et Pouvoir
Mais comme toujours, lorsqu’on lit des documents d’époque on finit toujours par trouver des versions différentes.
Dans le numéro de la Gazette de Leyde, datée du 24 Juillet,
on peut lire le passage suivant : « M. Bailly a présenté à Sa Majesté la
cocarde royale et bourgeoise, réunissant les couleurs bleu, blanche et rose :
le Roi a permis qu'on la mît sur son chapeau et l'a montrée au peuple. »
Selon cette version, Louis XVI ne risquait donc pas de refuser cette fameuse cocarde, puisqu'il s’agissait d’une cocarde aux couleurs du roi !
Rien ne vaut donc un document d'époque pour apprendre ce qu'il en fut vraiment, ... Et se rendre compte que les interprétations ci-dessus étaient peut-être fausses. Lisez plutôt l'affiche ci-dessous :
"Significations mystérieuses des trois rubans de couleurs différentes, arborées pour Cocarde par la Nation, sous le règne de Louis XVI, Père des Français, Roi d'un Peuple libre.
Le Ruban bleu azuré, nommé par quelques-uns couleur Saphyrique et céleste, signifie justice, loyauté, beauté et bonne réputation.
Le Ruban rouge, désigne vaillance, hardiesse et générosité.
Le Ruban blanc, dénote l'Étendard et le Pavillon de la Monarchie Française, qui de tous les temps a été sous la protection de Marie, mère du Sauveur du monde.
Ce ruban marque particulièrement espérance, pureté, innocence et charité."
Vous en apprendrez encore bien plus sur ces fameuses couleurs, dans cet
article évoquant les mystères de la cocarde sur ce site : https://www.1789-1815.com/mystere_cocarde.htm
Cocarde de 1793 conservée pieusement par un soldat |
Cocardes de Saint-Just, Robespierre et Lebas, exposées au musée Carnavalet |
La journée à jamais mémorable aux Français (Gravure de Jean-Baptiste Crépy) |
Plus tard, le port de la cocarde deviendra obligatoire, pour
les hommes le 8 juillet 1792 et pour les femmes le 21 septembre 1793.
Lire cet article : "Bonnet phrygien, cocarde, drapeau, ce qu'il faut savoir !"
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Bertrand