jeudi 16 juillet 2020

16 juillet 1789 : Fuite du comte d’Artois, prince contre-révolutionnaire et futur Charles X

Les premiers fuyards de la Cour : 1 Mme de Polignac, 2 le comte d'Artois,
3 le prince de Condé, 4 le Baron de Breteuil, 5 le prince de Lambesc

Le premier à fuir la France

Charles-Philippe comte d'Artois

    Ce jeudi 16 juillet 1789, Charles-Philippe de France, comte d’Artois (futur Charles X), prend la fuite. Frère cadet de Louis XVI et du comte de Provence (futur Louis XVIII), il est l’un des tout premiers grands nobles à émigrer hors de France. Il sera suivi le lendemain par le Prince de Condé.

    Le comte d’Artois représente la faction réactionnaire de la cour. Lors de l’Assemblée des Notables il s’était opposé au projet fiscal de réduction des privilèges sociaux de l’Église et de la Noblesse. Lors des États Généraux, il s’est opposé au Tiers État en s’opposant à toute initiative d’accroitre son droit de vote. En liaison avec le très réactionnaire baron de Breteuil, il a œuvré pour le renvoi de Necker.

    Les idées du comte d’Artois sont plus facile à définir que celles de son obscure grand frère Louis XVI. C’est un royaliste « ultra », un personnage à l’image de la noblesse de l’ancien régime. Le comte d’Artois coûte très cher au budget de l’État : ses menus plaisirs (2 400 000 francs), ses achats de domaines et de propriétés (7 231 372 livres), ses écuries (1 million de livres), ses vêtements et ses dettes représentent un important coût dans le trésor de cette France dont le déficit abyssal la fait courir à sa perte.


    D’Artois est un ardent défenseur de la monarchie et toute sa vie il agira de sorte à la rétablir. Il ne cessera de solliciter toutes les cours d’Europe pour organiser la contre-révolution. Il conduira avec son frère Provence l’armée des Princes qui envahira la France en 1792, qui se signalera par ses ravages et ses massacres. Mais celle-ci sera stoppée à Valmy et devra reculer. D’Artois fera également partie de flotte de 60 navires engagée par l’Angleterre pour envahir la Vendée en 1793 ; L’Angleterre ayant demandé en contrepartie de son aide les cinq comptoirs français aux Indes, ainsi que Saint-Domingue. Arrêtée par l’intense canonnade de la petite garnison républicaine du général Cambray, la flotte anglaise renoncera à aborder à Noirmoutier, se rabattra  sur l’Ile d’Yeu, sera la proie des marées et tempêtes, puis de la faim sur ses navires, jusqu’à ce que le gouvernement anglais ordonne son retour. Il restera en exile en Angleterre jusqu’à la première Restauration. Il se signalera alors en signant avec un empressement critiqué la convention d’armistice du 23 avril 1814, condamnée par son frère Louis XVIII parce qu’elle faisait perdre à la France toutes les places conquises depuis 1792. Figure de proue des « ultras », c’est-à-dire, les royalistes les plus ardents, D’Artois s’opposera à la politique de pardon et d’oubli prônée par son frère Louis XVII. Lors du retour de Napoléon pendant les 100 jours, il tentera en vain d’organiser une résistance à l’Empereur. Mais ses troupes envoyées contre Napoléon préférèrent fraterniser avec l’ennemi, contraignant ainsi D’Artois à fuir. Lors de la Seconde Restauration, D’Artois agira de nouveau contre son frère Louis XVIII en devenant le meneur de l’opposition ultraroyaliste à la politique modérée de celui-ci.

Enfin roi !

Charles X

    D’Artois deviendra finalement le roi Charles X à l’âge de 67 ans, suite à la mort de son frère Louis XVIII alors âgé de 69 ans. Son règne sera marqué par sa volonté d’un retour à l’ancien régime. Il s’aliénera une partie de l'opinion par la loi sur le sacrilège, l'octroi d'indemnités aux émigrés spoliés par la vente des biens nationaux (loi dite du « milliard des émigrés »), le licenciement de la garde nationale, perçue comme hostile au régime de la Restauration, le rétablissement de la censure (1825-1827) et le projet de rétablissement du droit d'aînesse, resté sans suite. Il promulguera finalement les « ordonnances de Saint-Cloud » pour dissoudre les chambres, convoquer les collèges électoraux en changeant de mode d'élection, et suspendre la liberté de la presse (25 juillet 1830). Cette dernière action provoquera le soulèvement des Trois Glorieuses (27 au 29 juillet), a Révolution de 1830 qui mettra fin à son règne.

Les Trois Glorieuses

"La Liberté guidant le Peuple" œuvre d'Eugène Delacroix
peinte pour célébrer la Révolution de 1830
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Post Scriptum : 
    Le règne de Charles X sera également marqué par sa décision de conquérir l'Algérie. Je vous parlerai des raisons de cette décision dans un article en date du 7 août 1789 et je pense que vous serez très très étonnés !





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Bien cordialement
Bertrand