vendredi 31 juillet 2020

31 Juillet 1789 : Au nom de tous les Parisiens (pas tous d’accord), les représentants de la commune relâchent Besenval (Encore un Suisse !)

 Article mis à jour le 31 juillet 2023.

L'Assemblée nationale à Versailles

Une Assemblée nationale pleine de mansuétude.

    Sous la présidence du Duc De Liancourt, la séance de l’Assemblée nationale constituante s’ouvre à 9h00 du matin.

Le Président rapporte que : 

« Sur les deux heures du matin, un courrier envoyé de l’hôtel de ville de Paris, lui a remis une lettre par laquelle on lui annonçait que la présence et le discours de M. Necker avait porté les représentants de la commune à donner des ordres pour que Monsieur de Bezenval, arrêté par la milice de Villenauxe, et qu’on conduisait à Paris, eût la liberté d’aller en Suisse ; que l’Assemblée générale des électeurs avait fait un arrêté, pour déclarer, au nom de la capitale, qu’elle pardonnait à ses ennemis, et qu’elle proscrit tout acte de violence ; mais que ces résolutions étaient désapprouvées par plusieurs districts ; qu’elles excitaient la fermentation la plus alarmante, et qu’il était extrêmement important que l’Assemblée nationale s’occupât des moyens de les calmer. » (L’orthographe est de l’époque et celle de Bezenval change selon les sources)

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4762_t2_0308_0000_6

Avec un peu de malice, nous pourrions présenter la chose comme suit : 

« La bonne bourgeoisie parisienne ayant obtenue ce qu’elle désirait, à savoir une monarchie constitutionnelle, ses représentants pardonnent au nom de tous les habitants de Paris à ses ennemis. Par la même, elle ordonne que Besenval, le lieutenant suisse du Maréchal de Broglie, qui le 4 juillet dernier avait reçu l’ordre du roi de rassembler ses troupes autour de Paris pour le 13, puisse être relâché et regagner au plus vite sa paisible suisse natale. Mais que ledit peuple de Paris, au nom duquel elle parle, ne l’entendant pas de cette façon et réclamant justice, il serait bon que l’Assemblée nationale envoyât la Garde Nationale pour rappeler ces trublions à l’ordre ».

De si gentils révolutionnaires... 😉

Pierre Victor de Besenval de Brünstatt
    Soyons rassurés, nos constituants n’étaient donc pas de bien méchants révolutionnaires. Nous le verrons par la suite, la politique de l’Assemblée constituante consistera principalement à promouvoir la plus entière liberté du commerce, protéger, voire sacraliser la propriété (incluant les esclaves) et réprimer tout mouvement populaire, urbain ou rural, visant à combattre cette liberté économique et surtout ses effets négatifs sur les plus démunis.

    Ces honnêtes gens n’agissaient pas ainsi sous l'effet d'une sorte de méchant égoïsme de classe (quelle vilaine expression). Ils étaient sincèrement convaincus par les idées économiques du temps qui affirmaient que la totale liberté de commerce, sans contrôle de l’état, était la recette idéale pour une société épanouie. Le problème, c’est qu’il faudra encore quelques siècles pour faire comprendre au peuple les bienfaits du ruissellement, la fameuse théorie établissant que plus les riches sont riches et plus les pauvres profitent de leurs miettes. Malgré plus de deux siècles de preuves du contraire, de braves gens croient encore de nos jours en la théorie du ruissellement qui dit que plus il y a de riches à table, plus il y a de miettes pour les pauvres.

Désolé pour cette digression.

    Nous aurons d'autres occasions de parler du si charmant Helvète qu'est Besenval. Cet homme de qualité était un courtisan et même un confident de la reine...

 A suivre


Post Scriptum : 

Vous avez vu ? Encore un Suisse ! Mais celui-ci était dans le camp du roi. Remarquez que c'est un peu normal lorsque l'on commande la garde suisse dudit monarque !

Bezenval sur ses vieux jours.


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Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand