Vous l’avez compris à la lecture des dernières publications, tous
les événements qui se sont produits depuis le 12 juillet ont résulté du renvoi
par sa majesté le roi Louis XVI de son ministre Jacques Necker, le banquier
suisse et protestant.
Souvenez-vous de la panique qui avait saisi les agents de change à Paris le 12 juillet 1789, quand ils avaient appris le renvoi de Necker. A l’idée d’une banqueroute, ils avaient même fermé la Bourse et l’agitation révolutionnaire à Paris était alors montée d’un degré, le dernier avant l’explosion. La grande bourgeoisie parisienne qui avait déjà tant prêté à l'Etat, ne pouvait concevoir de ne pas être remboursée !
On peut aisément comprendre que cette
politique fut populaire. Le peuple était reconnaissant envers Necker de ses
réformes et les banquiers étaient ravis de prêter à l’Etat français. Necker
était d’ailleurs si confiant dans sa politique que sa propre banque prêtait de
l’argent à la France, avec de réjouissants taux d’intérêts à 14% !...
La dette...
Necker présenté comme un joueur de bonneteau |
Le 16 août 1788, la monarchie avait même dû suspendre ses paiements et le roi avait dû se résoudre à convoquer les états
généraux, puisqu’aucune réforme n’avait pu aboutir lors des Assemblées des
Notables de 1787 et 1788. À cette date, le déficit budgétaire était évalué à 2
milliards !
Ce déficit venait de la somme des emprunts contractés par l’État depuis les années 1760. De plus, le royaume de France payait des taux d’intérêt presque deux fois supérieurs à ceux de sa rivale, l’Angleterre.
Aucun ministre n’avait jamais réussi à réformer le système de financement de l’état, tant les structures de l’ancien régime étaient figées. Les parlements, aux mains de la noblesse et du haut clergé, s’y étaient toujours opposés. Quoi de plus normal puisque la noblesse et le clergé, à savoir les 2% les plus riches du pays, ne payaient pas d’impôts.
Dette de 1788 en millions de Livres |
Ne voyez pas malice à ce que je dis (du moins pas totalement). Cette situation correspondait à ce que l’on pourrait appeler « le contrat social de l’ancien régime ». Celui-ci faisait que les nobles ne payaient d’impôts parce qu’ils donnaient leur sang à la guerre et que le clergé n’en payait pas non plus parce qu’il avait la charge de s’occuper des faibles et des malheureux. Mais hélas, aussi bien la noblesse que le clergé, avaient un peu oublié ce qu’ils devaient au royaume.
Le jeudi 16 Juillet 1789, Louis XVI doit donc se résoudre à
rappeler Monsieur Necker. Celui-ci prend alors le titre de Premier ministre des
finances. Dans le lien ci-dessous, je vous donne à lire cet échange entre les
députés Barnave et Mirabeau à l’Assemblée Nationale, à propos de la légitimité
pour celle-ci de refuser ou rappeler un ministre du roi.
Monsieur Necker redemandé par le Tiers Etat |
La bourgeoisie était progressiste, mais pas au point
d’augmenter les impôts qu’elle devait elle-même payer ! Raison pour laquelle, ces esprits
éclairés, tous un peu voltairiens, voire pour certains, athées, commencèrent peu à peu à se tourner vers le richissime clergé...
L’Eglise possédait un quart de Paris et un dixième à peu
près du territoire national, ce qui représentait 3 à 3,5 milliards de l’époque.
Elle percevait de plus, 150 millions de rentes annuelles !
Bien que Protestant, Necker s’opposera à la confiscation des
biens du clergé et au financement du déficit par l’émission d’assignats.
Les constituants n’avaient rien inventé. Ils s’inspiraient
grandement des réformes réalisées dans son Empire, par Joseph II, le propre
frère de la reine Marie Antoinette. Ce despote éclairé dont le mot d’ordre
était « Tout pour le peuple ; rien par le peuple », avait soumis totalement
l’Eglise à son autorité, fait prêter au évêques un serment qui les soumettaient
à l’Etat, ordonné la fermeture de monastères jugés inutiles dont les biens
avaient été transférés aux paroisses et tout plein d’autres réformes qui
auraient fait défaillir un Chouan portant le Sacré Cœur...
Je sens que j’en ai étonné quelques-uns. Vérifiez, je
n’invente rien, cela s’appelle le Joséphisme.
Je vous étonnerai encore bien plus, mais un peu plus tard, on vous parlant du très réformateur Louis XVI...
Vous vous doutez bien que ceux qui pensaient que la Révolution allait s’arrêter le lendemain du 14 Juillet, étaient peut-être quelque peu optimistes. Le propre frère du roi, le comte d'Artois, ainsi que le prince de Condé, l’avaient bien compris, puisqu’ils décidèrent de prendre le chemin de l’exil.
Les premiers fuyards de la Révolution française |
Source :Barnave et Mirabeau - Débat sur la responsabilité
ministérielle :
http://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/histoire/grands-discours-parlementaires/barnave-et-mirabeau-16-juillet-1789
Post Scriptum :
La dette ? Une invention géniale !
Il faut savoir que cette idée des emprunts
entraînant une dette colossale est toujours de mode, puisque les impôts des
riches sont sans cesse diminués et que l'Etat finance sa politique par
l'intermédiaire d'emprunts sur les marchés financiers ; Marchés financiers qui
en retour imposent leurs doctrines économiques aux états par l'intermédiaire
d'agences de cotations qui punissent les états récalcitrants en abaissant leurs
notes, ce qui a pour effet d'élever les taux d'emprunts des malheureux états
qui voudraient faire du social. (Les prélèvements imposés aux revenus les plus
modestes n'ont pas vraiment un gros effet sur le financement de la politique
publique). Plus d'infos sur mon article : "Quel pouvoir avons-nous ?".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand