Article mis à jour le 08/07/2023
J'ai découvert un autre moyen de vous
montrer le Peuple de Paris tel qu'il était au 18ème siècle ! Les estampes que j'ai coutume de vous présenter représentent souvent le peuple d'une façon quelque peu caricaturale ou alors dans des situations ou circonstances particulières. Les gravures que je vous propose à présent sont différentes.
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François Guérard, Les Cris de Paris (1700) |
Mon souci est de vous montrer ceux que l'on
ne voit pas, ceux qui n'étaient "rien". Celles-et ceux qui travaillaient durement pour gagner les quelques
sous qui les feraient survivre. Celles et ceux que l'on reconnaissait de loin, par les cris qu'ils poussaient. Ces cris informaient les passants des produits
et services que ces vendeurs de rues proposaient.
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Louis Sébastien Mercier |
Louis-Sébastien Mercier dans son ouvrage "le Tableau de Paris", avait bien évoqué les cris de ces gens, mais
il manquait des illustrations. La chance a fait que j'ai découvert à la BNF le
livre "Etudes prises dans le bas peuple ou les cris de Paris", recueillant
les gravures réalisées par Edmé Bouchardon. Vous pourrez bien sûr consulter ce
livre en entier, au bas de cet article dans une fenêtre donnant sur le merveilleux site de la BNF. Mais en plus
des illustrations de ce livre, j'en ai déniché d'autres que je partage avec vous
sur cette page.
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Edmé Bouchardon |
A l'époque, comme de nos jours, Paris était une France
miniature au sein de laquelle travaillaient des milliers de provinciaux.
On y
croisait des enfants ramoneurs venus à pieds de Savoie, ainsi que des Savoyardes
et des Normandes réputées bonnes nourrices, des bonnes venues de Bretagne ou de
Guyenne, des concierges et serruriers de Lyon, des chiffonniers alsaciens, des
vitriers du Piémont, des cuisiniers de Montpellier, des montreurs d'ours et des
rémouleurs des Pyrénées, des pelletiers venus de la Creuse, couverts de peaux
de lapins et occasionnellement dépeceurs de chats, des maçons du Limousin, des
chapeliers auvergnats, à noter que les Auvergnats que l'on appelait aussi des
Bougnats, s'étaient fait la spécialité de tenir des commerces de vins et
charbons ! (Je dois beaucoup au livre de Graham Robb, pour les informations sur ce paragraphe).
Découvrons ensemble ces personnages surgis un instant pour nous du passé.
Je vais commencer par cette pauvre femme portant du bois sur son dos, dont la légende indique "cotterets". On la retrouve sur quelques sites, dont celui de la BNF, portant toujours cette légende étrange. Cherchez vous-même dans des dictionnaires et vous ne trouverez pas la signification de ce mot.
Cependant, si vous faites la supposition que j'ai faite, c'est à dire de penser que le graveur avait fait une faute d'orthographe, ce qui était on ne peut plus courant à l'époque, et que vous lisez alors "colteret", vous aurez une chance de trouver la signification de ce mot qui a disparu. Les colterets étaient des ramilles ou branches d'arbres laissées au sol, qui n'étaient bonnes qu'à mettre dans les fagots.
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La vendeuse de colterets
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Pommes cuites au four |
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Cureur de puits |
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Piégeur de rats |
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"De la belle Fayance" Je ne puis croire que cette petite fille puisse porter un tel fardeau. J'espère qu'elle ne fait qu'attendre sa mère. |
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Marchand de Lanternes |
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Vendeur de "Caffé" |
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Tailleur de Pierres (Remarquez le titre du livre, gravé sur la pierre) |
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Chaudronnier Auvergnat |
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Crocheteur (En ce temps-là, il s'agissait d'un porteur de lourdes charges s'aidant de crochets) |
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Vendeur de Moulins. Pour amuser les enfants où éloigner les oiseaux ? |
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Balayeuse |
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Vendeuse de Balais |
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Des couteaux des ciseaux et des peignes, mais aussi des lunettes si vous regardez bien. |
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Garçon Boulanger |
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Lanterne en Hiver, l'Eau en Eté (Vous avez une idée ?) |
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Montreuse de Lanterne Magique |
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Orgue de Barbarie devant et Lanterne Magique derrière |
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La Revendeuse (ou regrattière, voir plus bas) |
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Fille de la Charité, servant les Malades |
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Vendeur de livres ambulant |
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Amuseur publique du Pont Neuf |
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"Voici le portrait à l'éloge De ce Chantre Fameux Nommé Guillaume de Limoge Surnommé le Gaillard Boiteux" (Remarquez les graffitis sur le muret) |
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Marchand d'encre (Ancre à l'époque) |
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La Blanchisseuse |
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La Charbonnière |
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Le Barbier |
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Italien vendeur de coupes en verre. |
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Vendeur de vin |
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Malheureux unijambiste, vendeur de vieux souliers |
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Porteur de Pierres |
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Terrassier |
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Vendeur d'eau, fraiche ou chaude |
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Colleur d'Affiches |
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"La Vie, La Vie" (Vendeuse d'eau de vie ?) |
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Marchand de Lacets |
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Marchand de Lanternes |
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Marchand de Caffé (café) |
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Savetier |
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Crieur d'eau de vie |
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Raccommodeur de soufflets et de vieux seaux |
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Ramoneur (Je vous raconterai un jour l'incroyable histoire de ces enfants qui, dès l'âge de 5 à 6 ans, quittaient les Alpes pour monter exercer ce dur métier à Paris) |
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Savoyarde (Probablement une nourrice) |
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Vendeur de peaux de lapins (et de chats ?) |
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Vendeuse d'œillets
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Lecteur de Gazette |
Gageons que ces lecteurs de gazette exercèrent une sacrée influence sur nombre d'événements révolutionnaires !
Pour le métier suivant, il ne s'agit pas d'un cri, mais d'un bruit, celui de la cliquette !
La cliquette était le nom du petit instrument à percussion composé de deux lattes de bois, que le maître de poste ou son commis agitait pour annoncer son arrivée.
Vous remarquerez que c'était le destinataire qui payait le port et non l'envoyeur.
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La cliquette |
Voici encore un petit métier, que je trouve assez révélateur de la société de cette époque, celui de "regratier", s'écrivant aussi regratiér, regrattier ou regrettier, mot qui voulait dire "revendeur".
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Les regratiers vendaient les restes des repas des riches |
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Celui-ci revendait aux pauvres les restes des repas des riches de Versailles,
| Cette estampe date de 1845, mais ce métier de revendre les restes de nourriture des riches exista encore longtemps. On les appelait aussi "Marchands d'Arlequins" |
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Il y avait encore des Marchands d'Arlequins à Paris en 1910 ! |
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Ils vendaient les restes des tables bourgeoises et des restaurants
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N'y voyez pas malice de ma part, mais ce petit métier si particulier me fait penser à ce que les économistes appellent " la théorie du ruissellement". Très orientée politiquement, celle-ci explique que plus on laisse les riches s'enrichir (moins d'impôts, etc.) plus l'économie produit de biens consommables et plus les pauvres en profitent. (Remarquez combien j'ai mis les formes pour vous expliquer cette théorie de plus en plus controversées) |
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Veuillez me pardonner mon excessive sensibilité. Cette rubrique se termine en effet sur une note amère. Mais voici comme promis le beau livre d'Edmé Bouchardon entreposé parmi les trésors de la BNF.
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Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand