lundi 27 juillet 2020

Suite du 22 Juillet 1789 : Rendons son honneur à Lafayette

Les a priori égarent les historiens de parti pris

    J’ai déjà évoqué avec vous dans mes publications du 20 Juillet et du 22 Juillet, la vision partisane d’un nostalgique de l’ancien régime, un certain Hubert La Marle, linguiste et paléographe, qui se mêle d’expliquer la Révolution française au travers de sa vision complotiste. Selon ce triste sire, tout est de la faute des francs-maçons et nous nous souvenons qu’il avait accusé Lafayette d’avoir participé au simulacre de jugement du conseiller d’état Foullon.

    Ayant identifié aisément les a priori de l’auteur, vous vous souvenez que j’avais utilisé sa version, plus pour illustrer les dérives inévitables d’une explication par le complot, que pour les présenter comme une vérité. Concernant Lafayette, par exemple, j’avais trouvé vraiment très étonnant qu’il eut été complice d’un tel forfait.

    C’est en voulant préparer un nouvel article sur « les brigands » (article à suivre), que j’ai trouvé une version bien différente de celle de notre "ami royaliste", dans le livre 2 du tome 1 de « L’histoire de la révolution française » de Adolphe Thiers (page 111 et 112 de l’édition de 1880).

    On y voit un Lafayette, mêlé contre son gré à l’événement, essayant de calmer le foule surexcitée et y parvenant même plusieurs fois ! Lafayette voudra même démissionner de son poste de commandant de la garde nationale, à la suite de cette tragédie ! Une attitude bien plus ressemblante à ce que l’histoire à retenu du caractère du personnage, que celle présentée par notre chasseur de francs-maçons ! (Oui, Lafayette, lui aussi était un franc-maçon). Il faudra que je vous rédige prochainement un article sur ces malheureux francs-maçons, accusés de tous les crimes par les nostalgiques de l’ancien régime. A cette époque, à peu près tous ceux qui se donnaient un peu la peine de penser, étaient francs-maçons, même Louis XVI ! (Mais c’est une autre histoire).

    Concernant Lafayette, de savoir qu’il a assisté à ce lynchage d’un vieil homme par une foule en colère, manipulée ou pas, (voire l’article du 22 Juillet), cela nous permet de considérer sous un angle différent son ordre de tirer sur les pétitionnaires venus demander la destitution du roi le 17 juillet 1791. Cela n’excuse pas cette décision fatale (50 morts chez les pétitionnaires), mais cela peut expliquer dans quelle situation psychologique il se trouvait alors. Il avait déjà vu une fois jusqu’où pouvait aller une foule en colère.

    Le seul moyen d’approcher un semblant de vérité en histoire, c’est de comparer de multiples sources. Bien souvent, des avis d’experts ne sont que leurs opinions sur le sujet et une paresse naturelle de l’esprit a bien vite fait de consacrer quelques opinions de prétendus experts, en opinions communément admises, voire en vérités. Schopenhauer disait même qu’ « Il n’est pas d’opinion, si absurde qu’elle soit, dont les hommes ne s’emparent avec empressement dès qu’on a pu les persuader que cette opinion est communément reçue. »

Vous trouverez ci-dessous, pour illustrer cet article, les photos des pages de mon livre datant de 1880.

A suivre, chers amis !







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Bertrand