L'un est malin, l'autre pas, devinez lequel...
Le réveil de Louis XVI
Ce matin du 15 juillet, averti des événements de la veille durant
la nuit par son ami le Duc de Liancourt, (Une révolte ? Non, Sire, une révolution !), Louis XVI décide de suivre le conseil
de son ami et de se rendre à l’Assemblée.
Liancourt avertissant Louis XVI |
Concernant le conseil donné au roi durant la nuit, on peut
lire dans Courcelles, Histoire
généalogique et héraldique des pairs de France, tome VIII, p.
64-66 :
« Ce conseil, dont les suites étaient au-dessus de toutes prévisions, fut adopté par le roi. L'enthousiasme que la présence de ce prince infortuné excita dans la capitale, acquit au duc de Liancourt une popularité à laquelle il était loin d'aspirer, et qui nécessairement devait motiver l'éloignement de ceux des conseillers du prince qui s'étaient opposés à ce voyage. Désormais désigné dans l'opinion comme l'un des appuis des prétentions populaires, le duc de Liancourt, dont le zèle et l'attachement pour le roi ne s'étaient jamais démentis, donna l'exemple d'un rare dévouement en servant la monarchie dans les rangs de ceux mêmes qui se proposaient de la renverser. »
Louis XVI |
Les députés de l'Assemblée nationale sont inquiets.
François Alexandre Frédéric de La Rochefoucauld, duc de Liancourt
Mirabeau au meilleur de sa forme.
Avant que ces députés ne quittent l’Assemblée, Mirabeau les
arrêtent et s’écrie :
« Eh bien ! Dites au Roi que les hordes étrangères dont nous sommes investis ont reçu hier la visite des princes, des princesses, des favoris, des favorites, et leurs caresses, et leurs exhortation, et leurs présents ; dites-lui que toutes cette nuit ces satellites étrangers, gorgés d’or et de vin, ont prédit dans leurs chants impies l’asservissement de la France, et que leurs vœux brutaux invoquaient la destruction de l’Assemblée nationale ; dites-lui que, dans son palais même, des courtisans ont même leurs danses au son de cette musique barbare, et que telle fut l’avant-scène de la Saint-Barthélemy.
Dites-lui que ce Henri dont l’univers bénit la mémoire, celui de ses aïeux qu’il voulait prendre pour modèle, faisait passer des vivres dans Paris révolté qu’il assiégeait en personne, et que ses conseillers féroces font rebrousser les farines que le commerce apporte dans Paris fidèle et affamé. »
Mirabeau |
Monsieur le Marquis de Lafayette,
vice-président, est chargé de présider la députation. L’Assemblée déclare
qu’elle se repose entièrement sur lui du soin d’exprimer à Sa Majesté tous les
sentiments de douleur et d’inquiétude dont tous ses membres sont pénétrés.
Les membres de la députation se disposaient à sortir,
lorsque Monsieur de Liancourt demande la parole. Il dit qu’il est autorisé à
annoncer à l’Assemblée que le roi, de son propre mouvement, s’est déterminé à
venir au milieu des représentants de la nation, et que Monsieur le Grand Maître
des cérémonies va paraitre pour l’annoncer officiellement. A ces paroles de
Monsieur de Liancourt, la majeure partie de l’Assemblée fait retentir la salle
d’applaudissements réitérés.
Mirabeau s’exclame :
"Attendez que le Roi nous ai fait connaître les bonnes dispositions qu’on nous annonce de sa part ; qu’un morne respect soit le premier accueil fait au monarque dans ce moment de douleur… Le silence du peuple est la leçon des rois."
On suspend toute délibération. La députation reste dans la
salle.
Quelques minutes plus tard, parait le roi à l’entrée de la
salle, sans gardes, accompagné de ses deux frères. Il fait quelques pas dans la
salle ; debout, en face de l’Assemblée, il prononce d’une voix ferme et
assurée, le discours suivant :
« Messieurs, je vous ai assemblés pour vous consulter sur les affaires les plus importantes de l’Etat. Il n’en est pas de plus instante, et qui affecte plus sensiblement mon cœur, que les désordres affreux qui règnent dans la capitale. Le chef de la nation vient avec confiance au milieu de ses représentants leur témoigner sa peine, et les inviter à trouver les moyens de ramener l’ordre et le calme. Je sais qu’on a osé publier que vos personnes n’étaient pas en sûreté. Serait-il donc nécessaire de vous rassurer sur des bruits aussi coupables, démentis d’avance par mon caractère connu ? Eh bien ! C’est moi, qui ne suis qu’un avec ma maison, c’est moi qui me fie à vous ! Aidez-moi, dans cette circonstance, à assurer le salut de l’Etat ; je l’attends de l’Assemblée nationale ; le zèle des représentants de mon peuple, réunis pour le salut commun, m’en est un sûr garant, et comptant sur la fidélité de mes sujets, j’ai donné l’ordre aux troupes de s’éloigner de Paris et de Versailles. Je vous autorise, et je vous invite même à faire connaître mes dispositions à la capitale. »
Bien sûr, le discours du Roi fut interrompu à diverses
reprises par les applaudissements les plus vifs.
Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4674_t2_0236_0000_10
Le mystérieux Louis XVI
Louis XVI ne cesse d’être un mystère pour moi. Certains ont voulu le faire passer pour un benêt seulement préoccupé de chasse et de messes et manipulé par son entourage. Mais est-ce bien le même homme, qui la veille au soir, dans son journal, a écrit « Rien » et qui ce soir du 15 juillet, écrira juste « séance à la Salle des Etats et retour à pied » ?
Extraits du journal de Louis XVI |
Ce discours, qui sonne ma foi fort juste et qui sait charmer les députés,
est-il de lui, ou de son ami Liancourt ?
« On a osé publier que vos personnes n’étaient pas en
sûreté », dit-il, mais qui est ce "on" ? Et quel est ce
roi qui ignore qui est ce "on" ?
En toute modestie, l'avantage de ne pas être totalement de parti-pris (même si je suis de sensibilité républicaine), me permet d'être sensible à certains détails concernant Louis XVI, qui me le font considérer sous un nouvel angle. Je vous en parlerai un peu plus tard... 😉
(Si vous êtes pressés d'en savoir plus, lisez mon article du 12 octobre 1789. Vous serez surpris.)
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Bien cordialement
Bertrand