Article mis à jour le 10 Août 2021.
Voici le scandaleux article. Je vous laisse juges.
Le 23 mars 1792, les Girondins avaient été appelés au gouvernement par Louis XVI, car, comme le roi mais pour des raisons opposées, ils aspiraient à la guerre contre l'Autriche. Ils y voyaient le moyen de séparer le roi des autres monarques et des émigrés, du moins dans l'hypothèse d'une victoire (ainsi que celui de s'enrichir par le pillage de guerre et renflouer ainsi les caisses de l'Etat). Le roi, quant à lui, aspirait à la défaite de ses troupes et au rétablissement de ses droits par les étrangers. Robespierre et la Montagne étaient opposés à cette guerre dont ils mesuraient les dangers.
Robespierre était depuis toujours un opposant farouche à la guerre hors de frontières.
A partir de décembre 1791 jusqu'au 10 février 1792, Robespierre prononcera plus de 8 discours contre la guerre. Vous pouvez lire celui prononcé devant le Club des Jacobins, le 18 décembre 1791 (En cliquant sur le lien).
Lire également :"Robespierre et la question de la guerre".
Louis XVI et les Girondins s'en vont en guerre.
Depuis le mois d’avril, la France était donc en guerre, la guerre tant désirée par les Girondins qui constituaient le ministère créé par Louis XVI le 20 Avril 1792.
Le roi avait déclaré la guerre de la nation française au roi
de Bohême et de Hongrie, c’est-à-dire à l’empereur d’Autriche et accessoirement
le neveu de sa femme Marie-Antoinette…
Des généraux peu fiables.
Le 29 avril 1792, le général Théobald Dillon (Irlandais), avait été exécuté par ses soldats parce qu’il avait ordonné la
retraite devant l'ennemi.
Rien ne se passa comme prévu. Les deux armées se retrouvèrent soudains face à face et hésitèrent. Les Autrichiens tirèrent quelques coups de canon. Dillon, ordonna la retraite en la faisant protéger par ses escadrons. L'infanterie se retira, mais les cavaliers croyant à une trahison, bouleversèrent la troupe en se repliant. Les Autrichiens ne les poursuivirent pas et regagnèrent Tournai.
De retour au camp, la troupe s'en pris à ses officiers qu'elle considérait comme des traîtres pour ne pas avoir engagé le combat. Dupont, l'aide-de-camps fut tué d'une balle dans le front, le frère de celui-ci Dupont-Chaumont reçu plusieurs balles dans ses habits (les balles de pistolets perçaient difficilement la grosse laine des uniformes). Le colonel du génie Berthois, fut pendu aux créneaux de la ville avec un autre officier. Dillon, blessé à la tête d'un coup de pistolet tiré à bout portant, tenta de s'enfuir en voiture (vous en savez un peu plus à présent sur l'inefficacité des balles de pistolets). Il fut extirpé de la carriole, puis massacré à coup de sabres et de baïonnettes. Plus tard dans la nuit, son cadavre fut jeté dans un grand feu.
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Assassinat de Dillon |
Ce triste événement était révélateur de la profonde méfiance que
les soldats français éprouvaient envers leurs officiers. Rappelons que depuis l’édit de Ségur en 1781, les postes d’officiers étaient exclusivement réservés à la noblesse.
Cette méfiance se révélera justifiée plus tard par les trahisons de Lafayette, Dumouriez et quelques autres.
La Fayette trahit en effet sa patrie dans la nuit du 19 au
20 août 1792. En pleine guerre, général en chef de l'armée du Nord, il choisit de
fuir sa responsabilité, en franchissant les lignes ennemies avec son état-major
et après avoir vainement cherché à soulever ses
troupes contre l'Assemblée !
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Arrestation des députés de la Convention par Dumouriez |
Le 23 mai 1792, Brissot accuse le comité autrichien
"La Gironde battait de l’aile. Elle avait reçu deux coups : à la frontière, par le premier échec d’une guerre qu’elle avait conseillée ; — aux Jacobins, par la victoire de Robespierre sur Brissot. Elle se releva par un coup de foudre, qui frappa directement la Cour, indirectement ceux qui, comme la Cour, avaient été les partisans de la paix, par conséquent Robespierre. La machine était bien montée, avec une entente habile des besoins d’imagination qu’avait cette époque, émue, inquiète, crédule, tout affamée de mystère, accueillant avidement tout ce qui lui faisait peur. C’était la dénonciation à grand bruit d’un comité autrichien, qui, trente ans durant, avait gouverné la France et ne voulait aujourd’hui pas moins que l’exterminer.
Le premier coup de tambour pour attirer l’attention, coup rudement retentissant, donné fort, à la Marat, le fut par le Girondin Carra dans les Annales patriotiques. Le comité autrichien, disait-il, préparait dans Paris une Saint-Barthélemy générale des patriotes. Montmorin, Bertrand, étaient nominalement désignés ; grand émoi : le juge de paix du quartier des Tuileries n’hésite pas à lancer un mandat d’amener contre trois représentants du témoignage desquels Carra s’était appuyé.
Ainsi audace pour audace. La Cour avait organisé cette redoutable garde, dont on a parlé plus haut ; elle pensait avoir aussi une notable partie de la garde nationale. La nouvelle du revers de Flandre avait été saluée de tous ces aristocrates par des cris de joie. L’Assemblée, battue à Mons, à Tournai, ne leur faisait plus grand’peur ; ils la méprisaient au point d’oser lancer contre elle un simple juge de paix, un tout petit magistrat du quartier des Tuileries.
Ils perdirent confiance, quand Brissot (le 23 mai) ramenant la dénonciation à des termes plus sérieux, parmi quelques hypothèses, articula les faits certains que la publication des pièces et le progrès de l’histoire ont décidément confirmés. Il établit que les Montmorin et les Delessart, véritables mannequins, étaient dirigés par le fil que tenait M. de Mercy-Argenteau, l’ancien ambassadeur d’Autriche, alors à Bruxelles ; lui seul en effet eut toujours pouvoir sur la reine. D’autre part, Louis XVI avait son ministre à Vienne, au su de toute l’Europe, M. de Breteuil. Appuyé sur de nombreuses pièces, systématisant et liant des faits isolés, Brissot montra le comité étendant sur la France un réseau immense d’intrigues, la travaillant au moyen d’une puissante manufacture de libelles. Une des pièces citées était curieuse ; c’était une lettre de notre envoyé à Genève, qui se déclarait autorisé par le roi à prendre du service dans l’armée du comte d’Artois. Brissot concluait à l’accusation de Montmorin et voulait qu’on interrogeât Bertrand de Molleville et Duport-Dutertre. Pour Bertrand, ses Mémoires nous prouvent aujourd’hui qu’il n’y a jamais eu de défiance mieux méritée."
Armand Marc de Montmorin Saint-Hérem sorti du ministère le 20 novembre 1791, avait formé avec Pierre-Victor Malouet, et Antoine François Bertrand de Molleville et quelques autres une sorte de conseil privé que Jean-Louis Carra dénoncera dans son journal sous le nom de comité autrichien.
C'est effectivement Bertrand de Molleville, avec aussi Rivarol et Arnaud de Laporte, qui coordonnèrent l'effort des royalistes pour calmer la fureur de la révolution et servir leur roi. Plus de 1500 personnes (auteurs, chanteurs et lecteurs publics) furent employées à cet effet pour lesquels ils dépensèrent plus de 200 000 livres par mois. En ce temps, Arnaud de Laporte, créa un club appelé "Le National" au Carrousel. Les appartements au Louvre occupés par La Porte furent le centre de stratégie où le roi et ses fidèles discutaient et lançaient leurs efforts.
Cette police secrète royaliste, surnommée donc « comité autrichien », avait surtout comme but de payer des ouvriers du faubourg Saint-Antoine pour s’emparer des tribunes, comme le faisaient les révolutionnaires et faire applaudir et crier pour le roi. Dans le courant de juin, Bertrand de Molleville avait présenté à Louis XVI un plan conçu par un sieur Buot, juge de paix, que ce prince lui avait adjoint comme agent principal. Ce projet n'eut d'autre résultat que la mort de son auteur.
Bertrand de Molleville essayait de surveiller les démarches des partisans de la révolution et voulait procurer à la cour un peu plus d'influence sur la garde nationale, et les habitants de Paris les plus politisés. Deux mois après, Bertrand de Molleville fut dénoncé au Club des Jacobins, comme un des principaux membres du comité autrichien. Il adressa dans cette occasion, au tribunal de police correctionnelle, une plainte à laquelle le funeste sort d’Étienne de La Rivière empêcha de donner quelque suite. Ce juge de paix avait admis la plainte ; mais on lui reprocha à lui-même des poursuites illégales contre plusieurs députés, et un décret d'accusation fut lancé contre lui.
Bertrand de Molleville continua néanmoins à faire tout ce qu’il put en faveur de son roi. Il fut l’un des derniers hommes politiques à se rendre régulièrement au palais des Tuileries. Mais il ne fit ainsi que compromettre le roi en croyant le servir.
Le 29 mai 1792, le jour du licenciement de la Garde constitutionnelle du Roi, Antoine François Bertrand de Molleville demanda au roi d'aller à l'Assemblée avec 100 gardes, et d'y dénoncer ce texte de lois : "Je viens remplir ce devoir, et vous représenter l'irrégularité du décret qui ordonna le licenciement de ma garde constitutionnelle..."
Après la journée du 20 juin 1792, il soumit à Louis XVI un plan pour assurer sa sortie de Paris ; mais une indiscrétion en empêcha l'exécution. Molleville avait inutilement épuisé la liste civile pour payer des clubs royalistes, des orateurs de tribunes, des orateurs de groupes, de prétendus séducteurs qui ne séduisaient personne et gardaient pour eux les fonds de la cour. L'argent n'achète par tout...
Que dire du couple royal ?
La reine ?
Le roi ?
Sa fuite le 20 juin 1791 et son piteux retour le 25 juin 1792, à la suite de son arrestation à Varennes, n’avait guère amélioré son image auprès des Français. Les Girondins avaient prétendu qu’il avait été enlevé ! Mais le peuple n’avait pas été dupe et peu à peu, l’idée que l’on pouvait se passer de ce roi si peu fiable, avait fait son chemin.
Les événements se précipitent.
Le 10 juin 1792, le ministre Roland avait adressé un courrier au roi pour le mettre en garde contre ses vétos successifs qui exaspéraient la population. Le roi ne comprenant rien à la situation, il avait aggravé celle-ci en nommant le 12 juin un ministère de Feuillants (monarchistes). Ceux-ci démissionneront le 10 juillet suivant.
Le 20 juin 1792, une foule des Parisiens avait déjà envahi une
première fois les Tuileries pour demander le retrait d’un énième véto du roi.
Le 22 juillet 1792, l'assemblée législative avait déclaré la
patrie en danger, sur l'annonce officielle de l'approche d'une armée prussienne
de 62.000 hommes.
Le 23 juillet 1792, une nouvelle pétition avait demandé la
déchéance du roi.
Le 25 juillet 1792, Brunswick, le chef de l'armée prussienne,
avait commis l’erreur de menacer Paris d’une destruction totale dans le
manifeste qu’il avait fait publier (manifeste probablement rédigé par un noble
émigré). Cela n'avait fait qu'attiser la colère grandissante des Parisiens, dont les fils en guenilles étaient envoyés défendre la frontière, armés de simples piques !
Le 26 juillet 1792, Brissot avait demandé la déchéance du roi et
l’instauration du suffrage universel.
Le 29 juillet 1792, Robespierre avait fait un discours aux
Jacobins pour demander la déchéance du roi.
Le 30 juillet 1792, la garde nationale était devenue accessible aux "citoyens passifs". Elle n’était donc plus réservée à la seule bourgeoisie. N'y voyez pas là un élan démocratique mais plutôt la crainte devant l'arrivée des formidables armées prussiennes et autrichiennes.
Le soir du 30, lors du dîner des Marseillais qui venaient d'arriver à Paris, ceux-ci se confrontèrent aux grenadiers du roi.
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Combat lors du dîner des Marseillais |
Terrible mois d'août !
Voici le mois d’aout 1792, la situation militaire est
terrible, la France est envahie par les forces armées des Autrichiens et de
leurs alliés Prussiens. (L’armée française essuiera revers sur revers jusqu’en
septembre, où elle réussira à infliger une défaite à ses ennemis, le 20 septembre à Valmy. Le lendemain, la royauté sera abolie et le 22 la république sera proclamée.)
Le 3 août 1792, quarante-sept des quarante-huit sections parisiennes se sont prononcées
pour la déchéance du roi.
Le 2 août 1792, Le bataillon marseillais demande à l’Assemblée la déchéance du roi
Le 9 août 1792, une commune insurrectionnelle est créée en
remplacement de la Commune constitutionnelle.
10 Août 1792
Ce 10 août 1792, la situation est devenue irrécupérable pour
ce roi qui aura commis bien trop d’erreurs.
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La garde nationale face aux gardes suisses. |
Louis XVI se rend avec sa famille dans la salle des séances
de l'assemblée législative, qui le déclare suspendu de ses fonctions. Le roi
est remplacé par le conseil exécutif provisoire.
Louis XVI et la famille royale sont détenus au couvent des
Feuillants.
Danton est nommé ministre de la Justice.
La seconde révolution française venait de commencer !
Il ne s’agissait plus d’une révolution uniquement bourgeoise, raison pour
laquelle elle a depuis été tant diffamée.
Pour la première fois dans l'histoire de France, le Peuple parvenait aux marches du pouvoir. Il s'agissait cette fois d'une révolution "populaire" (avec tout ce que peut exprimer de hideux ce mot chez certains).
Cette révolution accouchera en septembre d’une belle enfant, la première
république.
- Cette révolution saura vaincre l’année suivante les 11 armées étrangères envahissant le pays.
- Cette révolution abolira l’esclavage, instaurera le suffrage universel et bien d’autres choses dont nous profitons encore.
- Cette révolution se terminera le 28 juillet 1794 et tout
reviendra ensuite dans le "bon ordre", inutile de vous préciser
lequel.
(Cela dit sans porter de jugement de valeur. Il ne s'agit là que de ce que j'appelle, "la mécanique humaine".)
Bonne fête citoyennes et citoyens !
Vous trouverez également une autre version très détaillée de cette journée historique sur la page de Wikipedia.
Post Scriptum :
Sachez que cet article m'a déjà valu quelques insultes, bien sûr...
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Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand