mardi 18 août 2020

18 Août 1789 : Intervention de Mirabeau sur le droit évident pour tout citoyen de posséder des armes...

Ce pistolet n'était pas réservé aux seuls pirates !

Un article quelque peu dérangeant...

    Le fougueux Mirabeau, membre du comité des cinq, dont le projet de déclaration des droits de l’homme sera retenu le lendemain 19 août, pour discussion par l’assemblée, donne ce jour un curieux exemple pour expliquer le fait que la discussion sur la déclaration des droits puisse être renvoyée à la fin du travail sur la constitution. 

    Lisez-cet extrait du procès-verbal de la séance de l’assemblée. Je gage que vous serez étonnés ! 

Mirabeau : 

« Il sera plus utile de vous montrer, Messieurs, par un exemple sensible, les difficultés qui, je le soutiens nettement, rendent impraticable aujourd'hui une rédaction de la déclaration des droits. 

« Voici ce que porte l'article X : « On ne saurait, sans attenter aux droits des citoyens, les priver de la faculté de s'assembler dans la forme légale, pour consulter sur la chose publique, pour donner des instructions à leurs mandataires, ou pour demander le redressement de leurs griefs. »

J'avais proposé à mes collègues du comité de rédiger l'article ainsi : « Tout citoyen a le droit d'avoir chez lui des armes, et de s'en servir, soit pour la défense commune, soit pour sa propre défense, contre toute agression illégale qui mettrait en péril sa vie, les membres, ou la liberté d'un ou do plusieurs citoyens.

Mes collègues sont convenus tous que le droit déclaré dans cet article est évident de sa nature, et l'un des principaux garants de la liberté politique et civile ; que nulle autre institution ne peut le suppléer ; qu'il est impossible d'imaginer une aristocratie plus terrible que celle qui s'établirait dans un état, par cela seul qu'une partie des citoyens serait armée et que l'autre ne le serait pas ; que tous les raisonnements contraires sont de futiles sophismes démentis par les faits, puisque aucun pays n'est plus paisible et n'offre une meilleure police que ceux où la nation est armée. 

Messieurs du comité n'en ont pas moins rejeté l'article, et j'ai été obligé de déférer à des raisons de prudence qui me paraissent préoccuper cette Assemblée même, puisque le récit de ma proposition excite quelques murmures. 

Cependant, il est bien clair que les circonstances qui vous inquiètent sur la déclaration du droit naturel qu'a tout citoyen d'être armé, sont très passagères : rien ne peut consoler des maux de l'anarchie, que la certitude qu'elle ne peut durer ; et certainement, ou vous ne ferez jamais la Constitution française, ou vous aurez trouvé un moyen de rendre quelque force au pouvoir exécutif et à l'opinion avant que votre Constitution soit fixée. 

Quel inconvénient y aurait-il donc, sous ce rapport, à ce que la rédaction de la déclaration des droits fût renvoyée à la fin du travail de la Constitution ? Je pourrais faire vingt rapprochements pareils, et surtout montrer qu'il n'est pas un seul projet de déclaration des droits dont les défauts ne tiennent en grande partie au contraste des circonstances avec le but d'une telle expression. 

Mais, Messieurs, avoir raison ou se tromper est peu de chose, et n'intéresse guère que l'amour-propre. Entendre soupçonner ou persifler ses intentions dans une Assemblée politique où l'on a fait ses preuves, est une tolérance qu'un homme qui a le sentiment de sa dignité personnelle ne connaît pas ; et j'espère que vous approuverez cette courte explication." 

M. Chapelier ramène les esprits à l'examen de la déclaration. Il combat les motions de M. de Maulette et de M. de Mirabeau. 

Vous avez nommé un comité pour rédiger une déclaration ; vous ne l'avez pas encore examinée, comment pouvez-vous la rejeter ?" 

Source de l’intervention de Mirabeau :
https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_6339_t2_0451_0000_7

"il est impossible d'imaginer une aristocratie plus terrible que celle qui s'établirait dans un état, par cela seul qu'une partie des citoyens serait armée et que l'autre ne le serait pas"

Je suis certain que beaucoup parmi vous sont étonnés ! 

Louis-Charles d'Estraibes

    A noter que le 13 novembre suivant, le comte de Clairmont-d’Estraibes, d'Hust et du Saint-Empire, seigneur d'Inchy, de Beaumont, de Peruez et d'Avranville, fera part dans une motion devant l'assemblée, de son inquiétude de voir tant de gens porter des armes et de son souhait d'en réserver le droit aux seuls propriétaires…



Je vous avais prévenu, cet article est très, très dérangeant.

    Je n'ai nullement envie de lancer un débat sur l'autorisation de posséder ou non des armes. On prend toujours l'exemple terrifiant des USA et de ses tueries de masse. Mais ce faisant, on oublie toujours qu'il s'agit là d'une société malade, aussi violente que névrosée.
    D'autres pays dont on ne parle jamais autorisent leurs citoyens à être armés, comme la Suisse, par exemple, un pays démocratique, pacifique et neutre.

Article sur Géo

    J'ajoute, (pour faire un tout petit peu de provocation), que depuis que je vis à la campagne, je me suis rendu compte que nombre de gens possédaient des armes chez eux, et pas seulement des chasseurs.


Conclusion ?

  Alors, selon vous, Mirabeau était-il fou ou adhérent d'une sorte de NRA de l'Ancien régime ?

    Et que dire de la phrase de ce grand homme, écrivain et journaliste, combattant de tous les fascismes, George Orwell, l’auteur du célébrissime roman « 1984 » : 

"Ce fusil accroché au mur de l'ouvrier ou du paysan est le symbole de la démocratie. C'est notre travail de veiller à ce qu'il y reste". 


    Rassurez-vous, le 22 juillet 1791, les "révolutionnaires" finiront par voter une loi de police interdisant le port d'arme à Paris à tous les citoyens, sauf à ceux bénéficiant d'une autorisation spéciale.

 Je vous laisse réfléchir à tout ça...

Salut et Fraternité 😉

 

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Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand