Ces derniers temps, il me semble que nous avons un peu perdu de vue le peuple de Paris. Raison pour laquelle je me tourne aujourd’hui vers notre ami Adrien Joseph Colson, dont les lettres écrites en ces journées historiques, nous livrent des informations bien intéressantes.
Colson était avocat au Parlement de Paris et intendant de la famille de Longaunay. Il écrivait deux fois par semaines à Roch Lemaigre, le régisseur des terres du Berry de cette famille.
Voici ce qu’il écrit dans sa lettre du 25 Août :
(…) Nous sommes dans plusieurs sortes de perplexités bien inquiétantes à la fois. La disette de farines, faute de battre les grains de la récolte, est au point depuis hier, que, passées 6 heures du matin il faut, pour avoir un morceau de pain de deux et souvent une seule livre, aller chez 8 ou 10 boulangers et qu’avant 6 heures l’on ne peut guère espérer que deux livres à la fois. Une autre perplexité, c’est que nous avons à Montmartre 12000 et, suivant bien des personnes, 18000 vagabonds à qui l’on paie 20 sols par jour, sans qu’ils les gagnent autrement qu’à rester dans l’inaction et à commettre quelques-fois des désordres ; que, quoi qu’on les sollicite à retourner chez eux en leur offrant trois sols par lieues pour leur route, ils s’obstinent à rester ; qu’on a dessein d’employer l’artillerie pour les forcer à partir mais que, si les faubourgs Saint-Marceau et Saint-Antoine se joignent à eux, ils seront en état de nous accabler et que, s’ils se décident à partir, ils vont, selon toute apparence, former de nouvelles troupes de brigands partout le royaume. Enfin, à travers tous ces embarras, l’on cherche à semer la division parmi nous et l’on soupçonne, avec quelque apparence de fondement, que le stathouder de Hollande, de crainte que notre exemple ne porte les Hollandais à recouvrer la liberté dont il s’est rendu l’agresseur et le tyran, a des émissaires à Paris qui répandent à cet effet de l’argent.La, garde bourgeoise n’est pas allée comme on le projetait à Versailles pour la fête du roi de crainte d’y mettre la famine ou, pour mieux dire, de l’y augmenter, étant aussi difficile qu’à Paris d’y avoir du pain. (…)
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Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand