samedi 29 août 2020

29 Août 1789 : Fondation d'une "Assemblée des citoyens de couleur des îles et colonies françaises"

     

Femmes libres de couleur avec leurs enfants et leurs serviteurs dans un paysage
Tableau du peintre Agostino Brunias

    Souvenez-vous du 20 Août dernier, lorsque des esclavagistes ont fondé le Club Massiac à Paris.

    Aujourd'hui 29 Août 1789, est fondée "L'Assemblée des citoyens de couleur des îles et colonies françaises". Elle deviendra le 12 septembre suivant "la Société des colons américains".

    Une trentaine de libres de couleur résidant à Paris se sont réunis ce jour pour la première fois, dans le cabinet de l’avocat Joly. Ils sont alors plusieurs centaines à résider dans la capitale.

    Lors de la rédaction du Cahier de Plaintes, Doléances et Réclamations, le groupe est formé de 59 libres originaires de Saint-Domingue, de 14 de la Martinique et de 4 de la Guadeloupe. Ce cahier demande qu’il n’existe plus que deux classes d’individus, les citoyens quelle que soit leur couleur et les esclaves. Ils réclament l’affranchissement de tous les métissés pour que le soupçon d’esclavage disparaisse complètement de cette catégorie de la population. (Source : https://journals.openedition.org/lrf/1403#tocto1n2)

    Ces hommes et femmes de couleur d’outre-mer, ont élu six députés, dont cinq de couleur, qui porteront leurs revendications à l’Assemblée nationale. Le but de cette association basée à Paris sera de tenter de faire contre-poids au fort pouvoir dont disposent les colons blancs au sein de l’Assemblée nationale.

Quelques précisions utiles...

    Ne nous méprenons pas sur la situation de ces citoyens de couleur. Il s’agissait de propriétaires, possédant eux aussi des esclaves !

    Même s’ils étaient placés dans une situation juridique inférieure à celle des "blancs", ils appartenaient à une classe sociale très dynamique économiquement en cette fin du XVIIIème siècle à Saint-Domingue, en Martinique et dans une moindre mesure en Guadeloupe et en Guyane. Il y avait un transfert croissant de propriétés de terres et d’esclaves des "blancs" vers les gens de couleur.

    Dans trois quartiers du Sud de Saint-Domingue, dans les années 1780, les libres de couleur participaient à 44 % des transactions foncières à la campagne. Les libres de couleur possédaient environ 20 % des esclaves de Saint-Domingue et 5 % en Guadeloupe, à la fin du XVIIIe siècle. Ceux de la Martinique étaient dans une situation intermédiaire entre la Guadeloupe et Saint-Domingue. A Saint-Denis de la Réunion, 61 % des chefs de familles libres de couleur recensés possédaient des esclaves.

Source : https://journals.openedition.org/lrf/1403

    C’était d’ailleurs pour ces raisons que le 26 août 1789, Julien Raymond, un quarteron (individu ayant trois grands parents blancs et un noir) libre de Saint Domingue, avait été est reçu au Club Massiac, pour leur proposer un accord qui préserverait la traite et l’esclavage en accordant l’égalité des droits civiques aux libres de couleur.

    Les libres de couleurs demandaient qu’il n’existât plus que deux classes d’individus, les citoyens quelle que soit leur couleur et les esclaves. Ils réclamaient également l’affranchissement de tous les métissés.

Quelques portraits

    Je ne manquerai pas de vous parler de nouveau, en temps voulu, de ces honorables citoyens, dont je vous propose ce jour quelques portraits.

    Le premier est celui de Narcisse. Il était serviteur de de la Duchesse de Chartres, qui n'était autre que l'épouse du révolutionnaire Duc d'Orléans.

    Narcisse fut l'un des signataires de la pétition pour les droits des gens de couleurs. Sur ce portrait gravé par Glairon Mondet d'après Delorme (Eau forte et burin, vers 1775), on le voit porter un collier d'esclave en or. La page Facebook sur laquelle je l'ai trouvé, rappelle qu'il n'y avait pas d'esclaves en France et que cet ornement n'est là que pour faire joli. Certains commentaires précisent qu'il est habillé comme un Prince et qu'il a dû recevoir une bonne éducation qu'il n'aurait pu recevoir autrement (on s'en doute).

J'éprouve beaucoup de respect pour ce malheureux garçon.

Narcisse


Portrait d'un Gentilhomme, par Joseph Ducreux


Vincent Ogé, mourra roué vif en 1791 pour avoir mené une révolte de mulâtres




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Bertrand