mercredi 26 août 2020

26 Août 1789 : Utopie ouvrière dans les Pyrénées.



    Quittons aujourd’hui les débats sans fin de l’Assemblée nationale et les « fermentations » parisiennes, pour regarder au sud du royaume, dans les Pyrénées, plus précisément.

    Apprenez que les mineurs de Rancié, en Ariège, précisément le jour où était proclamée la fameuse déclaration des droits, se sont eux-aussi révoltés. Ils ont protesté contre les terribles conditions de travail que leur impose la ville, qui est propriétaire de la mine de fer.

Grand et lourd bloc de goethite massive,
récolté à la fin 18ème à la mine du Rancié,
Vicdessos en Ariège.

Source image : https://www.les-mineraux.fr/


    La municipalité distribue chichement le bois de soutènement destiné à parer aux effondrements dans les galeries et les ouvriers doivent même payer eux-mêmes la poudre pour les explosions et l’huile d’éclairage, avec leurs 20 malheureux sols de salaires journaliers. 

Source : Le fer en Ariège

    De plus les hottes qu’ils doivent porter sur leurs épaules sont trop lourdes : 150 livres pour les hommes, 75 livres pour les garçons de 10 ans. Les jeunes garçons de moins de dix ans transportent le minerai hors de la mine. 



    Les fillettes du même âge conduisent les convois de mulets, à raison de trois ou quatre voyages par jour, escaladant le chemin de Cavallère pour livrer le minerai aux entrepôts de Cabre. Les accidents sont fréquents et causent des morts et des blessés.

Source : Traits en Savoie

    Les 345 mineurs se sont rendus le 26 août chez le notaire pour qu’il enregistre leurs décisions. Ils décident, entre autres, que le bois des galeries et l’usage des explosifs seront contrôlés par les ouvriers qui fixeront un salaire minimum et veilleront au recrutement. Ils demanderont également de pouvoir fixer eux-mêmes le prix du minerai à un taux supérieur à celui existant. Cette possibilité, demandée en ce mois d’août 1789, sera redemandée en mai 1796 et sera chaque fois repoussée par l'Administration Départementale.

    Leur requête est accompagnée d’une lettre d’envoi du syndic Galy qui précise que la délibération des mineurs « n’est qu’un abrégé des misères et des dangers qui affligent ceux qui s’appliquent à l’extraction des mines de fer de cette vallée de Vicdessos… ». Elle sera envoyée à l’Assemblée nationale dans l’espoir que celle-ci confirmera par une loi ce nouveau mode de gestion.

    Nous qui lisons ensemble les procès-verbaux de l’Assemblée nationale depuis quelques semaines ne nous faisons pas d’illusions sur la suite de cette demande.

    Ne cherchez pas sur Wikipédia (à moins que l'un de leurs "érudits" soit tombé sur cet article), vous ne trouverez aucune trace de cet événement dans l’article traitant de la très longue histoire de cette mine, exploitée depuis l’antiquité. Ça vous étonne ? Pas moi. On trouve malgré tout quelques rares articles s'efforçant surtout de décrédibiliser cette utopie ouvrière...

Enfants mineurs, au XIXème siècle

Quelques infos de cet article sont extraites de cet ouvrage :

https://books.google.gr/books/about/La_Mine_aux_mineurs_de_Ranci%C3%A9.html?id=QJVOAAAAYAAJ&redir_esc=y



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Bertrand