lundi 10 août 2020

10 Août 1789 : Mais qui veut la peau de Besenval ? Et qui est-il vraiment ?

 

    J'espère que vous pardonnerez l'image humoristique de cet article (volée à Roger Rabbit). Je me suis dit qu'ainsi, j'allais peut-être avoir un ou deux lecteurs de plus ! Mais ne vous méprenez pas, comme d'habitude, vous allez apprendre une ou deux petites choses très étonnantes.


Le mauvais sort s'acharne !

    Déjà sauvé une fois de la vindicte populaire suite à son arrestation par les zélés miliciens de Villenauxe-la-Grande le 30 juillet dernier - sauvé par les bourgeois de la Commune de Paris, les députés de l'Assemblée nationale, le grand Necker et même par sa majesté Louis XVI qui l'a autorisé à s'exiler - le baron suisse Pierre Victor de Besenval de Brünstatt, est de nouveau arrêté par de mauvaises gens après avoir été reconnu près de Provins !

    Cet ancien commandant militaire de l'Île-de-France, des provinces limitrophes et de la garnison de Paris avait visiblement laissé un mauvais souvenir pour sa gestion quelque peu brutale lors des journées chaudes qui précédèrent la prise de la Bastille, comme lorsqu'il avait réprimé dans le sang le 28 avril 1789, l’émeute de la fabrique Réveillon, donnant l’ordre à ses Suisses, "de tirer jusqu’à la mort du dernier homme" Il y eut des centaines de morts...

Répression violente de l'émeute Réveillon le 28 avril 1789.
Dans les faits, la Révolution a commencé dès le mois d'avril 1789.

    Hélas, le nouveau pouvoir bourgeois en place, tellement empressé de se réconcilier avec son roi bien aimé, semblait éprouver quelques difficultés à faire partager son pieux désir de pardon et de réconciliation, avec le reste de la population !

Lire cet article sur le rêve de réconciliation


    Avec l'autorisation de Louis XVI, Besenval avait donc une nouvelle fois quitté Paris, mais reconnu en la bonne ville de Villegruis près de Provins, il s'était fait de nouveau arrêter, un peu brutalement, par des citoyens pleins de rancœur. Certains de ces faquins envisagèrent même de le lyncher !

Arrestation de Besenval


    Le grand Necker fut donc obligé d'intervenir une nouvelle fois pour sauver son infortuné compatriote. Mais Besenval fut malgré tout emprisonné un certain temps, au château de Brie-Comte-Robert avant d'être déféré devant le tribunal du Châtelet pour crime de lèse-nation. 

    Il était en effet accusé d'avoir voulu assiéger Paris et d'avoir médité l'incendie de la ville et le massacre de ses habitants. Fort heureusement, grâce à une efficace plaidoirie de Monsieur De Sèze, le bienheureux Besenval (bien évidemment "innocent" de ces accusations calomnieuses et absurdes) sera acquitté. 

    Comment aurait-on pu condamner un homme protégé par le roi, qui de plus n'avait fait qu'obéir aux ordres de celui-ci ?

    La Famille royale se fera d'ailleurs beaucoup de souci pour cet ancien courtisan de la reine. Madame Elisabeth, sœur du roi dira : "j’espère qu’il ne lui arrivera rien de fâcheux".

Source : https://archives.seine-et-marne.fr/fr/actualites/une-lettre-princiere-de-1789


Un homme frappé par une maladie rare en ces temps de disette.

    Les historiens royalistes, connus pour leur très grande sensibilité, nous apprendront que la santé de ce malheureux persécuté s'altéra durant son emprisonnement. Ils nous précisent même, sans rire, qu'un médecin, bien évidemment charlatan, aurait été cause de son décès, pour lui avoir prescrit un régime de truffes, de pâtés et de jambon qui acheva de le tuer. Gageons qu'il aurait survécu s'il s'était contenté du régime des autres prisonniers (eau et pains sec).

    Ce fier militaire, si détesté des Parisiens qu'il avait coutume de molester un peu, était malgré tout adoré de tous ceux que pouvait l'approcher.

Dans son journal, le Marquis de Bombelles apporte se touchant témoignage :

"Il s'était tellement fait aimer de la milice bourgeoise qui le gardait à Brie Comte Robert que, lorsqu'il en est parti pour être conduit à Paris, chacun de ses gardiens, en le remettant dans les mains d'autres, a voulu obtenir d'en être embrassé, ce qu'il a fait avec la grâce qu'il eut toujours et la gaieté d'un homme bien tranquille sur le jugement qu'on doit porter à sa conduite. En prolongeant la captivité de ce malheureux homme, ses ennemis savourent davantage leur vengeance et reculent tant qu'ils peuvent l'époque où, faute de preuves, faute d'un chef d'accusation tant soit peu raisonnable, il faudra remettre en liberté un brave militaire dont on n'eût jamais dû punir l'obéissance à des ordres légitimes."


Des Suisses répressifs.

    Si vous souhaitez en apprendre plus sur la fonction répressive des troupes suisses à Paris et découvrir qui était vraiment Besenval, je vous conseille vivement la lecture de ce texte de Alain-Jacques Czouz-Tornare :"Les troupes Suisses à Paris et la révolution 1789 – 1792".

Il est extrait d'un livre présenté par l'illustre Michel Vovelle. 

Cliquez sur l'image ci-dessous pour accéder au texte complet :



Concernant le fameux Besenval, je ne puis résister à l'envie de vous donner à lire cet extrait savoureux :

Le comte de la Marck, précieux relais de Mirabeau auprès de la Cour, a gratifié le suisse Besenval d’un portrait peu flatteur lui aussi :

"Il n’avait pas l’ambition d’occuper une grande place, il n’aurait pas voulu être ministre. Lieutenant-Colonel des gardes suisses, son seul désir était d’en devenir colonel après la mort du comte d’Affry. Mais tout en ne se souciant pas d’être ministre, il voulait se mêler d’en faire, afin d’avoir sur eux beaucoup d’influence. En tout il s’amusait de l’intrigue".

Toujours selon le même observateur, Besenval était parvenu à s’emparer de l’esprit du comte d’Artois, colonel-général des Suisses et Grisons ; ainsi disposait-il par le moyen du prince, de tout ce qui tenait aux régiments suisses.

Ce proche de Marie-Antoinette qui lui avait servi en avril 1779 de garde-malade durant sa rougeole, l’assidu compagnon de plaisir du comte d’Artois, ce Suisse catholique, franchement athée et franc-maçon, se transforma à la veille de la Révolution en défenseur d’une tradition contre laquelle toute sa vie témoignait. Gouverneur militaire de Paris, il ne fut l’homme de la situation qu’en ce qu’il incarnait toutes les tares de l’Ancien régime. (C'est moi qui souligne) 😉

"Il n’est bon qu’à être suisse à la porte de Cythère" disait de lui une dame honorable, tandis qu’un pamphlet en faisait, à la Cour, le Suisse de la porte du Palais des plaisirs de la Reine.


Alors ? Besenval ? Héros ou crapule ? Ni l'un ni l'autre, juste le produit de son milieu et de cette époque décadente.


Petit cadeau !


    Si vous voulez vous détendre un peu en lisant quelques pages d'histoire de France pour les enfants, je vous conseille de consulter ce site spécialisé en ANTOINETTHOLOGIE (Je ne plaisante pas)

Vous y découvrirez une plaisante biographie de Besenval, beaucoup plus bienveillante que la mienne.

Cliquez sur l'image ci-dessous. C'est du lourd !



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Bien cordialement
Bertrand