jeudi 20 août 2020

20 Août 1789 : Les esclavagistes fondent le club Massiac à Paris

    Dans un autre article pour ce même jour du 20 août 1789, je vous ai parlé de l’histoire, disons "pittoresque", en évoquant l’exposition du tableau de David.

    Je dois prendre garde à ne pas tomber dans ce travers, raison pour laquelle j’ajoute cet article qui traite du côté sombre de l’histoire. Car le 20 août 1789, c’est aussi le jour de la création du club Massiac, celui des colons esclavagistes, qui entendent bien peser à l’Assemblée, surtout à présent que celle-ci travaille sur la Déclaration des Droits de l’Homme.

    Sachez que 15 % des députés de l’Assemblée nationale ont des propriétés dans les colonies et qu’un nombre encore plus grand a des intérêts dans le commerce colonial.

Louis Marthe de Gouy d'Arsy
    Ce club Massiac aura pour principaux chefs Gouy d’Arsy et Moreau de Saint-Méry. Ses membres se constitueront en groupe de pression et répandront leurs idées au moyen de pamphlets, mémoires, lettres jusqu’en 1791. Ils s’opposeront violemment à la Société des Amis des Noirs créée le 19 février 1788 (Condorcet, La Fayette, Brissot…) qui milite pour l’abolition de la traite. Nous serons amenés à reparler d’eux.


    J’ai trouvé nombre d'infos sur les colonies et l’esclavage dans un document passionnant découvert sur une page de l’Institut d’Histoire de la Révolution Française.

Cliquez sur l’image ci-dessous pour y accéder :


Voici un extrait de ce document qui évoque la création du club Massiac :


    « Ce 20 août 1789, à l’initiative du marquis Mordant de Massiac, la société de correspondance des colons français est créée. Elle sera plus connue sous le nom de Club de Massiac. Les membres de ce club sont davantage des propriétaires résidant en France, dont le patrimoine repose à la fois sur des plantations coloniales et sur des seigneuries métropolitaines. Ils sont souvent impliqués dans le négoce. Ils sont par conséquent favorables au maintien de l’esclavage.

Hostiles à la représentation des colonies à l’Assemblée, ils craignent que les débats publics ne fassent la lumière sur les réalités coloniales et ne provoquent une législation remettant en cause le système esclavagiste. Afin d’échapper aux effets de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, alors en discussion à la fin du mois d’août 1789, le Club de Massiac avance l’idée d’une constitution spécifique des colonies.

L’arrêté fondateur du club du 23 août 1789, précisera que l’Assemblée constituante ne devrait sous aucun prétexte pouvoir influer sur les affaires de Saint-Domingue.

Le Club de Massiac souhaite la mise en place d’assemblées coloniales dotées d’attributions fortes. Les grands planteurs redoutent les « hésitations » ou de l’autoritarisme des administrateurs nommés par le pouvoir central qu’ils qualifient d’agents du « despotisme ministériel. »

Dès le 27 août 1789, le Club de Massiac fera connaître son existence aux différentes chambres de commerce des grands ports du royaume. Le club encouragera alors les négociants et propriétaires de plantation à se grouper en association dans le but de réclamer au secrétaire d’état à la Marine et aux Colonies, la création d’une assemblée coloniale et de plusieurs assemblées provinciales visant à rendre Saint-Domingue plus autonome. »

Toujours extrait du même document, voici ce texte qui décrit avec détail, la situation des colonies françaises en 1789 :

 « En 1789, le roi de France exerce son autorité sur des établissements coloniaux qui se caractérisent par une production de denrées essentiellement assurées par des esclaves. Par ordre d’importance de la population, ces colonies esclavagistes sont : la partie française de Saint-Domingue (actuel Haïti), la Martinique, la Guadeloupe et ses dépendances (Marie-Galante, partie française de Saint-Martin, Île de la Désirade, les Saintes), l’Île Bourbon (Île de la Réunion), l’Île de France (Île Maurice) et ses dépendances (Île Rodrigue et Seychelles), la Guyane, Sainte-Lucie, Tobago.

Tous ces établissements coloniaux se caractérisent par l’exportation vers l’Europe de denrées (sucre, café, indigo, coton, cacao) produites par des esclaves d’ascendance africaine. Ce commerce doit se faire exclusivement sur des navires français par des négociants du royaume de France : c’est l’Exclusif. L’espace colonial français est également formé par des comptoirs de pêche (Saint-Pierre et Miquelon), de traite négrière (îles de Gorée et de Saint-Louis du Sénégal), de commerce avec l’Inde (Pondichéry, Chandernagor, Mahé, Yanaon, Karikal).

Le commerce colonial français est à son apogée au début de la Révolution. La traite négrière française atteint alors son paroxysme avec plus de 54 000 captifs embarqués sur des négriers français en 1790. Dans la période 1786-1790, les négociants français contribuent à environ 40 % de la traite européenne, dépassant les armateurs négriers portugais et britanniques. Les denrées coloniales et produits du commerce colonial (textiles d’Inde, épices, porcelaine...) représentent en valeur 38 % des importations du royaume de France en 1787. Ces denrées sont pour une bonne part, réexportées et forment 33 % des exportations du royaume de France, soit autant que les produits manufacturés. »

Source : https://journals.openedition.org/lrf/1403

 

Afin de ne pas rester sur une note trop sinistre, je vous offre l'estampe ci-dessous probablement éditée par la société des amis des noirs.

Tout est dit dans sa légende : 

"Les mortels sont égaux, ce n'est pas la naissance,
c'est la vertu qui fait la différence"

 Les mortels sont égaux, ce n'est pas la naissance, c'est la vertu qui fait la différence



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand