Article mis à jour le 9 août 2023.
C’est sous la présidence de Monsieur Chapelier que s’ouvre ce dimanche 9 août 1789, la séance de l’Assemblée nationale.
Le président annonce que la délibération de ce jour portera
sur la forme de l’emprunt décrétée la veille. Il s’agit du fameux emprunt de 30
millions, demandé par Necker, qui se faisant, reprend la politique d’emprunt
qu’il menait déjà avant la révolution.
On constate dans les échanges qu’une proposition a été faite, d’engager les biens du clergé comme une hypothèque de cet emprunt, ce que le président juge absolument inadmissible. Mais inadmissible seulement pour le présent emprunt, car comme le dit le président : « Ce serait décider une grande question avant de l’avoir discutée ». Nous verrons bientôt comment elle sera « discutée »...
Balthazar Joseph d'André |
« 1° Cet état porte 120.000 livres par mois, pour les arrérages (les arriérés) d’un emprunt fait pour payer les dettes d’un prince du sang. Ce n’est point à la nation à payer cette dette ; d’ailleurs, ce prince du sang s’est retiré dans ses terres ; il va vivre d’économies, et il payera lui-même ses dettes
2° Qu’importe à ma province que l’on construise le pont de Louis XVI ? Elle ne doit aucun impôt à cet égard ;
3° Le payement des murs pour la clôture de la ville de Paris, invention des financiers qui tourne à leur profit. »
Étonnant, non ? Le contenu de cet emprunt n'est-il pas effectivement censé être destiné à
rembourser les dettes du pays. Pourquoi s'en servir pour payer les dettes d'un prince de sang ? J'aime bien ce Monsieur André. J'ai ajouté dans
les illustrations jointes la gravure le représentant.
Mirabeau réclamera le payement des murs, sous prétextes
qu’ils sont faits et qu’ils ont été réalisés par des ouvriers de sa province du
Limousin. (Le connaissant, on est en droit de se demander de combien fut sa commission.)
Le décret voté sera le suivant :
«L'Assemblée nationale, informée des besoins urgents de l'Etat, décrète un emprunt de 30 millions aux conditions suivantes :
«Art. Ier. L'intérêt sera à quatre et demi pour cent, sans aucune retenue.
«II. La jouissance de l'intérêt appartiendra aux prêteurs, à commencer du jour auquel ils auront porté leurs deniers.
«III. Le premier payement des intérêts se fera le 1er janvier 1790, et les autres payements se feront ensuite, tous les six mois, par l'administrateur du trésor public.
«IV. Il sera délivré à chaque prêteur, des quittances de finances, sous son nom, avec promesse de passer contrat, conformément au modèle ci-après.
«V. Aucune quittance ne pourra être passée au-dessous de 1,000 livres. »
(Source : https://www.persee.fr/.../arcpa_0000-0000_1875_num_8_1...)
Dans la version précédente, l’intérêt avait été envisagé à
5% avec retenue. Mais Monsieur le Vicomte de Noailles fera sentir l’incertitude
qu’entraîne avec lui le mot "retenue", et que cette incertitude
pourrait éloigner beaucoup de capitalistes.
Un dernier détail qui vous "amusera" peut-être. Tout ministre des
Finances qu’il fut, Monsieur Necker était aussi un banquier. Sa banque prêtera
donc, et de mauvaises langues affirment que cela lui rapporta 4 millions d'intérêts…
Vous verrez dans les estampes jointes, que Necker était encore
considéré comme un véritable sauveur, sauf la dernière sur laquelle on le
voit représenté comme un joueur de bonneteau (un jeu d'argent), abusant de la
"simplicité" de Louis XVI.
Voici une estampe du pont Louis XVI dont
il est question dans le débat sur l'emprunt. On le connait de nos jours sous le
nom du pont de la Concorde.
Pont Louis XVI (Actuel pont de la Concorde) |
Et voici quelques estampes et gravures à la gloire du grand Necker ! Je vous assure qu'il y en a beaucoup d'autres !
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Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand