vendredi 13 novembre 2020

13 Novembre 1789 : Le comte Clermont-d'Estraibes aimerait bien limiter le droit de porter des armes.

Le pistolet du Citoyen Basset.
Un "Kentucky" modèle 1760 de la guerre d'indépendance américaine.

Clermont d'Estraibes

    Même si Mirabeau a expliqué le 18 août 1789 que le droit de porter des armes pour tous les citoyens était tellement évident, qu'il n'était pas nécessaire de l'ajouter dans la constitution en cours de rédaction, certains s'inquiètent, de voir tant de gens porter des armes et souhaiterait en réserver le droit aux seuls propriétaires...

    Cette annexe au procès-verbal de la séance du 13 Novembre 1789, dans laquelle figurent les motions du comte de Clairmont-d’Estraibes, d'Hust et du Saint-Empire, seigneur d'Inchy, de Beaumont, de Peruez et d'Avranville, témoigne de l’inquiétude de ce gentilhomme.

    Cet ardent défenseur de la noblesse et de l’ancien régime demandera son congé de l’Assemblée constituante le 13 Janvier 1791 et finira par émigrer en 1793.

    Concernant le port d'arme, je me permets de vous renvoyer à l’intervention de Mirabeau du 18 Août 1789, sur le droit évident pour tout citoyen de posséder des armes...

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1878_num_10_1_3823_t1_0045_0000_7

Pistolet à silex du 18ème siècle

Motions de M. le comte de Clermont-d'Esclaibes relatives au port d'armes, lors de la séance du 13 novembre 1789.

Observations et motions de M. le comte de Clermont-d'Esclaibes, député de Chaumont-en-Bassigny, relatives au port d'armes. (Distribuées le 13 novembre 1789.)

Député du bailliage de Chaumont-en-Bassigny, j'ai l'honneur d'observer à l'Assemblée nationale : 

1° Que cette partie de la Champagne est couverte de forêts qui servent d'aliment à quantité de forges, fourneaux, clouteries et autres usines à feu ;

2° Que les nombreux ouvriers occupés à l'exploitation des bois et à la fabrication des fers, sont, les uns venus de provinces éloignées, la plupart sans domicile fixe, et presque tous sans aucune propriété foncière ;

3° Que d'une part on les voit, depuis la suppression du droit de chasse, empressés à se pour¬ voir d'armes à feu, et de l'autre, à la veille de tomber dans le désœuvrement, puisque Paris a fermé le principal débouché où se portaient les produits de leur industrie ;

4° Que les réflexions à faire sur le danger de laisser armés une multitude de bras oisifs et qui portent tout avec eux sont applicables, sans doute, à plusieurs autres parties du royaume ;

5° Qu’enfin le prétendu droit de tout homme libre à porter des armes, disparaît devant celui de la société, qui pour sa propre conservation, peut exiger une garantie de ceux à qui elle confie cette force artificielle.

En conséquence, je propose à l'Assemblée de décréter qu'aucun habitant des campagnes ne pourra porter ou garder chez lui une arme à feu, s'il n'est propriétaire ou fermier d'une étendue de sol suffisante à l'occupation d'une charrue.

Nota. Il y a plus de six semaines que cette motion a été mise sur le bureau : M. le président m'a observé qu'elle n'était point dans l'ordre du jour, et je n'ai pas cru devoir insister.

Les motions sont restées sans suite. 

Les inquiétudes du comte ont dû s'accroitre, lorsque parurent l'année suivante ces estampes évoquant la chasse aux aristocrates...







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Bertrand