dimanche 22 novembre 2020

22 Novembre 1789 : La Manufacture royale d'Aubusson ouvre un entrepôt rue Saint-Martin

Tapisserie de la Manufacture d'Aubusson
Carton J.B. Huet, vers 1786

Page de publicité.

Oyez, oyez braves gens !

    "Les sieurs Chassaigne, père & fils, ont établi à Paris, rue Saint-Martin, n°107, en face de celle aux Ours, un Entrepôt de tous les objets qu'ils font fabriquer dans la Manufacture royale d'Aubusson, comme tapis veloutés & ras, dans toutes sortes de proportions, tapisseries, garnitures de fauteuils de diverses couleurs & quantités, cantonnières, carapaçons, &c, &c. Ils font exécuter avec soin toutes les commissions dont on les charge, sur les mesures & dessins que l'on désire, à prix de fabrique."

Lisez cet encart dans le Journal de Paris :

Source : Supplément au N°326 du Journal de Paris

La mystérieuse rue aux Ours.

    Comment ? Vous ne savez pas où se trouve la rue Saint-Martin ? Vous êtes seulement de passage à Paris ? Peu importe, je vous explique. Depuis le Pont Notre-Dame, prenez tout droit jusqu'à l'église Saint Merri, la rue Saint-Martin commence ici et continue tout droit jusqu'à la Porte Saint-Martin. Regardez ci-dessous l'extrait du plan de Bretez. J'ai même entouré en rouge l'emplacement de l'entrepôt des sieurs Chassaigne, père & fils !


Vous ne connaissez pas ce magnifique plan de Paris ? Alors, cliquez ici : Plan de Bretez dit de Turbot.

    Tant que vous y serez, vous pourrez faire vos courses dans la rue aux Ours, juste en face. Cette rue est célèbre pour ses rôtisseries de volailles. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle s'appelle ainsi, car "ours" est une altération de l'ancien mot "oues", c'est-à-dire "oies".

    Pourquoi ai-je titré ce paragraphe la mystérieuse rue aux Ours ? Eh bien apprenez braves gens, qu'il y a eu un miracle dans cette rue ! Sur l'une des maisons de cette rue volaillère, avait été placée derrière une grille de fer, une statue de la Vierge Marie, "Notre Dame de la Carole". 

Celle-ci se trouve à Aix-en-Provence.
Voir cet article sur les Saintes Vierges.

    Durant l'été de 1418 (cela ne nous rajeunit pas), plus exactement le 3 juillet 1418, un garde suisse, probablement ivre (des cabarets étaient proches), aurait frappé la statue de la vierge d'un coup de son sabre, et là, miracle, la statue se serait mise à saigner ! Cet Helvète alcoolique fut aussitôt arrêté, "jugé", et bien sûr condamné à mort.

Garde suisse du roi en 1481
J'attire votre attention sur son drapeau
qui pourrait être l'un des drapeaux
 de la garde nationale de 1789 !

    L’affaire marqua le quartier et l'on représenta la scène sur un des vitraux de l’église de Saint Martin des Champs qui est devenue notre actuel Conservatoire National des Arts et Métiers, fondé durant la Révolution par l'Abbé Grégoire !

L'Abbé Grégoire peint par le grapheur C215,
à l'entrée du CNAM

    À la suite de cet extraordinaire miracle, durant de nombreuses années, les habitants vinrent allumer un feu d’artifice devant la statue tous les 3 juillets. Lors de cette célébration, ils s'amusaient à brûler une effigie du garde suisse alcoolique et impie. Sous Louis XV, les gardes suisses firent pression pour que le mannequin brûlé ne porta plus les couleurs de leur uniforme. Cette pratique prit fin pendant la Révolution...

La manufacture d'Aubusson.

    Il existe toujours à Aubusson une manufacture, héritière des manufactures élevées au rang de Manufactures Royales par Colbert en 1664. Vous pouvez la découvrir en cliquant sur l'image ci-dessous :





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Bertrand