Redécouvrez la Révolution française, avec cette étonnante chronologie commentée, illustrée de nombreuses gravures de l'époque.
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Plus grande que nature, cette vue représente l'ouverture des Etats Généraux dessinée par Charles Monnet.
Un évènement exceptionnel.
Ce 5 Mai 1789, se déroule la séance solennelle d’ouverture
des États Généraux. Rappelons que les trois États du Royaume ont été convoqués
par le Roi le 5 juillet 1788 et que les États Généraux n’ont pas été réunis
depuis 1614.
Pourquoi les Etats Généraux ?
Le Roi a convoqué les États Généraux car il se trouve depuis déjà plusieurs années dans l’impossibilité de faire réaliser des réformes fiscales par ses différents ministres des finances. Deux Assemblées des Notables ont déjà eu lieu pour tenter de résoudre le problème, en 1787 et en 1788. Les deux ont échoué. Les Parlements ont également refusé de voter toutes les tentatives de réformes fiscales.
Le but de ces États Généraux est d’amener les différents participants à consentir à un nouvel impôt. (Mais bien rien ne se passera comme prévu…)
Cérémonial.
Conformément à la proclamation du Roi, les députés se sont rendus
en costume à la salle des États (1), vers neuf heures du matin. Néanmoins, ils
ne sont entrés qu'à mesure qu'ils étaient appelés par les hérauts d'armes, et
un maître des cérémonies indiquait à chacun la place qu'il devait occuper
suivant l'ordre auquel il appartenait et le rang de sou bailliage , d'après le
règlement de 1614.
Tous les députés n'ont été placés que vers les midi moins un
quart. On leur avait préparé des banquettes disposées dans une forme
semi-elliptique, dont l'estrade sur laquelle s'élevait le trône faisait le
diamètre.
Les députés du clergé occupèrent la droite des banquettes situées
le pins près du trône, ceux de la noblesse, la gauche ; ceux des communes
étaient placés à la suite de ces deux premiers ordres.
Vers les une heure, les hérauts d'armes annoncèrent l'arrivée du
Roi. Aussitôt, tous les députés se lèvent, et des cris de joie retentissent de
toutes paris.
Bientôt le Roi paraît ; les applaudissements les plus vifs se font
entendre, accompagnés des cris de vive le Roi ! Sa Majesté monte sur son trône.
On remarque que ses regards se promènent avec un air de satisfaction sur la
réunion imposante des députés du royaume. La reine se place à côté de lui, hors
du dais, sur un fauteuil inférieur au trône. La famille royale entoure le Roi ;
les princes, les ministres, les pairs du royaume sont placés un peu plus bas,
et le surplus du cortège du monarque couvre les degrés de l'estrade.
M. le marquis de Brézé, grand maître des cérémonies, annonce du
geste que le Roi va parler. Le silence le plus
profond succède aux acclamations qui se faisaient entendre.
(1) On avait
préparé sous le nom de Salle des Trois Ordres, la salle dite des Moins, située
en dehors du château. — Elle pouvait contenir les douze cents députés et de
nombreux spectateurs.
Gravure de Philippe-Joseph Maillart Le roi, entouré de la reine et des princes du sang, trône au fond de la salle (à gauche) sous un dais majestueux. Les députés siègent autour, sur plusieurs rangs.
Attention aux images !
Contrairement à la célèbre gravure en titre, illustrant généralement l’événement, la salle provisoire à colonnes qui a été érigée derrière les Menus-Plaisirs de l'avenue de Paris à Versailles, était très petite !
Plan des salles de réunion des Etats Généraux à l'hôtel des Menus Plaisirs, à Versailles :
Louis XVI va ouvrir la séance par un discours dans
lequel il rappelle les circonstances qui l’ont conduit à cette convocation et
ce qu’il attend des États Généraux. Il va se déclarer « le premier ami de ses
peuples ».
Suivront les discours du garde des sceaux Charles de Paule de Barentin(hostile à cette convocation), qui incitera les députés à refuser les innovations dangereuses ; Puis du ministre des finances, Necker, qui évoquera la situation
économique du royaume (qui est déplorable).
Selon Necker (optimiste), de nouveaux impôts suffiront
à combler le déficit budgétaire de 56 millions.
Discours du roi (daté du 4 Mai)
Extrait de film
Je vous propose de regarder cette vidéo extraite du célèbre
film réalisé par Robert Enrico et Richard T. Heffron, sorti en octobre 1989, à l’occasion de l’anniversaire du bicentenaire
de la Révolution Française. On y voit un Louis XVI parlant d’amour et de paix,
une Marie Antoinette qui s’endort, le 1er Dauphin, Louis Joseph, très malade qui mourra
le 4 juin suivant, un Camille Desmoulins faisant un coucou à son ami Robespierre député
du Tiers Etat de la ville d’Arras, un Necker soucieux et ennuyeux, et l'Assemblée du Tiers Etat aussi ennuyée que mécontente...
Texte du discours de Louis XVI
Sa Majesté s'exprime en ces termes
:
«Messieurs, ce jour que mon cœur attendait depuis longtemps est enfin arrivé,
et je me vois entouré des représentants de la nation à laquelle je me fais
gloire de commander.
«Un long intervalle s'était écoulé
depuis les dernières tenues des Etats généraux, et quoique la convocation de
ces Assemblées parût être tombée en désuétude, je n'ai pas balancé à rétablir
un usage dont le royaume peut tirer une nouvelle force, et qui peut ouvrir à la
nation une nouvelle source do bonheur.
«La dette de l'État, déjà immense à
mon avènement au trône, s'est encore accrue sous mon règne ; une guerre
dispendieuse mais honorable en a été la cause ; l'augmentation des impôts en a
été la suite nécessaire, et a rendu plus sensible leur inégale répartition.
«Une inquiétude générale, un désir
exagéré d'innovations se sont emparés des esprits et fini¬ raient par égarer
totalement les opinions, si on ne se hâtait de les fixer par une réunion d'avis
sages et modérés.
«C'est dans cette confiance,
Messieurs, que je vous ai rassemblés, et je vois avec sensibilité qu'elle a
déjà été justifiée par les dispositions que les deux premiers ordres ont
montrées à renoncer à leurs privilèges pécuniaires. L'espérance que j'ai conçue
de voir tous les ordres, réunis de sentiments, concourir avec moi au bien
général de l'État, ne sera point trompée.
«J'ai déjà ordonné dans les
dépenses des retranchements considérables. Vous me présenterez encore à cet
égard des idées que je recevrai avec empressement ; mais malgré la ressource
que peut offrir l'économie la plus sévère, je crains, Messieurs, de ne pouvoir
soulager mes sujets aussi promptement que je le désirerais. Je ferai mettre
sous vos yeux la situation exacte des finances, et quand vous l'aurez examinée,
je suis assuré d'avance que vous me proposerez les moyens les plus efficaces
pour y établir un ordre permanent, et affermir le crédit" public. Ce grand
et salutaire ouvrage, qui assurera le bonheur du royaume au dedans et sa
considération au dehors, vous occupera essentiellement.
«Les esprits sont dans l'agitation
; mais une Assemblée des représentants de la nation n'écoutera sans doute que
les conseils de la sagesse et de la prudence. Vous aurez jugé vous-mêmes.
Messieurs, qu'on s'en est écarté dans plusieurs occasions récentes ; mais
l'esprit dominant de vos délibérations répondra aux sentiments d'une nation
généreuse, et dont l'amour pour ses rois a toujours fait le caractère
distinctif ; j'éloignerai tout autre souvenir.
«Je connais l'autorité et la
puissance d'un roi juste au milieu d'un peuple fidèle et attaché de tout temps
aux principes de la monarchie : ils ont fait la gloire et l'éclat de la France
; je dois en être le soutien et je le serai constamment.
«Mais tout ce qu'on peut attendre
du plus tendre intérêt au bonheur public, tout ce qu'on peut demander à un
souverain, le premier ami de ses peuples, vous pouvez, vous devez l'espérer de
mes sentiments.
«Puisse, Messieurs, un heureux
accord régner dans cette Assemblée, et cette époque devenir à jamais mémorable
pour le bonheur et la prospérité du royaume ! c'est le souhait de mon cœur,
c'est le plus ardent de mes vœux, c'est enfin le prix que j'attends de la
droiture de mes intentions et de mon amour pour mes peuples.
«Mon garde des sceaux va vous
expliquer plus amplement mes intentions, et j'ai ordonné au directeur général
des finances de vous en exposer l'état. »
4 Mai 1789, Procession des députés des Etats Généraux au sortir de Notre Dame.
La dernière grande cérémonie de l'Ancien Régime...
J'ai trouvé le texte suivant sur le site du Château de Versailles. Il convient parfaitement pour commenter les illustrations relatives à cet événement, que je vous propose.
"Le 4 mai 1789, a lieu à Versailles la dernière grande
cérémonie d’Ancien Régime : la procession des États Généraux. 1 200 députés,
venus de toute la France, sont assemblés pour cette première journée. Vêtus de
noir et couverts d’un manteau noir et or, les députés du tiers état sont les
plus nombreux. Tous tiennent un cierge à la main, sauf les porteurs de
bannières et les Fauconniers du Roi. Le roi est, lui, en habit et manteau de
drap d’or, entouré des Grands officiers de la Couronne. Il porte sur son chapeau le
Régent, le plus gros diamant d’alors. La reine porte une robe d’or et d’argent.
Le roi est acclamé, pas elle. La procession, partie de Notre-Dame, traverse la
place d’Armes et arrive à l’église Saint-Louis. Monseigneur de La Fare,
évêque de Nancy, y prononce en chaire un célèbre discours fustigeant le luxe de
la Cour. Pour la première fois, un évêque est applaudi dans une église."
Vue de la procession des Etats Généraux à Versailles le 4 Mai 1789.
Louis XVI accompagné de la Justice et de l'Economie consulte les Etats du Royaume sur les moyens de réaliser ses généreuses intentions.
Comment ont été élus les députés.
Les députés des ordres privilégiés sont généralement élus au suffrage direct ; ceux du tiers état par un scrutin indirect, à deux degrés. Pour participer à l'élection des délégués, qui élisent ensuite les députés du tiers, il fallait avoir plus de 25 ans et payer l'impôt, sans qu'aucun montant minimum soit exigé. En tout, les trois ordres comptent 1196 députés, dont 598 issus du tiers état, 308 députés du clergé et 290 députés de la noblesse.
Vue de la procession des Etats Généraux à Versailles, le 4 Mai 1789
J'ai découvert ces trois excellentes vidéos, réalisées par la Société des Etudes Robespierristes, que je juge utile de vous faire découvrir.
La première porte de la convocation des Etats généraux, la seconde traite de la rédaction des cahiers de doléances à travers tout le pays et la troisième décrit l'ouverture des Etats Généraux.
La convocation des Etats Généraux
Par Madame Gaïd Andro, maîtresse de conférences à l'Université de Nantes.
Les cahiers de doléances de 1789
Par Monsieur Pierre Serna, professeur d'histoire moderne à l'Université Paris 1-Panthéon Sorbonne.
L'ouverture des Etats Généraux
Par Madame Solenn Mabo, Maitresse de conférences en histoire moderne à l'université Rennes 2.