Le roi a fait joindre cette carte à la convocation adressée aux délégués des trois ordres le 24 janvier 1789. C’est une bien étrange carte si l’on y regarde bien. La vidéo ci-dessous vous explique pourquoi, ainsi que le texte qui lui succède.
Source texte, image et vidéo : https://histoire-image.org/etudes/carte-france-1789
Contexte historique
Auteur : Cécile Souchon.
Une organisation
administrative désuète
Événement oublié
depuis 1614, la réunion des états généraux (organisée pour trouver de l’argent)
est annoncée pour le 5 mai 1789 à Versailles. Le roi a fait joindre cette carte
à la convocation adressée aux délégués des trois ordres le 24 janvier 1789.
Sans utilité géographique, elle porte, sous des couleurs qui en facilitent la
lecture, les subdivisions administratives du royaume, rassemblant dans le
ressort des généralités familier aux sujets d’alors, les découpages désuets
(bailliages, prévôtés) hérités du passé.
La carte de France de 1789
Cette carte gravée rapidement, de petites dimensions (23 cm
x 18 dans un cadre orné de 29 cm x 24), est placée sous l’égide de la couronne
et des fleurs de lis royales. Elle est construite dans un cadre gradué en
degrés, sur le canevas des parallèles et des méridiens organisés relativement à
celui de l’Observatoire de Paris, suivant les indications de l’Académie des
sciences : on est au siècle des Lumières. Elle porte nombre de renseignements,
mais pas toujours ceux que l’on attend d’une carte aujourd’hui : sur l’image
elle-même, espace réduit, les seuls noms des généralités écrits en tous sens,
les principales villes (dont Paris mais pas Versailles), aucune rivière, aucune
route, des chaînes de montagnes, Pyrénées et Alpes, en taupinières ; hors
carte, à droite, une publicité pour la grande carte administrative de France
vendue 3 livres chez le même éditeur, l’échelle dans un cartouche (env. 1/6 000
000), la liste des villes administratives trop nombreuses des zones frontières
du nord et de l’est, et à gauche, un portrait anonyme du ministre Jacques
Necker en médaillon, souligné de quatre vers.
L’éditeur, Louis-Charles Desnos, tient deux boutiques (au Globe et à l’Image
Saint-Séverin) rue Saint-Jacques, artère de Paris spécialisée dans le commerce
des cartes et instruments scientifiques. Sa production connue (atlas
historiques et ecclésiastiques, guides) montre son intérêt pour la géographie
historique de la France.
Necker, l’homme providentiel
Les vers de Pierre Louis Moline (1740-1820) à l’éloge du
financier Necker (1732-1804), Premier ministre qui a volé la vedette à Louis
XVI, constituent une clé pour comprendre ce document. Leurs allusions à Colbert
(grand administrateur, objet d’un Eloge de Necker couronné par l’Académie
française en 1773 !),à Euclide (grand mathématicien grec réputé « éminemment
utile pour la résolution des problèmes les plus compliqués »), à Minerve
(déesse pleine de force, d’astuce et de sagesse) et Sully (grand ministre d’un
roi admiré) constituent le programme même assigné aux états généraux par
l’opinion publique inquiète : le royaume a besoin d’une bonne administration,
d’une solution à ses problèmes, de force et de discernement ; Necker a droit à
la reconnaissance de tous les députés du pays, lui qui a poussé à la réunion
des états généraux ainsi qu’au doublement du nombre des délégués du tiers état.
L’expérience avortée des assemblées provinciales créées en 1787 à son
initiative, trop courte pour avoir dépassé l’inventaire des problèmes du
royaume, est encore dans toutes les mémoires : Necker a de la suite dans les
idées, et ses idées, filles de l’Intelligence, sont dans la suite de celles des
plus grands administrateurs du pays.
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Bien cordialement
Bertrand