Intrépidité d'un jeune homme de 20 ans, près d'Orléans (Source Paris Musées) |
L’hiver 1788-1789 a été terrible. La France a connu une vague de froid sans précédent et sans équivalent jusqu'à nos jours ! La vague de froid a commencé le mardi 25 novembre 1788 et s’est terminé le 17 janvier 1789.
Le 31 décembre 1788, on a relevé -21.8° à Paris et -31° à Mulhouse. Le mois de décembre 1788 a été, tous mois confondus, le mois le plus froid à Paris depuis des siècles et pour des siècles encore ! Dans les derniers jours de décembre 1788, le froid est devenu si fort que la mer elle-même a commencé à geler. Tous les ports de la Manche ont été bloqués, emprisonnant les navires dans une banquise que les marées rendaient chaotique sans parvenir à la disloquer. On traversait le port d'Ostende à pied, et même à cheval. Dans les campagnes, le sol a gelé jusqu'à 50 cm de profondeur et l'eau gelait aussi au plus profond des puits.
Photo de la Seine gelé à Paris en 1880 |
La débâcle
Tous les fleuves et rivières ont été pris par les glaces. A Paris, la Seine a été recouverte de glace 56 jours de suite ! Quand les températures ont commencé de se radoucir, il y a eu alors ce que l’on appelle la débâcle, c’est-à-dire la rupture soudaine de la couche de glace dont les morceaux ont été emportés par le courant.
Les blocs de glaces étaient si gros par endroits qu’ils se sont
amoncelés sur les ponts allant jusqu’à briser tout ou partie de certains.
Ces barrages de glaces ont également fait déborder les fleuves, en particulier
la Loire, causant ainsi la mort de milliers de victimes.
Débâcle de la rivière Saint François au Québec en 1989 |
Témoignage d’un avocat parisien
Dans son courrier en date du 27 Janvier 1789, adressé à son
ami de Province, l’avocat parisien Adrien Joseph Colson écrit ceci :
(…) La débâcle de la Seine a commencé une heure après que la dernière lettre que j’ai eu l’honneur de vous écrire a été mise à la poste. Elle a écrasé, brisé et mis en pièce quantité de bateaux lesquels heureusement n’avaient pas de cargaison. La Marne qui se jette dans la Seine deux lieues au-dessus de Paris n’a débâclé que depuis et je n’ai pas ouï dire qu’elle ait causé des dommages. La nouvelle est arrivé ici ces jours-ci qu’à Orléans, la Loire, arrêtée par des glaçons d’une grandeur et d’une épaisseur énorme qui s’étaient amoncelés, a reflué et s’est élevée à une hauteur extraordinaire et presque jusqu’aux toits des maisons, dans un faubourg et aux environs de cette ville, qu’elle y a détruit beaucoup de maisons, qu’un grand nombre d’habitants qui s’étaient réfugiés sur les toits y ont passé trois jours sans aucune subsistance et que dans ce malheureux événement il est péri 500 et selon d’autres 2000 personnes.
Témoignage d’un curé de Berry
Selon le curé de Menetou-Râtel, dans le Berry, le dégel de la Loire commença
la semaine de l’Epiphanie, c’est-à-dire le 6 janvier 1789 et l’on vit sur la
Loire « … des morceaux de glace larges comme deux boisselées de
terre » - « … de la hauteur de 20 à 25
pieds ».
Source : http://www.archives18.fr/article.php?laref=132&titre=fiche-n-l-annee-1789-a-menetou-ratel-
Articles de presse
Journal de Paris n°24 du 24 Janvier 1789, page 111 : Débâcle et crue de la Loire le 19 Janvier à Orléans.
Journal de Paris, n°25 du 25 Janvier 1789, page 115 : Débâcle du Rhône le 14 Janvier à Lyon.
Journal de Paris n°31 du 31 janvier 1789, page 140 : Débâcle de la Loire des 25 et 26 Janvier à Tours (4 arches du pont effondrées le 26)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand