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mardi 5 mai 2020

5 Mai 1789, Discours du Roi lors de l'ouverture des Etats Généraux (Vidéo)

Plus grande que nature, cette vue représente l'ouverture
des Etats Généraux dessinée par Charles Monnet.

Un évènement exceptionnel.

    Ce 5 Mai 1789, se déroule la séance solennelle d’ouverture des États Généraux. Rappelons que les trois États du Royaume ont été convoqués par le Roi le 5 juillet 1788 et que les États Généraux n’ont pas été réunis depuis 1614.

    Une salle provisoire à colonnes a été érigée derrière les Menus-Plaisirs de l’avenue de Paris, à Versailles. Contrairement à la célèbre gravure illustrant l’événement (et cet article), la salle est minuscule. Le roi, entouré de la reine et des princes du sang, trône au fond de la salle sous un dais majestueux. Les députés siègent autour, sur plusieurs rangs.

Gravure de Philippe-Joseph Maillart

    Louis XVI ouvre la séance par un discours dans lequel il rappelle les circonstances qui l’ont conduit à cette convocation et ce qu’il attend des États Généraux. Il se déclare « le premier ami de ses peuples ». Suivent les discours de Barentin (hostile à cette convocation), le Garde des sceaux, qui incitera les députés à refuser les innovations dangereuses ; Puis de Necker, ministre des Finances, sur la situation économique du royaume (qui est déplorable). Selon Necker, de nouveaux impôts suffiront à combler le déficit budgétaire de 56 millions.

Discours du roi (daté du 4 Mai)

    Le Roi a convoqué les États Généraux car il se trouve depuis déjà plusieurs années dans l’impossibilité de faire réaliser des réformes fiscales par ses différents ministres des finances. Deux Assemblées des Notables ont déjà eu lieu pour tenter de résoudre le problème, en 1787 et en 1788. Les deux ont échoué. Les Parlements refusent également de voter toutes les tentatives de réformes fiscales. Le but de ces États Généraux est d’amener les différents participants à consentir à un nouvel impôt. Mais bien rien ne va se passer comme prévu…

    Je vous propose de regarder cette vidéo extraite du célèbre film réalisé par Robert Enrico et Richard T. Heffron, sorti en octobre 1989, à l’occasion de l’anniversaire du bicentenaire de la Révolution Française. On y voit un Louis XVI parlant d’amour et de paix, une Marie Antoinette qui s’endort, le 1er Dauphin, Louis Joseph, très malade qui mourra le 4 juin suivant, un Camille Desmoulins faisant un coucou à son ami Robespierre député du Tiers Etat de la ville d’Arras, un Necker soucieux et ennuyeux, et l'Assemblée du Tiers Etat aussi ennuyée que mécontente...

Voici la vidéo !


Et voici un plan des salles de réunion des Etats Généraux à l'hôtel des Menus Plaisirs, à Versailles  :

Source : IMAGES D'ART





lundi 4 mai 2020

4 Mai 1789, Ouverture des Etats Généraux

4 Mai 1789, Procession des députés des Etats Généraux au sortir de Notre Dame.

La dernière grande cérémonie de l'Ancien Régime...

    J'ai trouvé le texte suivant sur le site du Château de Versailles. Il convient parfaitement pour commenter les illustrations relatives à cet événement, que je vous propose.

    "Le 4 mai 1789, a lieu à Versailles la dernière grande cérémonie d’Ancien Régime : la procession des États Généraux. 1 200 députés, venus de toute la France, sont assemblés pour cette première journée. Vêtus de noir et couverts d’un manteau noir et or, les députés du tiers état sont les plus nombreux. Tous tiennent un cierge à la main, sauf les porteurs de bannières et les Fauconniers du Roi. Le roi est, lui, en habit et manteau de drap d’or, entouré des Grands officiers de la Couronne. Il porte sur son chapeau le Régent, le plus gros diamant d’alors. La reine porte une robe d’or et d’argent. Le roi est acclamé, pas elle. La procession, partie de Notre-Dame, traverse la place d’Armes et arrive à l’église Saint-Louis. Monseigneur de La Fare, évêque de Nancy, y prononce en chaire un célèbre discours fustigeant le luxe de la Cour. Pour la première fois, un évêque est applaudi dans une église."

Source du texte : chateauversailles.fr

Vue de la procession des Etats Généraux à Versailles le 4 Mai 1789.

Louis XVI accompagné de la Justice et de l'Economie
consulte les Etats du Royaume sur les moyens de réaliser ses généreuses intentions.

 Comment ont été élus les députés. 

    Les députés des ordres privilégiés sont généralement élus au suffrage direct ; ceux du tiers état par un scrutin indirect, à deux degrés. Pour participer à l'élection des délégués, qui élisent ensuite les députés du tiers, il fallait avoir plus de 25 ans et payer l'impôt, sans qu'aucun montant minimum soit exigé. En tout, les trois ordres comptent 1196 députés, dont 598 issus du tiers état, 308 députés du clergé et 290 députés de la noblesse.

Source : https://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/histoire/histoire-de-l-assemblee-nationale/le-temps-de-l-invention-1789-1799



De la convocation à l'ouverture des Etats Généraux (Vidéos)

Vue de la procession des Etats Généraux à Versailles, le 4 Mai 1789

    J'ai découvert ces trois excellentes vidéos, réalisées par la Société des Etudes Robespierristes, que je juge utile de vous faire découvrir.

    La première porte de la convocation des Etats généraux, la seconde traite de la rédaction des cahiers de doléances à travers tout le pays et la troisième décrit l'ouverture des Etats Généraux.

La convocation des Etats Généraux

Par Madame Gaïd Andro, maîtresse de conférences à l'Université de Nantes.



Les cahiers de doléances de 1789
Par Monsieur Pierre Serna, professeur d'histoire moderne à l'Université Paris 1-Panthéon Sorbonne.


L'ouverture des Etats Généraux

Par Madame Solenn Mabo, Maitresse de conférences en histoire moderne à l'université Rennes 2.

mercredi 1 janvier 2020

Via Futura Sciences : Histoire de l'impôt avant la Révolution.

 Article de l'historienne Isabelle Bernier, provenant du site Futura-science.com


    A quoi bon écrire un article sur ce sujet lorsqu'on en trouve un aussi bien rédigé que celui-ci ? Par expérience, je sais que bien souvent, avec le temps, des articles finissent par disparaître de certains sites. Alors, une fois n'est pas coutume, je reproduits ci-dessous cet excellent article de l'historienne Isabelle Bernier sur le site Futura-science.

Source :


Parmi la multitude d’impôts et de taxes ayant existé sous l’Ancien Régime, la taille est certainement l’impôt direct le plus connu et le plus controversé. Cette taxe levée exclusivement par le roi à partir du XVe siècle, ne prend pas la même forme dans tout le royaume mais concerne tout de même plus de 85 % de la population française.

Quand on évoque l'administration fiscale avant la Révolution, il faut imaginer un découpage territorial du royaume correspondant à différents régimes fiscaux.

La répartition de l’impôt sur le territoire 

La taille est un impôt direct dont le montant global, appelé brevet, est fixé chaque année par le Conseil du roi. C'est également au sein du Conseil que se décide la première répartition sur l'ensemble du territoire, entre les « généralités » et les « pays d'états ».

En 1789, il existe vingt-neuf généralités : ce sont des circonscriptions financières confiées aux intendants, commissaires du roi représentant l'État dans les provinces du royaume. Les généralités sont subdivisées en « élections », entités territoriales chargées à leur tour de répartir l'impôt au niveau des paroisses fiscales. Les « généralités » représentent environ 60 % du territoire du royaume.

Les « pays d'états », quant à eux, disposent d'assemblées provinciales (les « états ») de députés des trois ordres (Tiers-État, noblesse, clergé) qui fixent l'impôt et gèrent sa perception, en le répartissant entre les diocèses fiscaux qui le transmettent aux collectes des paroisses. Au XVIIIe siècle, subsistent les « états » suivants : Bretagne, Bourgogne, Languedoc, Provence (tous quatre, appelés grands pays d'états) puis Flandre, Artois, Bresse, Bugey, Dauphiné, ainsi que les petits pays d'états du Sud-Ouest (Béarn, Bigorre).

Enfin, les « pays de libre imposition » sont directement administrés par les intendants et à l'entière disposition du souverain en matière de fiscalité : leur point commun est d'avoir été conquis depuis le règne de Charles IX (roi de 1560 à 1574). Les régions frontalières concernées se situent autour des villes de Lille, Valenciennes, Metz, Nancy, Strasbourg, Besançon, Perpignan et Bastia.

Découpage du territoire français correspondant aux trois régimes fiscaux de la Taille en 1789.

Comment définir la taille ?

Créée en 1439, la taille pourrait être considérée comme un ancêtre de l'impôt sur le revenu. Elle frappe plus de 85 % de la population française : noblesse, clergé et bourgeoisie des villes en sont dispensés. L'unité perceptrice de base est la paroisse : la perception de la taille produit une somme globale qu'il faut faire remonter à la généralité (via l'élection), puis au Trésor royal, grâce aux receveurs généraux. Des « asséeurs », choisis parmi les paroissiens, sont chargés de dresser la liste des imposables et de répartir l'impôt entre les « feux » (foyers fiscaux). Les habitants d'une même paroisse sont solidaires devant l'impôt : si un foyer fiscal fait défaut, c'est l'ensemble de la communauté qui s'engage à régler le montant exigé.

Il existe deux types de taille :

La taille réelle : l'impôt est réglé sur le bien foncier sans appréciation des circonstances personnelles (nombre d'enfants, âge, métier, revenus...) du propriétaire.

La taille personnelle : l'impôt est appliqué sur les revenus de la personne en tenant compte des circonstances personnelles et de toutes ses activités (artisan, marchand, agriculteur, rentier...). Ceci implique des enquêtes approfondies et régulières effectuées par le collecteur de la paroisse (l'asséeur).

Dès le XIVe siècle, en Languedoc, les « compoix » (ancêtres des matrices cadastrales dans les régions de langue occitane) donnent la nature, la surface et la valeur des biens fonciers, pour le prélèvement fiscal. Ils sont révisés régulièrement afin de tenir compte des changements de propriétaires ou des défrichements. La taille réelle s'applique ainsi à tous les pays disposant de compoix, c'est-à-dire Guyenne, Quercy, Languedoc, Provence, Dauphiné, Bourgogne mais aussi Alsace, Flandre et Artois.

Des déséquilibres importants existent entre pays d'élections et pays d'états : les pays d'élections assujettis à la taille personnelle sont les plus imposés. Au niveau des paroisses, la répartition de la taille subit l'appréciation arbitraire des collecteurs, puisque le calcul de l'impôt s'estime en fonction de la valeur des biens de chacun, d'où de nombreux abus.

Budget simplifié du Royaume de France en 1789.
La taille figure dans la catégorie "impôts directs" des recettes.

À savoir

Vers 1610, la taille représente environ 60 % des revenus de la monarchie, 25 % vers 1715. L'État a multiplié les sources de financement, en élargissant la gamme des impôts directs, indirects et en recourant de plus en plus à l'emprunt. En 1789, la monarchie est incapable de faire face aux dépenses courantes sans emprunter, la taille représente encore 15 % des recettes dans le budget royal. Quant au remboursement de la dette, il correspond à 50 % des dépenses dans le budget de 1789. À titre de comparaison, en 2018, la charge de la dette dans le budget de l'État s'élève à 11,6 % de ses dépenses.

Auteur : Isabelle Bernier.



Post Scriptum : 

    Je vous conseille également cet excellent article de l'historienne Isabelle Bernier, intitulé :"Les Français et le livre sous l'Ancien Régime."

Je suis citoyen, j'en appelle aux Etats Généraux

 

   J’ai découvert cet ouvrage dans la bibliothèque numérique de l’université de la Colombie Britannique du Canada à Vancouver.

    Il est anonyme, mais on l’attribue à Charles François Delespine (ou Delépine) d'Andilly, Ecuyer, gendarme de la garde ordinaire du Roi, fils de Charles Jean Baptiste de Lépine, imprimeur-libraire du roi à Paris, décédé en 1787.

  Sa lecture est intéressante car il traite de nombre de préoccupations des Français à la veille des États Généraux.



Vous pouvez le lire en ligne via la fenêtre ci-dessous et vous pouvez même le télécharger via ce lien :


jeudi 25 juillet 2019

25 Juillet 1788, la traite des nègres vue du Dauphiné

 


    J'ai jugé utile de vous donner à lire cet extrait d'un article traitant de la traite des nègres, c'est-à-dire de l'esclavage : article publié dans un petit journal de province, intitulé AFFICHES DE DAUPHINE, ANNONCES, &c.

Thomas Clarkson

    Le combat contre la traite négrière est né en Angleterre. L'un de ses premiers acteurs fut Thomas Clarkson. C'est la raison pour laquelle nombre des premiers articles publiés sur ce sujet dans des journaux français étaient des textes traduits de l'Anglais.

    Celui-ci "Suites des extraites de diverses lettres adressées à la Société de Manchester sur la Traite des Nègres." fut publié dans de nombreux journaux en 1788.

    Voici la version publiée le 25 juillet 1788 dans ce petit périodique de la province du Dauphiné. Curieusement, ce journal n'évoque pas l'Assemblée des états généraux de Vizille, qui s'était déroulée 4 jours plus tôt.

Cliquez sur les images pour les agrandir.





Source : https://www.retronews.fr/journal/affiches-annonces-et-avis-divers-du-dauphine/25-juillet-1788/1435/3223343/3


    Comme évoqué plus haut, cet article a été publié dans d'autres journaux en 1788. Vous pouvez le découvrir à nouveau dans "L'esprit des journaux, français et étrangers", publié en Septembre 1788 (à partir de la page 234) :




dimanche 21 juillet 2019

21 Juillet 1788, l'Assemblée de Vizille

 

Le château de Vizille, avant l'incendie du 17 février 1865
qui détruisit la salle du jeu de paume et la grande galerie.

Assemblée illégale...

    C'est à la suite de l'émeute qui s'était déroulée le 7 juin 1788 à Grenoble, (la fameuse journée des tuiles), que les états généraux du Dauphiné se réunissent (illégalement) au Château de Vizille ce 21 juillet 1789. "Illégalement", car le lieutenant-général du Dauphiné, le maréchal de Vaux en a interdit la tenue à Grenoble.

Noël de Jourda de Vaux


"La  journée des tuiles"
Tableau d'Alexandre Debelle

    Certains historiens nous disent que l'Assemblée de Vizille est à l'origine de la convocation des Etats généraux du Royaume par Louis XVI. Mais c'est faux, car Louis XVI avait déjà fait annoncer par un arrêt du conseil, le 5 juillet précédent, la prochaine tenue des états généraux du royaume…

    Ce qui est certain, c'est que cette assemblée constitua pour le moins un aperçu de ce qu'allaient être les Etats généraux qui se dérouleraient dix mois plus tard. En effet, c'est lors de cette Assemblée de Vizille qu'Il fut décidé pour la première fois, d'accorder au Tiers État, (présent majoritairement ce jour-là), le vote par tête, et non par ordre comme dans les précédents états généraux du royaume ; une décision qui allait susciter d'âpres débats lors des états généraux de 1789.

    De plus, ces députés du Dauphiné votèrent que « les trois ordres de la province n'octroieraient les impôts, par dons gratuits ou autrement, que lorsque leurs représentants en auraient délibéré dans les états généraux du royaume. ». Ce qui fait dire à certains qu'ils furent à l'origine de la convocation des Etats généraux du royaume, ce qui nous l'avons vu plus haut, est totalement faux. 

Encore une révolte de notables.

    En agissant ainsi, les députés du Dauphiné s'opposaient une fois de plus au roi et à son ministre Étienne-Charles de Loménie de Brienne, qui depuis la première Assemblée des Notables de 1787, tentaient de promulguer des réformes fiscales pour sauver le royaume de la faillite, réformes que refusaient de valider lesdits Parlements. (Lire mon article sur les Parlements en révolte contre le roi).

    A noter que ces réformes, un droit de timbre et un nouvel impôt foncier général, ne pénalisaient pas le peuple mais bien les privilégiés. Ce qui n'empêchait pas les parlementaires récalcitrants d'instrumentaliser le peuple en attisant la colère latente chez celui-ci. Il suffisait pour cela aux parlementaires, d'évoquer les mesures de libre échange qui avaient déjà provoqué la terrible guerre des farines.

Le château de Vizille

Un hôte promis à un brillant avenir.

    Le château de Vizille où eu lieu (dans sa salle de jeu de paume), l’assemblée des trois ordres de la province, c'est-à-dire la réunion des états généraux du Dauphiné appartenait depuis 1780 à Claude Nicolas Perier, un bourgeois industriel, créateur de sa propre banque, devenu noble en 1778 quand il avait été nommé conseiller-secrétaire du roi à la Chambre des comptes du Dauphiné. Celui-ci avait fait installer dans une aile de son château, une manufacture d’impression sur tissu (cotonnades imprimées et d'indiennes).

L'Assemblée de Vizille, dans la salle de jeu de paume du château.

    Claude Nicolas Perier était un fervent défenseur des idées nouvelles, comme tous des membres de la haute bourgeoisie, cette nouvelle classe sociale née au sein du Tiers état, ainsi que chez certains membres de la noblesse et du bas-clergé.

Claude Nicolas Perier

Une classe montante...

    Comme le dira plus tard Barnave, cet avocat du Dauphiné devenu député : "Une nouvelle distribution de la richesse entraîne une nouvelle distribution du pouvoir ".

Telle fut en fait la raison première de la Révolution de 1789...

    Lors de la journée des Tuiles, Barnave avait d'ailleurs rédigé un libelle "L'Esprit des Édits", appelant à soutenir le Parlement de Grenoble suspendu par le pouvoir royal. Barnave et son ami Mounier deviendront députés du Dauphiné en 1789 et Mounier sera même durant un temps, président de l'Assemblée nationale avant de s'enfuir de Paris le 10 octobre 1789 quand les femmes parisiennes feront prendre un nouveau tournant à la Révolution


Conclusion ?

    Effectivement, on devine la lueur de la Révolution dans ces journées des 7 juin et 21 juillet 1788. Les principaux acteurs sont là, les grands rôles comme les petits rôles, les grands qui gagneront et les petits qui perdront. Mais il s'agit plutôt d'un prologue que d'un épilogue ou une conclusion...


             





vendredi 7 juin 2019

7 Juin 1788 : La journée des tuiles.

 

Tableau d'Alexandre Debelle

Les historiens adorent les dates...

    Les historiens adorent les dates liées à des événements bien précis. Cela leur permet de les utiliser comme des repères marquant des débuts ou des fins. L'esprit humain affectionne ce genre de commodités qui satisfont son besoin de comprendre et de donner du sens. Raison pour laquelle, la date du 7 juin 1788 correspondant à l'événement désigné sous le nom de "journée des tuiles", est unanimement considérée comme l'une des prémisses de la Révolution française.

    En effet, à la suite de cette émeute qui se déroula à Grenoble, les états généraux du Dauphiné se réunirent (illégalement) au Château de Vizille le 21 juillet 1789 ("Illégalement" parce que le lieutenant-général du Dauphiné, le maréchal de Vaux en avait interdit la tenue à Grenoble) et certains historiens affirment que l'Assemblée de Vizille fut à l'origine de la convocation des Etats généraux du Royaume par Louis XVI ; ce qui est faux puisque Louis XVI avait déjà fait annoncer par un arrêt du conseil, le 5 juillet précédent, la prochaine tenue des états généraux…

   Comme vous devez le savoir, ces Etats généraux allaient prendre une tournure inattendue en aboutissant à la création de l'Assemblée nationale dans un premier temps, puis à la prise de la Bastille dans un second temps…

La rue Raoul Blanchard à Grenoble, et ses fantômes de 1788.

L'émeute grenobloise du 7 juin 1788, "la journée des Tuiles".

    Comment ne pas reconnaître quelques-uns des curieux ingrédients de la prise de la Bastille, dans cette insurrection qui eut lieu à Grenoble le 7 juin 1788 ? La bourgeoisie est irritée par les mesures impopulaires prises par le roi et fort commodément des émeutiers s'insurgent dans les beaux quartiers de Grenoble en lançant des tuiles sur la troupe depuis les toits.

    Dans les faits, le lieutenant général de la province confia à des patrouilles de soldats des lettres de cachet à remettre aux parlementaires pour leur signifier un exil sur leurs terres. Mais le tocsin se mit à sonner. La population fut rameutée par les auxiliaires de justice, (particulièrement fâchés de perdre le Parlement, qui était leur gagne-pain). Des Grenoblois s'emparèrent des portes de la ville. D'autres, montés sur les toits, jetèrent des tuiles et divers objets sur les soldats. Vers la fin de l'après-midi, les émeutiers, maîtres de la ville, réinstallèrent les parlementaires dans le palais de justice.

    En tout, 6 foyers d'émeutes seront recensés dans la ville lors de cette fameuse journée. Deux dans le nord de la ville, au palais du Parlement du Dauphiné et sur la place des Herbes. Quatre autres plus au sud, l'un devant le couvent des Jacobins appelés aussi Dominicain (actuel magasin des Galeries Lafayette), un second à l'hôtel de la première présidence (actuelle rue Voltaire), un troisième à l'hôtel du Lieutenant général et le quatrième au collège des Jésuites (actuel Lycée Stendhal, rue Raoul Blanchard. Ce dernier affrontement sera immortalisé par le peintre Alexandre Debelle, dans un tableau exposé au Château de Vizille, devenu musée de la Révolution française. Ces émeutes feront trois morts et vingt blessés dans la population et un assez grand nombre de blessés parmi les soldats du régiment de Royal-Marine.

Uniforme et drapeaux du Royal Marine


    Etonnant, non ? Lisez plutôt la suite. 😉



dimanche 7 avril 2019

7 Avril 1788, L'abolition de l'esclavage fait la une du Journal de Paris


    Ce numéro du Journal de Paris est particulièrement intéressant, puisque les deux tiers de son contenu, sont des articles concernant l'abolition de la traite négrière, c'est-à-dire de l'abolition de l'esclavage.

    Ces articles sont des traductions de textes anglais, venant plus particulièrement de Manchester, la ville où fut créée "La Société établie pour travailler à l'abolition du commerce des esclaves".

Thomas Clarkson

    Les premiers hommes à s'ériger contre ce trafic infame furent effectivement des Anglais, comme Thomas Clarkson, qui travaillèrent âprement à diffuser leurs idées. Raison pour laquelle, nombre de ces textes venus d'Angleterre furent publiés dans les journaux français tout le long de l'année 1788. Voir cet article du 25 juillet 1788.

    Nous reparlerons plus tard de l'influence des idées anglaises sur celles de la Révolution française, dans cet article sur Rutledge.