jeudi 1 octobre 2020

1er Octobre 1789 : Rapport de M. Necker, suivi de son « généreux » don patriotique !

 

    À la suite du vote « de confiance » de l’Assemblée nationale, le 26 septembre dernier, M. Necker, premier ministre des finances, présente aux députés son rapport relatif au décret sur les impositions.

    Je vous le donne à lire, ci-dessous. Ne vous laissez pas décourager par sa longueur. Je vous assure qu’il comporte quelques « pépites », comme on dit.

    Sinon, vous pouvez faire dérouler la page jusqu’à la fin, pour lire ce grand moment de générosité inouïe, au cours duquel M. Necker, lui aussi fait son don patriotique. 

    Afin de ne pas gâcher la bonne impression que cela va vous faire, je ne vous parlerai que bien plus tard des millions que ces emprunts rapporteront à ce banquier qui devait sa fortune au trésor public du royaume de France...


Source du discours : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1877_num_9_1_5083_t1_0228_0000_24


M. Necker, ministre des Finances :

"Messieurs, je viens vous remercier très-humblement des sentiments de confiance qui ont contribué à vous faire adopter les idées dont j'ai eu l'honneur de vous rendre compte ; ces sentiments seront toujours l'objet de mon ambition et ma récompense la plus précieuse, et je vous prie de recevoir avec bonté l'hommage de ma respectueuse reconnaissance.

Je ne sais pourquoi l'on a voulu me faire considérer l'étendue et la plénitude de votre confiance comme une sorte de responsabilité qui m'était imposée ; il n'en est aucune qui pût m'effrayer, s'il n'y avait pas moyen de témoigner au Roi et à la nation mon absolu dévouement. Je cours un bien grand hasard par la simple réunion de mon bonheur au succès des affaires et à la prospérité de l'Etat : d'ailleurs, puisqu'au milieu de tant de difficultés on ne peut se déterminer que par des vraisemblances, si quelqu'un doit être compromis, si quelqu'un doit s'exposer à des reproches ne vaut-il pas mieux que ce soit moi ? et que vous, Messieurs, qui pouvez faire tant de bien, vous qui, pour le salut de l'Etat, devez conserver votre ascendant dans toute son intégrité, vous soyez, si vous le voulez, absolument à part dans l'issue de cette grande circonstance ?

Vous ne perdrez pas de vue néanmoins qu’une ressource inusitée est commandée par une réunion de circonstances sans exemple. Il existe des besoins urgents et considérables ; il n'y a plus de crédit, et le numéraire effectif est entièrement disparu. Cependant vous avez déclaré à plusieurs reprises et de différentes manières que vous vouliez être fidèles aux engagements de l'Etat. Que reste-t-il donc, qu'un grand effort proportionné à cette grande vertu ?

C'est un malheur sans doute, et un grand malheur, que d'être obligé de conseiller le recours à une contribution considérable : je le connais pour la première fois, et j'en éprouve toute l'amertume ; aussi, après m'être assuré de moi-même et par devoir à cette peine sensible, tout ce qui pourrait me venir des autres, opinion, jugement, censure, je le redoute moins. Mon âme trop fortement préoccupée de ses propres regrets est moins soumise aux atteintes des considérations extérieures.

Le moyen cependant que vous avez adopté avait été déjà présenté par l'un des membres de cette Assemblée sous le nom de centième denier, et votre mouvement général en faveur de cette proposition avait été regardé comme une sorte d'assentiment au vœu de Paris, déjà manifesté de plusieurs manières ; ainsi j'ai suivi l'opinion publique, je ne l'ai pas prévenue.

Quoi qu'il en soit, me conformant à la teneur de votre dernière délibération, j'ai cru devoir vous proposer mes idées sur le décret qu'on attend avec impatience de la part de cette Assemblée ; j'ai supposé pour un moment que j'avais à en tracer l'esquisse. J'ai cru que cette esquisse ou ce projet de décret devait se rapporter au plan dont je vous ai fait l'exposition ; puisque vous l'avez adopté dans son entier, je demande la permission de vous en faire la lecture.

ESQUISSE OU PROJET DE DÉCRET.

L'Assemblée nationale, ayant pris en considération le rapport qui lui a été fait de la situation des finances par le premier ministre de ce département, conformément aux ordres du Roi, a reconnu la nécessité :

1° D’assurer par une délibération préalable l'équilibre entre les revenus el les dépenses fixes ;

2° De pourvoir aux besoins extraordinaires qui sont indépendants des dépenses fixes ;

3° De concourir autant qu'il est en son pouvoir à la sûreté des payements les plus prochains, et à la levée des embarras dans lesquels se trouve en ce moment le Trésor royal par la rareté du numéraire et le discrédit général.

En conséquence, l'Assemblée nationale a voté et décrété les dispositions suivantes :

PREMIÈRE PARTIE

Relative aux revenus et aux dépenses fixes.

Art. 1er. Les dépenses ordinaires de la guerre, des gouvernements et des maréchaussées qui, dans le compte des finances, se montent à 99, 160,000 livres, non compris ce que les provinces et les villes s'imposent et versent directement dans les caisses militaires, et non compris encore les pensions militaires qui font partie de la dépense générale des pensions, seront diminuées de 15 à 20 millions, en augmentant cependant d'une manière raisonnable la paye et le sort des soldats, et le Roi sera prié d'ordonner que de nouveaux plans d'organisation militaire assurent cette économie.

Art. 2. L'Assemblée nationale rend un hommage respectueux aux sentiments qui déterminent Leurs Majestés à ne former dorénavant qu'une seule et même maison, et elle accepte avec reconnaissance la résolution prise par Sa Majesté de réduire à 20 millions les diverses dépenses connues sous le nom de maison du Roi ; mais si cette disposition obligeait Sa Majesté à des réductions qui pussent altérer son bonheur ou diminuer trop sensiblement la majesté extérieure du Trône, l'Assemblée nationale, lorsque les temps deviendraient plus heureux, s'empressera de témoigner à Sa Majesté qu'elle partage, avec tous les Français, le désir de donner à un monarque bien-aimé, le chef du plus grand empire, toutes les preuves de dévouement qui pourront intéresser l'éclat du Trône et la satisfaction particulière de Sa Majesté.

Art. 3. L'Assemblée nationale chargera son président de se retirer par devers le Roi, pour faire connaître à Sa Majesté que, vu la nécessité d'établir dans toutes les parties de dépenses une économie sévère, et vu le grand exemple donné par Leurs Majestés elles-mêmes, l'Assemblée prie le Roi de prendre en considération l'étendue des fonds destinés annuellement aux maisons des princes, et de vouloir bien concourir à leur réduction dans la forme qui lui paraîtra la plus convenable. Le président fera connaître à Sa Majesté que l'Assemblée nationale verrait avec satisfaction que cette réduction pût soulager les finances de l'Etat d'une somme annuelle de plusieurs millions.

Art. 4. L'Assemblée, instruite que les fonds destinés aux affaires étrangères, très-considérables autrefois, ont été successivement diminués, et que la réduction depuis deux ans est de plus de 4 millions, remerciera Sa Majesté des ordres qu'elle vient de donner pour un nouveau retranchement successif d'un million.

Art. 5. L'Assemblée a décrété que les pensions actuellement existantes seraient diminuées dès à présent de 5 à 6 millions, et elle charge le comité des finances de former un projet conforme à cette disposition, et de le mettre sous les yeux de l'Assemblée.

Art. 6. L'Assemblée approuve que le supplément de 2,500,000 livres fourni par le Trésor royal à la cuisse du clergé soit retranché de l'état des finances.

Art. 7. L'Assemblée décrète que, lors de la réunion prochaine des vingtièmes, de la taille, et de la capitation taillable dans une seule imposition territoriale d'une somme déterminée, cette somme surpasse de 15 millions le produit actuel de ces impôts, à la charge que tous les abonnements particuliers soient abolis, et que toutes les personnes et toutes les terres privilégiées concourront dans une juste proportion au payement de l'imposition territoriale. Et se réserve de plus, l'Assemblée, d'examiner incessamment si au lieu et place de cette augmentation générale de 15 millions, il ne lui conviendra pas mieux que chaque province, selon une répartition quelconque, soit chargée des dépenses indiquées dans le discours du premier ministre des finances et qui ensemble équivalent à peu près à cette somme de 15 millions.

Art. 8. L'Assemblée nationale détermine la suppression de la dépense actuelle des haras.

Art. 9. L'Assemblée nationale approuve que les autres économies indiquées, soit d'une manière générale dans le dernier discours du premier ministre des finances, soit d'une manière plus précise dans son discours à l'ouverture de l'Assemblée nationale, économies qui ont été rappelées et expliquées plus particulièrement dans le rapport du comité des finances, soient examinées de nouveau par le comité, de concert avec le premier ministre des finances, et que le tableau circonstancié de ces économies soit incessamment mis sous les yeux de l'Assemblée nationale, pour être pris par elle une détermination définitive à cet égard.

Art. 10. Entend l'Assemblée, que soit par le produit de ces économies, soit par celles que la diminution des anticipations pourra procurer, soit par les premières extinctions des rentes viagères, soit enfin par d'autres ressources, et d'une manière quelconque, un parfait équilibre soit établi entre les revenus et les dépenses fixes, avant le 1er janvier de l'année prochaine.

Art. 11. L'Assemblée statue pareillement que la perte de revenu, occasionnée par la réduction du prix du sel ; que les pertes encore de ce genre, auxquelles pourrait exposer l'abolition entière de cet impôt, ou de tout autre, seront exactement remplacées par d'autres contributions, de manière que l'équilibre entre les revenus et les dépenses fixes ne soit jamais dérangé.

SECONDE PARTIE Relative aux besoins extraordinaires.

De nouveaux emprunts ne pouvant qu'augmenter le déficit actuel, et l'état du crédit public ne permettant pas d'ailleurs de trouver par ce moyen des fonds équivalents aux besoins extraordinaires de cette année et de la suivante, l'Assemblée nationale, après avoir pris connaissance d'un mémoire revêtu d'un grand nombre de signatures, par lequel on a proposé l'établissement d'une taxe momentanée, relative à la fortune de chaque particulier, et après avoir écoulé le rapport du premier ministre des finances, ainsi que le rapport particulier du comité nommé par elle, pour conférer avec ce ministre, ladite Assemblée ayant égard au péril dans lequel se trouve la chose publique, a statué et statue ce qui suit:

Art. 1er. Il sera demandé à tous les habitants et à toutes communautés du royaume, aux exceptions près indiquées dans l'un des articles suivants, une contribution extraordinaire et patriotique, laquelle n'aura lieu qu'une fois, et à laquelle ou ne pourra jamais revenir, pour quelque cause et sous quelque motif que ce soit.

Art. 2. Cette contribution extraordinaire et momentanée devant être égale et proportionnelle, afin que chacun soit disposé à s'y soumettre, elle a été réglée par l'Assemblée au quart du revenu dont chacun jouit, déduction faite des charges foncières, impositions, intérêts par billets ou obligations ou rentes constituées auxquelles il se trouve assujetti, et de plus à 2 1/2 % de l'argenterie ou des bijoux d'or et d'argent dont on sera possesseur, et à 2 1/2 %de 1 or et de l'argent monnayés que l'on garde en réserve.

Art. 3.Il ne sera fait aucune recherche ni inquisition pour découvrir si chacun a fourni une contribution conforme aux proportions ci-dessus indiquées ; il ne sera même imposé aucun serment ; mais l'Assemblée pleine de confiance dans les sentiments d'honneur et de fidélité de la nation française, ordonne que chacun, en annonçant sa contribution, s'exprimera de la manière suivante :

Je déclare avec vérité que telle somme de... dont je contribuerai aux besoins de l'Etat, est conforme aux fixations établies par le décret de l'Assemblée nationale.

Ou bien, si cela est,

Je déclare, etc... que cette contribution excède la proportion déterminée par le décret de V Assemblée nationale.

Art. 4. Ces déclarations se feront par devers les municipalités des lieux dans lesquels on a son principal domicile, ou par devers tels délégués nommés par ces municipalités.

Art. 5. Les marchands et autres citoyens qui, dans quelques villes, payent leur capitation en commun et par rôle particulier, jouiront de la même facilité pour le payement de la contribution patriotique, et ils feront leur déclaration par devers les syndics de leur communauté.

Art. 6. Les personnes absentes du royaume enverront directement leur déclaration aux municipalités de leur principal domicile, ou elles donneront leur procuration à telles personnes qu'elles jugeront à propos de choisir, pour donner en leur nom cette déclaration.

Art. 7. Toutes les déclarations devront être faites au plus tard avant le 1er janvier de l'année prochaine, et les municipalités appelleront ceux qui seraient en retard,

Art. 8. Il sera dressé, sans perte de temps, un tableau du montant général des déclarations, afin que l'Assemblée nationale puisse avoir connaissance incessamment de l'étendue de celte ressource, et comparer ensemble les contributions de chaque province et de chaque ville.

Art. 9. Chaque municipalité aura un registre dans lequel ces déclarations seront inscrites, et ce registre contiendra les noms des contribuants, et la somme à laquelle ils auront fixé leur contribution.

Art. 10. En conformité de ce registre, il sera dressé un rôle des diverses sommes à recevoir de chaque particulier, lequel rôle sera remis aux mêmes préposés qui sont chargés de recevoir les vingtièmes ou la capitation, pour en faire le recouvrement ; et les deniers qui en proviendront seront remis aux receveurs des impositions ou aux trésoriers des provinces, qui les remettront sans délai au Trésor royal ou à sa disposition.

Art. 11. Le tiers de la contribution totale sera payé d'ici au 1er avril 1790 ; le second, du 1er avril

1790 au 1er avril 1791 ; le troisième, du 1er avril 1791 au 1er avril 1792.

Art. 12. Tous ceux qui voudront payer leur contribution comptant, en un seul payement, seront libres de le faire, et ils auront droit, pour leur avance, à la déduction de l'intérêt légal.

Art. 13. Ne seront assujettis à aucune proportion tous ceux dont le revenu n'est que de 400 livres : ils seront déclarés libres de fixer cette proportion selon leur volonté.

Art. 14. Les ouvriers et journaliers sans propriété ne seront obligés à aucune contribution ; mais on ne pourra cependant rejeter l'offrande libre et volontaire d'aucun citoyen, et ceux qui sont déclarés exempts par cet article, pourront se faire inscrire sur le rôle des contribuants pour telles modiques sommes qu'il leur plaira de désigner.

Art. 15. Au mois d'avril 1792, et à l'expiration du dernier terme désigné pour l’acquit final de la contribution patriotique, le registre des déclarations réellement acquittées sera clos et scellé par chaque municipalité, et déposé à son greffe pour n'être ouvert de nouveau qu'à l'époque désignée dans l'article suivant.

Art. 16. À l'époque où le crédit national permettra d'emprunter à quatre pour cent d'intérêt en rentes perpétuelles, circonstance heureuse et qui ouvrira de nouvelles ressources à l'Etat, il sera procédé successivement et selon les dispositions qui seront alors déterminées au remboursement des sommes qui auront été fournies gratuitement pour subvenir à la contribution extraordinaire délibérée par le présent décret.

Art. 17. Le remboursement ne pourra être fait qu'au contribuant, ou à telle personne qu'il aura désignée dans sa déclaration, pour jouir après lui de ses droits ; et, si cette personne, ainsi que le contribuant, est décédée à l'époque du remboursement, l'état sera affranchi de ce remboursement.

Art. 18. Chaque municipalité sera tenue d'informer les administrations de sa province de l'exécution successive des dispositions arrêtées par le présent décret, et ces administrations en rendront compte à un comité composé du ministre des Finances et des commissaires qui seront nommés par l'Assemblée nationale, pour surveiller avec lui toute la suite des opérations relatives à la rentrée et à l'emploi de la contribution patriotique.

TROISIÈME PARTIE Relative au moment présent.

L'Assemblée nationale s'en remet au Roi du soin de prendre avec la caisse d'escompte ou avec des compagnies de finance tels arrangements qui lui paraîtront convenables, afin de recevoir d'elles des avances sur le produit de la contribution patriotique, ou sur telles autres exigibles qui pourront leur être délivrées.

L'Assemblée nationale approuve que le premier ministre et le comité des finances examinent, de concert, les projets qui seront présentés pour la conversion de la caisse d'escompte en une banque nationale, et que le résultat de cet examen soit mis sous les yeux de l'Assemblée.

L'Assemblée nationale invite les particuliers, les fabriques et les communautés à porter leur argenterie aux hôtels des monnaies, et elle autorise les directeurs de ces monnaies à payer le titre de Paris 55 livres le marc en récépissés, à six mois de date sans intérêt, lesquels récépissés seront reçus comme argent comptant dans le recouvrement de la contribution patriotique ; l'Assemblée nationale autorise de plus le Trésor royal à recevoir dans l'emprunt national l'argenterie au titre de Paris, à 58 livres le marc, à condition que, moyennant cette faveur particulière, on ne jouira pas de la faculté de fournir la moitié de la mise en effets portant cinq pour cent d'intérêt.

Voilà, Messieurs, le projet ou l'esquisse du décret qui parait devoir être la suite de votre dernière délibération relative aux finances ; je soumets ces idées à votre jugement, en me permettant encore de vous observer que rien n'est plus instant.

Le don extraordinaire ! 

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1877_num_9_1_5083_t1_0230_0000_3

Il me reste, Messieurs, à vous demander une grâce : c'est de vouloir bien me faire l'honneur de recevoir, en signe de zèle et de bon exemple, ma soumission particulière à la contribution patriotique ; je l’ai fixée à 100,000 francs, et je déclare avec vérité qu'elle est fort au-dessus de la proportion que vous en avez adoptée. (On applaudit à plusieurs reprises.)

M. le Président répond : 

"La France est depuis trop longtemps accoutumée aux sacrifices que vous faites à la patrie, pour que l'Assemblée nationale puisse être surprise de celui que vous annoncez encore aujourd'hui ; elle me charge de vous en témoigner sa satisfaction : pour le surplus, elle délibérera."

 M. Necker se retire au milieu des applaudissements de la presque unanimité de l'Assemblée.

Nota : Vous aurez remarques ce « presque unanimité ». Nous pouvons en conclure que les députés n’étaient pas tous de grands naïfs.


1er Octobre 1789 : L'écrivain Louis-Sébastien Mercier fonde un journal, mais lisez ses livres

 

    L’écrivain Louis-Sébastien Mercier s’associe au journaliste Jean-Louis Carra pour fonder ce 1er Octobre 1789, un journal destiné à propager les idées de la révolution : "Les annales patriotiques et littéraires."

    Louis-Sébastien Mercier est plus connu à présent pour ses œuvres littéraires que pour sa carrière politique. Il écrivit en effet beaucoup. 

    Son livre décrivant la vie à Paris avant la révolution, "le Tableau de Paris", publié en 1781, se lit toujours avec intérêt si l’on veut apprendre nombre de détails de la vie quotidienne. Vous pourrez le lire dans la première fenêtre ci-dessous.

    Il écrivit également un étonnant roman d’anticipation, "l’An 2440", publié en 1771, que vous pourrez également découvrir dans la seconde fenêtre ci-dessous. Je vous conseille la lecture de cet article traitant de ce livre étonnant sur le site de l'Université de Poitier : "Une uchronie, l'An 2440 de Louis-Sébastien Mercier"

    Politiquement Louis-Sébastien Mercier changea souvent d’opinion. Alors qu’il avait écrit contre le rétablissement de la loterie, il ne répugna pas d’y accepter une place de contrôleur. Il s’en excusa en répondant à ceux qui lui en faisaient le reproche : « Depuis quand, dit-il, n’est-il plus permis de vivre aux dépens de l’ennemi ? »

    Je vous conseille également d'écouter à son propos ce podcast sur France Culture de 29 minutesLouis-Sébastien Mercier : les écrits et les cris du ventre de Paris


"Le Tableau de Paris" et "L'An 2440"


L'An 2440 :

1er Octobre 1789 : A la demande du Baron de Wimpffen, l'Assemblée crée un comité militaire (suivi d'une digression sur la guerre d'indépendance américaine)

Article mis à jour le 03/10/2022

    A l’initiative du baron Wimpffen, député du baillage de Caen, l’assemblée décide de créer un comité militaire chargé de préparer, de concert avec le ministère de la guerre, une réforme des armées.

    Lors de la séance du soir, M. de Wimpfen a en effet renouvelé sa motion du 12 septembre tendant à la nomination d’un comité composé de 12 membres pour s'occuper de l'armée et de sa constitution. Il pense qu'il est de la compétence exclusive de la nation de fixer l'armée, le nombre des soldats et des officiers, ainsi que leurs traitements ; qu'il appartient à la nation de faire des lois fondamentales, d'après lesquelles les citoyens militaires doivent être régis.

Source :
https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1877_num_9_1_5085_t1_0233_0000_11

    En fait, l'idée consiste principalement à subordonner l'armée au pouvoir civil et à en régler la solde, comme tous les autres articles de finances, par une loi renouvelable annuellement.

Quelques mots sur le Baron de Wimpffen

  Ce militaire, fils du chambellan du roi Stanislas s’était brillamment illustré en 1768 durant la campagne de Corse où il était revenu lieutenant-colonel. Il avait également commandé un régiment dans la guerre d'indépendance des États-Unis et avait assisté aux sièges de Port Mahon, également appelé la bataille de Minorque (1781-1782) et de Gibraltar (1779-1783). La défense qu’il avait fait des lignes françaises devant cette dernière place lui avait valu une pension de 1 000 écus et le grade de maréchal de camp le 9 mars 1788.

Sa brillante carrière ne s’arrêta pas là, et nous reparlerons de lui en temps voulu.

Attaque franco-espagnole du 13 septembre 1782.
Destruction des batteries flottantes sous les yeux de l'état-major anglais
Tableau de Carter.
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Quelques explications à propos de la guerre d'indépendance américaine

    J'ai déjà évoqué dans de précédents articles, la participation de la France aux côtés des colons insurgés américains dans leur guerre d'indépendance contre le Royaume Uni.     Cette participation coûta financièrement fort cher à la France et fut pour partie la cause de la dette immense dans laquelle le pays se trouvait à la veille de la Révolution.

    Ce qui l'on dit moins, voire pas du tout, c'est que l'Espagne était l'alliée de la France dans cette guerre contre les Anglais ! Non-pas que le roi d'Espagne Charles IV, cousin de Louis XVI, eu une sympathie particulière envers les colons américains révoltés, loin de là ! Il aurait mal vu que les colons de ses propres colonies fassent le même choix !

    Mais au fait, j'y pense ! Vous n'avez tout de même pas imaginé non-plus que Louis XVI avait une sympathie particulière pour les insurgents américains ?

    Non, non, non ! Ce que partageait les deux cousins Bourbon, Charles et Louis, c'était leur haine des Anglais et leur esprit de revanche !

    En s'engageant dans ce conflict, la France voulait prendre sa revanche sur l'Angleterre qui l'avait vaincue à l'issue de la terrible guerre de sept ans, humiliante défaite qui avait valu à la France de perdre le Canada !

    Et en s'engageant dans cette guerre aux côtés des Français en 1779, les Espagnols voulaient tout simplement récupérer des possessions perdues lors des conflits précédent avec les Anglais, comme la Floride, Minorque et Gibraltar !

    Toutes les guerres menées jusque-là au 18ème siècle, n'étaient que des guerres entre puissances qui se jalousaient et souhaitaient se dépouiller les unes les autres, y compris la fameuse guerre d'indépendance américaine, qui ne fut rien d'autre qu'une révolte de riches colons refusant de payer leurs impôts à la couronne britannique et d'obéir aux restrictions imposées par celle-ci. Lire mon article "4 Juillet 1776, les 13 colonies font sécession"

    Le siège de Gibraltar évoqué dans la biographie du Baron Wimpffen, dura pendant toute la guerre d'indépendance américaine. Mais les Anglais qui avaient enlevé ce rocher en 1704, tinrent bon, malgré les forces gigantesques mobilisées par les Français et les Espagnols.

    En revanche, les Britanniques perdirent Minorque le 5 février 1782, à la suite d'un siège difficile commencé le 20 août 1781.



Vous souhaitez en apprendre plus sur ces batailles qui ont changé la face du monde, mais dont on ne parle plus ?

Je vous ai déniché une pépite à la bibliothèque numérique du Québec ! Il s'agit de l'ouvrage suivant, publié par un certain Jean-Claude Castex en 1941 :

"Diplomatie franco-anglaise de la Guerre d'Indépendance américaine ; Pourquoi la France n'a-t-elle pas voulu récupérer le Canada ? Suivi du Répertoire des opérations militaires franco-anglaises de la Guerre d'Indépendance américaine."

Cliquez sur l'image ci-dessous pour y accéder :

Le livre complet est téléchargeable ! (C'est un peu long, il fait 548 pages) :


Le siège de Port-Mahon est raconté à partir de la page 441 !


1er Octobre 1789 : Les habitants de Fontenay-le-Comte forment un comité patriotique (et un supplément rigolo sur la Vendée)

 Article mis à jour le 02/10/2022 😉


Histoire :

    A Fontenay-le-Comte, chef-lieu du département de la Vendée, les habitants réunis en assemblée générale forment un comité patriotique qui remplace l’ancienne municipalité.

    Cette ville très tôt acquise aux idéaux de la révolution refera parler d’elle plus tard. Elle changera son nom pour celui de Fontenay-le-Peuple et restera fidèle à la République en s’opposant à l’insurrection vendéenne en 1793. 

Nous en reparlerons lorsque le temps sera venu...


Historiette, avec humour...

    Lorsque j'emmenais autrefois ma petite famille en vacances à l'île de Ré et que pour ce faire, nous devions traverser la Vendée, je les avertissais toujours ainsi :"Nous allons devoir traverser la Vendée. Je vous préviens, nous somme en territoire ennemi. Remontez les vitres et interdiction formelle de nous arrêter, même pour faire pipi !". Nous poussions tous un soupir de soulagement lorsque nous arrivions enfin en Charente-Maritime

    C'était pour rire, bien sûr ! Mais on est Républicain, où on ne l'est pas !

    C'était pour rire, bien sûr, mais que jamais un de mes enfants ne s'avise de me dire qu'il est allé au Puys du Fou pour se distraire des spectacles révisionnistes qui y sont donnés par des nostalgiques de la servitude de l'ancien régime !

    Quelle ne fut donc pas ma surprise de constater que l'une de mes fidèles abonnées à la page du citoyen Basset, que j'estime tout particulièrement pour ses engagements, avait partagé cette publication sur la page Facebook de la Ligue des Droits de l'Homme de la section de Fontenay - Luçon - Sud Vendée !

Le Citoyen Basset sur la page de la LDH de Fontenay - Luçon -Sud Vendée !

    Il y a donc des citoyennes et des citoyens selon mon cœur en Vendée ! Rien n'est donc perdu ! Voilà qui me fait plaisir !

    J'ai donc mis à jour dans mon cerveau, mes données sur la Vendée avec cette information cruciale et voici comment je me représente maintenant mentalement la Vendée, avec la ville de Fontenay-le-Comte ! 😉 Voir l'image ci-dessous...



    J'espère à présent que les autres vendéens républicains, en dehors de Fontenay-le-Comte, apprécieront mon humour (les autres, je m'en fiche 😉)


1er Octobre 1789 : Malgré les événements, Louis XVI chasse à courre et tue deux cerfs

 

    Malgré les événement, Louis XVI continue de satisfaire son goût pour la chasse à courre et il tue ce jours deux cerfs dans la forêt de Meudon.

    Le site WEB « Mémoire des équipages » nous explique que la Vénerie royale de Louis XVI connut plusieurs simplifications d’organigramme avant la Révolution française. 

    Par mesure d'économie, Louis XVI avait supprimé en 1776 les meutes du chevreuil, du daim, du lièvre, et réduit le nombre des officiers des chasses. En 1786 avait également disparu l'équipage des lévriers de Champagne. L'année suivante, le contrôleur général des finances, Loménie de Brienne (1727-1794) avait fait supprimer la louveterie, les toiles et la fauconnerie. 

    Il ne restait plus en 1789 que les deux équipages du cerf et les oiseaux du cabinet, soit une quinzaine de fauconniers.

Plus d'infos sur leur page : https://memoiredesequipages.fr/fiche/1665



1er Octobre 1789 : La cocarde tricolore foulée aux pieds, lors d’une « orgie » à Versailles

 


    C’est au soir de ce jeudi 1er octobre 1789, que va se dérouler à Versailles, dans l’opéra du château de Versailles, un événement qui va faire grand bruit lorsqu’il sera connu à Paris le lendemain.

    Les gardes du corps du roi vont en effet donner un banquet en l’honneur du régiment de Flandres, arrivé le 23 septembre dernier à la demande du roi. La raison du rappel par le roi de ce régiment stationné à Douai, est probablement la crainte d’éventuelles nouvelles émeutes de parisiens. Mais l’arrivée de ces 5000 soldats déplaît beaucoup aux parisiens qui gardent le souvenir récent des troupes étrangères qui avaient encerclées Paris au début du mois de juillet et des événements tragiques avec le régiment du Royal Allemand. Le roi et la reine le savent et par prudence, ils préféreront, nous disent les historiens, éviter de participer à cette fête. (En même temps, j’ai du mal à imaginer le roi et la reine participer à une beuverie de soldats, mais bon, je veux bien)

    De toute évidence, la curiosité l’emportant sur la prudence, (à moins que ce ne soit volontaire…), le couple royal sera aperçu au balcon d’une loge par les convives éméchés et ils seront bien sûr aussitôt ovationnés.

       Les gardes du corps au comble de la joie, entonneront l’air de « O Richard, ô mon roi » au milieu des acclamations et des vivats. Le roi et la reine se croiront alors obligés de descendre rejoindre les convives, accompagnés du Dauphin. L’ambiance montera aussitôt d’un cran et les convives déjà bien échauffés par l’alcool, se mettront à arracher leurs cocardes tricolores pour les fouler aux pieds. (Lire l'article sur cette fameuse cocarde tricolore).

    La plupart des historiens nous disent qu’ils remplaceront aussitôt les cocardes piétinées par des cocardes blanches symbolisant la monarchie selon les uns, ou par des cocardes noires, couleur de la reine selon les autres. Mais ni les uns ni les autres, ne se demanderont d’où venaient ces nouvelles cocardes blanches ou noires, apparues comme par miracle !

    Même s’il est certain que cet événement a bien eu lieu, la rumeur qui s’en suivra ne manquera pas de le grossir. Dès le lendemain, dans tout Paris, on ne parlera plus que de « l’orgie » des contre-révolutionnaires qui s’apprêtent à fondre sur Paris et écraser dans le sang la révolution. La crainte du complot aristocratique va aller en grossissant, amplifiée par la presse.


Un mot sur le chant "O Richard, ô mon roi"

    Ô Richard ! Ô mon roi ! Est extrait de l'Opéra-comique Richard Cœur de Lion composé par André Grétry sur un livret de Michel-Jean Sedaine en 1784. Cet air, chanté dans le premier acte, parle autant de royauté que de loyauté : De retour de la Troisième croisade, le roi Richard Cœur de Lion est retenu, emprisonné dans le château de Linz. Blondel, son serviteur fidèle, déguisé en troubadour aveugle, va tenter de le libérer. Ce sujet en fit un chant de ralliement des royalistes pendant la Révolution. Une nouvelle version, adaptée aux circonstances circula plus tard dans les milieux royalistes avec pour titre « O Louis, ô mon roi » (1791)

    Vous pouvez écouter un extrait dans la vidéo ci-dessous, mise en ligne par le Château de Versailles. Vous remarquerez que les artistes sont en costumes du XVIIIe siècle et non-pas du XIIe siècle de Richard Cœur de Lion. Vous apercevrez également, joyeusement brandis, deux exemplaires du drapeau avec l'aigle bicéphale du Saint-Empire romain, d'Autriche, Bohême et Hongrie, de la famille de Marie Antoinette. Je pense que dans la provocation royaliste, on ne peut guère aller plus loin.

    Ce chef-d'œuvre sera de nouveau à l'affiche à l'Opéra de Versailles, du jeudi 11 au dimanche 14 novembre 2021... ("Comme par hasard..." dirait un complotiste) 😉


mercredi 30 septembre 2020

30 Septembre 1789 : Babeuf publie son Cadastre Perpétuel et le dédie à l’Assemblée

 

    Fin septembre, début octobre 1789, est publié à Paris un curieux ouvrage dédié à L’Assemblée nationale, portant un nom étrange. Il s’agit du « Cadastre Perpétuel » de François Noël Babeuf, que celui-ci cosigne avec un mathématicien du nom d’Audiffred. 

Le projet déclaré de ce livre figure en introduction :

Cadastre Perpétuel, ou Démonstration des procédés convenables à la formation de cet important Ouvrage, pour assurer les principes de l’Assiette & de la Répartition justes & permanentes, & de la Perception facile d'une Contribution Unique, tant sur les Possessions Territoriales, que sur les Revenus Personnels.

Avec l’exposé de la Méthode d'Arpentage de M. Audiffred par son nouvel instrument, dit Graphomètre Trigonométrique : méthode infiniment plus accélérative & plus sûre que toutes celles qui ont paru jusqu’à présent, & laquelle, par cette considération serait plus propre à être suivie dans la grande opération du Cadastre.

Apparaît également en première page, cette citation de Necker, extraite de son discours lors de l’ouverture des Etats Généraux :

« On doit mettre au premier rang, parmi les améliorations qui intéressent tous les habitants du Royaume, l’établissement des principes qui doivent assurer une égale répartition des impôts »

Et page suivante, on peut lire cette dédicace adressée aux députés :

A l’Honorable Assemblée des Représentants de la Nation Française

Nosseigneurs

C’est à votre tribunal auguste que sans doute il convient de soumettre l’examen des Plans d’Administration qui peuvent intéresser tous les Citoyens de l’Etat. Sous ce point de vue, nous osons vous faire hommage du Cadastre Perpétuel. C’est l’offrande qu’il est en notre pouvoir de présenter à la Patrie : puissiez-vous la juger digne d’elle, & l’agréer au nom de tous les Français. C’est être ambitieux que d’avoir prétendu donner une production tendant à leur bonheur à tous ; mais nous nous attendons que ce motif sera trouvé louable ; et si notre haute entreprise était d’heureuse témérité, les seuls vœux que nous eussions conçus seraient à leur comble.

Nous sommes bien respectueusement,

Vos très humble & très obéissants Serviteurs,

F. N. Babeuf, Archiviste-Feudiste

J.P. Audiffred, Mathématicien

Citoyens Français

    Babeuf est arrivé à Paris à la fin du mois de juillet pour faire éditer son Cadastre Perpétuel. Au vu des événements, il y a ajouté ce « Discours préliminaire » dédié à l’Assemblée nationale. 

    Vous en conviendrez avec moi, au premier abord, l’objet de cet ouvrage correspond à merveille aux préoccupations des députés, et plus particulièrement à celles de Monsieur Thouret et de son comité qui ont présenté hier, 29 septembre, leur projet de redécoupe du territoire.

Au premier abord, oui…

Quelques mots sur Babeuf ?

    Babeuf avait ouvert en 1785, à Roye, en Picardie, un cabinet d’arpenteur-géomètre et de commissaire à terrier ou feudiste. C’est-à-dire qu’il était chargé d’établir pour les nobles, les listes des droits seigneuriaux sur leurs terres. Cela signifiait également que les nobles fondaient leurs exigences d’argent à payer par les paysans, sur la base de son travail. Ce fut en exerçant cette fonction ingrate que sa conscience politique s’éveilla progressivement. Il écrira plus tard : « Ce fut dans la poussière des archives seigneuriales que je découvris les mystères des usurpations de la caste noble »

    Sa conscience politique sera de tendance utopiste. Cela dit sans aucun jugement de valeur. Certaines utopies sont très belles. Néanmoins, un utopiste a tendance à ne pas trop s’embarrasser de la réalité des choses, et par ce fait il a tendance à élaborer des systèmes pour des hommes tels qu’ils devraient être (dans son idée), plutôt que tels qu’ils sont, ou éventuellement, pourraient être. Raison pour laquelle les solutions imaginées par Babeuf pour réformer la société seront assez radicales. Babeuf rêvait de ce que nous appellerions une réforme agraire, mais assez extrême. Celle-ci aurait consisté en un partage des terres strictement équitable entre tous les citoyens, qui serait revenu à créer « 6 millions de manoirs de 11 arpents » et qui aurait abouti à terme à une suppression de la propriété.

    Babeuf était néanmoins prudent (et intelligent). Raison pour laquelle, dans son ouvrage, il met plutôt en valeur la simplicité et la modération de son projet, évoquant les nombreux avantages qui en résulterait aussi bien pour les pauvres (justice sociale) que les riches (sécurité et paix). De plus, son discours s’appuie sur une démarche d’apparence scientifique puisqu’il met en avant l’utilisation d’une nouvelle invention, le graphomètre trigonométrique, qui permettra d’optimiser la réalisation du castre ; le cadastre étant la clé d’un calcul équitable des impôts fonciers. Ne doutons pas cependant que dans son idée, cet arpentage de l’ensemble du territoire permettra également plus tard le repartage de la grande propriété foncière. Sans vouloir tomber dans des généralités, on voit souvent des utopistes s’appuyer sur des discours scientifiques pour justifier les systèmes qu’ils imaginent.

Sur l'utopie et Babeuf, je vous conseille la lecture de cet article très intéressant :
"Comment la révolution a transformé l’utopie : le cas de Gracchus Babeuf"

    La propriété étant l'obsession de la grande majorité des députés, qui songent même à la sacraliser, on se doute bien que Babeuf se prépare beaucoup de soucis.

    Mais Babeuf est un vrai révolutionnaire et sa parole vaut tout aussi bien d'être écoutée que celle des révolutionnaires qui occupent le devant de la scène, depuis les Etats Généraux.

    Babeuf deviendra un acteur important du mouvement des sans-culottes. Toute sa vie il aura été pauvre et il se sera battu du côté des pauvres. Il perdra même sa fille qu’il adorait, morte de privations, pendant un de ses nombreux séjours en prison.

Babeuf mérite donc le respect.

 

Voici donc le fameux « Cadastre perpétuel » :