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Allégorie de la presse bâillonnée sous l'Ancien régime. Vue par Gemini, l'IA de Google. |
Une presse bâillonnée.
La Presse n’était pas libre sous l’Ancien régime, n’en
déplaise à ses nostalgiques qui nous content de belles histoires de nos jours
La liberté de la
presse constitua d’ailleurs l'une des demandes les plus fréquentes
figurant dans les fameux cahiers de doléances rédigés partout en France pour les
États généraux, (après celles concernant les taxes et l'autorité
politique). La préoccupation d'un encadrement légal de cette
liberté se retrouve dans 380 des 427 cahiers (89% des cahiers dans
lesquels la presse est mentionnée).
Lire l'excellent article de Charles Walton sur le sujet en cliquant sur l'image ci-dessous :
C'est la raison pour laquelle la liberté de la presse fera l’objet de l’article 11 de la
future déclaration des Droits de l’Homme et près de 400 journaux
nouveaux paraîtront à Paris entre juillet1789 et 1792 ! La
Révolution marquera le début de l’ère de la Presse.
Si vous voulez
savoir à quoi ressemble une presse muselée, je vous invite à
consulter le numéro du Journal de Paris en date du 8 mai 1789. Vous y
découvrirez, entre autres, la météo de l’avant veille, la
hauteur de la Seine, le discours du roi aux États généraux, 2
arrêts du Conseil d’État du Roi, l’annonce d’un mariage
l’avant veille, une pub pour un cours de mathématique, une pub
pour des partitions de musique, le programme des spectacles à Paris,
des infos de la veille concernant la Bourse et la cour des changes,
et une petite rubrique nécrologique…
Concernant les 2
arrêts figurant en page 2 et 3 de ce journal, celui du 6 mai
interdit de publier quoi que ce soit sans la permission de Sa Majesté
et celui du 7 mai condamne la publication de la brochure publiée par
Mirabeau, chez le libraire le Jay fils, brochure traitant de ce qui
se dit aux États généraux.
Lorsqu’il parle
d’autre chose que de la météo, des spectacle ou de la Bourse,
le Journal de Paris n'est donc rien d'autre que le porte voix de l’arbitraire du pouvoir royal. Mais n'accablons pas ce journal qui fut le premier quotidien publié dans la Capitale à partir de 1777 pour la somme modique de 2 sous. Car on risquait gros à l'époque si l'on voulait écrire autre chose que ce qui ne dérangeait pas le roi !
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Liseur de journaux, pour ceux qui ne savaient pas lire. |
Rien sur les États généraux !
Je vous rappelle que
depuis le lundi 5 mai, se déroule un évènement d’une importance
énorme pour tous les Français, la réunion des États généraux à
Versailles ! Mais chut ! On ne doit pas en parler, car ce
serait un crime de lèse Majesté !
Je vous donne à
lire ci-dessous les deux arrêts du roi, qui en disent long sur le type de pouvoir qu'il représente, ainsi que sur sa crainte grandissante
de ce qui pourrait sortir de ces États généraux :
Source : https://www.retronews.fr/journal/journal-de-paris/08-mai-1789/2/0625936d-2344-42db-a8ef-ab840cc23f2a
Arrêt du Conseil d’État du Roi, qui ordonne l’exécution des
Règlements de la Librairie, et qui fait défendre à tous
imprimeurs, Libraires, ou autres, d’imprimer, publier, distribuer
aucun prospectus, Journal ou autre Feuille périodique, sans la
permission de Sa Majesté.

Le Roi, étant
informé qu’on distribue dans le public plusieurs Prospectus
d’Ouvrages périodiques pour lesquels il n’a été accordé
aucunes permissions, a résolu de réprimer un abus aussi contraire
au bon ordre qu’Aux Règlements de la Librairie, dont Sa Majesté
entend maintenir l’exécution jusqu’à ce que, d’après les
observations qui lui seront présentées par les États généraux,
Elle ait fait connaître ses intentions sur les modifications dont
ces règlements peuvent être susceptibles. A quoi voulant pourvoir,
ouï le rapport, le Roi étant en son Conseil, de l’avis de M. le
Garde des Sceaux, a ordonné & ordonne que les Règlements rendus
sur la police de la Librairie seront exécutés selon leur forme &
teneur, jusqu’à ce que, par Sa Majesté, il en ait été autrement
ordonné ; fait en conséquence, Sa Majesté, très expresses
inhibitions & défenses à tous les Imprimeurs, Libraires ou
autres, d’imprimer, publier ou distribuer aucun Prospectus, Journal
ou autre Feuille périodique, sous quelque d »nomination que ce
soit, à mois qu’ils n’en aient obtenu une permission expresse de
Sa Majesté ; Défend pareillement, Sa Majesté, à tous les
Imprimeurs et Libraires de recevoir aucune souscription pour lesdits
Ouvrages périodiques, publiés sans souscription, sous peine
d’interdiction de leur état, & même de plus grande peine si
il y échoit. Enjoint, Sa Majesté, au Sieur Lieutenant-Général de
Police à Paris, & aux Sieurs Intendants & Commissaires
départis dans les Provinces, de tenir la main, chacun en droit soi,
à l’exécution du présent Arrêt partout où besoin sera, &
transcrit sur les Registres de toutes les Chambres Syndicales du
Royaume. Fait au Conseil d’État du Roi, Sa Majesté y étant, tenu
à Versailles le six Mai mil sept cent quatre-vingt-neuf.
Arrêt du Conseil
d’État du 6 de ce mois qui supprime le N°1er d'une Feuille périodique ayant pour titre États Généraux, & qui fait défense d'en publier la suite.
Le Roi, par son Arrêt du 6 de ce mois, en ordonnant l’exécution des Règlements
de la Librairie, a défendu l’impression, publication &
distribution de tous les Prospectus, Journaux ou autres Feuilles
périodiques qui ne seraient pas revêtus de sa permission expresse ;
mais Sa Majesté étant informée qu’on a osé répandre dans le
Public, en vertu d’une souscription ouverte sans aucune
autorisation, & sous la forme d’un Ouvrage périodique, un
Imprimé portant N°1er, & ayant pour titre, États généraux,
daté de Versailles du 2 Mai 1789, commençant par ces mots :
avant de parler de la Cérémonie, &finissant par ceux-ci ;
le simple récit des faits exige trop de place ; dont la
souscription est annoncée chez Jay fils, Libraire à Paris, a cru
devoir marquer particulièrement son improbation dur un écrit aussi
condamnable au fond qu’il est répréhensible dans la forme. A quoi
voulant pourvoir, ouï le Rapport & tout considéré, le Roi
étant en son Conseil, de l’avis de M. le Garde des Sceaux, a
supprimé & supprime ledit Imprimé, comme injurieux & portant
avec lui, sous l’apparence de la liberté, tous les caractères de
la licence ; défend à tous les imprimeurs, Libraires,
Colporteurs & autres, de vendre, publier ou distribuer ledit
Imprimé, sous peine d’interdiction de leur état : ordonne Sa
Majesté à toutes personnes qui pourraient en avoir des exemplaires
de les porter au Greffe du Conseil pour y être supprimés ;
fait Sa Majesté très expresses inhibitions & défendes sous
peine d’interdiction, & même de plus grande peine s’il y
échoit, au nommé le Jay fils, Libraire à Paris & à tous
Imprimeurs, Libraires & autres, de recevoir aucune souscription
pour ladite Feuille périodique ; comme aussi d’imprimer,
publier ou distribuer aucun numéro qui pourrait en être la suite.
Enjoint S.M. au Sir Intendant & Commissaires répartis dans les
Provinces de tenir la main chacun en droit soi à l’exécution du
présent Arrêt, lequel sera imprimé, publié & affiché partout
où besoin sera, & notamment dans les villes de Paris & de
Versailles, & transcrit sur les registres de toutes les Chambres
Syndicales du Royaume. Fait au Conseil d’État du Roi, Sa Majesté
y étant, tenu à Versailles le 7 Mai 1789.
Plus d'infos en vidéos ?
En cliquant sur l'image ci-dessous, vous pourrez accéder à 3 vidéos sur le même sujet de la presse que j'ai sélectionnées pour vous :
Vous pouvez également lire cet article intéressant sur le site Gallica de la BNF :
https://gallica.bnf.fr/accueil/fr/html/la-liberte-de-la-presse-lepreuve-des-regimes-politiques-1789-1881
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Bien cordialement
Bertrand