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Mauvaise organisation ?
Le gouvernement a fait afficher ce matin le placard suivant :
« De par le Roi.
« Sa Majesté ayant fait connaître aux députés des trois ordres l’intention où elle était qu’ils s’assemblassent dès aujourd’hui 6 mai, les députés sont avertis que le local destiné à les recevoir sera prêt à neuf heures du matin. »
Une proclamation du héraut d’armes confirme ce placard. Les membres des communes (le Tiers-État) se rendent au lieu indiqué, où ils attendent vainement jusqu’à deux heures et demie. Les deux autres ordres, qui n’y sont pas venus, comme on l’a su bientôt après, étaient assemblés dans des chambres voisines.
Ce défaut de réunion excite un grand murmure dans l’assemblée des communes.
M. Leroux, en sa qualité de député le plus âgé, est chargé de rappeler l’ordre. Il choisit six assistants aussi parmi les plus anciens. – La discussion est très tumultueuse.
Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4245_t2_0028_0000_21
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| Charles-Florimond Leroux Député du baillage d'Amiens |
La tumultueuse discussion.
M. Malouet, député d’Auvergne
Nous avons tous assisté, comme représentants de la nation, à l'ouverture solennelle des États généraux, et le même titre, constaté seulement par nos bailliages respectifs, nous réunit aujourd'hui. Une invitation indirecte du souverain, ou la volonté présumée des deux premiers ordres, distribua en trois Chambres différentes l'universalité des membres qui composent l'Assemblée nationale ; et les représentants des communes se trouvent séants dans cette salle.
Avant de connaître les opinions diverses qui doivent s'élever et prévaloir parmi nous, je ne crois pas que celle d'établir une police provisoire et un moyen préalable de délibération, puisse être combattue ; et je ne conçois pas qu'une forme quelconque d'opiner, un parti à prendre quel qu'il soit, dans une grande Assemblée, puisse être arrêté sans délibération.
Permettez-moi donc de vous représenter que nous devons à la dignité de la nation, au nom de laquelle nous allons parler et agir, de nous soumettre, par un premier mouvement d'ordre public, à la forme la plus simple et la plus sûre pour faire connaître à chacun les intentions de tous.
La présidence du doyen, l'assistance des anciens, et le silence de l'Assemblée, lorsque l'un des anciens, ou l'un de Messieurs, avec leur permission, prendront la parole, sont des préliminaires indispensables, qui produiront une discussion régulière de la proposition que je vais avoir l'honneur de vous faire. Elle se réduit à envoyer des députés aux deux premiers ordres, pour leur annoncer que les représentants des communes, réunis en la salle des États, désirent instamment que MM. les députés du clergé et de la noblesse viennent prendre séance en l'Assemblée nationale, pour procéder à la vérification des pouvoirs respectifs et accélérer l'instant où nous pourrons, par une députation des États généraux, présenter au Roi les remerciements, les vœux et les hommages de la nation.
M. le comte de Mirabeau. Nous ne devons nous regarder, jusqu'à ce que nos pouvoirs soient vérifiés, que comme une agrégation d'individus qui peuvent conférer amicalement, mais qui n'ont aucun caractère pour agir : il faut porter le respect du principe jusqu'à refuser d'ouvrir les lettres qui sont adressées aux communes et remises dans cette salle. Laissons du temps aux ordres privilégiés pour réfléchir, soit à l'inconséquence du système de séparation provisoire, puisque tous les ordres ont un intérêt égal à la vérification des pouvoirs de chaque ordre, à l'absurdité qu'il y aurait à confondre leur vérification et leur légitimation, et à soutenir que les pouvoirs des représentants de la nation ne doivent pas être légitimés par l'Assemblée nationale ; soit enfin aux dangers d'une scission que leur opiniâtreté, sur ce premier et important acte de juridiction, pourrait entraîner.
Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4249_t2_0028_0000_16
M. Mounier. Je pense qu'une semblable démarche compromettrait l'intérêt des communes ; qu'il n'y a point de danger à temporiser ; que peut-être dans le même moment les ordres privilégiés délibèrent sur le même objet ; et qu'enfin on sera bientôt instruit du résultat de leurs délibérations.
L'avis qui l'emporte est, qu'attendu que les pouvoirs ne sont pas vérifiés, les députés ne doivent encore se regarder que comme une agrégation d'individus présentés pour les États généraux, individus qui peuvent conférer amicalement, mais qui n'ont encore aucun caractère pour agir.
Par respect peur ce principe, l'Assemblée refuse d'ouvrir des lettres adressées au tiers état.
Plusieurs membres observent qu'il faut laisser aux ordres privilégiés le temps de réfléchir, soit à l'inconséquence du système de séparation provisoire, soit à l'absurdité qu'il y aurait à confondre leur vérification et leur légitimation, soit enfin aux dangers d'une scission qui pourrait suivre la résistance des privilégiés.
Vers deux heures et demie, un député du Dauphiné annonce qu'il vient d'être instruit que la vérification particulière des pouvoirs a été déterminée dans les deux ordres privilégiés.
La séance est levée, et les membres des communes s'ajournent à demain matin neuf heures.
Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4249_t2_0029_0000_1



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Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand