mardi 19 mai 2020

19 Mai 1789 : La noblesse nomme une commission de conciliation avec les deux autres ordres.

Représentant de la Noblesse
aux États Généraux
Source image

    "La Chambre de la noblesse nomme les commissaires chargés de conférer avec les deux autres ordres sur les moyens de conciliation. Ce sont MM. le marquis de Bouthilier, le duc de Luxembourg, le marquis de la Queuille, le comte d'Entraigues, le duc de Mortemart, le vicomte de Pouilly, de Cazalès, de Bressand."

    Je vous invite à lire les biographies de ces "commissaires" via leurs liens vers Wikipédia. Vous constaterez qu'ils ne figuraient pas vraiment parmi les plus conciliateurs...

A noter que je n'ai trouvé aucune trace du ci-devant "de Bressand" 

  
Marquis de Bouthilier  

Duc de Luxembourg

Marquis de La Queuille

Comte d'Entraigues

Duc de Mortemart

Source :
https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4321_t2_0043_0000_7

 













19 Mai 1789 : Le roi autorise les journaux à rendre compte des États Généraux.

 

Imprimerie au 18ème siècle
Extrait de l'encyclopédie de Diderot et D'Alembert.

    Charles Poitevin de Maissemy, Maître des Requêtes et Directeur Général de la Librairie de France, écrit aux Auteurs du Journal de Paris pour les informer de la décision suivante :

"La juste impatience du Public, MM. , ayant porté le Roi à trouver bon que toutes les Feuilles périodiques & tous les Journaux autorisés rendissent compte de ce qui se passe aux États Généraux, en se bornant aux faits dont ils pourront se procurer la connaissance exacte, sans se permettre aucune réflexion ni aucun commentaire, M. le Garde des Sceaux m'a chargé de vous notifier les intentions de Sa Majesté.

J'ai l'honneur d'être, Etc.

Signé De Maissemy."

 Le Journal de Paris publiera cette décision le lendemain, dans son numéro 140 du mercredi 20 mai 1789. Voir ci-dessous :

 

vendredi 8 mai 2020

8 Mai 1789 : Le Journal de Paris, instrument du pouvoir royal contre la Presse.

Allégorie de la presse bâillonnée sous l'Ancien régime.
Vue par Gemini, l'IA de Google.

Une presse bâillonnée.

    La Presse n’était pas libre sous l’Ancien régime, n’en déplaise à ses nostalgiques qui nous content de belles histoires de nos jours

    La liberté de la presse constitua d’ailleurs l'une des demandes les plus fréquentes figurant dans les fameux cahiers de doléances rédigés partout en France pour les États généraux, (après celles concernant les taxes et l'autorité politique). La préoccupation d'un encadrement légal de cette liberté se retrouve dans 380 des 427 cahiers (89% des cahiers dans lesquels la presse est mentionnée).

Lire l'excellent article de Charles Walton sur le sujet en cliquant sur l'image ci-dessous :

    C'est la raison pour laquelle la liberté de la presse fera l’objet de l’article 11 de la future déclaration des Droits de l’Homme et près de 400 journaux nouveaux paraîtront à Paris entre juillet1789 et 1792 ! La Révolution marquera le début de l’ère de la Presse.

    Si vous voulez savoir à quoi ressemble une presse muselée, je vous invite à consulter le numéro du Journal de Paris en date du 8 mai 1789. Vous y découvrirez, entre autres, la météo de l’avant veille, la hauteur de la Seine, le discours du roi aux États généraux, 2 arrêts du Conseil d’État du Roi, l’annonce d’un mariage l’avant veille, une pub pour un cours de mathématique, une pub pour des partitions de musique, le programme des spectacles à Paris, des infos de la veille concernant la Bourse et la cour des changes, et une petite rubrique nécrologique…

    Concernant les 2 arrêts figurant en page 2 et 3 de ce journal, celui du 6 mai interdit de publier quoi que ce soit sans la permission de Sa Majesté et celui du 7 mai condamne la publication de la brochure publiée par Mirabeau, chez le libraire le Jay fils, brochure traitant de ce qui se dit aux États généraux.

    Lorsqu’il parle d’autre chose que de la météo, des spectacle ou de la Bourse, le Journal de Paris n'est donc rien d'autre que le porte voix de l’arbitraire du pouvoir royal. Mais n'accablons pas ce journal qui fut le premier quotidien publié dans la Capitale à partir de 1777 pour la somme modique de 2 sous. Car on risquait gros à l'époque si l'on voulait écrire autre chose que ce qui ne dérangeait pas le roi !

 

Liseur de journaux, pour ceux qui ne savaient pas lire.

Rien sur les États généraux !

    Je vous rappelle que depuis le lundi 5 mai, se déroule un évènement d’une importance énorme pour tous les Français, la réunion des États généraux à Versailles ! Mais chut ! On ne doit pas en parler, car ce serait un crime de lèse Majesté !

    Je vous donne à lire ci-dessous les deux arrêts du roi, qui en disent long sur le type de pouvoir qu'il représente, ainsi que sur sa crainte grandissante de ce qui pourrait sortir de ces États généraux :

Source : https://www.retronews.fr/journal/journal-de-paris/08-mai-1789/2/0625936d-2344-42db-a8ef-ab840cc23f2a

Arrêt du Conseil d’État du Roi, qui ordonne l’exécution des Règlements de la Librairie, et qui fait défendre à tous imprimeurs, Libraires, ou autres, d’imprimer, publier, distribuer aucun prospectus, Journal ou autre Feuille périodique, sans la permission de Sa Majesté.

Le Roi, étant informé qu’on distribue dans le public plusieurs Prospectus d’Ouvrages périodiques pour lesquels il n’a été accordé aucunes permissions, a résolu de réprimer un abus aussi contraire au bon ordre qu’Aux Règlements de la Librairie, dont Sa Majesté entend maintenir l’exécution jusqu’à ce que, d’après les observations qui lui seront présentées par les États généraux, Elle ait fait connaître ses intentions sur les modifications dont ces règlements peuvent être susceptibles. A quoi voulant pourvoir, ouï le rapport, le Roi étant en son Conseil, de l’avis de M. le Garde des Sceaux, a ordonné & ordonne que les Règlements rendus sur la police de la Librairie seront exécutés selon leur forme & teneur, jusqu’à ce que, par Sa Majesté, il en ait été autrement ordonné ; fait en conséquence, Sa Majesté, très expresses inhibitions & défenses à tous les Imprimeurs, Libraires ou autres, d’imprimer, publier ou distribuer aucun Prospectus, Journal ou autre Feuille périodique, sous quelque d »nomination que ce soit, à mois qu’ils n’en aient obtenu une permission expresse de Sa Majesté ; Défend pareillement, Sa Majesté, à tous les Imprimeurs et Libraires de recevoir aucune souscription pour lesdits Ouvrages périodiques, publiés sans souscription, sous peine d’interdiction de leur état, & même de plus grande peine si il y échoit. Enjoint, Sa Majesté, au Sieur Lieutenant-Général de Police à Paris, & aux Sieurs Intendants & Commissaires départis dans les Provinces, de tenir la main, chacun en droit soi, à l’exécution du présent Arrêt partout où besoin sera, & transcrit sur les Registres de toutes les Chambres Syndicales du Royaume. Fait au Conseil d’État du Roi, Sa Majesté y étant, tenu à Versailles le six Mai mil sept cent quatre-vingt-neuf.


Arrêt du Conseil d’État du 6 de ce mois qui supprime le N°1er d'une Feuille périodique ayant pour titre États Généraux, & qui fait défense d'en publier la suite.


Le Roi, par son Arrêt du 6 de ce mois, en ordonnant l’exécution des Règlements de la Librairie, a défendu l’impression, publication & distribution de tous les Prospectus, Journaux ou autres Feuilles périodiques qui ne seraient pas revêtus de sa permission expresse ; mais Sa Majesté étant informée qu’on a osé répandre dans le Public, en vertu d’une souscription ouverte sans aucune autorisation, & sous la forme d’un Ouvrage périodique, un Imprimé portant N°1er, & ayant pour titre, États généraux, daté de Versailles du 2 Mai 1789, commençant par ces mots : avant de parler de la Cérémonie, &finissant par ceux-ci ; le simple récit des faits exige trop de place ; dont la souscription est annoncée chez Jay fils, Libraire à Paris, a cru devoir marquer particulièrement son improbation dur un écrit aussi condamnable au fond qu’il est répréhensible dans la forme. A quoi voulant pourvoir, ouï le Rapport & tout considéré, le Roi étant en son Conseil, de l’avis de M. le Garde des Sceaux, a supprimé & supprime ledit Imprimé, comme injurieux & portant avec lui, sous l’apparence de la liberté, tous les caractères de la licence ; défend à tous les imprimeurs, Libraires, Colporteurs & autres, de vendre, publier ou distribuer ledit Imprimé, sous peine d’interdiction de leur état : ordonne Sa Majesté à toutes personnes qui pourraient en avoir des exemplaires de les porter au Greffe du Conseil pour y être supprimés ; fait Sa Majesté très expresses inhibitions & défendes sous peine d’interdiction, & même de plus grande peine s’il y échoit, au nommé le Jay fils, Libraire à Paris & à tous Imprimeurs, Libraires & autres, de recevoir aucune souscription pour ladite Feuille périodique ; comme aussi d’imprimer, publier ou distribuer aucun numéro qui pourrait en être la suite. Enjoint S.M. au Sir Intendant & Commissaires répartis dans les Provinces de tenir la main chacun en droit soi à l’exécution du présent Arrêt, lequel sera imprimé, publié & affiché partout où besoin sera, & notamment dans les villes de Paris & de Versailles, & transcrit sur les registres de toutes les Chambres Syndicales du Royaume. Fait au Conseil d’État du Roi, Sa Majesté y étant, tenu à Versailles le 7 Mai 1789.
 

Vendeuse de Journaux sous la Révolution.
Estampes commentée sur cette page : 2ème vidéo

Plus d'infos en vidéos ?

    En cliquant sur l'image ci-dessous, vous pourrez accéder à 3 vidéos sur le même sujet de la presse que j'ai sélectionnées pour vous :


 

    Vous pouvez également lire cet article intéressant sur le site Gallica de la BNF :
https://gallica.bnf.fr/accueil/fr/html/la-liberte-de-la-presse-lepreuve-des-regimes-politiques-1789-1881

jeudi 7 mai 2020

7 Mai 1789 : Interdiction de publier des comptes rendus ? Mirabeau résiste !

 


    La Presse n'est pas libre sous l'Ancien régime. Cette liberté est d'ailleurs réclamée dans nombre de cahiers de doléances. Le pouvoir royal a interdit de publier des comptes rendus des séances des États-généraux !

Petit rappel :

  • 16 avril 1789 : lettre de Charles Poitevin de Maissemy, directeur général de la Librairie, au syndicat des libraires, pour arrêter la circulation du prospectus et la distribution du Patriote français de Jacques-Pierre Brissot.
  • 6 mai : arrêt du Conseil interdisant toute publication périodique à moins de permission expresse.
  • 7 mai : arrêt supprimant les États-Généraux de Mirabeau (dont deux livraisons paraissent les 6 et 7). Lire cet article.
  • 8 mai : arrêté des électeurs du Tiers-État de Paris, protestant contre les arrêts précédents et réclamant la liberté de la presse.
  •  19 mai : lettre de Maissemy, au Journal de Paris, permettant aux journaux « autorisés » de rendre compte des États Généraux en se bornant aux faits, sans se permettre aucune réflexion.
 Source : https://books.openedition.org/pul/1559?lang=fr
 
Mirabeau

Mirabeau résiste !

    Mirabeau ne tient pas compte de ces arrêts ! Il va publier le compte rendu des séances de l'Assemblée des Communes, ainsi que ses analyses sur les questions politiques à l'ordre du jour, d'abord sous le titre "Lettres du comte Mirabeau à ses commettants" du 10 (ou du 20) mai au 25 juillet 1789, puis sous le titre "Courrier de Provence", publié à Paris, chez Le Jay fils, rue de l'Échelle Saint-Honoré, jusqu'au 30 septembre 1791.

    Le 21 mai, sur ordre du roi, le Lieutenant de Police de Louis Thirioux de Crosne, fera saisir chez tous les libraires et chez Le Jays, tous les exemplaires disponibles de la première Lettre du Comte de Mirabeau à ses commettants, qui faisait suite à ses États-Généraux interdits.

Lisez également l'article du 8 mai 1789 ! 😉

Google nous met à disposition ces publications de Mirabeau ! Ne boudons pas notre plaisir !

mercredi 6 mai 2020

6 Mai 1789 : Les députés du Tiers-état deviennent les députés des Communes

Estampes de 1789 représentant quelques députés du Tiers-État.

Changement de dénomination.

    Les députés du Tiers-état décident de prendre le titre de députés des Communes en référence à la House of Commons (Chambre des Communes) du parlement Britannique qui existe depuis le 13ème siècle. 

    Nous verrons par la suite que l’Angleterre sera une source d’inspiration pour nombre de révolutionnaires, autant pour la monarchie constitutionnelle que pour l’idée de République !

 

Le piège de la vérification des pouvoirs.

    La noblesse et le clergé occupent des salles de délibération séparées afin de procéder à la vérification des pouvoirs respectifs de leurs députés et donc se constituer en ordre. Du côté de la noblesse, seule une minorité de 47 députés souhaitent une vérification des pouvoirs commune aux trois ordres. Côté clergé, les avis sont plus partagés puisqu'ils sont 114 pour et 133 contre. L’intérêt de Tiers-état est de ne surtout pas effectuer la vérification des pouvoirs de ses députés et donc se constituer, ce qui reviendrait à accepter l'ancienne forme de consultation par ordre. Mirabeau - noble élu dans le Tiers-état - l'a bien compris. 

Le tonitruant Mirabeau.

    Nous verrons bientôt que Mirabeau comprend souvent tout avant tout le monde. Ce tonitruant tribun surgit à la tribune en criant "Rien de tout cela, Tant que les pouvoirs n'auront pas été vérifiés en commun nous ne sommes, nous Tiers-état, qu'une agrégation d'individus". En d'autres termes, il faut attendre.

Jean-Joseph Mounier

    Des émissaires, sous la conduite de Mounier, ont été envoyés aux deux autres ordres pour les convaincre de rejoindre le Tiers, mais sans résultat. Le blocage de la situation va s’éterniser. Pendant ce temps-là, la désunion va s'accentuer chez les privilégiés, les 47 nobles vont faire des émules et les curés du bas clergé (menés par l’Abbé Grégoire) combattent à la tribune les prélats du haut clergés qui sont aussi des nobles.


6 Mai 1789 : Les États généraux commencent mal pour les députés du Tiers…

 

Image généré par Gemini, l'IA de Google.

Le gouvernement a fait afficher ce matin le placard suivant :

« De par le Roi.

« Sa Majesté ayant fait connaître aux députés des trois ordres l’intention où elle était qu’ils s’assemblassent dès aujourd’hui 6 mai, les députés sont avertis que le local destiné à les recevoir sera prêt à neuf heures du matin. »

    Une proclamation du héraut d’armes confirme ce placard. Les membres des communes (le Tiers-État) se rendent au lieu indiqué, où ils attendent vainement jusqu’à deux heures et demie. Les deux autres ordres, qui n’y sont pas venus, comme on l’a su bientôt après, étaient assemblés dans des chambres voisines.

    Ce défaut de réunion excite un grand murmure dans l’assemblée des communes.

    M. Leroux, en sa qualité de député le plus âgé, est chargé de rappeler l’ordre. Il choisit six assistants aussi parmi les plus anciens. – La discussion est très tumultueuse.

Source : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4245_t2_0028_0000_21

 

Charles-Florimond Leroux
Député du baillage d'Amiens

Ça commence mal, non ?

mardi 5 mai 2020

5 Mai 1789 : Un député inconnu commence son étonnant journal des Etats Généraux


    Ce passionnant "Journal des États-Généraux" a été rédigé par un député de la Picardie envoyé aux dits états. Rédigé au jour le jour, ce député resté inconnu envoya sa chronique à Laon jusqu’au 18 février 1790, afin de tenir informés les électeurs de sa province.

    Le document est manuscrit, mais l’écriture est belle et assez facile à lire. Le document est particulièrement intéressant parce que non seulement son auteur a scrupuleusement rapporté tous les événements petits et grands qui ont émaillé le déroulement des États Généraux, mais son récit est parsemé de savoureuses observations concernant des personnages encore inconnus qui deviendront des grandes figures de la Révolution. On se régale de chacune de ses citations, toujours moqueuses.

    Comme le dit le texte de présentation de ce document sur le site de la BNF, « nous croyons que la publication de ce manuscrit offrirait un certain intérêt, tant au point de vue historique et politique qu’au point de vue anecdotique. »

Vous pouvez le consulter sur le site de la BNF via la fenêtre ci-dessous :