mercredi 8 juillet 2020

8 Juillet 1789 : Un prétendu espion de la police, malmené au Palais Royal, vu par Janinet

"Supplice d'un espion de la police"
Dessin de Jean-François Janinet

    Cette scène, dessinée par Jean-François Janinet représente un incident malheureux qui a eu lieu au Palais Royal. La foule, mal renseignée, a pris le sieur Zessi, un Suisse travaillant à Paris, pour un espion dénonçant les agitateurs du Palais Royal. Ces espions existaient pourtant bel et bien (La police ne portait pas d'uniformes à l'époque), Ils s'infiltraient partout et cela créait un climat de suspicion générale.

Un mot sur Jean-François Janinet !

    Jean-François Janinet était un graveur de talent, mais c'était aussi l'un des premiers aérostiers ! Il abandonnera sa passion pour le vol en aérostat, après l'échec de sa tentative d'envol le dimanche 11 juillet 1784 dans les jardins du Luxembourg, avec l'aérostat qu'il avait construit avec Laurent-Antoine Miollan.

L'aérostat de Miollan et Janinet

L'embrasement de l'aérostat après sa chute.

                



8 Juillet 1789, Coup d’éclat de Mirabeau à l’Assemblée contre l’afflux de troupes sur Paris !

Article mis à jour le 03/11/2023.

Honoré, Gabriel Riquetti de Mirabeau

    Mirabeau, après un formidable discours à l’Assemblé nationale, où il dénonce les mauvais conseillers qui ébranlent le trône, fait voter aux députés la motion des électeurs parisiens réclamant le renvoi des troupes qui encerclent Paris.

    Nous avions vu le 4 juillet dernier que Louis XVI inquiet avait donné au vieux maréchal de Broglie, le commandement des troupes concentrées à Versailles avec l’ordre de les mener sur Paris pour le 13 juillet.

    Les craintes des députés de l’Assemblée nationale étaient donc justifiées, de même que celles des Parisiens, qui rappelons-le, manquaient de pains.

    Les interventions de Mirabeau sont toujours très longues. Il ne sait pas faire court (comme moi). A cette époque, tous les hommes politique, empreints de culture classique gréco-romaine, excellent tous dans la rhétorique, c’est-à-dire l’art de bien parler. (Les courtes interventions, voire les petits mots, de nos politiciens actuels, les laisseraient probablement sans voix !)

Uniformes de l'armée de ligne française d'ancien régime.

Voici un court extrait du discours du grand tribun :

« Déjà un grand nombre de troupe nous environnait. Il en est arrivé d’avantage, il en arrive chaque jour ; elles accourent de toutes parts ; 35.000 hommes sont déjà répartis en Paris et Versailles ; on en attend 20.000 ; des trains d’artillerie les suivent ; des points sont désignés pour les batteries ; on s’assure de toutes les communications : on intercepte tous les passages ; nos chemins, nos ponts, nos promenades sont changées en postes militaires. Des événements publics, des faits cachés, des ordres secrets, des contre-ordres précipités, les préparatifs de la guerre en un mot, frappent tous les yeux et remplissent d’indignation tous les cœurs.

Ainsi, ce n’était pas assez que le sanctuaire de la liberté eût été souillé par des troupes ! ce n’était pas assez qu’on eût donné le spectacle inouï d’une Assemblée Nationale astreinte à des consignes militaires et soumise à une force armée ! Ce n’était pas assez qu’on joignit à cet attentat toutes les inconvenances, tous les manques d’égards, et, pour trancher le mot, la grossièreté de la police brutale. Il a fallu déployer tout l’appareil du despotisme et montrer plus de soldats menaçants à la nation, le jour où le Roi lui-même l’a convoquée pour lui demander des conseils et des secours, qu’une invasion de l’ennemi n’en rencontrerait peut-être, et mille fois plus du moins qu’on n’en a pu réunir envers nous, pour emplir nos engagements les plus sacrés, pour conserver notre considération politique, et cette alliance des Hollandais si précieuse, mais si chèrement conquise, et surtout si honteusement perdue ! »

Le discours en son entier se trouve ici : https://bit.ly/2Xe92Oa

Merci de votre lecture.


Mécontentement des Parisiens lors des regroupements de troupes sur le Champs de Mars.


      

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"Les estampes révolutionnaires du citoyen Basset"


mardi 7 juillet 2020

7 Juillet 1789, Création du comité de constitution et arrivé du Prince de Lambesc à Paris

Article mis à jour le 07/07/2023

Création du premier comité de constitution

    Les députés de l'Assemblée nationale nouvellement créée, continuent de penser que la Révolution est terminée ; Aussi s'attellent-ils à la rédaction d'une constitution, et pour ce faire, ils créent un comité qui se chargera de ce long travail.

"Conformément au décret du 6 juillet 1789, le premier comité de Constitution est composé de trente membres, choisis le 7 juillet dans chacun des trente bureaux de l’Assemblée. Ces bureaux ayant été rapidement supprimés, le comité sera plus tard renouvelé et réduit à huit membres dès le 15 septembre. Tous seront des hommes politiques et/ou des juristes et sont issus des trois ordres :
 
 
  
 

    Le parti modéré, alors dominant à l’Assemblée constituante, l’est également au comité : la majorité des membres sont, en effet, des royalistes libéraux et constitutionnels, convaincus "de la nécessité de laisser au Roi toute la puissance nécessaire pour assurer le bonheur de la nation".

    La gauche est toutefois représentée au comité par Le Chapelier, Talleyrand-Périgord et l’abbé Sieyès.

    Le second comité de Constitution de la Constituante est réduit à sept membres (Talleyrand-Périgord, Le Chapelier, Demeunier, Thouret, Target, Rabaut Saint-Etienne et l’abbé Sieyès), trois secrétaires commis étant attachés aux trois comités de Constitution, de Révision et Central.

    L’éphémère comité de Constitution de la Convention nationale sera composé de neuf membres."


 


 

Ce même jour, le Prince de Lambesc arrive à Paris...

    Son régiment du royal-allemand campe dans les jardins de la Muette. Le pain manquant à Paris pour nourrir la troupe, le prince achète 300 Livres de pains.

Charles-Eugène de Lorraine, Prince de Lambesc.
 
Cavalier du Royal-Allemand (1779)

Merci de votre lecture.

 

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7 Juillet 1789 : Combat sanglant entre Gardes françaises et Hussards à Versailles

 

"Bravour des Gardes francaisse le 7 juillet à Versaille 1789 : un party d'husard ayant fort mal traité
un Garde française ; ses camarades volent a son secours, a pres un combat sanglant, les mettent en fuite"
Orthographe d'époque.

Source image : BNF.


              





lundi 6 juillet 2020

6 Juillet 1789, A l’assemblée Nationale, un député curé s’inquiète de la famine qui menace les pauvres.


Constitution de l'Assemblée Nationale le 17 Juin 1789.
    La séance à l’Assemblée nationale est ouverte à 10h du matin, sous la présidence de M. Le Franc de Pompignan archevêque de Vienne. La discussion s’ouvre sur le projet du comité des subsistances.
    M. Blandin, curé de l’Orléanais, prend le premier la parole pour exposer le sentiment général de son bureau.

"Les moyens," dit-il, "qui vous sont offerts par le comité des subsistances, ne nous présentent que des secours pour l’avenir, mais non pas pour le présent. Les besoins actuels sont urgents ; ils nous pressent de tous côtés ; les provinces éprouvent déjà les horreurs de la famine.

Nous devons nous attacher aux deux grands malheurs qui nous désolent, la disette de blé et la disette d’argent. Les productions de notre sol, un numéraire immense, produit de nos richesses, se sont répandus dans des contrées étrangères, et y répandent, à nos dépens, un superflu que la nature de nos travaux nous avait prodigué.

Cependant, sans nous livrer ici à des craintes incertaines, nous pouvons sans danger croire que le blé ne manque pas en France. Les provinces frontières n’en sont pas dépourvues ; mais c’est vraiment en se rapprochant du centre du royaume que le fléau de la disette s’appesanti davantage.

A Orléans et dans les environs, les troubles et les émeutes réitérés semblent être les avant-coureurs d’une famine prochaine ; dans d’autres provinces on a donné la mort à des malheureuses victimes auxquelles on ne pouvait donner du pain. Plus on avance, plus les obstacles se multiplient, et chaque jour présente un accroissement douloureux de nouveaux malheurs.

Il était temps, il y a un mois, de prévoir ces calamités : on pouvait ordonner la libre circulation des grains ; je l’ai même proposé dans la chambre du clergé ; mais à peine ma proposition a-t-elle été faite, qu’un membre s’est élevé contre elle ; il m’a accusé de peu respecter nos lois et l’autorité des cours. Sans doute personne ne respecte plus que moi les lois et la majesté du trône ; mais la religion des princes est souvent séduite, et le premier devoir d’un bon citoyen est de faire briller devant eux le flambeau de la vérité.

Je pense que nous devons encore songer au moyen que j’avais soumis au clergé. Le comité vous l’a présenté, et je le remets sous vos yeux.

Mais ce secours ne serait pas suffisant. Le mal est immense : chacun doit chercher, autant qu’il est en lui, à le diminuer ; et c’est ce qui me porte à croire qu’une souscription volontaire en faveur des pauvres contribuera beaucoup à soulager leur misère."


    Le Président de l’Assemblée annonce en complément de cette intervention qu’il vient de recevoir une lettre des boulangers de Paris adressée au comité, sur laquelle il y a "pressée". 

    L’assemblée demande le renvoi au comité des subsistances, qui est invité à s’assembler sur-le-champ.

    La proposition de ce brave curé soucieux des pauvres n’était pas nouvelle. La libre circulation des grains avait été l’objet d’un débat passionné durant tout le 18ème siècle. Sous l’ancien régime, il était pratiquement impossible de transporter des céréales d’une province à l’autre. Selon un rapport de la fin du siècle, sur 32 provinces, 10 produisaient plus qu'elles ne consommaient, 10 suffisaient à peu près à leur subsistance, et 12 ne récoltaient presque pas de céréales.

    Le ministre Turgot, empreint de l'esprit des lumières mais aussi libéral convaincu, avait essayé avec son édit du 13 septembre 1774, d’instaurer ce nouveau système économique de libre circulation des grains. Hélas, l’inquiétude que cela avait provoqué dans le peuple (peur de manquer en partageant), ainsi que de passables récoltes, avaient été causes de ce que l’on appela la guerre des farines qui donna lieu à de violentes émeutes et à une aussi violente répression durant les 2 années qui suivirent.
Dessin de Girard extrait de Histoire de France de G. Gautherot, paru en 1934.

    Le général de la Tour du Pin, envoyé pour réprimer la révolte, s’était rendu célèbre, en proclamant après avoir fait tirer sur la foule : « Vous avez faim ? Eh bien nous sommes en avril ; l’herbe commence à pousser : vous n’avez qu’à brouter comme des vaches ! ».

    Par suite de cet échec, Louis XVI avait congédié Turgot le 12 mai 1776 et l’avait remplacé par le prudent Necker.

    Necker, ce banquier genevois et protestant, était lui aussi acquis aux idées nouvelles, mais il pensait qu’il fallait tenir compte de ce que l’on appellerait de nos jours, l’opinion public. Il s’en préoccupait d’ailleurs beaucoup en publiant des ouvrages à l’intention des plus éclairés et faisant imprimer de nombreuses estampes à son honneur. Rien ne servait selon lui de tenter d’appliquer un système que l’on pense meilleur, si l’on ne s’est pas assuré au préalable que ce système sera peu ou prou compris par le peuple et par la même, appliqué.

    Les révoltes frumentaires (du latin frumentarius, « qui concerne le blé »), n’avaient pas cessé d’éclater sporadiquement depuis et en 1789, la situation de crise des années 1775 et 1776 se reproduisait.

Emeutes des subsistances de 1761 à 1789
Source graphique : https://manuelnumeriquemax.belin.education/histoire-seconde/topics/simple/hist2-ch08-290-01

    L’une des causes évoquées, à propos de cette rareté du blé, est celle du terrible orage, dit "du siècle", qui avait ravagé nombre de régions céréalières le 13 juillet 1788. De surcroît, un hiver particulièrement rude (-22°c à Paris), avait accru la faiblesse des plus démunis. Il y avait d'autres causes, dont je vous parlerai plus tard...

https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article14932
Carte du grand orage qui balaya le nord de la France le 13 juillet 1788.


    A la veille de la Révolution, sur une population de parisiens estimée à environ 600.000 habitants, plus de 70.000 étaient des indigents survivant dans des conditions précaires.

    Le pain, principal aliment du petit peuple, commençait à manquer et son prix augmentait. En ce début de juillet, la miche de pain pouvant nourrir une petite famille coûtait 14 sous, alors que le salaire d’un journalier à Paris était de 15 sous !

Le spectre de la famine hantait les Parisiens.

L'atroce misère est rarement représentée, car elle fait peur à tous. Voici une gravure de la famine de 1697, sous Louis XIV.

 Merci de votre lecture.

                


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dimanche 5 juillet 2020

5 Juillet 1789, les troupes "allemandes" du Prince de Lambesc arrivent sur Paris

Les Allemands du Roi aux portes de Paris.
Charles-Eugène de Lorraine, prince de Lambesc et comte de Brionne, duc d'Elbeuf, grand écuyer de France et maréchal de camp.
Charles-Eugène de Lorraine, prince de Lambesc .


    Les parisiens apprennent que des troupes de mercenaires allemands approchent de Paris. Il s’agit, entre autres, du régiment royal-allemand, celui que Charles-Eugène de Lorraine, prince de Lambesc et comte de Brionne, duc d'Elbeuf, grand écuyer de France et maréchal de camp a acheté au prince de Nassau-Siegen, en 1785.

(Ne vous étonnez pas de voir un régiment d'étrangers constituer un régiment français. C'était chose courante à l'époque.)

    Le prince de Lambesc avait reçu le 28 Juin dernier, l’ordre du Roi de quitter Valenciennes.

    En effet, Le 26 Juin, Louis XVI inquiet de la tournure qu’avaient pris les Etats Généraux et probablement poussé par Marie Antoinette et son entourage, avait donné l’ordre à trois régiments de cavalerie et trois régiments d’infanterie du Nord et de l’Est (environ 20 000 hommes) de rallier Paris. Le prudent Necker avait en vain tenté de l’en dissuader, mais le Roi n’avait pas cédé.

    Louis XVI jouait donc double-jeu, puisque rappelons-le, le 27 Juin il avait enthousiasmé les députés de l’Assemblée Nationale en demandant à la noblesse et au clergé de rejoindre ceux-ci au sein de ladite assemblée.

    Plus par faiblesse semble-t-il que par esprit de duperie, Louis XVI agira toujours ainsi, ses initiatives privées voire secrètes, allant à l’encontre de ses initiatives publiques. Il faudra beaucoup de temps et beaucoup de preuves pour que ce roi si aimé de son peuple finisse par être méprisé puis haï par de plus en plus de Français.

    Le Prince de Lambesc appartenait à la très haute noblesse française. De par ses parents, il était issu de Maisons dites "à l'instar de l'étranger", c'est-à-dire de familles ayant régné sur des pays étrangers. Ces dernières étaient traitées avec tous les égards dus à leur rang.

    Nous reparlerons de lui dans les prochains jours. Sachons qu’il quittera la France avant la fin de 1789 et qu’on le retrouvera dès 1792 combattant l’armée française dans l’armée autrichienne. Il y sera nommé Feldmarschallieutnant en 1796...


https://www.ader-paris.fr/lot/83830/7722804?npp&fbclid=IwAR31gk34NP3ClzfQSj8WR1gmhqWtkc980OGql2qUYLeDTdcWhGgEzvrtQDI
Dragon du régiment du Prince de Lambesc
    Un dernier mot encore. Il était courant à cette époque que des troupes étrangères fassent parties de l’armée royale. De même, il arrivait que des généraux vendent leurs services à l’étranger, voire à l’ennemi. Pour ces derniers, tous nobles, les liens du sang prévalaient probablement sur la fidélité à leur pays. Le fameux général Dumouriez, par exemple, le vainqueur de Valmy avec Kellermann, le héros des premières victoires de l’armée française républicaine, abandonnera l’armée française le 18 Mars 1793 et rejoindra les forces du Saint-Empire.

A suivre…

Merci de votre lecture




  

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samedi 4 juillet 2020

4 Juillet 1789 : La Révolution est terminée ! (Ou pas ?)


La Révolution française est terminée ! (LOL)

    Le croirez-vous ? Presque tout le monde pensait depuis le 27 juin dernier que la Révolution était enfin terminée ! Ce jour-là, en effet, le roi Louis XVI avait convié le Clergé et la Noblesse à se joindre au Tiers Etat et tout le monde croyait dur comme fer que le moment pénible des Etats généraux était terminé !
Une du Journal de Paris du 1er Juillet 1789


    "La révolution est finie", "Elle n'aura pas coûté une goutte de sang", avait-on écrit dans les journaux ! Les députés du Tiers s’étaient réjouis de constater que le Roi revenait enfin à de meilleurs sentiments. Ces turbulents Etats Généraux semblaient avoir une fin heureuse !...

Oui, cela aurait pu se passer ainsi, mais...

    Néanmoins, de nombreux régiments campaient tout autour de Paris, à Saint-Denis, Saint-Cloud, Sèvres et jusque sur le champ de Mars tout proche. Les Parisiens protestaient contre ces milliers de bouches à nourrir qui risquaient d’aggraver la disette et qui présentaient un danger pour l'Assemblée nationale nouvellement créée. On craignait que la soldatesque ne chasse les députés par la force. Inquiets, les électeurs parisiens du Tiers Etat avaient donc esquissé le 29 juin les bases d’un projet de garde bourgeoise qui comprendrait les principaux habitants de chaque quartier.

    Le 30 Juin, environ 4000 habitués du Palais-Royal, (le quartier de plaisir que Louis Philippe d'Orléans avait fait construire en 1780), avaient délivré une dizaine de soldats des gardes-françaises, emprisonnés à l’Abbaye pour désobéissance, et les avaient promenés en triomphe. Les hussards et les dragons envoyés pour établir l’ordre s’étaient écrié : « Vive la Nation ! » Et avaient refusé de charger la foule. J'attire votre attention sur ce refus d'obéir aux ordres qui expliquera bien des événements à venir.

Libération de 11 soldats des Gardes Françaises par les Parisiens

    Le 1er juillet, une délégation importante de Parisiens s'était présentée devant l'Assemblée nationale pour demander à celle-ci qu'elle fasse œuvre de médiation auprès du Roi pour obtenir la grâce des quelques soldats emprisonnés.

Une du Journal de Paris du 3 Juillet 1789

    Le jeudi 2, des pétitionnaires du Palais Royal avaient même proposé de détrôner Louis XVI et de la remplacer par le duc d’Orléans !


    Le mois de juillet commence donc plutôt mal...

    Louis XVI s'en inquiète. Raison pour laquelle il donne au vieux maréchal de Broglie, le commandement des troupes que l’on est en train de concentrer sur Versailles. Lui et son lieutenant suisse, Besenval, reçoivent l'ordre de rassembler ces troupes autour de Paris pour le 13 juillet...

Victor François de Broglie

    Nommé secrétaire d’état à la guerre le 11 juillet suivant, Le vieux Maréchal de France émigrera lors du rappel de Jacques Necker le 16 juillet. Plus tard, en 1792, il commandera l'armée contre-révolutionnaire de Condé qui opérera en Champagne pendant l'invasion austro-prussienne qui sera arrêtée à Valmy. Ce grand homme issu d’une vieille famille, avait aussi été fait prince du Saint-Empire romain germanique en 1759 et il avait reçu le titre de Feld-Maréchal de Russie en 1797. L’orage révolutionnaire passé, il refusera de revenir en France et mourra en 1804 dans la ville allemande de Münster.

Victor François de Broglie

La République est bonne fille...

    La République n’est pas rancunière, du moins celle qui est en « marche » actuellement, puisque cet ennemi juré de la 1ère République de 1792, a reçu le 16 Juin 2018, les honneurs d’un ministre, d’un préfet, des anciens combattants, des gendarmes et j’en passe, à l’occasion du transfert de ses cendres depuis le caveau familial de son château, dans le cœur de l’église du village de Broglie dans l’Eure.

Pour information cette inhumation contrevenait à la Loi. L’art. L2223-10 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) stipule en effet qu’aucune inhumation ne peut avoir lieu dans les églises, temples, synagogues, hôpitaux, chapelles publiques et généralement dans aucun des édifices clos et fermés où les citoyens se réunissent pour la célébration de leurs cultes, ni dans l’enceinte des villes et des bourgs. Des dérogations aux dispositions de l’art. L. 2223-10 ne sont accordées par le ministre de l’Intérieur (via le préfet) qu'en faveur des évêques qui souhaitent être inhumés dans leur cathédrale et des prêtres ayant participé activement aux travaux de construction, de réhabilitation et de sauvetage d’une église.

Vous avez dit République laïque ? Non, rien…


Post scriptum : Je ne juge pas l'homme. Il était de son milieu et de son époque et il n'a fait que ce qu'il pensait être de son devoir. En revanche je m'autorise à juger l'usage étonnant qui est fait de sa mémoire.


Merci de votre lecture.

Bertrand Tièche

 


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