Redécouvrez la Révolution française, avec cette étonnante chronologie commentée, illustrée de nombreuses gravures de l'époque.
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Les députés de l'Assemblée nationale nouvellement
créée, continuent de croire en toute bonne foi que la Révolution est terminée ; Aussi
s'attellent-ils à la rédaction d'une constitution, et pour ce faire, ils créent un comité qui se chargera de ce long travail.
Conformément au décret du 6 juillet 1789, le premier
comité de Constitution est composé de trente membres, choisis le 7 juillet dans
chacun des trente bureaux de l’Assemblée. Ces bureaux ayant été rapidement
supprimés, le comité sera plus tard renouvelé et réduit à huit membres dès le
15 septembre. Tous seront des hommes politiques et/ou des juristes et sont
issus des trois ordres :
Le parti modéré, alors dominant à l’Assemblée constituante,
l’est également au comité : la majorité des membres sont, en effet, des royalistes
libéraux et constitutionnels, convaincus "de la nécessité de laisser au Roi
toute la puissance nécessaire pour assurer le bonheur de la nation".
La gauche est toutefois représentée au comité par Le
Chapelier, Talleyrand-Périgord et l’abbé Sieyès.
Le second comité de Constitution de la Constituante est réduit à sept membres
(Talleyrand-Périgord, Le Chapelier, Demeunier, Thouret, Target, Rabaut Saint-Etienne et
l’abbé Sieyès), trois secrétaires commis étant attachés aux trois comités de
Constitution, de Révision et Central.
L’éphémère comité de Constitution de la Convention nationale
sera composé de neuf membres."
La Révolution est-elle vraiment terminée, alors que la pression monte à Paris ?
Le régiment du royal-allemand du Prince de Lambesc campe dans les jardins de la Muette. Le pain
manquant à Paris pour nourrir la troupe, le prince achète 300 Livres de pains. Mais tout ce pain ne va-t-il pas manquer à l'approvisionnement des Parisiens ? L'arrivée de ce ces nouvelles troupes accroît l'inquiétude du peuple de Paris.
Charles-Eugène de Lorraine, Prince de Lambesc.
Cavalier du Royal-Allemand (1779)
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"Bravour des Gardes francaisse le 7 juillet à Versaille 1789 : un party d'husard ayant fort mal traité un Garde française ; ses camarades volent a son secours, a pres un combat sanglant, les mettent en fuite" Orthographe d'époque.
Constitution de l'Assemblée Nationale le 17 Juin 1789.
La séance à l’Assemblée nationale s'est ouverte ce 6 juillet à 10h du
matin, sous la présidence de M. Le Franc de Pompignan archevêque de Vienne. La
discussion s’ouvre sur le projet du comité des subsistances.
M. Blandin, curé de l’Orléanais, prend le premier la parole
pour exposer le sentiment général de son bureau.
"Les moyens," dit-il, "qui vous sont offerts par le comité des subsistances, ne
nous présentent que des secours pour l’avenir, mais non pas pour le présent.
Les besoins actuels sont urgents ; ils nous pressent de tous côtés ; les
provinces éprouvent déjà les horreurs de la famine.
Nous devons nous attacher aux deux grands malheurs qui nous désolent, la
disette de blé et la disette d’argent. Les productions de notre sol, un
numéraire immense, produit de nos richesses, se sont répandus dans des contrées
étrangères, et y répandent, à nos dépens, un superflu que la nature de nos
travaux nous avait prodigué.
Cependant, sans nous livrer ici à des craintes incertaines, nous pouvons sans
danger croire que le blé ne manque pas en France. Les provinces frontières n’en
sont pas dépourvues ; mais c’est vraiment en se rapprochant du centre du
royaume que le fléau de la disette s’appesantit davantage.
A Orléans et dans les environs, les troubles et les émeutes réitérés semblent
être les avant-coureurs d’une famine prochaine ; dans d’autres provinces on a
donné la mort à des malheureuses victimes auxquelles on ne pouvait donner du
pain. Plus on avance, plus les obstacles se multiplient, et chaque jour
présente un accroissement douloureux de nouveaux malheurs.
Il était temps, il y a un mois, de prévoir ces calamités : on pouvait ordonner
la libre circulation des grains ; je l’ai même proposé dans la chambre du
clergé ; mais à peine ma proposition a-t-elle été faite, qu’un membre s’est
élevé contre elle ; il m’a accusé de peu respecter nos lois et l’autorité des
cours. Sans doute personne ne respecte plus que moi les lois et la majesté du
trône ; mais la religion des princes est souvent séduite, et le premier devoir
d’un bon citoyen est de faire briller devant eux le flambeau de la vérité.
Je pense que nous devons encore songer au moyen que j’avais soumis au clergé.
Le comité vous l’a présenté, et je le remets sous vos yeux.
Mais ce secours ne serait pas suffisant. Le mal est immense : chacun doit
chercher, autant qu’il est en lui, à le diminuer ; et c’est ce qui me porte à
croire qu’une souscription volontaire en faveur des pauvres contribuera
beaucoup à soulager leur misère."
Le Président de l’Assemblée annonce en complément de cette intervention qu’il
vient de recevoir une lettre des boulangers de Paris adressée au comité, sur
laquelle il y a "pressée".
L’assemblée demande le renvoi au comité des
subsistances, qui est invité à s’assembler sur-le-champ.
La proposition de ce brave curé soucieux des pauvres n’était
pas nouvelle. La libre circulation des grains avait été l’objet d’un débat
passionné durant tout le 18ème siècle. Sous l’ancien régime, il était
pratiquement impossible de transporter des céréales d’une province à l’autre.
Selon un rapport de la fin du siècle, sur 32 provinces, 10 produisaient plus
qu'elles ne consommaient, 10 suffisaient à peu près à leur subsistance, et 12
ne récoltaient presque pas de céréales.
Turgot
Le ministre Turgot(1727 - 1781), empreint de l'esprit des lumières mais aussi libéral convaincu, avait essayé avec son édit du 13 septembre 1774, d’instaurer ce nouveau système économique de libre circulation des grains.
Hélas, l’inquiétude que cela avait provoqué dans le peuple (peur de manquer en
partageant), ainsi que de passables récoltes, avaient été causes de ce que l’on
appela la guerre des farines qui donna lieu à de violentes émeutes et à une aussi violente répression durant les 2 années qui suivirent.
Dessin de Girard extrait de Histoire de France de G. Gautherot, paru en 1934.
Le général de la Tour du Pin, envoyé pour réprimer la révolte, s’était rendu
célèbre, en proclamant après avoir fait tirer sur la foule : « Vous avez faim ?
Eh bien nous sommes en avril ; l’herbe commence à pousser : vous n’avez qu’à
brouter comme des vaches ! ».
Par suite de cet échec, Louis XVI avait congédié Turgot le 12 mai 1776 et l’avait
remplacé par le prudent Necker.
Necker
Jacques Necker, ce banquier genevois et protestant, était lui aussi acquis aux idées
nouvelles, mais il pensait qu’il fallait tenir compte de ce que l’on
appellerait de nos jours, "l’opinion public". Il s’en préoccupait d’ailleurs
beaucoup en publiant des ouvrages à l’intention des plus éclairés et faisant
imprimer de nombreuses estampes à son honneur. Rien ne servait selon lui de
tenter d’appliquer un système que l’on pense meilleur, si l’on ne s’est pas
assuré au préalable que ce système sera peu ou prou compris par le peuple et
par la même, appliqué.
Les révoltes frumentaires (du latin frumentarius, « qui concerne le blé »),
n’avaient pas cessé d’éclater sporadiquement depuis et en 1789, la situation de
crise des années 1775 et 1776 se reproduisait.
L’une des causes évoquées, à propos de cette rareté du blé, est celle du terrible orage, dit "du siècle",
qui avait ravagé nombre de régions céréalières le 13 juillet 1788. De surcroît,
un hiver particulièrement rude (-22°c à Paris), avait accru la faiblesse des
plus démunis. Il y avait d'autres causes, dont je vous parlerai plus tard...
Carte du grand orage qui balaya le nord de la France le 13 juillet 1788.
A la veille de la Révolution, sur une population de parisiens
estimée à environ 600.000 habitants, plus de 70.000 étaient des indigents
survivant dans des conditions précaires.
Le pain, principal aliment du petit peuple, commençait à
manquer et son prix augmentait. En ce début de juillet, la miche de pain
pouvant nourrir une petite famille coûtait 14 sous, alors que le salaire d’un
journalier à Paris était de 15 sous !
Le spectre de la famine hantait les Parisiens.
Très souvent, vous le verrez, nous reparlerons du pain en cette année 1789...
L'atroce misère est rarement représentée, car elle fait peur à tous. Voici une gravure de la famine de 1697, sous Louis XIV.
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Les parisiens apprennent que des troupes de mercenaires
allemands approchent de Paris. Il s’agit, entre autres, du régiment
royal-allemand, celui que Charles-Eugène de Lorraine, prince de Lambesc et
comte de Brionne, duc d'Elbeuf, grand écuyer de France et maréchal de camp a
acheté au prince de Nassau-Siegen, en 1785.
(Ne vous étonnez pas de voir un régiment d'étrangers constituer un régiment français. C'était chose courante à l'époque.)
Le prince de Lambesc avait reçu le 28 Juin dernier, l’ordre du Roi de quitter
Valenciennes.
En effet, Le 26 Juin, Louis XVI inquiet de la tournure
qu’avaient pris les Etats Généraux et probablement poussé par Marie Antoinette
et son entourage, avait donné l’ordre à trois régiments de cavalerie et trois
régiments d’infanterie du Nord et de l’Est (environ 20 000 hommes) de rallier
Paris. Le prudent Necker avait en vain tenté de l’en dissuader, mais le Roi
n’avait pas cédé.
Louis XVI jouait donc double-jeu, puisque rappelons-le, le
27 Juin il avait enthousiasmé les députés de l’Assemblée Nationale en demandant
à la noblesse et au clergé de rejoindre ceux-ci au sein de ladite assemblée.
Plus par faiblesse semble-t-il que par esprit de duperie, Louis XVI agira
toujours ainsi, ses initiatives privées voire secrètes, allant à l’encontre de
ses initiatives publiques. Il faudra beaucoup de temps et beaucoup de preuves
pour que ce roi si aimé de son peuple finisse par être méprisé puis haï par de
plus en plus de Français.
Le Prince de Lambesc appartenait à la très haute noblesse
française. De par ses parents, il était issu de Maisons dites "à l'instar
de l'étranger", c'est-à-dire de familles ayant régné sur des pays
étrangers. Ces dernières étaient traitées avec tous les égards dus à leur rang.
Nous reparlerons de lui dans les prochains jours. Sachons qu’il quittera la
France avant la fin de 1789 et qu’on le retrouvera dès 1792 combattant l’armée
française dans l’armée autrichienne. Il y sera nommé Feldmarschallieutnant en
1796...
Dragon du régiment du Prince de Lambesc
Un dernier mot encore. Il était courant à cette époque que
des troupes étrangères fassent parties de l’armée royale. De même, il arrivait
que des généraux vendent leurs services à l’étranger, voire à l’ennemi. Pour
ces derniers, tous nobles, les liens du sang prévalaient probablement sur la
fidélité à leur pays. Le fameux général Dumouriez, par exemple, le vainqueur de Valmy avec
Kellermann, le héros des premières victoires de l’armée française républicaine, abandonnera l’armée française le 18 Mars 1793 et rejoindra les forces du
Saint-Empire.
A suivre…
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Le croirez-vous ? Presque tout le monde pensait depuis le 27 juin dernier que la Révolution était enfin terminée ! Ce jour-là, en effet, le roi Louis XVI avait convié le Clergé et la Noblesse à se joindre au
Tiers État et tout le monde croyait dur comme fer que le moment pénible des États généraux était terminé !
A noter que le numéro du 1er juillet 1789 du Journal de Paris, donne la date du 17 juin pour cette décision du roi. Mais il s'agit d'une faute d'imprimerie. (Étonnant, non ?)
Une du Journal de Paris du 1er Juillet 1789
"La révolution est finie", "Elle n'aura pas coûté une goutte de
sang", avait-on écrit dans les journaux ! Les députés du Tiers s’étaient
réjouis de constater que le Roi revenait enfin à de meilleurs sentiments. Ces turbulents États Généraux semblaient avoir une fin heureuse !...
Oui, cela aurait pu se passer ainsi, mais...
Néanmoins, de nombreux régiments campaient tout autour de Paris, à Saint-Denis,
Saint-Cloud, Sèvres et jusque sur le champ de Mars tout proche. Les Parisiens protestaient contre ces milliers de bouches à nourrir qui risquaient d’aggraver la disette
et qui présentaient un danger pour l'Assemblée nationale nouvellement créée. On craignait que la soldatesque ne chasse les députés par la force. Inquiets, les électeurs parisiens du
Tiers Etat avaient donc esquissé le 29 juin les bases d’un projet de garde
bourgeoise qui comprendrait les principaux habitants de chaque quartier.
Le 30 Juin, environ 4000 habitués du Palais-Royal, (le quartier de plaisir que Louis Philippe d'Orléans avait fait construire en 1780), avaient délivré
une dizaine de soldats des gardes-françaises, emprisonnés à l’Abbaye pour
désobéissance, et les avaient promenés en triomphe. Les hussards et les dragons
envoyés pour établir l’ordre s’étaient écrié : « Vive la Nation ! » Et avaient
refusé de charger la foule. J'attire votre attention sur ce refus d'obéir aux ordres qui expliquera bien des événements à venir.
Libération de 11 soldats des Gardes Françaises par les Parisiens
Le 1er juillet, une délégation importante de Parisiens s'était présentée devant l'Assemblée nationale pour demander à celle-ci qu'elle fasse œuvre de médiation auprès du Roi pour obtenir la grâce des quelques soldats emprisonnés.
Une du Journal de Paris du 3 Juillet 1789
Le jeudi 2, des
pétitionnaires du Palais Royal avaient même proposé de détrôner Louis XVI et de la
remplacer par le duc d’Orléans !
Le mois de juillet commence donc plutôt mal...
Louis XVI s'en inquiète. Raison pour laquelle il donne au vieux maréchal de Broglie, le commandement des troupes que l’on est en train de concentrer sur Versailles.
Lui et son lieutenant suisse, Besenval, reçoivent l'ordre de rassembler ces troupes
autour de Paris pour le 13 juillet...
Victor François de Broglie
Nommé secrétaire d’état à la guerre le 11 juillet suivant, Le vieux Maréchal de
France émigrera lors du rappel de Jacques Necker le 16 juillet. Plus tard, en
1792, il commandera l'armée contre-révolutionnaire de Condé qui opérera en
Champagne pendant l'invasion austro-prussienne qui sera arrêtée à Valmy. Ce
grand homme issu d’une vieille famille, avait aussi été fait prince du
Saint-Empire romain germanique en 1759 et il avait reçu le titre de
Feld-Maréchal de Russie en 1797. L’orage révolutionnaire passé, il refusera de
revenir en France et mourra en 1804 dans la ville allemande de Münster.
Victor François de Broglie
La République est bonne fille...
La République n’est pas rancunière, du moins celle qui est
en « marche » actuellement, puisque cet ennemi juré de la 1ère République de
1792, a reçu le 16 Juin 2018, les honneurs d’un ministre, d’un préfet, des
anciens combattants, des gendarmes et j’en passe, à l’occasion du transfert de ses cendres depuis le caveau familial de son château, dans le cœur de l’église du village
de Broglie dans l’Eure.
Pour information cette inhumation contrevenait à la Loi. L’art.
L2223-10 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) stipule en effet qu’aucune inhumation ne peut avoir lieu dans les églises, temples, synagogues,
hôpitaux, chapelles publiques et généralement dans aucun des édifices clos et
fermés où les citoyens se réunissent pour la célébration de leurs cultes, ni
dans l’enceinte des villes et des bourgs. Des dérogations aux dispositions de
l’art. L. 2223-10 ne sont accordées par le ministre de l’Intérieur (via le
préfet) qu'en faveur des évêques qui souhaitent être inhumés dans leur
cathédrale et des prêtres ayant participé activement aux travaux de
construction, de réhabilitation et de sauvetage d’une église.
Post scriptum :Je ne juge pas l'homme. Il était de son
milieu et de son époque et il n'a fait que ce qu'il pensait être de son devoir. En revanche je m'autorise à juger l'usage étonnant qui est fait de sa mémoire. Merci de votre lecture.
Bertrand Tièche
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"Yippee !" Aujourd’hui 4 juillet, c’est la fête nationale aux USA. Nos amis américains fêtent la déclaration d’indépendance des 13 colonies britanniques vis-à-vis de la Grande Bretagne, votée le 4 juillet 1776. Bonne fêtes les amis !
Mais bon, connaissez-vous vraiment la raison de cette déclaration d’indépendance américaine ?
La proclamation du roi fou...
Peu de gens ont entendu parler de la proclamation de 1763 par le roi de Grande Bretagne George III d'Angleterre, surnommé le roi fou. Pourtant, celle-ci fut lourde de conséquences…
Portrait de George III en 1762.
Cette proclamation royale fut délivrée le 7 octobre 1763 par le roi George III à la suite de l'acquisition par la Grande-Bretagne de territoires français, après la fin de la Guerre de Sept Ans (1756-1763)
Cette guerre de Sept Ans fut le premier conflit européen qui puisse être qualifié de guerre mondiale. Connue pour ses combats en Amérique du Nord sous le nom de French and Indian War, elle avait opposé la Grande-Bretagne à la France et à l'Espagne et elle avait vidé les caisses de la Couronne britannique.
À l'issue du conflit, la dette britannique liée à la guerre s'élevait à 317 millions de Livres ! (317.000.000 £). Lord Jeffery Amherst, Commandant en chef des forces royales en Amérique du Nord, estimait à 10.000 le nombre de soldats nécessaire au maintien de la paix dans les territoires nouvellement acquis. Le gouvernement décida donc de garder dans les colonies une armée de plusieurs milliers d'hommes, dont le coût de maintien avoisinait les 300.000 £ annuels.
Alors que les treize colonies américaines étaient prospères, la Grande-Bretagne subissait une grave crise économique. Le Gouvernement Britannique décida alors qu'une partie des frais de guerre et du maintien des troupes serait supportée par les colons américains.
La proclamation royale de 1763 avait deux principaux objectifs : organiser l’empire colonial britannique en Amérique du Nord et pacifier les relations avec les Amérindiens, surtout après la révolte de Pontiac, afin d'éviter la spéculation foncière.
27 avril 1763, Pontiac, le chef des Indiens outaouais appelle ses compatriotes à se soulever contre les Britanniques.
La Proclamation visait également à apaiser les craintes indiennes vis-à-vis d’une arrivée massive de paysans blancs sur leurs territoires. « La Frontière Ouest » attirait les migrants en quête de terres, comme les Écossais suivis par les Allemands. L'épuisement des sols à l'est des Appalaches et la pression démographique accentuèrent l'avidité de terre des colons.
Cette proclamation avait donc pour but d'organiser les vastes et nouvelles terres britanniques de l'Amérique du Nord, et de stabiliser les relations avec les Amérindiens en réglementant la traite des fourrures, la colonisation et l'achat des terres à la frontière occidentale.
La proclamation royale de 1763 avait aussi pour but d'assimiler les colons francophones, pour faire du Québec une vraie colonie britannique. Elle est également connue sous les appellations anglaises « Indian Bill of Rights » ou « Magna Carta for Indian affairs ».
Coup d'arrêt à la conquête de l'Ouest !
La Proclamation de George III interdisait aux habitants des treize colonies de s’installer et d’acheter des terres à l’ouest des Appalaches. La Couronne britannique se réservait une partie du bois américain ainsi que le monopole dans l’acquisition des terres indiennes et surtout elle garantissait la protection des peuples indiens ! Londres avait prévu la construction de forts militaires le long de la limite de colonisation ; ce dispositif devait permettre le respect de la Proclamation mais aussi favoriser le commerce des fourrures avec les Indiens. Le gouvernement britannique estimait que ces avant-postes assuraient la défense des treize colonies et que leur financement revenait donc aux colons.
La Proclamation royale de 1763 souleva une vague de mécontentement chez les colons américains qui s’étaient déjà implantés dans ces territoires indiens. Ils devaient en effet rendre les terre dont ils s'étaient accaparés et revenir dans les treize colonies.
Vous comprenez pourquoi on appela George III le roi fou ?...
Caricature du londonien Matthew Darly "Pauvre vieille Angleterre s'efforçant de récupérer ses méchants enfants américains"
Révolte fiscale
Alors oui, bien sûr, on vous raconte que les colons américains se sont révoltés contre les méchants anglais qui imposaient, entre autres, une insupportable taxe sur le thé ou les journaux. Vous avez tous entendu parler du Boston Tea Party de décembre 1773, lorsque des colons (déguisés en indiens !?) se révoltèrent et jetèrent à la mer la cargaison de thé de trois navires anglais venus des Indes. Ces contraintes fiscales étaient effectivement en violation avec la loi anglaise qui stipulait qu'aucun citoyen britannique ne devait payer un impôt qui n'ait été consenti par lui-même ou ses mandataires, et les colons n'avaient effectivement pas de représentants au parlement anglais...
En 1774, les représentants des colonies, réunis en congrès, affirmèrent dans une déclaration solennelle le droit de tous les peuples de participer à l'élaboration des lois les concernant (à l'exception bien sûr des Amérindiens et des Afro-Américains.)
Quelle liberté ?
On nous présente la révolte de ces colons en 1775 comme un combat pour la liberté. Mais de quelle liberté s’agissait-il selon vous ? La liberté des esclaves dans les plantations ? La liberté des Indiens qui allaient ensuite subir un vrai génocide ? Pas vraiment. La liberté dont il était question, c’était juste la liberté de commercer, celle que réclameront plus tard au cours de notre révolution, les Girondins, ceux qui souhaitaient que les révolutionnaires constituants de 1789, déclareront inviolable et sacrée dans leur déclaration des droits...
Ah bon ? Vous êtes déçus ? Désolé.
Si on parlait du Canada ?
Beaucoup l'ignorent, mais en 1775, deux armées américaines,
voulant affaiblir la position des Britanniques en Amérique du Nord, envahirent
le Canada. L'une avança le long du lac Champlain, prit Montréal et marcha sur
Québec. Elle y rejoignit une seconde armée arrivée difficilement par voie
terrestre à travers le Maine. Le 31 décembre 1775, une armée de soldats
réguliers britanniques et de miliciens francophones et anglophones infligèrent
une cuisante défaite aux assaillants. Les Américains demeurèrent à l'extérieur
de Québec, souffrant du froid, de la faim et de maladies. En mai 1776, des
troupes régulières britanniques et des troupes engagées dans les provinces
allemandes de Brunswick et de Hess-Hanau arrivèrent en renfort par mer, et les
Américains se retirèrent. (Source Musée canadien de la guerre. et History Map)
Mais les conquérants Américains n’en avaient pour autant pas fini avec le
Canada puisque les USA tentèrent de l’envahir de nouveau en 1812. Ils
échouèrent une fois de plus. Mais ils eurent plus de succès en 1848 dans leur guerre contre le Mexique dont ils annexèrent
la moitié du territoire, du Texas à la Californie.
Mise à jour du 14/03/2025 :
Vous pouvez constater que le désir irrépressible du nouveau président américain Donald Trump d'annexer le Canada, remonte à loin...
Cartes États Unis d'Amérique en 1783 et en 1816.
Et la France dans tout cela ?
Ah oui, j’oublie de vous dire qu'à partir de 1777 la France aida, en hommes, en argent, en fusils et canons, lesdits américains durant toute cette guerre contre le Royaume Uni qui ne se termina qu'en 1783. Comment pouvait-il en être autrement, après la défaite de la France face à l'Angleterre à la fin de la terrible guerre de sept ans ? L’aide de la France fut si considérable qu’elle causa la ruine de nos finances. Face à l’opposition des nobles et du clergé qui refusèrent toutes les propositions de réformes fiscales lors des « Assemblées des notables » organisées en 1787 et 1788, le roi Louis XVI finit par accepter la proposition du Tiers État d’organiser des États Généraux. La suite, vous la connaissez...
Mais ne soyons pas ingrats, ils nous ont quand même sacrément aidés lors des deux précédentes guerres mondiales. De nombreux cimetières sont là pour un témoigner.
Liberté, terreur, légendes dorées ou noires...
Ne faisons pas trop de mauvais esprit à l'encontre du discours de liberté de nos amis américains. Nous savons trop bien comment s'éteindront les rêves de liberté de la Révolution française. L'Histoire sert aussi, quoi qu'on en dise, à raconter de belles histoires qui font rêver les gens. Des mythes fondateurs et autres légendes dorées, qui lorsqu'ils sont partagés par un même peuple, constituent le ciment du contrat social.
Les Américains sont particulièrement doués pour la glorification de leur histoire, comme de leur culture en générale. Ils appellent cela le soft power. Contrairement à notre Révolution, leur Révolution a été écrite par les vainqueurs. Raison pour laquelle leur révolution, largement aussi sanglante que la nôtre n'est pas entachée d'une légende noire. Leurs historiens sont horrifiés par notre Terreur qui ne dura que 17 mois. Mais comment appeler le génocide des Indiens, l'esclavages des africains et la ségrégation raciale dont les lois ne furent abolies qu'en 1964 ? Sinon une forme de Terreur qui dura près de deux siècles ?
Regardez cet extrait du magnifique film "Barry Lyndon" de Stanley Kubrick, qui représente une bataille durant cette guerre en Amérique.
Alors bonne fête amis Américains !
Je ne me moquais donc pas lorsque je souhaitais une bonne fête aux Américains, nos "amis de toujours". Je reconnais néanmoins qu'ils vivent actuellement un moment particulièrement dramatique de leur histoire et surtout particulièrement inquiétant pour le reste du monde. Mais c'est un autre sujet...
Mais surtout, il me semble que tout ce qui est prétexte à se rassembler et faire la fête est une bonne chose ! Non ?
Merci de votre lecture.
Bertrand Tièche, alias le Citoyen Basset.
Post Scriptum :
Tous les Américains n'ont pas la même vision de cette guerre d'indépendance. Je vous conseille le lire cet article sur ce site au nom bien surprenant "JACOBIN" : Défense de la Révolution américaine.
Si vous souhaitez une lecture plus traditionnelle, avec des Anglais méchants et des Indiens cruels, je vous propose cet excellent article, très détaillé du site History Maps.
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