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dimanche 24 août 2025

A propos de la violence de la tempête révolutionnaire (et de la Terreur)

Article mis à jour le 17 septembre 2025
 

L'allégorie de la tempête... 

    La Révolution française ressemble par bien des côtés à une terrible tempête en mer. Difficile d’y voir clair au milieu de toutes ces évènements déferlant de tous côtés comme autant de bourrasques déchaînant les flots.

    Chose étonnante, de nos jours tout le monde ne semble retenir de la Révolution que sa violence, qui selon certains serait hors normes, extraordinaire, voire la mère de toutes les violences totalitaires ! (on va reparler de cela plus lois) Se focaliser sur la violence est un biais bien commode permettant d'oublier tout le bien que la Révolution nous a apporté. L'objet de cet article est donc d'étudier de plus près cette violence. Je vais même probablement vous étonner un peu en vous expliquant, entre autres, que cette violence de la Révolution n'était autre que celle de l'ancien régime...

Représentation de la pire tempête ayant jamais frappé l'Angleterre, celle de 1703.

La difficulté de comprendre les événements.

    Il peut être tentant de se laisser entraîner par un seul courant et de tout juger du même point de vue, mais ça serait trop simple et un peu malhonnête. Plus on s’intéresse à la Révolution, plus on lit de documents, de mémoires, de comptes-rendus, et plus on se rend compte que la plupart des acteurs étaient entraînés dans une suite d’actions et de décisions qu’ils étaient bien loin de maîtriser.

    Louis XVI et son entourage n’ont pas su voir, ce en quoi cette énième révolte qui secouait le royaume différait des précédentes. Celle-ci ne résultait pas simplement d’un ras-le-bol des impôts pour les uns, ni d’une nouvelle famine pour les autres.

    La tournure inattendue qu’avaient pris les États Généraux se proclamant Assemblée Nationale, n’avait rien à voir avec les précédentes révoltes des parlements refusant les lois et tentatives de réformes du roi. C'était une révolte de la bourgeoisie et non une réaction des privilégiés de la noblesse et du haut clergé défendant leurs acquis.

    Les révoltes frumentaires qui éclataient un peu partout dans le pays à cause du manque de pain n’allaient pas se régler aussi facilement qu’en 1775 et 1776 en faisant intervenir la troupe qui tirerait dans la foule et pendrait quelques émeutiers.

Émeutes des subsistances de 1761 à 1789

    Le malaise était plus profond. Mais le roi et les siens, incapables d’en prendre la mesure, ne savaient qu’appliquer les vieilles méthodes qui avaient toujours réussi jusqu’alors. Ce "malaise", appelons-le ainsi, était d’autant plus difficile à circonscrire qu’il avait également gagné la noblesse. Une partie de celle-ci, acquise aux idées du siècle, c’est-à-dire celles des philosophes des lumières, se rendait bien compte que la société devait évoluer et de nombreux nobles devinrent des acteurs de cette révolution qui allait changer l’ordre du monde.

    Du côté du Tiers État, il en était de même. La grande majorité de ses représentants élus, ne s’imaginaient pas, lorsqu’ils se présentèrent à Versailles le 4 mai 1789 à l'ouverture des États Généraux, qu’ils allaient provoquer un tel bouleversement. (Même si l'on ne peut s'empêcher de penser que quelques-uns faisaient plus qu'y penser...)

    La plupart ne souhaitait dans le meilleur des cas qu’une évolution de la monarchie absolue vers une monarchie constitutionnelle, avec un parlement à l’anglaise et une constitution à l’américaine.

Quel Tiers-État ?

    Ne nous méprenons pas sur la nature de ce Tiers État présent aux États Généraux. Si le Tiers État représentait environ 95 ou 98% de la population française. Ses représentants élus étaient issus d’une nouvelle classe sociale, celle des grands commerçants, des industriels et des banquiers, c’est-à-dire la bourgeoisie, qui elle, représentait environ 5% des français. Notons également que nombre de ces grands bourgeois étaient des banquiers qui avaient prêté beaucoup d'argent à l'État...

Lire cet article sur le Tiers-Etat.

    Cette nouvelle élite, que certains ont appelé le "4ème ordre", était constituée de personnages, instruits, industrieux et riches, qui dans la société de l’ancien régime, payaient de lourds impôts mais n’avaient aucun pouvoir politique. L’un de ses représentants, Barnave, un avocat originaire du Dauphiné, résumera parfaitement la situation dans cette formule : "Une nouvelle répartition des richesses, impose une nouvelle répartition des pouvoirs."

Quel Peuple ?

    Quant au peuple, il est bien évident qu’il ne comprenait pas grand-chose à la situation. Même plongé dans la plus indicible misère, il n’avait jamais cessé d’aimer son "bon roi Louis", et il rendait responsables de son malheur les mauvais intendants et fermiers généraux du roi, ses ministres mauvais conseillers et plus tard la Reine Marie Antoinette, dont les excès étaient parvenus à ses oreilles.

    La grande majorité du peuple ne savait pas lire et je pense que je vais vous étonner en vous disant qu’une grande majorité dudit peuple ne parlait pas le français, du moins celui parlé en Île de France, comme s’en rendra compte l’abbé Grégoire lorsqu’on lui remettra en 1790 le rapport qu’il avait demandé sur l’état du pays et des langues et patois parlés. Des centaines de parlers différents existaient en France, voire des milliers si l’on tenait compte des patois qui pouvaient changer d’un village à l’autre.

    Beaucoup de ces braves gens ignoraient même qu’ils étaient français ! 

Diffusion des idées 

    Malgré la complexité de cette France mosaïque, les idées nouvelles s’étaient peu à peu diffusées au sein de ce peuple bigarré. Les colporteurs vendaient des petits livrets ou libelles que ceux qui savaient lire achetaient et lisaient aux autres en public. Beaucoup connaissaient Voltaire et Rousseau sans les avoir jamais lus. Les estampes se vendaient bien aussi, elles qui disaient tout ou presque en un dessin. Le peuple, lui aussi, changeait peu à peu.

   Colporteurs
                  
Libraire ambulant et liseurs de journaux

Instrumentalisation de la violence

    Au début des événements révolutionnaires, ce peuple sera d’abord manipulé. On le voit bien, quand les élus du Tiers État se rendent compte que le versatile Louis XVI revient à une politique, disons réactionnaire, voire brutale. Certains ont l’idée (dangereuse) d’instrumentaliser le peuple, pas seulement en diffusant des rumeurs qui occasionnent des émeutes, mais aussi, ce qui est plus grave, en l’armant. Une émeute coûte 25 Louis dira le ministre Saint-Priest.

    Selon l'usage que l'on fait alors du peuple, il est parfois appelé "populace" plutôt que "peuple". Lisez cet article "Peuple ou populace ?"

    Cette vague de violence a d'ailleurs déconcerté les révolutionnaires bien policés de l’Assemblée nationale. Ils avaient sous-estimé la colère et le désespoir du peuple, accumulés depuis des siècles. On les verra plusieurs fois tenter de canaliser ce torrent destructeur. Danton inventera la politique, dite de la Terreur, après avoir proclamé : "Soyons terrible avant que le peuple ne le devienne".

« Peut-on faire une révolution sans révolution ? », demandera plus tard Robespierre...

Violence "révolutionnaire" ? Vraiment ?

    On doit à Gracchus Babeuf l'explication la plus intelligente de cette violence révolutionnaire. Il écrira dans un courrier adressé à son épouse le 22 juillet 1789, après avoir assisté, horrifié, à la pendaison aux lanternes de l’Hôtel de Ville du conseiller d’état Foulon chargé du ravitaillement de l’armée et de son gendre l’intendant Berthier :

« Les supplices de tout genre, l’écartèlement, la torture, la roue, les bûchers, les gibets, les bourreaux multipliés partout nous ont fait de si mauvaises mœurs ! Les maîtres, au lieu de nous policer, nous ont rendus barbares, parce qu’ils le sont eux-mêmes. Ils récoltent et récolteront ce qu’ils ont semé. »

Cette violence, c’était tout simplement celle de l’ancien régime...

Qui sème le vent, récolte la tempête.

Quelques exemples ?

    Le général commandant les colonnes infernales en Vendée, Louis-MarieTurreau de Lignières, était un enfant de l’ancien régime, éduqué et formé par les institutions de celui-ci. Il s’est comporté en Vendée comme Turenne et Louvois lors du ravage du Palatinat ordonné par Louis XIV !  

La guerre totale n'est pas une invention de la Révolution !

    Le tristement célèbre accusateur public du tribunal révolutionnaire, Antoine de Fouquier de Tinville, avait été formé à son métier sous l’ancien régime, au collège de Noyon. Devenu clerc, c’est grâce à l’aide de sa famille et d’un emprunt, qu’il put racheter sa charge à son employeur en 1774. Et c’est bien sous l’ancien régime qu’il débuta sa carrière de procureur au Châtelet le 21 janvier 1774 !

Une vidéo vaut souvent mieux qu'un (trop) long texte...

    En cliquant sur l'image ci-dessous, vous accéderez à une vidéo publiée sur Facebook, extraite d'une émission de 2016 d'Arrêt sur image, qui démonte brillamment toute l’intox que nous subissons ede nos jours à propos de la violence révolutionnaire :


La violence, et surtout la Terreur !

    Je me suis toujours demandé, compte tenu de la violence continue que l'on observe au fil des siècles en histoire, pourquoi la violence révolutionnaire était-elle traitée différemment ? Pourquoi les bonnes âmes qui ferment les yeux sur les fleuves de sang versés avant et après les 17 mois de la Terreur, n'ont-ils pas de mots assez durs pour condamner la Révolution ?

    J’ai trouvé les chiffres que vous allez découvrir ci-dessous dans l’Almanach révolutionnaire publié par l’historien Jean Massin en 1963.

    A noter que l'on peut toujours acheter l'excellent ouvrage de Jean Massin sur le web, en occasion mais aussi en ebook ou même au format Kindle, ce qui, ce me semble, est un gage de sa qualité.

    Attention ! Loin de moi l'idée de justifier ou excuser la violence ! J'espère seulement que les chiffres ci-dessous pourront vous faire réfléchir, ou même vous servir la prochaine fois que l’on vous parlera de la terreur révolutionnaire !

Les chiffres...

Pour Paris : Sentences capitales prononcées par le Tribunal Révolutionnaire en 17 mois :

  • 1.251 du 6 avril 1793 au 22 Prairial An 2
  • 1.376 du 23 Prairial au 9 Thermidor

Soit en tout 2.627.

Pour toute la France : Sentences capitales prononcées par le Tribunal Révolutionnaire et les diverses juridictions exceptionnelles dans le même laps de temps : 16.594 morts,

Dont :

  • 71 % pour les principales régions où la guerre civile fait rage (52 % dans l’Ouest « vendéen » + 19 % dans le Sud-Est).
  • 16 % pour Paris (cf supra)
  • 13 % pour tout le reste de la France.

Pour toute la France et toujours dans le même laps de temps :

Approximation du nombre total de morts, enjoignant aux sentences capitale mentionnées ci-dessus les exécutions sommaires auxquelles il a été procédé en répression des rébellions (Nantes, Toulon, etc.) : entre 35 et 40.000.

"Les fusillades de Nantes"

A noter que Carrier, l'ordonnateur de ces massacres à Nantes, fut rappelé à Paris par Robespierre dont il était l'ennemi et qui le fit enfermer. Carrier sera jugé pour ses crimes, condamné à mort et exécuté le 16 décembre 1794.

 

Comparaison avec d'autres terreurs...

    Pour apprécier à leur juste portée les chiffres ci-dessus, on peut les comparer avec ceux d’autres répressions à travers l’histoire de France. Ainsi, entre autres :

Pour l’Alsace seule :

Répression des « rustauds » par le duc Antoine de Lorraine en mai 1525 (Cf. Pianzola, « Thomas Münzer », pp.177-194)

  • 40.000 paysans égorgés.

Pour Paris seul : 

Répression des Huguenots à la Saint-Bathélémy en une seule nuit (Cf. « Clio – XVIe siècle ». p.377) :

  • 3.000 protestants égorgés.

(A noter que certaines villes, comme la Charité sur Loire par exemple, ont perdu jusqu’au souvenir des massacres de la Saint-Barthélémy dans leurs murs.)

Pour Paris seul : 

Répression de la Commune durant la « semaine sanglante » de mai 1871 : le rapport du général Appert, chef de la justice militaire admet :

  • 17.000 prolétaires parisiens passés par les armes. 
  • Tous les historiens s’accordent cependant à estimer que le nombre réel des victimes se situe bien au-delà ; ils avancent des chiffres variant entre 20.000 et 35.000.

Nota : Dans un autre ordre, qui a aussi son éloquence comparative, on pourra se souvenir que, de l’accord de tous les historiens actuels sur les recherches de Meynier et G. Lefèvre, les Guerres napoléoniennes de 1804 à 1815 ont fait pour la France seule un total approximatif de 500.000 morts.

 

Un mot sur la terreur sous l'ancien régime.

    Certains évoquent à loisir les massacres de la guerre civile en Vendée (Massacres qui furent condamnés par le Comite de Salut Public révolutionnaire). Un politicien vendéen en a même fait le cœur de son parc à thème d’histoire révisionniste. Mais qui vous parlera des massacres perpétrés sous Louis XIV ? Je ne parle même pas des « dragonnades » contre les protestants, ni même des persécutions contre les Jansénistes ! Je pense au terrible ravage du Palatinat qui nous fit haïr de toute l'Europe et plus particulièrement des Allemands...

    Mais il est difficile d’évoquer les tueries de l’Ancien régime. En effet, celles-ci n’ont pas fait l’objet d’un décompte des victimes. Comme l’a écrit l’historien Jules Michelet : 

« Je sais bien que la meilleure partie de ces grandes destructions ne peut plus être racontée. Ils ont brûlé les livres, brûlé les hommes, rebrûlé les os calcinés, jeté la cendre... Quand retrouverai-je l'histoire des Vaudois, des Albigeois, par exemple ? »

Et plus loin il poursuit « Tout au moins le désert raconte, et le désert du Languedoc, et les solitudes des Alpes, et les montagnes dépeuplées la Bohême, tant d'autres lieux, où l'homme a disparu, où la terre est devenue à jamais stérile, où la Nature, après l'homme, semble exterminée elle-même. »

     J'ai écrit un article sur ce sujet en reprenant la formule de l'historien Jules Michelet : "Les six siècles de terreur de l'ancien régime."

 

 
Mieux comprendre ce qui se cache derrière le concept de Terreur

    Je reparlerai de ladite terreur ultérieurement lorsque la chronologie de ce site nous y mènera. Mais je ne veux pas vous donner l'impression de fuir le sujet, aussi je vous conseille de mettre à jour vos connaissance, comme je l'ai fait moi-même en lisant les ouvrages d'historiens contemporains, tels que par exemple Jean-Clément Martin (professeur émérite de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ancien directeur de l'institut d'Histoire de la Révolution française).

    Tous les livres de Jean-Clément Martin sont excellents, ainsi que toutes ses interventions, comme vous pourrez le constater en cliquant sur ce lien vers une page de France Culture : https://www.franceculture.fr/personne/jean-clement-martin
 

    Je vous propose de lire cet extrait de l'ouvrage de Jean-Clément Martin :"Violence et Révolution. Essai sur la naissance d'un mythe national" Paru au Seuil en 2006. Cliquez sur l'image ci-dessous.


    Cet autre ouvrage traite intelligemment de la terreur : « Les échos de la Terreur - Vérités d’un mensonge d’État 1794-2001 ». Jean-Clément Martin y démontre comment ladite terreur a été fabriquée a posteriori. Cette idée vous choque ? Alors regardez et écoutez attentivement la vidéo ci-dessous qui présente cet ouvrage :



La Terreur, mère de tous les totalitarismes, vraiment ?

    Cette affirmation a eu un grand succès politique et a aussitôt rempli les rayons du prêt-à-penser. Elle a pour origine le livre de la célèbre philosophe Hannah Arendt intitulé "Essai sur la Révolution". Je vous propose d'en lire une analyse intéressante dans cet article de Stéphanie Rossa que l'on trouve sur l'indispensable site Cairn.info :"Le social et le politique : un bilan de l'Essai sur la Révolution d'Hannah Arendt". Cliquez sur l'image ci-dessous pour y accéder :

Quid de la terreur américaine ?

    J'ai beaucoup d'admiration pour Hannah Arendt et je comprends son américanisme qui s'explique par son vécu. Il me semble malgré tout que dans sa comparaison entre la révolution américaine et la Révolution française, elle a étayé tout son raisonnement sur une vision partisane de la terreur "française", tout en faisant l'impasse sur la terreur de la révolution américaine ! 
    La terreur de la révolution américaine n'a pas de nom mais elle a bien existé. Comment appeler les combats sanglants qui eurent lieu pendant la guerre d'indépendance ? Comment appeler le génocide des amérindiens, l'esclavage, les guerres d'annexions contre la Canada et le Mexique et toutes celles qui suivirent ? Comment appeler la politique ségrégationniste qui dura jusqu'en 1964

Pendaison de 38 indiens Sioux le 26 décembre 1862

    La différence entre leur terreur et la nôtre, c'est qu'elle n'a pas été nommée et surtout que ses auteurs ont été les vainqueurs au contraire des nôtres qui ont perdu et dont les vainqueurs ont très rapidement écrit une histoire à leur convenance.
 
    Vous trouvez que j'exagère ? Étudiez l'histoire de nos amis américains ! Vous apprendrez par exemple qu'en remerciement de notre aide durant leur guerre d'indépendance, ils préférèrent nous faire la guerre en 1798 plutôt que de rembourser leur dette. Lisez mon article de la journée du 27 octobre 1789. Peut-être découvrirez-vous également les vraies raisons de la guerre d'indépendance contre l'Angleterre ? J'en parle dans cet autre article :"4 juillet 1776, les 13 colonies font sécession".


Conclusion 

Des poternes aux pneus...

    Il faudra encore beaucoup de pain dans les ventres, beaucoup d’éducation et de justice sociale, c’est-à-dire beaucoup de république et de démocratie, pour que le torrent de violence se retire dans le gouffre des siècles d’où il avait jailli et que les citoyens en colère se contentent de brûler des pneus sur les ronds-points au lieu de pendre les banquiers à des réverbères.

    Pour terminer ce long article sur la violence révolutionnaire, je vous propose cette belle citation d'un curé brésilien, Dom Hélder Câmara, qui a combattu toute sa vie la pauvreté : 

« Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’Hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »

 

Post Scriptum :

La violence populaire n'est pas spécifique à la Révolution.

Les émeutes populaires du passé.

    On veut nous faire croire de nos jours que la violence populaire est un phénomène exceptionnel. Affirmer cela, sous-entend avoir la mémoire courte, ou alors effacée. La violence populaire est omniprésente en histoire, même si celle-ci tant à diminuer progressivement au fil du temps comme le démontre l’historien Robert Muchembled dans son ouvrage publié en 2015 « Une histoire de la violence, de la fin du Moyen Âge à nos jours ».

Jeunesse masculine turbulente.

    L'historien explique comment à la fin du Moyen Age, à la campagne, les “abbayes de jeunesse” ou "bachelleries", étaient à l’origine des batailles entre villages voisins, des rixes viriles entre leurs membres à l’occasion des fêtes ou des jours chômés. Ces violences avaient lieu surtout à la taverne, par l’emploi d'armes blanches, de bâtons ou des poings. Les coups et blessures n’entraînant qu’accidentellement la mort, la justice ne punissait que par des amendes ou des bannissements. Cet esprit de courage et d’agressivité était même entretenu dans l’éventualité d’une guerre. Des compagnies d’archers étaient même créées à cette fin, compagnies que l’on retrouve à la Révolution dans diverses villes et villages et qui pour certaines, constitueront les noyaux des premières gardes nationales.

Grandes jacqueries

N’oublions surtout pas les "jacqueries", ces révoltes paysanne ou urbaines qui parsemèrent également la fin du Moyen-âge ! C’est ainsi que Paris fut secoué par l'insurrection parisienne menée par Étienne Marcel en 1358 tandis que la grande Jacquerie se répandait depuis le Bassin parisien jusqu'à la Normandie à l'ouest et l'Auxerrois à l'est. La grande jacquerie de 1356-1358 ressembla très fortement à une révolution affirme l’historienne Claude Gauvard (professeure émérite à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste d'histoire politique, sociale et judiciaire du Moyen Âge).

Ecoutez ce podcast sur France Culture :


Des émeutes populaires ultra-violentes, du temps de nos grands parents !

    Tout cela est bien loin, me direz-vous ! Si bien sûr, vous faites abstraction des révoltes des Gilets jaunes et des émeutes de banlieues...

    Dans son livre "Bourlinguer", publié en 1948, l'écrivain Blaise Cendrars décrit une émeute incroyable à laquelle il assista (et participa), à Rotterdam. Les faits rapportés sont d’une violence inouïe et parait-il "coutumière à l’époque", comme il l’explique au début du récit. L’écrivain en donne l’explication suivante : 

"On n’y peut rien. C’est la misère des hommes qui veut ça et qui les pousse avec mégalomanie. C’est irrésistible et irréfrénable. Les individus n’y sont pour rien. C’est tout ce que l’on peut en dire."

 Quelques explications ?

    Cendrars nous dit que la cause de la violence populaire est la violence ; la misère étant elle-même une forme de violence contre le peuple (Pensez à la citation de Dom Hélder Câmara)

    On pourra également évoquer la pression démographique et le manque de femmes. Ne vous étonnez pas de cette remarque à propos des femmes. Elle est mentionnée dans certains ouvrages. La frustration masculine due à la pression du patriarcat sur les jeunes hommes, est une explication raisonnable à la violence. La célèbre écrivaine américaine Ursula K. Le Guin traite de ce sujet dans l’un de ces livres de Science-Fiction « La main gauche de la nuit », arguant du fait que la masculinité exacerbée est la cause principale de toutes les guerres...


Je vous laisse réfléchir à tout cela...


Bertrand Tièche


Gravure d'une violente tempête, datée de 1750



mardi 2 novembre 2021

Les drapeaux des 60 districts parisiens de la Garde Nationale en 1789

District de Saint-Jacques du Haut Pas


    Je vous offre aujourd'hui un petit bijou. Il ne s'agit rien moins que des reproductions des drapeaux des 60 districts de la Garde Nationale en 1789.

    Ces petites merveilles sont regroupées et présentées avec érudition en deux cahiers édités en 1947 par les Editions Militaires Illustrées.


    Cette édition originale a été tiré à 1500 exemplaires, dont 900 sur vélin pur fil Crèvecœur des Papeteries du Marais.

Regardez ci-dessous ce que cela donne :


    Le premier cahier présente l'histoire de ces drapeaux rédigée par le Commandant Henry Lachouque. Le second cahier regroupe les planches dessinées par Gérard Blanckaert. Je dois dire que ces dessins sont d'une qualité peu commune, que mes photos ne peuvent pas rendre complètement. En effet, les parties dorées ou argentées des drapeaux brillent vraiment comme de l'or ou de l'argent !



Des drapeaux disparus dans les limbes du temps

    Il ne reste absolument plus rien de ces prestigieux drapeaux, car ils furent brûlés conformément à la Loi du 22 avril 1792, l'an 4e. de la Liberté, "relative au brûlement des anciens Drapeaux, Étendards & Guidons".

    Cette loi avait été rendue nécessaire par suite des difficultés qui avaient été constatées pour l'application du décret du 30 juin 1791, pour un nouveau modèle de drapeau. A partir de ce décret, chaque régiment à deux bataillons, possèderait dorénavant deux drapeaux différents. Sur le premier, on trouverait les trois couleurs nationales mais on conserverait la croix blanche avec mention du numéro du régiment. Sur le second, figureraient la croix blanche, le numéro du corps et différentes couleurs. Pour tous les drapeaux, la devise, qui existait déjà sous l'Ancien Régime, se généraliserait et s'intitulerait : "discipline, obéissance à la loi".

    L'auteur de la préface, Monsieur Rosset, Syndic du Conseil de Paris en 1947, nous dit se perdre en conjectures sur les motifs qui ont pu animer ce qu'il appelle "le zèle iconoclaste des hommes de 1792" et il fait de cet acte l'un des épisodes "caractéristiques et des plus significatifs du drame de la Révolution naissante". Il semble donc oublier que cette loi avait été signée de la main du roi Louis XVI ! D'un point de vue militaire, cette loi homogénéisait les uniformes et les drapeaux, mettant fin ainsi aux disparités chatoyantes qui contribuaient à semer la confusion sur les champs de bataille, quand dans la mêlé on se savait plus qui était qui. En revanche, je trouve intéressant qu'il qualifie les événements de 1792, de révolution naissante, ce qu'ils furent effectivement.


Le ton est donné, si j'ose dire. 

    Monsieur Rosset n'apprécie guère cette révolution populaire de 1792. Il remercie d'autant plus sincèrement le commandant Henry Lachouque pour cet ouvrage, que celui-ci partage avec lui les mêmes a priori et préjugés. Il le remercie "au nom du Conseil municipal de Paris, toujours attentif, quels que soient les hommes ou les partis qui passent à l'Hôtel de Ville".

    En effet, on comprend très vite ce que le Commandant pense du peuple de Paris ; ces gens qu'à la cour du roi on surnomme les grenouilles, rappelle-t-il. (Lisez mon article à ce sujet).

    Les Parisiens de 1789 en révolte sont qualifiés de : pègre, voyous, ivrognes, valetaille, guenilleux, bonnets gras, motionnaires, crapules, chienlit, greluchons, clercs de basoche, têtes fêlées, catins, souteneurs, galériens évadés, vagabonds sortis de leurs tanières et bien sûr, brigands. (Lire mon article "Peuple ou Populace").

Il résume sa pensée avec une citation tirée d'une comédie de Victorien Sardou (Ragagas) :

"L'émeute, c'est quand le populaire est vaincu… tous des canailles. La révolution, c'est quand il est le plus fort… tous des héros."

 

Un mot sur les uniformes

    Seul un bourgeois pouvait se payer la tenue nécessaire pour entrer dans la Garde nationale. Un uniforme coûtait 117 Livres, auxquelles il fallait ajouter 66 Livres pour l'équipement suivant :

  • 1 chemise de toile,
  • 2 cols en basin blanc
  • 1 col noir
  • 1 mouchoir en coton
  • 1 paire de bas
  • 3 paires de guêtres
  • 1 cocarde
  • 2 paires de souliers de cuir à boucles
  • 1 tire-bouton
  • 1 épinglette
  • 1 havresac en peau de veau
  • 1 boucle de col
  • 1 tournevis
  • 1 sac de toile.

    Pour mémoire, 1 Livre valait 20 sous (ou sols) et 20 sous était le montant du salaire journalier d'un ouvrier parisien (un artisan pouvait gagner jusqu'à 50 sous). L'uniforme et son équipement valait donc 243 Livres, soit 243 journées de travail d'un ouvrier.

(Je ne vous cache pas que j'essaie de trouver d'autres sources, tellement cela me semble exorbitant !)


Accès aux galeries !

    Je suis sûr que certains s'impatientent et veulent voir les gravures ! Il vous suffit de cliquer sur les images ci-dessous pour accéder aux albums. Vous constaterez, qu'à la fin de la première, il y a quelques variantes, car des sources donnaient des versions différentes :




Je continue... 😉

Ce que nous apprend la lecture de ce bel ouvrage.

1/ Concernant le commandant Lachouque, nous sommes faces à un personnage dont les préjugés vis-à-vis de la Révolution étaient courants à l'époque dans le milieu militaire (et le sont probablement encore, hélas, et pas seulement dans l'armée).

    Paradoxalement, ce militaire de carrière, au service de la République, n'aime guère la République et il méprise le peuple. Il est nostalgique de l'Ancien régime, où selon lui tous les Français étaient heureux, et seul le 1er Empire auquel il consacrera de nombreux ouvrages, trouve grâce à ses yeux.

    Si le commandant Lachouque s'intéresse autant aux magnifiques drapeaux des 60 districts de Paris, c'est parce que ce sont encore des drapeaux de l'ancien régime, les tout derniers. Leur iconographie mêle quelques nouveaux symboles (Liberté, par exemple), aux anciens qui demeurent ceux de l'héraldique monarchique et religieuse de l'Ancien régime..

    Quoi qu'il en soit, le récit des événements fait par le commandant Lachouque, n'en est pas moins d'un grand intérêt à lire. Ses préjugés, inhérents à chaque homme, ne l'empêchent pas de nous apprendre nombre de détails intéressants. Mais il est vraiment nécessaire de les croiser avec d'autres sources.

    Que s'est-il d'ailleurs réellement passé durant ces journées chaudes de Juillet 89 ? Il cite Lafayette qui aurait répondu à cette question le 24 Juillet 1789 : "On ne le sait pas on ne le saura jamais, car une main invisible dirige la populace".

    Qu'importe si d'autres ont vu parfois sortir cette main du Palais Royal ou de quelque autre endroit encore plus embarrassant !?


2/ D'un point de vue historique, on comprend ce que l'on peut déjà pu deviner à la lecture de mes articles concernant les journées révolutionnaires de Juillet 1789 ; à savoir, que la garde bourgeoise de 48.000 hommes créée à l'Hôtel de Ville de Paris le 13 Juillet 1789 à midi, devenue Garde nationale le 15 Juillet, avait plus pour objectif de protéger la Bourgeoisie du peuple, que le peuple de la dizaine de régiments qui menaçaient Paris ! (1)

(1) Royal Dragons à Paris, Royal Allemand à la Muette, Royal Cravatte à Charenton, Régiment Suisse de Reyrac à Sèvres, Régiment suisse de Salis-Samade à Issy, Régiment de Provence et de Vintimille à Saint-Denis, Berchémy-Hussards à l'Ecole Militaire et Régiments de Bouillon et de Nassau à Versailles, avec les Hussards de Lauzun.

    En effet, c'est bien la peur du peuple qui a motivé les Electeurs de Paris à former une milice bourgeoise. Comme le précise Lachouque, "ils sont les "Elus du peuple" depuis le dimanche 26 avril dernier". Oui, mais de quel peuple ? Probablement pas de celui que la faim accable.

    Il précise : "Dans les soixante districts de la capitale, "le Roi ayant reconnu leur pouvoir électif", ils ont choisi "librement les députés du Tiers aux Etats Généraux", après quoi ces électeurs auraient dû se séparer, mais, "soit pour donner leurs instructions à leurs députés, soit par ce besoin de se réunir et de s'agiter, qui est toujours dans le cœur des hommes", ils ont continué à tenir séances à l'archevêché.

    Ces grands électeurs du Tiers Etat prendront bientôt le nom (inspiré du mot anglais "Commons") de Commune de Paris. Ils éliront par acclamation Bailly, comme Maire de Paris et ils nommeront Lafayette Commandant de la Garde nationale. Le peuple n'aura pas vraiment à donner son avis. (Voir ma chronique des journées de juillet et août 1789).

    Du côté de l'Assemblée nationale constituante, les députés n'auront pour seul désir que de faire la paix avec ce roi qu'ils aiment tant et de mettre fin aux troubles qui les ont pourtant bien aidés à prendre le pouvoir. La Garde nationale leur servira en quelque sorte de bras armé. Celle-ci sera en effet plus souvent utilisée pour réprimer les émeutes que pour tourmenter les ennemis de la Révolution.

    Plus le temps passera, plus les Parisiens se défieront de cette Garde nationale commandée par le tout-puissant général Lafayette.

    Rappelons que le 17 Juillet 1791, la Garde nationale commandée par Lafayette fera feu (50 morts), sur une délégation venue déposer au Champs de Mars une pétition demandant la destitution du roi ; roi qui le mois précédent s'était enfuis, avait été rattrapé à Varennes, puis avait été pardonné et avait même vu sa pension augmentée !

    Le 29 septembre 1791, l'Assemblée constituante votera une loi sur la Garde nationale, approuvée par le roi le 14 octobre 1791. Cette loi s'inscrira dans la logique de la nouvelle constitution censitaire du 3 Septembre 1791, divisant les citoyens en différentes classes, les citoyens passifs n'ayant pas le droit de vote, et les actifs ayant le droit de vote, mais eux-mêmes divisés en 3 catégories dont seuls les citoyens actifs pouvant justifier d’une imposition directe d’au moins un marc d’argent, soit cinquante livres (c'était beaucoup) et posséder une propriété foncière, pouvaient se faire élire. Ne seront tolérés dans la Garde nationale que les citoyens passifs qui auront servi sans interruption depuis le début de la Révolution et qui seront jugés « bien intentionnés ». Hormis ces exceptions, seuls les citoyens actifs pourront être incorporés, c'est-à-dire, la bourgeoisie. (Voir mon article sur le Marc d'argent). 

    

1792

    C'est en 1792 que la Garde nationale prendra progressivement partie pour le peuple, du fait de l'aggravation de la situation, suite à la déclaration de guerre à l'Autriche du 20 Avril ; guerre souhaitée par les Girondins et par Louis XVI, mais pas pour les mêmes raisons (les uns souhaitant la victoire et l'autre souhaitant la défaite).

    En Août 1792, les armées prussiennes et autrichiennes marcheront sur Paris sans pouvoir être arrêtées, conduite par le Maréchal Brunswick, qui dans le manifeste qu'il rédigera le 25 Juillet, menacera de livrer la ville de Paris à une exécution militaire et à une subversion totale.

    Devant un si grand péril 4000 gardes nationaux seront réquisitionnés pour défendre la frontière et rejoindre l'armée du Rhin, commandée par le Général Alexis Magallon de la Morlière.

    Le 11 juillet 1792, face aux défaites militaires et aux menaces d’invasion (des Prussiens du duc de Brunswick et des émigrés du prince de Condé), l’assemblée législative déclarera "la Patrie en danger" et la levée de 50 000 volontaires parmi les gardes nationales.

    Le 30 Juillet 1792, un décret prendra des mesures contre les citoyens actifs qui se désengagent de la Garde nationale ou se font remplacer.

    Le 1er Août 1792, un décret ouvrira l'accès à la Garde nationale aux citoyens passifs.

    Le 10 Août 1792, devant la menace ennemie, les Parisiens s'insurgeront et chasseront le roi de son Palais des Tuileries ; une insurrection à laquelle prendra part la Garde Nationale.

10 Août 1792, prise des Tuileries

    Suite à l'insurrection du 10 Août 1792, les décrets des 11 et 12 août 1792 modifieront les règles et le corps électoral. "La distinction des Français entre citoyens actifs et non-actifs sera supprimée, et pour y être admis, il suffira d’être Français, âgé de vingt et un ans, domicilié depuis un an, vivant de son revenu et du produit de son travail, et n’étant pas en état de domesticité."

    La loi du 19-21 Août 1792 légalisera la réduction des soixante bataillons correspondants aux soixante districts parisiens, à quarante-huit ; ce qui correspondait au nombre des sections de la Commune.

Septembre 1792, Pont Neuf de Paris,
départ de la Garde nationale vers le front.
Tableau de Léon Cogniet

    À la fin de l’été, la situation militaire deviendra dramatique. Longwy capitulera le 23 août devant les Prussiens, Verdun se rendra. Le 26 août, l’assemblée approuvera alors, sur la proposition de Danton, une nouvelle levée de 30 000 hommes.

    Le 21 Septembre 1792, lendemain de la victoire de Valmy, ou la progression des armées étrangères sera enfin stoppée, la France deviendra une république.

20 Septembre 1792, Victoire de Valmy


    En résumé, on avait besoin d'armer le peuple pour défendre la France, raison pour laquelle la Garde nationale s'ouvrit à tous les citoyens...

La Garde nationale sera intégrée sous le commandement militaire de Paris en 1795.


    La Garde nationale aura une dernière fois son heure de gloire à Paris en 1871 lors de la Commune de Paris, quand elle sera la dernière à s'opposer aux troupes prussiennes, pour finir par se faire massacrer par les troupes versaillaises de Thiers (Plutôt le Kaiser que la Commune!). Mais ça, c'est une autre histoire...

Le Peuple et sa Garde nationale en 1871.


Merci pour votre lecture,


Bertrand Tièche, alias le Citoyen Basset !


Post Scriptum :

Je vous conseille la lecture de cet article de Florence Devenne publié en 1990 dans lequel j'ai trouvé des infos intéressantes :
"La garde Nationale ; création et évolution (1789-août 1792)".