Olympe de Gouge, peinte par
Elisabeth-Louise Vigée Lebrun
Introduction précautionneuse
Je voulais inaugurer la rubrique "Personnages" de mon site, avec deux femmes ; la célébrissime Olympe de Gouge et une totale inconnue, Louise Félicité de Keralio.
Je n'ai pas vraiment réussi à ressortir de l'oubli Louise Félicité de Kéralio. Mais je me suis rendu compte que parler d'Olympe de Gouge aujourd'hui est devenu aussi difficile que de parler de Robespierre. L'une est définitivement une sainte, tandis que l'autre est définitivement un monstre. Raison pour laquelle j'ai déjà fait plusieurs mises à jour de cet article ! 😉
Mise à jour au 07/11/2021 : Compte tenu des réactions ayant suivi la première version de cet article sur Olympe de Gouge. J'ai entrepris de poursuivre mes investigations sur celle-ci. Vous les trouverez à la suite de l'article de l'historienne Florence Gauthier "Olympe de Gouges, histoire ou mystification ?", qui à l'origine constituait le cœur de l'article.
Je ne suis pas loin de penser que ces modèles, tels que le communautarisme et la racialisation sont inadaptés à la société française et qu’ils contribuent à l’affaiblir, mais c’est un autre sujet.
Il semble qu'aux USA, la lutte pour le progrès ne soit jamais sociale et qu'elle se limite toujours au sociétale (ce qui malgré tout peut apporter quelques bienfaits).
Dans le cas présent, il semble que ce soit la féministe Joan Scott qui ait brodé une jolie fable à la lumière de ses préjugés. Mais je vous laisse découvrir ce texte passionnant.
Il se trouve sur le site suivant : https://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article1597
L'article de Florence Gauthier.
Je vous propose de lire cet article "quelque peu" dérangeant, de l'historienne Florence Gauthier sur la belle Olympe. Je me suis permis de le reproduire sur mon si modeste site, parce que je redoutais qu'un tel article ne vienne à disparaître. J'ai trop vu d'articles, voire même de site, disparaître d'Internet !
Olympe de Gouges, histoire ou mystification ?
Dimanche 15 septembre 2013, par Florence Gauthier
À propos de l’article « Olympe de Gouges, une femme contre la Terreur », de Myriam Perfetti, paru dans Marianne, n°852 du 17-23 août 2013, p. 76-79.
Par Florence Gauthier, historienne, Université Paris 7 – Diderot.
Je viens de lire cet article et j’en reste perplexe. Que d’erreurs accumulées ! que de fantaisies ! et qui conduisent dans leur simple logique à des interprétations fausses ou fallacieuses qui leurrent le lecteur sur les faits, au lieu d’éclairer sa lanterne. Il y a une question de méthode qui se pose ici !
Le chapeau de l’article résume la thèse de l’auteur : « Elle (Olympe de Gouges) fut la première des féministes et le paya de sa vie ». Dans le rappel chronologique, on peut lire : « Arrêtée en juillet 1793 pour avoir violemment interpellé Robespierre », elle « est condamnée à mort ».
Le rappel de ses activités est plein d’enthousiasme pour « la pionnière », qui donna « l’acte fondateur d’un féminisme qui ignorait son nom », elle est même comparée à Simone de Beauvoir, à Hypatie philosophe néoplatonicienne du IVe siècle de notre ère, et aux Femen dans leur récent combat en Tunisie, et tout cela en même temps ! Et puis encore, cette femme « en avance sur son temps » a tant apporté par ses « anticipations » : elle a prévu « le Pacs avec deux cents d’avance » ! et même « l’impôt sur le revenu » ! et puis encore des réformes sociales, « qui ne seront mises en place qu’au… XXe siècle »... Elle se réclame de la justice sociale, de l’égalité en droits entre les sexes, du droit au divorce, de la recherche en paternité et se prononce pour l’abolition de la peine de mort.
Elle fut arrêtée le 20 juillet 1793 pour avoir placardé des affiches politiques à Paris, condamnée par le Tribunal révolutionnaire, le 2 novembre suivant, et exécutée le lendemain.
Elle aurait donc été exécutée pour son féminisme précurseur en rédigeant une déclaration des droits de la femme et de citoyenne, qui se serait heurtée à la misogynie de « la » Révolution et plus précisément de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, qui, selon l’auteur de l’article, serait « paradoxale ». Pourquoi ? Je cite l’article : « Car le paradoxe majeur de la Révolution française, fondée sur l’universalité du droit naturel, est qu’elle écarta des droits politiques et civiques la moitié de la société ».
Ceci dit, l’auteur de l’article hésite sur ce point précis puisqu’elle écrit :« Ainsi, le 30 octobre 1793, la Convention déchoit les Françaises de leur statut de citoyennes, accordé par la Législative. » À lire ce passage, on comprend que la Déclaration des droits, votée le 26 août 1789, aurait écarté les femmes de leurs droits politiques. Ensuite, l’Assemblée législative, élue au suffrage censitaire et renversée par la Révolution du 10 août 1792, aurait « accordé » le statut de citoyenne aux femmes. Mais, la Révolution du 10 août 1792 supprima la Constitution censitaire de 1791. Une nouvelle assemblée, la Convention, élue au suffrage universel proclama la République le 22 septembre 1792, et c’est elle qui aurait retiré le statut de citoyenne aux femmes, le 30 octobre 1793 ! Que de confusions et d’inventions bizarres !
Démêlons la question du droit de vote pour commencer.
Le Roi, en convoquant les États généraux, faisait appel à une institution qui n’avait pas été réunie depuis 1614 !, mais qui existait depuis la fin du Moyen-âge. Le Roi ne pouvait gouverner sans conseil et les États généraux représentaient le conseil élargi du Roi, réuni en cas de problèmes graves : c’était le cas en 1789.
Ces États généraux réunissaient les députés élus par les trois ordres du Royaume, ceux du clergé et de la noblesse qui formaient moins de 3% de la population, le « reste » se retrouvait dans le Tiers-état. Le mode d’élection fut précisé par le Roi, le 24 janvier 1789, pour le Tiers-état : une voix par chef de feu ou maisonnée. Le vote des députés se ferait dans les assemblées primaires de villages et, pour les villes, dans les corps de métier et dans les quartiers pour la nombreuse population, qui travaillait hors corps de métier.
Les femmes n’étaient pas exclues du vote pour cause de sexe et c’est l’ignorance et les préjugés qui conduisent à penser que tel serait le cas. Les femmes votaient dans les assemblées villageoises et urbaines au Moyen-âge, depuis l’instauration des chartes et coutumes [1]. De plus, en 1789, de nombreuses femmes étaient chefs de feu et participèrent, de droit, aux élections des assemblées primaires du Tiers-état. Non, nos arrières-arrières-grands-mères ne marchaient pas à quatre pattes !
Cette tradition du vote des femmes dans les assemblées primaires connut, à partir de la convocation des États généraux de 1789, un réveil remarquable dans tout le pays et le mouvement populaire, formé des deux sexes, en fit très vite l’institution démocratique par excellence de la Révolution. Les assemblées primaires, réorganisées en 1790 en communes villageoises et en sections de communes dans les grandes villes, continuèrent de se réunir de leur propre chef, pour discuter de la situation, participer aux débats, organiser manifestations et grandes journées, en un mot, construire une souveraineté populaire effective.
De 1789 à 1794, les partisans des formes de gouvernement monarchique et/ou aristocratique firent tous leurs efforts pour supprimer ces assemblées primaires communales, qui mettaient en pratique une démocratie sociale, à laquelle les femmes participaient.
La première grande atteinte à cette force démocratique fut l’établissement d’un système électoral censitaire par l’Assemblée constituante et sa mise en application avec les élections de l’Assemblée législative en septembre 1791. Ce système censitaire consistait à réserver les droits politiques aux citoyens mâles, qui payaient un taux d’impôt précis. Ce système fut appelé à juste titre « une aristocratie des riches » et n’admettait aucune femme, même riche. C’est bien de cette date que la tradition démocratique médiévale des assemblées primaires fut rayée, juridiquement, du droit constitutionnel français : en septembre 1791.
Mais, la Révolution du 10 août 1792 renversa cette constitution des riches, fonda la République et établit le suffrage universel, avec ses assemblées primaires communales. La Convention, élue en septembre 1792, était une nouvelle assemblée constituante, mais la nouvelle constitution fut retardée par le parti au pouvoir, la Gironde, qui craignait le mouvement démocratique. Ce fut avec une troisième Révolution, celle des 31 mai 2 juin 1793, que la nouvelle Constitution fut votée, en juin 1793, et maintint les assemblées primaires.
Il faut insister sur le fait suivant : le mouvement populaire, qui pratiquait depuis des siècles cette forme de démocratie communale, continua de se réunir dans ses assemblées primaires - avec les femmes - refusant d’appliquer le système censitaire mis en place par l’Assemblée constituante et fut soutenu par les partis démocratiques et les sociétés populaires. C’est ainsi que les partisans de l’aristocratie des mâles riches, ne parvint pas à s’imposer, comme le rythme des révolutions successives nous l’apprend. C’était cela même la révolution, à l’époque où le nom de Marianne signifiait : république démocratique à souveraineté populaire effective…
Il y eut de rudes luttes dans les sections de communes dirigées par les partisans de l’aristocratie des riches, pour que les gens du peuple - le menu peuple, comme on disait alors, dont les femmes – soient chassés au nom du cens électoral !
On lira avec fruit à ce sujet Les Sans-culottes, d’Albert Soboul (1968) et les Citoyennes tricoteuses de Dominique Godineau (1988), pour découvrir que, dans l’exemple de Paris, les sections de commune de l’Ouest, les beaux quartiers, avaient éliminé les pauvres dont les femmes (et toutes les femmes, même riches).
Ainsi, préjuger que les femmes étaient démunies de tout droit et que la Déclaration des droits naturels de l’homme et du citoyen, « le code de la théorie révolutionnaire », selon l’expression de Bernard Grœthuysen [2], était misogyne, c’est ignorer les faits et les réalités historiques.
Mais, j’insiste sur le point qui me paraît central : c’est bien le « peuple » qui effraye, qui « terrorise » les partisans de l’aristocratie des riches, le peuple avec ses hommes, ses femmes, ses enfants, le peuple qui parle « mille langues », comme l’écrivait Hébert dans le Père Duchesne, le peuple qui travaille, qui chôme, qui souffre, qui vit mal et gêne, par sa seule présence, les gens biens, les gens comme il faut, ceux qui expriment leur dégoût de classe par les termes méprisants de canaille et de populace… Henri Guillemin l’a bien vu, ce mépris, dans son pamphlet Silence aux pauvres ! (1989) et Arlette Farge [3], par exemple, a montré les conditions concrètes de vie du peuple dans ses nombreux travaux.
Il est nécessaire de rappeler que ce préjugé concernant la misogynie de la Déclaration des droits de 1789, a été introduit récemment par la « féministe » états-unienne Joan Scott, dont le livre a été traduit sous le titre La citoyenne paradoxale (1998), et qui a ainsi rendu suspectes :
- la possibilité de penser un droit universel, c’est-à-dire un droit étendu à tous les individus du genre humain, ce qu’elle dénie à la Déclaration des droits de 1789,
- et la possibilité d’inclure les deux sexes dans un seul terme, ce que fait pourtant la langue française dans un des usages du terme « homme », comme équivalent du terme grec anthropos, repris par exemple dans l’anthropologie, qui, semble-t-il jusqu’à ce jour, n’a pas privilégié le sexe masculin dans ses études… Faudra-t-il suspecter encore de misogynie les termes humanité ? ou genre humain ?
À ce sujet, je me permets de trouver étrange que l’auteur de l’article n’ait pas mentionné, dans la rubrique À lire, le livre de J. Scott. Il ne semble pas que ce soit par ignorance, car elle emploie le terme paradoxe pour exposer cette thèse, faisant référence implicite à ce bréviaire : « Car le paradoxe majeur de la Révolution française fondée sur l’universalité du droit naturel etc… » (voir plus haut cette phrase déjà citée). Alors, ce sera le lecteur de l’article qui ignorera la source…
Venons-en à Olympe de Gouges
Système censitaire et aristocratie des riches
Elle a publié son texte le plus intéressant, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, en septembre 1791, au moment où l’Assemblée constituante achevait le vote de la Constitution censitaire de 1791. Ce texte met au féminin celui de la Déclaration de 1789 d’une façon remarquable, en l’encadrant par un préambule et un postambule, dans lesquels elle expose, avec force et clarté, ses revendications d’égalité en droits entre les deux sexes et les propositions qui lui tiennent à cœur. On notera toutefois, qu’elle se satisfait du système censitaire, qui excluait non seulement les femmes pour cause de sexe, mais aussi les pauvres, et qu’elle ne remet aucunement en cause cette seconde exclusion. Or, il est difficile de penser, qu’à cette date de septembre 1791, elle n’ait pas clairement saisi de quoi était faite cette exclusion par le cens électoral, étant donné les nombreux débats et luttes que le mouvement populaire avait développés depuis plus de deux ans. Mais, a-t-elle modifié son point de vue par la suite ? Non, elle maintint son choix politique en faveur d’une monarchie et d’une aristocratie censitaire. Voyons de plus près.
Liberté illimitée du commerce et loi martiale
Le 3 mars 1792, le maire d’Étampes, Simonneau, qui défendait la politique de liberté illimitée du commerce des grains, fut tué dans une révolte populaire, au moment même où il décrétait la loi martiale. Cette politique, poursuivie par l’Assemblée législative, autorisait la spéculation à la hausse des prix des subsistances, à commencer par celui du pain, et menaçait les bas salariés de famine. Des « troubles de subsistances », comme on les appelait, s’étaient développés dans tout le pays et l’Assemblée législative, qui gouvernait, n’hésita pas à décréter la loi martiale, une loi de guerre civile, qui faisait intervenir la force armée pour tirer sur les « séditieux ». Le maire Simonneau se trouvait partie prenante de cette politique à un moment où les troubles de subsistances s’étendaient d’une façon inouïe dans le Bassin parisien et contribuèrent à la Révolution du 10 août suivant [4].
Le gouvernement chercha à imposer « le respect de la loi » en organisant une fête en l’honneur de Simonneau, promu « héros » de la liberté illimitée du commerce.
Lors des préparatifs de cette fête, Olympe de Gouges s’occupa très activement de la participation des femmes et demanda à la reine son concours pour financer les costumes du « cortège des Dames françaises », qui devait rendre hommage à la liberté du commerce et à son moyen d’application, la loi martiale. Olympe écrivit des pétitions à la Commune de Paris et à l’Assemblée législative à ce sujet, dont on peut lire l’extrait suivant : « Les femmes, à la tête du cortège national, confondront les partis destructeurs et les factieux frémiront. »
On le voit, Olympe prenait parti activement en faveur de l’aristocratie des riches et de sa politique antipopulaire de spéculation à la hausse des prix des subsistances. Elle ne s’indignait pas des conséquences de ces hausses de prix qui, on le sait en détail, étaient non seulement « payées » par les bas salariés, les femmes au premier chef, mais entraînaient famines, maladies et crise de mortalité. Elle ne s’indignait pas davantage de la forme de terreur qu’était cette loi martiale qui substituait au débat politique, lorsqu’il s’agissait des revendications populaires, la proclamation d’un état de guerre [5] !
Cette politique de liberté illimitée du commerce fut une des causes de la Révolution du 10 août 1792, qui renversa la Constitution censitaire de 1791. Mais le parti de la Gironde qui gouverna la République de septembre 1792 à juin 1793, poursuivit cette politique et refusa de répondre aux revendications paysannes en matière de réforme agraire et choisit de mener une guerre extérieure de diversion, ce qui le conduisit à l’échec.
La Gironde fut renversée à son tour par la Révolution des 31 mai-2 juin 1793 et la Constitution, enfin votée en juin 1793, supprima expressément la loi martiale. La politique montagnarde développa ensuite une politique démocratique et sociale en commençant par l’abolition de la féodalité par la loi, ce qui n’avait pas encore été réalisé juridiquement depuis 1789 et cinq années de jacqueries permanentes ! Elle entreprit une politique dite du « maximum », qui mettait fin à la liberté illimitée du commerce, réclamée par les spéculateurs au nom du « sacro-saint » droit de propriété privée, qui fut justement désacralisé. En effet, le « maximum » empêchait la spéculation sur les denrées de première nécessité, y compris les matières premières indispensables aux artisans et aux manufactures. Les troubles de subsistances cessèrent et les marchés furent, à nouveau, fournis à des prix rééquilibrés par rapport aux salaires et aux revenus fixes de la population [6].
Dès le lendemain de la Révolution des 31 mai-2 juin 1793, Olympe de Gouges publia par affiches son rejet de la Constitution de 1793, de la République démocratique et de sa politique économique et sociale. Puis, en juillet, dans la période du référendum sur la Constitution, elle mena campagne contre la république démocratique et réclama une monarchie et une aristocratie des riches : elle fut arrêtée le 20 juillet, condamnée et exécutée. Imprudence, sans doute, car depuis le printemps 1793, la situation politique avait tourné à la guerre civile et les Girondins, battus, n’hésitèrent pas à y participer, elle s’y engouffra.
Son procès ne mentionne aucune inculpation pour cause de son sexe, mais pour ses écrits politiques contre le principe de souveraineté populaire. [7]
Il apparaît bien difficile de présenter Olympe de Gouges en héroïne de la justice sociale et de la défense des droits sociaux ! Elle dénonça la République démocratique et sociale, qui institua le mariage comme un contrat civil et dissoluble, accompagné du divorce par consentement mutuel (20 septembre 1792), mais aussi l’égalité en droit des enfants légitimes et naturels (9 août 1793) et une réforme agraire considérable, des droits économiques, sociaux et politiques [8]. De même, il est difficile de voir en elle « l’anticipatrice en avance sur son temps » qu’évoque l’article, alors que son temps était bien conscient de ces questions et s’en est largement occupé.
Liberté générale pour les esclaves des colonies ?
Même constat en ce qui concerne les droits de l’homme et du citoyen dans les colonies esclavagistes : en 1791, Olympe prit la défense des droits des colons « libres de couleur », comme le parti des « colons blancs » les nommait. En mai 1791, il y eut un très important débat, qui aborda les trois questions suivantes : 1) faut-il conserver les colonies ? 2) Les colons « libres de couleur », discriminés par les colons « blancs », sont-ils susceptibles de l’égalité en droit ? 3) L’esclavage doit-il être maintenu ?
Le parti colonial était lui-même divisé par le parti des « colons blancs », qui avait pris le pouvoir dans la grande colonie de Saint-Domingue, en 1789, et cherchait à discriminer les « colons de couleur », afin de leur prendre leurs biens et leur conférer un statut juridique de « libres subalternes », intermédiaire entre celui de libre et celui d’esclave. Il existait aussi un courant critique du système colonial, qui commençait à réfléchir à des formes de décolonisation, comme le fit la Société des Citoyens de couleur et ses alliés, et prépara l’indépendance d’Haïti. Il y avait encore un courant favorable à une forme de néo-colonialisme, avec « adoucissement » de l’esclavage, comme le proposa la Société des Amis des Noirs [9].
Olympe de Gouges avait réussi à faire jouer sa pièce de théâtre Zamor et Milza en 1789 et fut calomniée par le parti colonial. À la suite du débat de mai 1791, elle prit la défense des droits des colons « libres de couleur ». Il faut toutefois noter qu’elle n’abordait ni la critique du système colonial, ni celle de l’esclavage des captifs africains déportés en Amérique.
Un peu plus tard, en mars 1792, elle fit rééditer sa pièce sous un nouveau titre L’esclavage des Noirs ou l’heureux naufrage, avec une préface où elle défend le projet officiel de la Société des Amis des Noirs, c’est-à-dire un projet colonialiste, qui se limitait à « adoucir » les conditions de vie des esclaves, ce qui n’est pas abolir l’esclavage !
Précisons qu’en mars 1792, cela faisait déjà plus de six mois que l’insurrection des esclaves avait commencé, à Saint-Domingue, et qu’elle se poursuivait, ce qui signifie qu’il n’avait pas été possible de la réprimer. En effet, l’Assemblée constituante avait suivi la politique du Club Massiac, le parti des colons, en constitutionnalisant l’esclavage dans les colonies et en suivant la politique ségrégationniste contre les « libres de couleur ».
La guerre des épidermes, qui divisait la classe des colons, avait désintégré le système des milices paroissiales, chargées du maintien de l’ordre esclavagiste, car les « colons de couleur » ayant pris le maquis pour se protéger, les avaient désertées. Les esclaves avaient alors compris qu’une occasion particulièrement favorable se présentait à eux. Ils organisèrent une insurrection dans le Nord de l’île, qui débuta dans la nuit du 22-23 août 1791. Depuis, les maquis de « colons de couleur » négocièrent des traités avec les « colons blancs », comme avec des groupes d’esclaves insurgés. La situation de l’île échappa, alors, au Club Massiac et rendit caduque la législation de l’Assemblée constituante : le processus de la Révolution de Saint-Domingue était bien avancé.
Il est clair qu’Olympe de Gouges n’a pas saisi cette nouvelle situation et, dans sa « Préface » de 1792, croit encore possible de tenir un discours de soumission aux esclaves et aux « colons de couleur », en leur conseillant de renoncer à leur combat et de retourner sagement chez leurs maîtres, que des gens éclairés sont en train de convaincre « d’adoucir » l’esclavage.
Écoutons-la :
« C’est à vous, actuellement, esclaves, hommes de couleur, à qui je vais parler ; j’ai peut-être des droits incontestables pour blâmer votre férocité : cruels, en imitant les tyrans, vous les justifiez (…) Ah ! combien vous faites gémir ceux qui voulaient vous préparer, par des moyens tempérés, un sort plus doux, un sort plus digne d’envie que tous ces avantages illusoires avec lesquels vous ont égarés les auteurs des calamités de la France et de l’Amérique. La tyrannie vous suivra, comme le crime s’est attaché à ces hommes pervers. Rien ne pourra vous accorder entre vous. Redoutez ma prédiction, vous savez si elle est fondée sur des bases vraies et solides. C’est d’après la raison, d’après la justice divine que je prononce mes oracles [10]. »
(Lire cet ouvrage, à partir de la page 377 : L'Esclavage des noirs, ou la mauvaise conscience d'Olympe de Gouges)
Ces gens éclairés, sensés adoucir l’esclavage, étaient les Amis des Noirs, avec Brissot, et avaient déjà prudemment fermé la porte de leur société, au moment même où l’insurrection des esclaves avait commencé à Saint-Domingue, choisissant la plus grande discrétion… Les Brissotins se retrouvèrent diriger le parti de la Gironde, mais lorsqu’ils exercèrent le pouvoir, ils refusèrent de soutenir la Révolution des esclaves insurgés et de leurs alliés.
Ce fut la Convention montagnarde, qui prépara l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises avec la Constitution de 1793, et la réalisa le 16 pluviôse an II-4 février 1794. Et il s’agissait bien de l’abolition de l’esclavage, non de quelque « adoucissement » …
Le « monstre » Robespierre
Pourquoi Robespierre est-il convoqué comme bouc émissaire chaque fois qu’un monstre politique apparaît, ici, une politique misogyne opposée aux droits politiques des femmes ? La réponse est bien connue : depuis le 9 thermidor-27 juillet 1794, les « Thermidoriens » ont eu l’idée d’isoler Robespierre de cette politique montagnarde, qu’ils avaient, pour la majorité d’entre eux, soutenue. Il était habile de créer un bouc émissaire, entouré de ses « complices », immédiatement qualifiés de « robespierristes ». L’adjectif « robespierriste » porte depuis cette charge négative que l’on connaît. Il fut aisé ensuite de rendre les « robespierristes » responsables de tous les monstres politiques ultérieurs. Billaud-Varenne, dans la nuit du 9 thermidor, avait commencé en répandant la fable assassine selon laquelle Robespierre voulait épouser la fille de Louis XVI et rétablir la monarchie ! Et depuis, « l’effet du 9 thermidor » s’est reproduit. Par exemple, au tournant du XIXe siècle, l’idée d’un parti unique au pouvoir, quadrillant une société, fut comparée, comme par un réflexe thermidorien, au « Club des Jacobins », puis l’idée de dictature, puis celle de « centralisation jacobine », de « répression hyperbolique », aujourd’hui de misogynie…
Vu l’ampleur prise par la question « calomnies », je me limiterai ici au point suivant : Robespierre, présenté dans l’article comme « artisan de la Terreur », était-il « misogyne » ?
Cette suspicion récente s’appuie sur le préjugé suivant : Robespierre ayant la réputation d’être « rousseauiste », serait, comme Rousseau, misogyne ! Amalgame hâtif car Olympe était elle-même « rousseauiste » ! ce n’est donc pas un critère suffisant. J’ai voulu récemment approfondir et je retiendrai deux points [11] : Robespierre, à l’époque où il était membre de l’Académie d’Arras, et fort apprécié par son fondateur Dubois de Fosseux, s’est vu confier par ce dernier la campagne en faveur de l’entrée des femmes dans cette Académie, non pas seulement comme des membres honoraires, toujours absents et à qui on ne faisait que rendre un hommage éloigné, mais comme membre ordinaire, participant à la vie savante réelle. Les textes de Robespierre révèlent qu’il considérait le fait que les femmes soient tenues à l’écart des sociétés savantes comme « le scandale d’un siècle éclairé ». Il estimait que les êtres humains des deux sexes étaient doués des mêmes facultés et avaient donc le droit de les cultiver ensemble.
De plus, pendant la Révolution, Robespierre a pris la défense des pratiques démocratiques populaires et des droits des pauvres, il a combattu sans cesse le cens électoral et, lors des débats sur la Constitution de 1793, il a continué de prendre la défense des assemblées primaires et de la souveraineté populaire effective des deux sexes réunis, comme je l’ai rappelé précédemment. La misogynie attribuée à Robespierre se réduit à n’être qu’un préjugé. Enfin, il n’existe aucune source indiquant que Robespierre aurait agi contre Olympe de Gouges.
Thermidor a-t-il mis fin à la Terreur et au Tribunal révolutionnaire ?
La « Terreur », qui désigne le plus souvent la répression politique exercée par le Tribunal révolutionnaire, n’a pas été créée par la Montagne, mais par le gouvernement girondin, le 10 mars 1793 ! Le 9 thermidor a-t-il mis fin à la Terreur et au Tribunal révolutionnaire ? Pas davantage, et les deux ont été maintenus, jusqu’à la fin de la Convention thermidorienne. Cette dernière opéra un « coup d’État parlementaire » en renversant la Constitution de 1793 pour la remplacer par celle de 1795, qui établissait une nouvelle forme d’aristocratie des riches, excluant les pauvres, paysans, ouvriers et artisans.
C’est alors que les assemblées primaires, issues de la pratique démocratique populaire, disparurent pour la première fois depuis 1789 et, avec elles, les droits du peuple, hommes et femmes, à former la souveraineté populaire. Cette exclusion se perpétua de 1795 jusqu’à la Constitution de…1946, qui réintégra, plus d’un siècle et demi après, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et un suffrage universel incluant les femmes dans le droit constitutionnel français, que les Thermidoriens avaient, l’une et l’autre, exclus [12].
Olympe, telle qu’en elle-même
Olympe de Gouges est, actuellement, l’objet d’une tentative de fabrication d’un mythe. Sa défense courageuse et efficace sur le plan des idées d’une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de 1791 est interprétée, par erreur, comme porteuse d’un caractère démocratique et universel des droits. Je pense avoir montré que ce n’était pas le cas et qu’elle n’a jamais pris la défense des assemblées primaires populaires, où les femmes du peuple ont exercé leurs droits politiques, de 1789 à 1795. Elle n’a pas davantage étendu les droits universels de l’homme et du citoyen aux esclaves dans les colonies, leur conseillant d’attendre patiemment que des hommes bons « adoucissent » leurs conditions.
Et si Olympe a pris la défense d’une société monarchique et d’une aristocratie des riches, cela ne doit pas être dissimulé ! Si elle a soutenu, de façon militante, une politique au service d’une économie spéculant sur les subsistances, qui affamait les familles pauvres, et rendu hommage au « héros » de la loi martiale, elle l’a fait savoir haut et clair ! Au lieu de fabriquer cette ridicule mystification, qui la présente en démocrate audacieuse, ce qui l’aurait profondément choquée d’ailleurs, mieux vaudrait reconnaître simplement ses propres choix !
- Voir Marc Bloch, Les caractères originaux de l’histoire rurale française, Paris, Colin, 1931.
- Bernard Grœthuysen, Philosophie de la Révolution française, (1956), Paris, Gallimard, chap. VI.
- Voir par exemple, Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle, (1979).
- Sur les troubles de subsistances et les grandes jacqueries du printemps 1792 en particulier, voir Florence Gauthier, Guy Ikni éd., La Guerre du blé au XVIIIe siècle, Paris, Ed. de la Passion, 1988 et Anatoli Ado, Paysans en révolution. Terre, pouvoir et jacquerie, 1789-1794, Paris, Société des Études Robespierristes, 1996. Sur Simonneau voir Jean-Claude Bonnet, « La mort de Simoneau », in Jean Nicolas éd., Mouvements populaires et conscience sociale, Paris, Maloine, 1985, citation p. 674. Sur l’histoire de la Révolution, voir Albert Mathiez, La Révolution française, Paris, Bartillat, 2012.
- Sur la loi martiale, voir Florence Gauthier, Triomphe et mort du droit naturel en révolution, 1789-1795-1802.
- On lira à ce sujet la belle étude de Jean-Pierre Gross, Egalitarisme jacobin et droits de l’homme, 1793-1794, Paris, Arcantères, 2000, qui porte sur tout le quart sud-ouest de la France.
- Paule-Marie Duhet, Les femmes et la Révolution, 1789-1794, p. 83.
- Voir Philippe Sagnac, La législation civile de la Révolution française. Essai d’histoire sociale, (1898) Genève, Mégariotis, 1979.
- Sur les débuts de la Révolution de Saint-Domingue voir Florence Gauthier, L’aristocratie de l’épiderme. Le combat de la Société des Citoyens de couleur, 1789-1791, Paris, CNRS, 2007.
- Olympe de Gouges, L’esclavage des Noirs ou l’heureux naufrage, (1792) éd. en facsimilé, Paris Côté-femmes, 1989, Préface, p. 32-34.
- Florence Gauthier, « Les femmes dans l’espace public. La proposition d’une politique de galanterie démocratique par Robespierre », in Républicanismes et droit naturel, des humanistes aux révolutions des droits de l’homme et du citoyen, Paris, Kimé, 2009, p.189-210. Robespierre, Œuvres, t. XI, Paris, Société des Études Robespierristes, 2007.
- Sur la période thermidorienne voir Albert Mathiez, La Réaction thermidorienne,(1929), Paris, La Fabrique, 2010. Florence Gauthier, Triomphe et mort du droit naturel en révolution, 1789-1795-1802, (1992) rééd. en cours.
"Panthéonisation" sur France Culture. 😉
En cliquant sur l'image ci-dessous, vous pourrez accéder aux 5 podcasts de chacun 28 minutes, mis à disposition sur France Culture.
J'ai une petite préférence pour le second, intitulé "Les contradictions d'une monarchiste révolutionnaire".
Le complément d'enquête du Citoyen Basset. (En toute modestie)
Un peu plus de bienveillance et de compréhension envers Olympe.
Depuis ma découverte de l'article de Florence Gauthier que vous venez de lire ci-dessus, je me suis intéressé de plus près à Olympe de Gouge, même si elle n'entrait pas encore en scène dans la chronologie des événements que j'essaie de réaliser sur ce site. Olympe de Gouge est en effet devenue un sujet très populaire ces derniers temps. Elle est même dorénavant au programme en classe de première, dans tous les lycées de France.
Pour celles et ceux qui découvriraient mon site, je précise que mon souci n'est pas de juger mais de comprendre. Je me refuse donc à juger Olympe de Gouge pour ses prises de positions quelques peu "conservatrices" par rapport à la démocratie, l'esclavage, la république ou que sais je encore ?
Olympe de Gouge, comme tous ses contemporains ne pouvait penser que sur la base des connaissances et convenances de son époque.
Peu de gens de gens sont capables de penser au-delà de ces barrières qui déterminent notre pensée.
Olympe de Gouge a eu le courage de franchir ces barrières qu'à chaque époque la société nous impose.
Première impression
L'impression que je retire de mes modestes recherches, à propos d'Olympe de Gouge, c'est surtout une certaine naïveté, ou maladresse, mais pas un instant je ne doute de sa sincérité.
Je vous recommande la lecture de cet article intitulé : "Un discours politique au féminin. Le projet d’Olympe de Gouges" rédigé par Jürgen SIESS, vous comprendrez mieux ce que je veux dire, du moins je l'espère.
La première intervention publique d'Olympe en 1788.
Dès son premier texte publié le 12 Décembre 1788, "Lettre au Peuple", on comprend que Marie Gouze, veuve Aubry, dite Olympe de Gouges, comme la plupart des esprits éclairés de son temps, aime profondément le roi et la reine et n'aspire qu'à plus de justice et moins de misère, et comme tous les esprits éclairés de son temps, elle croient très sincèrement que l'instauration d'une monarchie constitutionnelle, suffira à relever la France. Peut-on le lui reprocher ? Tout le monde pensait cela à l'époque !
Sa fameuse déclaration des doits de la femme de 1791
En 1791, lorsqu'Olympe de Gouge adresse à la Reine Marie-Antoinette sa "Déclaration des Droits de la Femme", la "Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen" a déjà été publiée 2 ans auparavant.
Petit rappel utile.
Je trouve désolant de devoir le rappeler, mais si le substantif "Homme" commence par une majuscule, cela veut dire qu'il concerne aussi bien les hommes que les femmes.
- Personne ne doute un instant que l'anthropologie se consacre aussi bien à l'étude des femmes que des hommes, le mot venant du grec ancien ἄνθρωπος, "ánthrôpos" qui veut dire "être humain",
- Personne ne doute un instant que l'humanité intègre aussi bien les femmes que les hommes, le mot venant du latin "humanus" désignant les "êtres humains" (mot composé de "homo" qui veut dire "homme" et du suffixe "-anus" qui désigne l'origine, l'appartenance)
Malgré les évidences linguistiques, des "demi-habiles" font mine de ne pas comprendre et de prétendre que les femmes étaient exclues de ladite Déclaration des Droit de l'Homme.
Olympe de Gouge que l'on nous présente de nos jours comme une femme de lettre, (mais dont certains de ses contemporains prétendaient qu'elle savait à peine lire), connaissait-elle l'étymologie du mot "Homme" (avec un grand H) ? Ou pas ? Une femme de lettres ne pouvait l'ignorer.
Olympe de Gouge remettant sa Déclaration des Droits de la Femme, à la reine Marie-Antoinette. |
Quand je vous parle de maladresse.
Olympe fit précéder sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’une adresse à la reine. Cette lettre, qui sollicitait le soutien de Marie-Antoinette, occupait la place de la traditionnelle épître dédicatoire que l'on retrouve dans la plupart des ouvrages de ce genre. Mais Olympe, volontairement ou non, rompit avec les codes de l'époque. Elle appela la reine "Madame" au lieu de "Sa Majesté" et elle lui fit part de son intention de lui parler "franchement". (Lisez l'article de Jurgen Siess) Voilà qui était fort maladroit et qui risquait à l'époque de décrédibiliser son discours.
Vous pouvez lire sa fameuse déclaration dans la fenêtre ci-dessous donnant accès au site de la BNF :
Je n'exclue aucunement le fait que l'incompréhension et même les moqueries dont elle fut victime, aient eu lieu en raison du fait qu'elle était une femme, mais je n'exclue pas qu'elles aient pu être également provoquées par ses maladresses qui à cette époque pouvaient réellement prêter à sourire, voire même à rire. Je vais vous donner un autre exemple.
Quand Olympe, en décembre 1792, voulu prendre la défense de Louis XVI.
Il m'a fallu plonger dans mes petites archives, pour rédiger cette partie. Je me souvenais en effet que je possédais deux journaux de décembre 1792, qui évoquaient la lettre "maladroite" écrite par Olympe de Gouge à l'adresse de la Convention, dans laquelle elle se proposait de seconder le vieux Malesherbes (80 ans), défenseur de Louis XVI dans le procès de ce roi lui aussi "maladroit". (Ce sera le sujet d'un autre article).
Concernant Malesherbes, je vous invite à lire la biographie (Wikipédia) de cet homme hors du commun, qui, après une vie honorable et bien remplie, sorti courageusement de sa retraite pour défendre son roi, en toute conscience du fait que ce serait en pure perte, compte tenu des charges pesant sur Louis XVI, et surtout que cela serait dangereux pour lui. Il fut en effet guillotiné le 21 avril 1794, en même temps que sa fille Antoinette, sa petite-fille Aline, leurs époux et deux de ses secrétaires...
Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes |
Mais revenons à la lettre d'Olympe de Gouge. Les deux journaux que je possède rapportent de façons bien différentes l'événement.
Version du Moniteur Universel
Je vous donne à lire en premier la version de "La Gazette Nationale, ou le Moniteur Universel", qui était en quelque sorte le Journal Officiel de l'époque. Il s'agit du numéro de Lundi 17 Décembre 1792 :
Version "Les Révolutions de Paris".
Fondé le 12 Juillet 1789, par l'éditeur et journaliste Louis Marie Prudhomme, le journal "Les Révolutions de Paris" avait une ligne éditoriale très engagée et très libre. Ses rédacteurs aimaient donner dans le sensationnel et l'excès, annonçant des complots, des malheurs et autres nouvelles à sensations dont les lecteurs étaient friands !
En lisant l'article
ci-dessous, vous allez comprendre par les commentaires que le ton est différent
de celui du Moniteur ! Prudhomme deviendra prudent et cessera la publication de son journal "Les Révolutions de Paris" en Février 1794. Quand au Moniteur, il poursuivra sa
tâche jusqu'en 1901 !
Il s'agit du numéro de la semaine du 15 au 22 Décembre 1792.
Cliquez sur les deux images ci-dessous pour lire l'article :
Pour finir et non pas conclure cet article
Je propose aux plus curieux d'entre vous, de lire ci-dessous cette courte mais sidérante biographie de la belle Olympe de Gouge.
Prenez ce texte pour ce qu'il est, c'est-à-dire une source d'information supplémentaire et gardez-vous bien de juger son auteur ou Olympe de Gouge.
L'histoire n'est pas un tribunal mais une enquête qui ne finit jamais, comme l'indique la signification du mot Historia en grec (Historia est un mot latin signifiant histoire, issu du grec ancien ἱστορία, « enquête ».)
Cliquez sur l'image pour y accéder.
- Sera-t-il Roi, ne le sera-t-il pas ?
- Lettre à Monseigneur le duc d’Orléans, premier prince du sang
- Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
- L’Esclavage des noirs ou l’Heureux Naufrage
- Arrêt de mort contre Louis Capet
- Lettre au Peuple ou projet d’une caisse patriotique, par une citoyenne
- Remarques patriotiques par la Citoyenne auteur de la Lettre au peuple
- Le bonheur primitif de l’homme, ou les rêveries patriotiques
- Dialogue allégorique entre la France et la Vérité
- Le cri du sage, par une femme
- Avis pressant, ou Réponse à mes calomniateurs
- Pour sauver la patrie, il faut respecter les trois ordres, c’est le seul moyen de conciliation qui nous reste
- Mes vœux sont remplis, ou Le don patriotique
- Discours de l’aveugle aux Français
- Séance royale. Motion de Mgr le duc d’Orléans, ou Les songes patriotiques
- L’Ordre national, ou le comte d’Artois inspiré par Mentor
- Lettre aux représentants de la Nation
- Action héroïque d’une Française, ou la France sauvée par les femmes
- Les droits de la femme, à la Reine
- Réponse au Champion américain, ou Colon très aisé à connaître
- Lettre aux littérateurs français
- Les Comédiens démasqués, ou Madame de Gouges ruinée par la Comédie française pour se faire jouer
- Départ de M. Necker et de Mme de Gouges, ou Les adieux de Mme de Gouges aux Français
- Projet sur la formation d’un tribunal populaire et suprême en matière criminelle, présenté par Mme de Gouges le 26 mai 1790 à l’Assemblée nationale
- Adresse au Don Quichotte du nord
- Adresse pressante à la Convention, par une vraie républicaine
- L’entrée de Dumouriez à Bruxelles ou les vivandiers
- Adresse au roi – Adresse à la reine
- Les fantômes de l’opinion publique