dimanche 9 août 2020

9 Août 1789 : L'emprunt de 30 millions proposé par Necker est voté

Article mis à jour le 9 août 2023.

    C’est sous la présidence de Monsieur Chapelier que s’ouvre ce dimanche 9 août 1789, la séance de l’Assemblée nationale.

    Le président annonce que la délibération de ce jour portera sur la forme de l’emprunt décrétée la veille. Il s’agit du fameux emprunt de 30 millions, demandé par Necker, qui se faisant, reprend la politique d’emprunt qu’il menait déjà avant la révolution.

    On constate dans les échanges qu’une proposition a été faite, d’engager les biens du clergé comme une hypothèque de cet emprunt, ce que le président juge absolument inadmissible. Mais inadmissible seulement pour le présent emprunt, car comme le dit le président : « Ce serait décider une grande question avant de l’avoir discutée ». Nous verrons bientôt comment elle sera « discutée »...

Balthazar Joseph d'André
Balthazar Joseph d'André
    Je trouve également intéressante l’intervention d’un certain Monsieur André qui cite trois articles, qui selon lui, devraient être rayés. Écoutons-le :

« 1° Cet état porte 120.000 livres par mois, pour les arrérages (les arriérés) d’un emprunt fait pour payer les dettes d’un prince du sang. Ce n’est point à la nation à payer cette dette ; d’ailleurs, ce prince du sang s’est retiré dans ses terres ; il va vivre d’économies, et il payera lui-même ses dettes

2° Qu’importe à ma province que l’on construise le pont de Louis XVI ? Elle ne doit aucun impôt à cet égard ;

3° Le payement des murs pour la clôture de la ville de Paris, invention des financiers qui tourne à leur profit. »

    Étonnant, non ? Le contenu de cet emprunt n'est-il pas effectivement censé être destiné à rembourser les dettes du pays. Pourquoi s'en servir pour payer les dettes d'un prince de sang ? J'aime bien ce Monsieur André. J'ai ajouté dans les illustrations jointes la gravure le représentant.

    Mirabeau réclamera le payement des murs, sous prétextes qu’ils sont faits et qu’ils ont été réalisés par des ouvriers de sa province du Limousin. (Le connaissant, on est en droit de se demander de combien fut sa commission.)

Le décret voté sera le suivant :

«L'Assemblée nationale, informée des besoins urgents de l'Etat, décrète un emprunt de 30 millions aux conditions suivantes :

«Art. Ier. L'intérêt sera à quatre et demi pour cent, sans aucune retenue.

«II. La jouissance de l'intérêt appartiendra aux prêteurs, à commencer du jour auquel ils auront porté leurs deniers.

«III. Le premier payement des intérêts se fera le 1er janvier 1790, et les autres payements se feront ensuite, tous les six mois, par l'administrateur du trésor public.

«IV. Il sera délivré à chaque prêteur, des quittances de finances, sous son nom, avec promesse de passer contrat, conformément au modèle ci-après.

«V. Aucune quittance ne pourra être passée au-dessous de 1,000 livres. »

(Source : https://www.persee.fr/.../arcpa_0000-0000_1875_num_8_1...)

    Dans la version précédente, l’intérêt avait été envisagé à 5% avec retenue. Mais Monsieur le Vicomte de Noailles fera sentir l’incertitude qu’entraîne avec lui le mot "retenue", et que cette incertitude pourrait éloigner beaucoup de capitalistes.

    Un dernier détail qui vous "amusera" peut-être. Tout ministre des Finances qu’il fut, Monsieur Necker était aussi un banquier. Sa banque prêtera donc, et de mauvaises langues affirment que cela lui rapporta 4 millions d'intérêts…

    Vous verrez dans les estampes jointes, que Necker était encore considéré comme un véritable sauveur, sauf la dernière sur laquelle on le voit représenté comme un joueur de bonneteau (un jeu d'argent), abusant de la "simplicité" de Louis XVI.

    Voici une estampe du pont Louis XVI dont il est question dans le débat sur l'emprunt. On le connait de nos jours sous le nom du pont de la Concorde.

Pont Louis XVI (Actuel pont de la Concorde)
Pont Louis XVI (Actuel pont de la Concorde)

    Et voici quelques estampes et gravures à la gloire du grand Necker ! Je vous assure qu'il y en a beaucoup d'autres !

  







    Qui selon vous a passé commandes pour ces multitudes d'estampes vantant les mérites de Necker ?...


samedi 8 août 2020

L'esprit de ce site

 

Fresque de Clio, la muse de l'histoire
Représentation de Clio, la muse de l'histoire,
découverte en 1755 à Pompéi.

    C'est en relisant mon article du 7 août 1789 et en réfléchissant à cette information étonnante relative à du blé arrivant d’Algérie, (Grâce à Necker et au roi), pour nourrir les Parisiens affamés, que j'ai été amené à réfléchir sur l'histoire en général et à celle concernant la période de la Révolution française, en particulier.

    Mon but n’est pas de lancer une polémique, mais tout simplement de me demander pourquoi je n’avais jamais lu cela dans aucun livre d’histoire. Pourquoi je m’en suis tenu à la version de l’histoire officielle qui décrivait l’Algérie comme un pays de corsaires (ce qui fut vrai jusqu’au 17ème siècle), pour ne pas dire de pirates, avant que la France ne vienne dans sa grande bonté civilisatrice, la coloniser et la ramener dans le droit chemin ?


    Il m’aura fallu tomber par hasard sur l’étrange mention de la "Barbarie" (nom combien évocateur de l’Algérie de cette époque), dans un procès-verbal de la séance du 23 juillet 1789 à l’Assemblée nationale, pour que je découvre cela !

    Pourquoi l’histoire à laquelle on a droit ne ressemble-t-elle la plupart du temps qu’à un conte pour enfants, avec des méchants (des brigands ou des bandits) et des héros gentils et des reines malheureuses ?

    L’histoire de la Révolution française est celle qui est probablement la plus sujette aux fantasmes, contes et légendes. Selon la niche socio-culturelle dans laquelle vous évoluez, vos opinions sur le sujet seront déterminées !

    Les révolutionnaires sont alors soit des anges civilisateurs, soit (le plus souvent) des psychopathes amoncelant des piles de cranes.

    Louis XVI est considéré presque unanimement comme un benêt qui n’a rien compris à son époque, alors qu’il fut, nous le découvrirons bientôt (preuves à l’appui), le roi le plus progressiste, voire révolutionnaire de l’histoire de France. 

    Quant à Marie-Antoinette, depuis que Stefan Zweig a mis toutes sa sensibilité et son talent pour écrire une biographie sentimentale, son personnage romancé est devenu une sorte de personnage conceptuel qui a éliminé totalement la vraie reine.

    Pourquoi les meilleurs historiens ne parviennent-ils pas se débarrasser de leurs préjugés ou de leurs a priori, bien souvent politiques ?

    Pourquoi sans cesse des jugements de valeurs, alors qu’il ne s’agit que de ce que j’appelle « de la mécanique humaine » ?

    Les membres de l’espèce humaine obéissent à des lois universelles, héritées de leurs millions d’années d’évolution. Placés dans certaines conditions, ils obéissent toujours à ces mêmes lois qui les déterminent. Ce n’est ni bien ni mal. Cela relève plutôt de la psychologie et de la biologie du comportement.

    L’histoire n’est faite que de conflits résultant d’intérêts contraires entre groupes humains, rien de plus. Quand ce sont des tribus de chimpanzés qui se font la guerre et s’entretuent, personne n’est assez ridicule pour dire que la cause de l’une des deux hordes est meilleure que celle de l’autre !

    Si l’histoire était bien étudiée, il suffirait de nous exposer les faits, avec le maximum d’infos (sources, etc.) et de nous-mêmes, nous pourrions comprendre mieux le sens des événements, sans pour autant en tirer des vérités définitives. 

    N'en déplaise aux historiens, l'histoire n'est pas une science exacte. Dans son sens premier, utilisé par Hérodote, le mot grec Ἱστορία / Historia signifie "recherche, exploration, enquête". Comme dans une enquête policière, Il suffit parfois d'un document retrouvé dans un grenier ou d'un objet découvert dans un champs, pour que toute une époque doive être complètement repensée.

    Qui se passionne d’histoire devrait être aussi capable de regarder les êtres humains avec plus de compréhension et moins de passion. Pour ma part, cela m’a également aidé à comprendre que nous vivions actuellement la meilleure époque de toute l’histoire de l’humanité ! N'en déplaise aux prêcheurs d'apocalypse qui de nos jours font fortune en vendant de la peur..

     Voilà dans quel esprit je travaille à la réalisation de ce modeste site sur la Révolution française, que peut-être lisez-vous à présent.


Salut et Fraternité citoyennes et citoyens, et bonne journée !


PS : Lisez également des livres d'histoire pour réaliser à quel point vos ancêtres auraient tout donné pour vivre à notre époque !

vendredi 7 août 2020

7 Août 1789 : Comment un discours de Necker vous fait découvrir une des causes insoupçonnées de la conquête de l’Algérie.

Importante mise à jour de cet article, le 12/02/2021 :

    Par suite de la nouvelle publication de cet article sur Facebook, j'ai eu l'occasion d'échanger sur ce sujet avec l'historienne Aurore Chéry, dont j'avais déjà eu l'occasion de vous parler dans l'article du 1er Octobre 2020 : "Aurore Chéry, une historienne 2.0, vous fait redécouvrir Louis XVI"

    L'historienne m'a fait l'honneur de rédiger un article très complet apportant encore un éclairage nouveau sur cette pénurie de pain de 1789, mais pas seulement. Le voici : L'historienne Aurore Chéry explique la pénurie de farine en 1789 et la raison de l'Algérie comme origine du blé.

Alger au 18e siècle


Lisons à présent l'article concernant ce discours du 7 août 1789.

    Comment Necker, à l'occasion d'un discours présentant la situation désastreuse des finances, nous communique incidemment une information étonnante sur la provenance du blé.

    J’ai choisi de vous donner à lire ce jour, le discours que Monsieur Necker a fait ce 7 août 1789 à l’Assemblée nationale.

    Il est particulièrement intéressant, parce que, outre le fait qu’il expose la situation désastreuse des finances du royaume de France, il explique également comment celles-ci viennent d’être aggravées par le coût des aides levées à la demande du roi, pour porter secours au plus démunis. Mais comme "Le diable se cache dans les détails", vous allez découvrir un fait encore plus étonnant !

Concernant les aides, lisez cet extrait :

« Les secours immenses en blés, que le Roi a été obligé de procurer à son royaume, ont donné lieu, non-seulement à des avances considérables, mais ont encore occasionné une perte d'une grande importance, parce que le Roi n'aurait pu revendre ces blés au prix coûtant, sans excéder les facultés du peuple, et sans occasionner le plus grand trouble dans son royaume. Il y a eu de plus, et il y a journellement des pillages que la force publique ne peut arrêter. Enfin, la misère générale et le défaut de travail ont obligé Sa Majesté à répandre des secours considérables.

On a établi des travaux extraordinaires autour de Paris, uniquement dans la vue de donner une occupation a beaucoup de gens qui ne trouvaient point d'ouvrage ; et le nombre s'en est tellement augmenté, qu'il se monte maintenant à plus de douze mille hommes. Le Roi leur paye vingt sous par jour ; dépense indépendante de l'achat des outils, et des salaires des surveillants. »

    Vous conviendrez avec moi, que cela ne correspond pas avec l’image que l’on peut se faire d’un tyran, et cela rassurera peut-être les plus suspicieux d’entre vous qui me soupçonnerait encore d’être un révolutionnaire buveur de sang ! 

    Souvenons-nous que déjà en mars 1789, le manque de blé en France avait motivé le cardinal de Bernis à en demander au Pape !

    Certains me rétorqueront peut-être que ces aides sont venues après qu’il ait fallu prendre la Bastille et détruire les barrières d’octroi des Fermiers généraux ! Laissons à ce malheureux Louis XVI le bénéfice du doute. Nous découvrirons plus tard que Louis XVI est un roi à la personnalité fort complexe et qu'il est loin de l'image du benêt que semble vouloir retenir l'histoire officielle. S'il avait eu la personnalité de Louis XIV, il aurait très tôt réprimé dans le sang les premiers troubles. (Le roi Soleil envoyait ses Dragons et faisait zigouiller tout le monde.)

    Concernant les grains, ce sont ceux dont je vous ai parlé le 23 juillet dernier, quand le président de l’Assemblée, le Duc de Liancourt avait annoncé l’arrivée de grains provenant de la Barbarie par les soins de Monsieur Necker.

Les cotes de la Barbarie

    Ces grains venaient donc de très loin, puisque la Barbarie à l’époque, n’était autre que l’Afrique du Nord. Quelque chose me dit que certains seront étonnés de découvrir que ce blé venait d'Algérie via Marseille, pour nourrir les Parisiens affamés !

    Dans ce cas, ils seront encore plus étonnés, comme je le fus en découvrant ce fait trop méconnu, que depuis 1715, l’Algérie fournissait à la France d’énormes quantités de blé, et que le retard de paiement par la France de tout ce blé, fut la cause principale des tensions entre les deux pays, tensions qui se réglèrent,... par la conquête de l’Algérie en 1830. Devinez qui donna l’ordre d’envahir l’Algérie en 1830 : Louis-Philippe 1er, le dernier roi de France, mais surtout (petit détail amusant), Louis Philippe 1er était le fils du Duc D’Orléans, celui dont l’ombre se profile derrière chaque événement révolutionnaire de cette année 1789…

Je vous laisse digérer l’info...

Alger, plage de Bab-el-oued et enceinte Est

Retour à Paris, retour à la normale ?

    A Paris, presque toutes incendiées dans la nuit du 13 au 14 juillet, sont déjà toutes en cours de réparations ! Très bientôt les marchandises seront de nouveau taxées aux portes de Paris.

    Comme je l'ai déjà dit à l'occasion de précédents articles, la révolution aurait pu s’arrêter là. Les députés de l’Assemblée s’appliquaient à rédiger la constitution dont ils rêvaient depuis longtemps et Louis XVI semblait se résoudre à l’idée moderne d’une monarchie constitutionnelle. Mais comme disait mon grand-père lorsqu’il bricolait : « Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas ! ».

    Les députés de l’Assemblée nationale ne voudront pas revenir à la politique d’emprunts de Monsieur Necker et leur lune de miel avec le banquier suisse tournera court. 

    De plus, la France n’était pas aussi pauvre que l’état de ses finances semblait vouloir le dire. L’argent existait quelque part. Vous découvrirez très bientôt où, à moins que vous n'ayez déjà deviné en lisant certaines publications précédentes (ou que vous le sachiez ! Car je ne dois pas vous sous-estimer !).

    Voici donc le lien pour lire en son entier le discours de Monsieur Necker ce 7 août 1789 devant l’Assemblée nationale : https://www.persee.fr/.../arcpa_0000-0000_1875_num_8_1...

Compléments d'information

    Voici un lien vers une conférence donnée en 2014 au Centre d’études diocésain Les Glycines, (institution d’étude et de recherche relevant de l'Église catholique) par le Professeur Ismet Touati, Docteur en Histoire au CNRPAH d’Alger qui vous apprendra des choses bien étonnantes à propos des relations entre son pays et la France au 18ème siècle : https://glycines.hypotheses.org/93

    Cet autre lien vous donne plus de détail sur ce commerce de blé durant la période révolutionnaire française : https://samah.hypotheses.org/80

    Contrairement à l'image qui a été donnée des Algériens, pour justifier la colonisation de leur pays, ils n'ont pas toujours été des pirates. Etonnant, non ?

Chebeck Algérien de 20 canons attaquant un
bâtiment marchand génois que l'équipage abandonne.

Post Scriptum :

    Vous constaterez que l'on parle souvent de farine, blé ou pain dans nombre de mes articles. Plus je me suis intéressé au sujet, plus je me suis posé de questions.

    Je vous propose de lire mon article du 10 Novembre 1789, dans lequel je m'efforce de démêler l'écheveau d'infos contradictoires concernant ce sujet.

"La pénurie de farine et le manque de pain sont-ils organisés ?"



jeudi 6 août 2020

6 Août 1789 : Pourquoi des lapins et des pigeons sur ces célèbres estampes ?

 Article mis à jour le 22/08/2021, suite à l'aimable intervention de l'historienne Aurore Chéry.    L'historienne pose en effet une question pertinente : Pourquoi le noble porte-t-il un costume datant de l'époque d'Henri IV et pourquoi le paysan a-t-il le profil bien connu de ce roi sur la seconde estampe ?


Première interprétation de cette estampe

    Pourquoi voit-on, sur cette célèbre estampe montrant les trois corps sociaux de la société de l’ancien régime, des lapins dévorant les choux plantés par le malheureux paysan, ainsi que des pigeons picorant le grain semé ?

    N’est-il pas déjà assez accablé, cet humble représentant du Tiers État, de devoir porter sur son dos les oisifs représentants du Clergé et de la Noblesse ?

    La raison en est que si l’idée venait à ce malheureux, de tuer un des lapins, ou même l’un de ces volatiles échappés du pigeonnier du seigneur local, il serait passible du bagne, voire de la pendaison ! Car le gibier aussi bien que les pigeons, sont la propriété du seigneur !

    C’est lors de la fameuse nuit du 4 au 5 août 1789, que l’Assemblée Nationale vota la proposition du Duc d’Aiguillon d’abolir les droits féodaux, sous condition tout de même que ceux-ci soient rachetés "au denier trente", c’est-à-dire en payant trente années d’annuités ! (Drôle d’abolition !)

    Adrien Joseph Colson, avocat au parlement de Paris, dans une de ses lettres datée du 9 août 1789, apporte la précision suivante : 

« L’Assemblée Nationale a arrêté que le droit de chasse, de garennes, de capitaineries sera également supprimé, mais à condition que chaque particulier ne pourra chasser que sur ses propriétés... Elle a défendu de laisser sortir les pigeons dans de certaines saisons de l’année, sinon permis à tous les particuliers de les tuer quand ils sont sortis, etc.etc.»

Encore un mot sur le droit de chasse. 

    Le droit de chasse pour les paysans fut donc l’un des premiers acquis de la Révolution Française. Raison pour laquelle, dans les semaines qui suivirent, les colporteurs commencèrent à vendre une nouvelle estampe sur laquelle on voyait le paysan à cheval sur le dos du noble, remorqué par le religieux, avec le lapin occis au bout de sa nouvelle épée et les pigeons mis hors d’état de nuire aux semailles...

 C'est aussi l'une des raisons, incompréhensible pour les citadins, pour laquelle on attache encore beaucoup d'importance à la chasse dans les campagnes.

    Le droit de chasse sera probablement supprimé un jour prochain, car c'est dans l'air du temps. 

    Les citadins ont une vision de la nature qui ressemble plus à un film de Disney qu'à la sauvage réalité de celle-ci. On ne peut cependant pas leur reprocher de vouloir sauver cette nature avec laquelle ils ont perdu tout contact. Mais d'après vous, qui régulera le gibier, quand il n'y aura plus de chasseurs ? Probablement des sociétés privées qui auront obtenu leurs contrats par des marchés publics "arrangés" (j'en connais un rayon sur ce sujet).

    Gageons également que, certains privilégiés, entre les hauts murs entourant des forêts privées, jouiront toujours de ce privilège.


Les niveaux de lecture.

    Les érudits qui étudient la Torah depuis des siècles prétendent que la Torah à 70 niveaux de lectures. Mais en vérité, chaque livre a autant d'interprétations qu'il a de lecteurs et de lectrices, car chacun y apporte ce qu'il a vu ou compris du monde. 

    Il en est de même pour les images et les tableaux. Si vous voyez un escargot sur un tableau du Moyen-Âge et que vous ignorez la signification symbolique du petit gastéropode, vous n'aurez pas vraiment vu le tableau. Si ce sujet vous intéresse de lire le passionnant ouvrage de l'historien d'art Daniel Arasse intitulé : "Histoires de peintures", ou d'écouter ses conférences sur France Culture.

    La première lecture des estampes que je vous ai présentées ci-dessus, était celle immédiatement compréhensible pour le Peuple en 1789. Mais certains, mieux au fait des intrigues, pouvaient à l'époque y lire autre choses. A l'époque mais aussi aujourd'hui, si ladite personne est érudite.


Seconde lecture de ces deux estampes par Aurore Chéry.

    Je vous reproduits ci-dessous l'échange que j'ai eu avec l'historienne Aurore Chéry (avec l'aimable autorisation de celle-ci), à propos de ces deux estampes. Lisez, et alors, vous aussi, vous allez vous poser de nouvelles questions sur ces deux estampes.

Aurore Chéry : Je me demandais si vous aviez déjà parlé des costumes sur ces estampes. Pourquoi la noblesse est représentée en costume Henri IV par exemple ? Là, ce qui me frappe dans la deuxième que vous avez postée, c'est que le paysan a lui-même le profil d'Henri IV.

Le Citoyen Basset : C'est une excellente question et vous attisez ma curiosité. Le paysan, semble effectivement avoir la tête d'Henri IV. Nous savons qu'Henri IV était très présent dans le cœur des Français de cette époque, dans leur esprit et pourquoi pas dans leur inconscient ? Vous soulevez un nouveau mystère ! Je vais consulter mes estampes en stock. Concernant les costumes de nobles, ne peut-on concevoir qu'en province, ceux-ci portaient des costumes à l'ancienne et gardaient leurs beaux atours pour aller à Versailles ? Des costumes et même des objets traversent le temps. On a bien vu de vieilles hallebardes volées aux Invalides dans les émeutes de juillet ! (…) 

Le Citoyen Basset : On pourrait alors presque imaginer que ce serait un roi paysan qui porterait la noblesse et le clergé sur son dos !?

Aurore Chéry : Pour le costume, là on est quand même sur du Henri IV, 200 ans avant, c'est de l'antiquité du costume. Même si de rares morceaux tissus ont survécu, ils ont nécessairement été réutilisés pour d'autres choses. Donc les gens qui se promenaient en costume Henri IV, c'est parce qu'ils en avaient l'intention. Moi j'aurais tendance à l'interpréter plutôt comme une volonté de faire attribuer la Révolution au duc d'Orléans. C'était la stratégie adoptée par Louis XVI et il a utilisé plusieurs astuces pour ça. Il me semble que c'en est une.

Déjà quand il avait commandé le pamphlet "L'Avis important à la branche espagnole" (1) (2) au tout début de son règne, il s'y laissait ridiculiser pour qu'on ne le soupçonne pas d'en être le commanditaire et il avait tout fait pour faire accuser d'Aiguillon. Les Orléans et lui revendiquaient à la fois l'héritage d'Henri IV et je vois ici une façon de se moquer de la manière dont Louis XVI se l'appropriait. Le noble n'a que le costume et le paysan a le corps.

En gros, derrière la noblesse qui exploite la paysannerie, il y a aussi l'idée de Louis XVI qui exploite l'image d'Henri IV. Ça peut également être un second niveau de lecture pour les deux lapins sur le même chou : on peut y voir des représentations d'Henri IV et Louis XVI en chauds lapins, manière de dire que c'était la seule chose par laquelle Louis XVI avait réellement réussi à égaler Henri IV.

On se situe là dans la continuité de la découverte de la correspondance amoureuse de Louis XVI par le duc de Chartres et de sa représentation en Valmont dans "Les Liaisons dangereuses".

Bref, je pense que dans ces gravures, il y a le niveau de lecture politique que vous analysez et il y a un second niveau de lecture, destiné à la cour, qui permet à Louis XVI d'exprimer l'idée : "Eh regardez, c'est sûr, moi je ne suis pas derrière ça ! Vous avez vu comme on se moque de moi !"


(1) Si vous cherchez à avoir des informations sérieuses sur ledit pamphlet, je peux vous assurer que vous allez "ramer" sur Internet. Premier conseil, zappez vite les pages affligeantes des "Marientoinettistes". 


Personnellement je vous conseille de lire l'ouvrage d'Aurore Chéry : L'intriguant.


    En attendant ; pourquoi ne pas lire cet épisodes rocambolesque des aventures de Beaumarchais qui était aussi, on le sait moins, un agent secret. Je l'ai trouvé dans un passage de la Revue des Deux Mondes de 1886. Accédez au texte en cliquant sur l'image ci-dessous.

    Mais ne vous réjouissez pas trop, cette version est totalement démentie dans cet autre article dont le lien est le suivant http://www.cosmovisions.com/Beaumarchais.htm
Cette seconde version des aventures de Beaumarchais 007, me dérange quelque peu par ce que le "méchant" y est traité de Juif.


(2) Plus d'infos sur cette fameuse branche espagnole et surtout sur Marie-Thérèse d'Autriche dans cet article passionnant : Marie-Thérèse d'Autriche, une mémoire européenne.



Post Scriptum :

On se sait pas grand chose de ceux qui gravaient ces estampes, car elles n'étaient jamais signées (C'était plus prudent).

Correspondaient-elles à des commandes bien précises ? J'en suis certain pour les centaines d'estampes à la gloire de Necker qui furent diffusées lorsqu'il était ministre.

Mais qu'en était-il des autres ? Peut-on penser qu'elle ne correspondaient qu'à l'inspiration de moment de l'artistes ?

Encore un sujet à creuser !

Qui osera me dire que l'Histoire n'est qu'un roman facile à lire, c'est au contraire une enquête à suspens, pleine de rebondissements !

Vous trouverez une autre représentation des trois corps de la société, datant des Etats Généraux sur une médaille que je présente à l'article en date du 23 Août 2021.


mercredi 5 août 2020

5 Août 1789 : Oraison funèbre de l’abbé Fauchet à la mémoire des morts de la Bastille

 Article mis à jour le 5 août 2023

    Oraison funèbre prononcée le 5 août par l'abbé Fauchet à la mémoire des citoyens morts au siège de la Bastille, église de Saint-Jacques l'Hôpital, actuels 129-135, rue Saint-Denis, 1er arrondissement. Gravure de Jean-Louis Prieur.


L'abbé Fauchet.

    L’abbé Claude Fauchet fut l’un de ceux qui conduisirent le peuple à l’attaque de la Bastille, où, le sabre en main, il guida la députation qui était venue sommer le gouverneur Launay de rendre la forteresse. 

Avez-vous lu mon article sur la prise de la Bastille ?

Nous reparlerons de l'Abbé Fauchet plus tard.

Sarcophage pour les morts de la Bastille

    Nous pouvons lire cette belle oraison, commentée agréablement par Jules Michelet, en cliquant sur l'image ci-dessous :

Un mot sur le graveur Jean-Louis Prieur

    Acquis aux idées de la Révolution, Jean-Louis Prieur dit « le jeune », né en 1759 à Paris, dessinera soixante dessins, ou « Tableaux historiques », sur les épisodes célèbres de la Révolution. Il sera guillotiné en place de Grève, le 7 mai 1795, à la suite de l’insurrection populaire du 12 germinal an III (1er avril 1795) dirigée contre la Convention thermidorienne. Les manifestants réclamaient du pain et l’application de la Constitution de l'an I (1793). Sur ordre de la Convention, le général Jean-Charles Pichegru, qui était de passage à Paris, dispersa violemment la manifestation.

Jean-Louis Prieur, à droite.


mardi 4 août 2020

Peuple ou populace ?

Article mis à jour le 3 septembre 2023.
Peuple ou populace ?

    Nous nous étions posés ensemble le 28 juillet dernier, la question de l’usage du mot "brigands" pour désigner les foules en colère, plutôt que celui d’émeutiers. Le mot "émeutier" existait déjà au 18ème siècle, sont l’étymologie le reliant à l’ancien participe passé du verbe émouvoir (agir sur le coup d’une émotion).

    Posons-nous aujourd’hui la question de l’usage du mot populace, plutôt que celui de peuple ; "populace" étant un mot péjoratif (insultant) pour désigner le peuple.
    L’idée m’en est venu hier soir à la suite d'un échange courtois avec un visiteur de ma page. Mon interlocuteur, en toute bonne foi j’en suis sûr, opposait à ce qu’il supposait être mon idéalisation de la Révolution française, les horribles violences de la populace et il évoquait Chateaubriand pour appuyer son dire.

    Un mot au passage pour vous assurer que je n’ai plus l’âge d’idéaliser ni rien ni personne. J’ai depuis longtemps perdu mes illusions et cela me donne d’ailleurs plus de liberté pour penser, y compris pour penser contre moi-même et mes éventuels a priori.

Pourquoi ?

    Pourquoi pour le même événement, selon l'auteur et l'époque, désigne-t-on les acteurs, sous le nom de populace, plutôt que celui de peuple ?

    Il était tard et je tapotais péniblement sur le clavier de mon smartphone. Mais parmi mes arguments, j’essayais d’expliquer à mon interlocuteur qu’un peuple accablé par l’ignorance, la superstition et surtout la misère, ne pouvait finalement que ressembler à une « populace ».     De même, si vous prenez un peuple bien policé, mais que vous décidez de le priver d’instruction et que peu à peu vous le poussez dans la misère en lui retirant progressivement ses biens, il suffira d’une génération à peine pour qu’il devienne "une populace".

Chacun voit le monde à sa fenêtre

François René de Chateaubriand
    Chateaubriand écrit bien, c’est certain. Mais dans le monument à son auguste personne qu’il réalise en rédigeant ses mémoires d’outre-tombe, devons-nous prendre tout ce qu’il dit pour paroles d’évangile, sous prétexte que c’est bien écrit ? Ne doutons pas de sa sincérité bien sûr ! Mais comme disait ma grand-mère : « Sincérité n’est pas vérité ».

    Chateaubriand, comme vous et comme moi, voyait le monde au travers de la petite fenêtre de sa personnalité. Il faut regarder par de nombreuses fenêtres, c’est-à-dire de nombreux témoignages, pour avoir une idée un peu plus précise du monde.

    Un bon exemple est celui de son poignant témoignage sur le cortège des assassins de Foullon et Berthier, passant devant les fenêtres de son hôtel. Je vous avais parlé de ce tragique événement le 22 juillet dernier.


Lisons ce passage, extrait du livre V de ses mémoires d’outre-tombe :

« … j’étais aux fenêtres de mon hôtel garni avec mes sœurs et quelques Bretons ; nous entendons crier : « Fermez les portes ! Fermez les portes ! » Un groupe de déguenillés arrive par un des bouts de la rue ; du milieu de ce groupe s’élevaient deux étendards que nous ne voyions pas bien de loin. Lorsqu’ils s’avancèrent, nous distinguâmes deux têtes échevelées et défigurées, que les devanciers de Marat portaient chacune au bout d’une pique : c’étaient les têtes de MM. Foullon et Bertier. Tout le monde se retira des fenêtres ; j’y restai. Les assassins s’arrêtèrent devant moi, me tendirent les piques en chantant, en faisant des gambades, en sautant pour approcher de mon visage les pâles effigies. L’œil d’une de ces têtes, sorti de son orbite, descendait sur le visage obscur du mort ; la pique traversait la bouche ouverte, dont les dents mordaient le fer : « Brigands ! M’écriai-je plein d’une indignation que je ne pus contenir, est-ce comme cela que vous entendez la liberté ? » Si j’avais eu un fusil, j’aurais tiré sur ces misérables comme sur des loups. Ils poussèrent des hurlements, frappèrent à coups redoublés à la porte cochère pour l’enfoncer et joindre ma tête à celles de leurs victimes. Mes sœurs se trouvèrent mal ; les poltrons de l’hôtel m’accablèrent de reproches. Les massacreurs, qu’on poursuivait, n’eurent pas le temps d’envahir la maison et s’éloignèrent. Ces têtes, et d’autres que je rencontrai bientôt après, changèrent mes dispositions politiques ; j’eus horreur des festins de cannibales, et l’idée de quitter la France pour quelque pays lointain germa dans mon esprit. »

    Assurément, cette scène est aussi abominable qu’elle est admirablement écrite. La populace, terme qu’il utilisera souvent par la suite, y est représentée avec toute l’horreur qui fait tant frémir les nostalgiques de l’ancien régime.


    Depuis une autre fenêtre, il y eut un autre témoin de cette scène atroce, qui lui aussi en rendit compte par écrit, non-pas dans d’imposants mémoires construits pour la postérité, mais juste dans une lettre à sa jeune épouse. Ce fut François Noël Babeuf.

    Souvenez-vous, je vous en ai parlé le 22 juillet. Voici un extrait de son courrier :

« Les supplices de tout genre, l’écartèlement, la torture, la roue, les bûchers, les gibets, les bourreaux multipliés partout nous ont fait de si mauvaises mœurs ! Les maîtres, au lieu de nous policer, nous ont rendus barbares, parce qu’ils le sont eux-mêmes. Ils récoltent et récolteront ce qu’ils ont semé. »

    Plutôt que de vouloir "quitter la France pour quelque pays lointain", afin de fuir ces "cannibales", comme l’écrivit le divin Chateaubriand, Babeuf devient un révolutionnaire, dans le but de rendre sa dignité à ce peuple avilit par ses maîtres.

    Ces deux témoignages bien différents (ces deux petites fenêtres humaines), vous montrent la différence qu’il y a, entre proférer des sentences définitives du haut des tours de son château et faire l’effort de comprendre le pourquoi d’un événement pour essayer ensuite d’améliorer les choses.

Un Chateaubriand bien mal placé...

Arthur Young
    Lorsque je vous ai dit plus haut qu’un peuple maintenu dans l’ignorance, la superstition et l’horrible misère ne pouvait ressembler qu’à une populace, je me suis souvenu un passage d’un livre que j’adore. Il s’agit de l’ouvrage dans lequel l’agronome anglais Arthur Young rendit compte de ses trois voyages en France en 1787, 1788 et 1789. Je vous en conseille très vivement sa lecture. Vous y découvrirez une France du 18ème siècle, bien différente des tableaux champêtres idylliques représentés sur les tapisseries d’Aubusson ou les toiles de Jouy.

    Le 1 er septembre 1788, Arthur Young fit cette description saisissante de Combourg et de son château, celui de notre cher Châteaubriand :

« Combourg. Le pays a un aspect sauvage ; la culture n’est pas beaucoup plus avancée que chez les Hurons, ce qui paraît incroyable au milieu de ces terrains si bons. Les gens sont presque aussi sauvages que leur pays, et leur ville de Combourg est une des plus ignoblement sales que l’on puisse voir. Des murs de boue, pas de carreaux, et un si mauvais pavé que c’est plutôt un obstacle aux passants qu’un secours. Il y a cependant un château, et qui est habité. Quel est donc ce M. de Chateaubriand, le propriétaire, dont les nerfs s’arrangent d’un séjour au milieu de tant de misère et de saleté ? Au-dessous de ce hideux tas d’ordures se trouve un beau lac entouré de hais bien boisées. »

    Lisez l'article que je lui ai consacré : Les voyages en France d'Arthur Young, à lire absolument."

    Vous voudrez bien convenir avec moi que le domaine de notre immortel écrivain, n’était pas bien reluisant…

Le château de Combourg, si bien décrit par notre ami Arthur Young

Encore une petite question.

    Une dernière question mérite selon moi d’être encore abordée, pour clore momentanément ce sujet (car nous y reviendront, bien sûr).

    Un peuple inculte, sale et affamé est-il obligatoirement méprisable ? Comme dit plus haut, je vous répondrai que cela dépend de la sensibilité, certains diraient du cœur, de celui ou celle qui observe ce peuple. Voilà pourquoi, afin de conclure cet article, je vous donne à lire cette description qu’Arthur Young fit d’une pauvresse qu’il rencontra sur un chemin de Champagne le 12 juillet 1789, alors qu’il cheminait vers Metz :

« En montant une côte à pied pour ma jument, je fus rejoint par une pauvre femme, qui se plaignit du pays et du temps ; je lui en demandai les raisons. Elle me dit que son mari n’avait qu’un coin de terre, une vache et un pauvre petit cheval : cependant il devait comme serf à un seigneur un franchard (42 livres) de froment et trois poulets, à un autre quatre franchards d’avoine, un poulet et un sou, puis venaient de lourdes tailles et autres impôts.
    Elle avait sept enfants, et le lait de la vache était tout employé à la soupe. — Mais pourquoi, au lieu d’un cheval, ne pas nourrir une seconde vache ? — Oh ! Son mari ne pourrait pas rentrer si bien ses récoltes sans un cheval, et les ânes ne sont pas d’un usage commun dans le pays.
    On disait, à présent, qu’il y avait des riches qui voulaient faire quelque chose pour les malheureux de sa classe ; mais elle ne savait ni qui ni comment. Dieu nous vienne en aide, ajouta-t-elle, car les tailles et les droits nous écrasent…
    Même d’assez près on lui eût donné de 60 à 70 ans, tant elle était courbée et tant sa figure était ridée et endurcie par le travail ; elle me dit n’en avoir que 28.
    Un Anglais qui n’a pas quitté son pays ne peut se figurer l’apparence de la majeure partie des paysannes en France : elle annonce, à première vue, un travail dur et pénible ; je les crois plus laborieuses que les hommes, et la fatigue plus douloureuse encore de donner au monde une nouvelle génération d’esclaves venant s’y joindre, elles perdent, toute régularité de traits et tout caractère féminin.
    A quoi attribuerons-nous cette différence entre la basse classe des deux royaumes ? Au gouvernement. »

    Après avoir lu cela, je me suis soutenu de l'introduction de l'un des chapitres du livre "Les origines de la France contemporaine", écrit par l'historien Hippolyte Taine. Lisez... 

La Bruyère écrivait juste un siècle avant 1789 : « L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et remuent avec une opiniâtreté invincible. Ils ont comme une voix articulée, et, quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine ; et en effet ils sont des hommes. Ils se retirent la nuit dans des tanières où ils vivent de pain noir, d’eau et de racines. Ils épargnent aux autres hommes la peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, et méritent ainsi de ne pas manquer de ce pain qu’ils ont semé. » — Ils en manquent pendant les vingt-cinq années suivantes, et meurent par troupeau (…) 


Depuis ma petite fenêtre...

    J’espère de tout mon cœur, que mes modestes articles vous aident à voir autrement la Révolution française, voire le temps présent, et ce, même si c’est au travers de ma petite fenêtre.

Merci de m'avoir lu...

Bertrand Tièche


"La famille pauvre" par Jean-Baptiste Greuze, en 1789.