Redécouvrez la Révolution française, avec cette étonnante chronologie commentée, illustrée de nombreuses gravures de l'époque.
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Revenons sur le tragique événement de la journée du 19
juillet qui s’est déroulé à Poissy. Dans mon article j’ai évoqué ces mystérieux
agents qui avaient pour tâche de diffuser des rumeurs destinées à enflammer le
peuple ou le terrifier. Si vous ne l’avez pas fait misez mon article « Des députés à genoux devant une foule furieuse. Encore une émeute ! »
J’ai voulu en savoir plus sur cet événement et j’ai
découvert sur « books.google » le scan d’un ouvrage donnant une version de ce qui serait "vraiment" arrivé. Publié en 1789 par un certain Hubert La Marle, Linguiste et
paléographe, cet ouvrage s’intitule : "Philippe Égalité, Grand Maître dela Révolution, le rôle politique du premier Sérénissime Frère du Grand Orient de France". L’auteur a également écrit un "Dictionnaire des Chouans de la
Mayenne" en collaboration avec l’Association du souvenir de la chouannerie
mayennaise (Cette précision à seule fin de savoir « d’où parle »
l’auteur)
Alors là, chers amis, je suis tombé sur du lourd !(Passez-moi l'expression)
Ce paléographe, spécialiste des écritures anciennes, est un
vrai défenseur de l’ancien régime. Peu importe, c’est son droit. Le plus
intéressant, c’est qu’il présente toute la Révolution française, suivant
l’interprétation complotiste célébrissime, qui a fait tant de mal (et de morts)
depuis plus de 200 ans, celle du complot Franc-Maçon !
Nous reviendrons ultérieurement sur cette thèse délirante
inventée par l’abbé jésuite Augustin Barruel, dans son essai politique contre-révolutionnaire
et anti-Lumières en cinq tomes, publié en Allemagne de 1797 à 1799. Cet ouvrage
auquel se mêlent les explications surnaturelles et les diatribes contre les
philosophes des Lumières ou Joseph II (le frère réformateur de Marie Antoinette), a servi de bible à tous les nostalgiques
de l’ancien régime qui ne pouvaient expliquer que par le complot, une
Révolution à laquelle ils n’avaient rien compris.
Il aurait pu tomber dans les oubliettes de l’histoire, mais
hélas, il servira de ferment à de nombreux autres délires complotistes qui hélas
sévissent toujours de nos jours. Qui n’a jamais vu passer un jour un article
sur le complot judéo-maçonnique ? Car oui, bien sûr, mille fois hélas, aux
Francs-Maçons, les délirants ont ajoutés les malheureux Juifs et chacun sait
jusqu’où ce délire est allé...
Sincérité n'est pas vérité.
Revenons à notre paléographe, dont je ne mets d’ailleurs
aucunement en doute la sincérité ni l’honnêteté (nous sommes tous déterminés
par les milieux d’où nous venons) et penchons-nous sur son ouvrage à propos du
Duc d’Orléans, puisqu’il s’agit bien de lui (Philippe égalité).
Selon cet auteur, c’est le Duc d’Orléans qui fut à l’origine
de tous les événements révolutionnaires, les émeutes durant les jours
précédents le 14 juillet, la prise de la Bastille et même la grande Peur dont
j’ai commencé à vous parler dans une publication précédente. Rien que ça ! «
Selon les désirs de leur maitre (le Duc d’Orléans), les plus hardis
révolutionnaires envoient hors de Paris des bandes qu’ils ont armées pour
répandre le désordre et soulever la population contre le roi »… « La Grande
Peur est lancée, à l’initiative du Prince et de sa chancellerie. ».
Qui ne lirait que le livre de Hubert La Marle, pourrait
souscrire à cette explication, fort bien écrite et très documentée.
C’est une explication très satisfaisante pour qui ignore
tout ou presque de l’état de la France en 1789.
C’est une explication très réconfortante pour qui défend la
vision d’un ancien régime idyllique peuplé de bergers et de bergères dansant
dans les près avec de bienveillants aristocrates, comme sur les toiles de Jouy
; un royaume de conte de fées que seraient venu briser les philosophes des
Lumières.
L'Ancien régime, façon toile de Jouy.
Ce n’est pas une explication satisfaisante pour qui a lu la
description de l’abominable misère du peuple par D’Argenson en 1750, ou par
l’anglais voyageur Arthur Young dans le récit de ses voyages en France peu
avant et pendant la Révolution.
Je vous propose ci-dessous les quelques pages extraites de
l’ouvrage de ce brave Hubert. Mais le mieux et de cliquer sur ce lien pour les
découvrir : https://bit.ly/32Fxmw2
Je n'ai pas dit que le Duc d'Orléans était un saint, loin de là ! Nous le verrons. Mais la réalité est toujours bien plus compliquée. Savez-vous d'ailleurs que Louis XVI était lui aussi franc-maçon ? Nous en reparlerons 😉
Le soir du 19 juillet 1789, une centaine de villageois et de
soldats se rendent au château de Quincey, propriété du seigneur Jean Antoine
Marie de Mosnay (ou de Mesmay), conseiller au parlement de Besançon. Ce
généreux seigneurs les a invités pour fêter la prise de la Bastille. Vers 23
heures, une explosion occasionnée par des poudres entreposées au château détruit
une partie de la terrasse de celui-ci et entraine la mort de quatre personnes.
La population croit qu’une machine infernale a été placée par
le seigneur des lieux afin de se venger du Tiers État. Elle incendie le château
en représailles. Certains documents nous disent que le château a été réduit en
cendres. Pourtant, une description de celui-ci en 1794 le représente en bon
état et il en est toujours de même aujourd'hui ; vous pouvez même y passer une nuit puisque c'est devenu un hôtel !
Néanmoins, l’épisode est rapporté dans le journal « Suite
des Nouvelles de Versailles », un quotidien fondé par Claude François
Beaulieu et l’Assemblée nationale s’en trouve alarmée. Il connaît donc un
retentissement national.
« une explosion affreuse se fait aussitôt sentir ; tout
dans Quincey n’offre que l’image de la mort, de l’effroi… Des cadavres
amoncelés, des membres épars, des débris d’édifices ébranlés… tels est
l’horrible spectacle que présente ce village. Le bruit de cette abomination se
répand bientôt dans Vesoul et dans les campagnes. Tous les habitants des
villages voisins conçoivent le projet de dévaster toute la province et de
détruire tous les châteaux. L’endroit où la dévastation a été plus remarquable est
le village de Saulx. Les maisons ont été renversées, les effets pillés, les
moissons foulées au pied. »
Finalement, après une enquête minutieuse, il s’avèrera que
cette explosion fut due à un acte de malveillance et que Monsieur De Mesmay n’était
en rien responsable. Il faudra pourtant attendre le 30 mai 1791 pour que le
tribunal de Vesoul conclut à son innocence. (Tout le monde semble donc trouver normal qu'une si grande quantité de poudre se fut trouvée là...)
Une affaire pas si claire que cela.
On pourrait s'arrêter à cette première relation de cette affaire et la plupart des sites le font. Mais l'envie m'a pris d'en savoir plus et c'est ainsi que j'ai découvert ce second article en date du 29 juillet, à propos de l'incendie du château de Quincey.
Lisez plutôt :
On a lu différentes adresses de félicitation de plusieurs
provinces à l’assemblée nationale. La seule vraiment intéressante est celle de
madame la princesse de Baufremont, qui réclame la protection de l’assemblée
nationale, pour la faire renter en possession des titres que sa maison
conservait depuis Philippe IV, titres qui ont été livrés aux flammes par une
foule de brigands, qui ont exercé les plus grands ravage de son château en
Franche-Comté.
Un membre du parlement de Franche-Comté a demandé la lecture
du procès-verbal, dressé par des commissaires nommés à cet effet, & qui se
sont transportés au château de Quincé, pour prendre des renseignements locaux,
afin de punir les coupables des désordres. Il a fait d’ailleurs l’éloge de la
compagnie.
Alors un membre des communes de la même province, s’est
élevé pour démontrer que la conduite du parlement de Franche-Comté n’était pas
aussi pure, aussi irréprochable qu’un de ses membres avait osé l’avancer.
Il aurait dû abandonner, a-t-il dit, les sentiments
aristocratiques qu’il a manifesté dans un certain arrêté du 26 juillet 1789.
Dans cet arrêté on remarque en effet, avec surprise, que le
parlement y déclare que l’on ne devra délibérer, aux états généraux, que par
ordre & non par tête ; que chacun de leurs députés se retirera dans la
chambre, pour y délibérer.
C’était, à l’exemple du parlement de Paris, invoquer la
forme de convocation de 1614 : c’est-à-dire cette forme vicieuse &
détestable qui enlevait aux communes toutes l’influence qu’ils devaient avoir,
puisque les deux ordres du clergé & de la noblesse auraient toujours opposé
un fatal veto.
D’après l’esprit de l’arrêté que nous venons d’analyser,
l’on ne doit pas être surpris des désordres sans doute condamnables auxquels
s’est livré un peuple justement irrité des prétentions d’un corps qui feignait
de les représenter.
Ces observations, faites par M. de Puisy, furent appuyées
par M. de Touranjon, membre de la noblesse, qui, après avoir développé avec la
plus vive énergie, le système des douze parlements du royaume, & les
horreurs commises par le conseiller dont nous avons rendu compte, conclut à la
suppression totale du parlement de Franche-Comté.
A la lecture ce texte, vous aurez compris que le peuple avait quelques raisons d'être "justement irrité des prétentions d'un corps qui feignait de les représenter"...
La Grande Peur de Juillet 1789.
La Grande Peur.
Après la prise de la Bastille, une rumeur s'était répandu,
affirmant que des bandes de brigands à la solde des privilégiés allaient
dévaster les granges et couper les blés. Nombre de paysans s’armèrent alors et se
livrèrent à une véritable jacquerie. On appela cela "La Grande
Peur". Des châteaux furent attaqués et brûlés, des nobles assassinés. Le
mouvement toucha particulièrement la Franche-Comté où près de 350 château furent incendiés ou pillés. La plupart des nobles de cette région s'enfuirent en Savoie. La Grande peur se répandit également dans la vallée du Rhône, la
Provence et les régions des Alpes. Je vais l'évoquer encore dans de prochains articles.
Question.
Le point de départ de cette Grande Peur fut fort probablement cette "destruction" du château de
Quincey dans la nuit du 19 juillet 1789. Aurait-elle eu lieu si la presse n'en n'avait pas parlé ?
Rappelons ces deux chiffres : 900 émeutes frumentaires recensées depuis
1786, 300 depuis le début de l’année 1789(décompte réalisé par l’historien Taine).
Les émeutes frumentaires sont des émeutes de la faim
suscitées par le manque de grains ou la peur du manque. Dans beaucoup de
régions, le pain manque vraiment, la faim est réelle et quand il y a du pain,
il est très cher. A Paris et dans la Région parisienne, un pain permettant de
nourrir une famille pour une journée coûte 14 sous, alors que le salaire journalier
d’un ouvrier est de 15 sous. Je reparlerai dans d’autres articles de ce problème
crucial.
Dans les rapports des séances journalières de l’Assemblée
nationale, j’ai trouvé l’évocation de cette émeute frumentaire survenue à
Poissy. Un meunier soupçonné d’avoir accaparé des grains a été pris à part par
la foule et a été horriblement décapité. Des rumeurs courent les rues concernant
les accapareurs ; c’est-à-dire ceux qui cachent du blé dans l’objectif de
le revendre quand le manque aura fait augmenté les prix.
Il y a effectivement des accapareurs et j’aurais l’occasion
de vous en parler. Mais il y a aussi des gens qui font courir des bruits
relatifs à leur existence. Ces gens sont payés pour cela, et ce faisant, ils
servent de sombres causes politiques. Le ministre de l’intérieur expliquera un
jour à Axel de Fersen que Mirabeau s’était vanté d’obtenir une bonne émeute pour
25 Louis ! Je pense que vous aurez compris en lisant ma relation de la
journée du 14 juillet que trop de faits étonnants prouvent que celle-ci fut quelque
peu préparée. Bien souvent hélas, les historiens s’en tiennent à l’événement et
se contentent la plupart du temps de condamner le peuple, ou plutôt la populace,
et sa violente animalité. La réalité est bien sûr plus complexe.
Nous verrons bientôt apparaître à côté de cette violence causé
par la faim et la peur de celle-ci, une nouvelle violence suscitée par la peur
et la colère ; il s’agira de ce que les historiens ont appelé « La
Grande Peur ». Un peu partout en France, des château vont être incendiés
ou pillés ; d’autres Bastilles…
Cette émeute de Poissy, qui s’est étendue jusqu’à Saint
Germain en Laye, a ceci de particulier que des députés de l’Assemblée Nationale
interpelés par le Maire de Poissy ont été amenés à intervenir. Parmi eux figure
l’évêque de Chartres, Monsieur de Lubersac, qui va faire preuve d’un réel
courage physique pour sauver un innocent. Je vous laisse lire.
Jean-Baptiste-Joseph de Lubersac
Rapport du maire de Poissy sur les troubles dans les villes
de Poissy et Saint-Germain, lors de la séance du 17 juillet 1789
Avant la fin de la séance, le maire de Poissy se présente à
l'Assemblée, et demande à être entendu. Il rend compte de plusieurs crimes qui
ont été commis à main armée par une troupe de brigands dans les villes de
Poissy et de Saint-Germain, et supplie l'Assemblée de s'occuper de réprimer ces
désordres.
Un membre de l’Assemblée observe que cet objet n'est pas de
la compétence du pouvoir législatif ; qu'il y a un pouvoir exécutif et les
tribunaux judiciaires chargés de maintenir le repos et la tranquillité publics.
Discussion suite au rapport du maire de Poissy sur les
troubles dans les villes de Poissy et Saint-Germain, lors de la séance du 18
juillet 1789
On revient sur le rapport, fait dans la séance d'hier, des
troubles de la ville de Poissy.
Un membre annonce qu'une populace indisciplinée s'est
emparée du corps de garde et de la caserne des Invalides. Un meunier, nommé
Sauvage, a été arrêté et conduit à la halle pour y être pendu. Il était accusé
d'avoir accaparé des grains ; vainement plusieurs personnes ont tenté de le
justifier : on les a menacées de les écarteler si elles entreprenaient sa
défense. Ainsi Sauvage, innocent ou coupable, a été victime de la fureur
populaire. Un garçon boucher lui a coupé la tête.
Plusieurs membres proposent que l'Assemblée envoie une
députation à Poissy et à Saint-Germain.
Envoi d'une députation à Poissy et Saint-Germain pour calmer
la fureur populaire, lors de la séance du 18 juillet 1789
M. Camus, qui était au nombre des députés envoyés à
Saint-Germain, fait le récit de leur mission.
Nous nous sommes transportés , dit-il , à Saint-Germain ; la
foule n'y était plus ; Thomassin venait d'être conduit à Poissy. Nous nous
sommes transportés à Poissy ; nous avons prié l'assemblée municipale du premier
lieu de se tenir prête sur les deux heures, pour que nous pussions conférer
avec elle.
Dans les premières rues de Poissy, nous avons trouvé le
calme ; la foule s'était portée vers la prison ; tout le monde était armé.
D'abord nous avons fait entendre des paroles de paix, et l'on ne nous a répondu
que par des cris effrayants. De tous côtés on entendait : Il faut le pendre, il
faut lui couper la tête.
Nous avons demandé les officiers municipaux ; l'un était eu
fuite, l'autre absent ; aucun n'était dans la ville.
Nous nous sommes adressés à un officier invalide qui nous a
appris que jeudi il avait été forcé de monter à cheval, de se mettre à la tête
de la multitude pour enlever Thomassin ; que c'était un honnête homme, le père
de sept enfants, payant 7,000 livres de tailles, et qu'il nourrissait plus de
quarante personnes ; qu'ils ont amené Thomassin, les pieds et les mains liés, à
Poissy, vendredi soir.
M. l'évêque de Chartres a monté sur une chaise, a cherché à
haranguer la multitude, lui a représenté qu'il convenait et même qu'il était de
l'intérêt commun de mettre Thomassin dans les mains de la justice, pour
l'interroger et connaître ses complices. Ces réflexions ont paru toucher le
peuple. M. l'évêque de Chartres a eu une conférence avec Thomassin pour
s'instruire de la vérité des faits.
Pendant cet intervalle tout a changé ; le peuple s'est
ranimé, a repris ses premiers sentiments de fureur ; on s'écrie qu'il faut le
pendre à l'instant. M. l'évêque de Chartres recommence à parler au milieu du
peuple, le supplie d'accorder deux jours de délai ; enfin il demande, pour
diviser la foule, que quelques-uns d'entre eux veuillent bien reconduire les
députés.
Tout est refusé opiniâtrement, et déjà on prépare le
supplice de Thomassin. L'on nous en instruit ; le malheureux est tiré de la
prison ; c'est alors que M. l'évêque de Chartres, à notre tête, se précipite
aux genoux de tous ces furieux, que nous leur demandons grâce.
Thomassin est à genoux d'un côté, les députés y sont de
l'autre, c'est dans cette attitude suppliante que nous demandons inutilement la
vie de la malheureuse victime. On le conduit au pied d'un mur où sont fichés
des anneaux pour attacher des bêtes de somme. Thomassin y est attaché ; dans
cet intervalle on va chercher la potence et le confesseur.
C'est là l'heureux événement qui l'a sauvé. Les habitants de
Poissy écoulent les cris de leur conscience, ils s'intimident, le remords les
saisit, ils ne veulent pas que le crime souille leur ville ; les habitants de
Saint-Germain et de Poissy se divisent ; Thomassin se réfugie dans la prison.
La discorde augmente, et l'on consent que Thomassin parte avec nous, mais en
nous[sommant de le remettre dans les mains de la justice, en nous menaçant de
nous pendre nous-mêmes s'il n'était pas exécuté. Une pareille menace ne nous
épouvante pas ; Thomassin monte dans la voiture de M. de Chartres, et c'est à
ce prélat qu'il doit la vie ; c'est à son éloquence persuasive que nous devons
la victoire que nous avons remportée sur des furieux.
À peine sommes-nous en marche, que l'on nous épouvante, que
l'on nous fait craindre que le peuple ne tire sur la voiture de M. l'évêque de
Chartres.
Plusieurs habitants de Poissy nous accompagnent et nous font
prendre par des chemins détournés, pour éviter Saint-Germain.
Après une marche très-lente, très-pénible, et surtout après
bien des alarmes, et non pas sans des rencontres de quelques femmes qui
voulaient nous accabler de pierres, nous sommes enfin arrivés à Versailles.
Nous avons été déposer Thomassin à la prison ; le juge a été
appelé, et nous y avons fait notre déclaration.
À peine avions-nous terminé cette opération, que quelques
furieux sans armes sont venus nous trouver pour nous rappeler notre parole et
nous sommer de la tenir. Nous leur avons fait donner un extrait de notre
déclaration, en les assurant que la justice allait en décider.
La Révolution française ressemble par
bien des côtés à une tempête en mer. Difficile d’y voir clair au milieu de
cette bourrasque d’événements déferlant de tous côtés.
Chose étonnante, tout le monde ne semble
retenir de la Révolution que sa violence, qui selon certains serait hors normes, extraordinaire, voire la mère de toutes les violences totalitaires ! C'est
bien commode pour oublier tout le bien que la Révolution nous a apporté. Je
vais donc probablement vous étonner en vous expliquant, entre autres, dans cet article que cette violence de la Révolution n'est
autre que celle de l'ancien régime...
Représentation de la pire tempête ayant jamais frappé
l'Angleterre, celle de 1703.
La difficulté de comprendre les événements.
Il peut être tentant de se laisser entraîner par un seul
courant et de tout juger du même point de vue, mais ça serait trop simple et un
peu malhonnête. Plus on s’intéresse au sujet, plus on lit de documents, de
mémoires, de comptes-rendus, et plus on s’en rend compte que la plupart des
acteurs étaient entraînés dans une suite d’actions et de décisions qu’ils ne
maîtrisaient pas vraiment.
Louis XVI et son entourage n’ont pas su voir, ce en quoi
cette révolte différait par rapport aux précédentes. Celle-ci ne résultait pas
simplement d’un ras-le-bol des impôts pour les uns, ni d’une nouvelle famine
pour les autres.
La tournure inattendue qu’avaient pris les Etats Généraux se
proclamant Assemblée Nationale, n’avait rien à voir avec les précédentes révoltes des parlements refusant les lois et tentatives de réformes du roi. C'était une révolte de la bourgeoisie et non une réaction des privilégiés de la noblesse et du haut clergé défendant leurs acquis.
Les révoltes frumentaires qui éclataient un peu partout dans
le pays à cause du manque de pain n’allaient pas se régler aussi facilement
qu’en 1775 et 1776, en faisant intervenir la troupe qui tirerait dans la foule
et pendrait quelques émeutiers.
Le malaise était plus profond. Mais le roi et les siens,
incapables d’en prendre la mesure, ne savaient qu’appliquer les vieilles
méthodes qui avaient toujours réussi jusqu’alors. Ce "malaise", appelons-le
ainsi, était d’autant plus difficile à circonscrire qu’il avait également gagné
la noblesse. Une partie de celle-ci, acquise aux idées du siècle, c’est-à-dire
celles des philosophes des lumières, se rendait bien compte que la société
devait évoluer et de nombreux nobles devinrent des acteurs de cette révolution
qui allait changer l’ordre du monde.
Du côté du Tiers Etat, il en était de même. La grande
majorité de ses représentants élus, ne s’imaginaient pas, lorsqu’ils arrivèrent
à Versailles le 5 mai aux Etats Généraux, qu’ils allaient provoquer un tel
bouleversement.
La plupart ne souhaitait dans le meilleur des cas qu’une
évolution de la monarchie absolue vers une monarchie constitutionnelle, avec un
parlement à l’anglaise et une constitution à l’américaine.
Quel Tiers-Etat ?
Ne nous méprenons pas sur la nature de ce Tiers Etat présent
aux Etats Généraux. Si le Tiers Etat représentait environ 95 ou 98% de la
population française. Ses représentants élus étaient issus d’une nouvelle
classe sociale, celle des grands commerçants, des industriels et des banquiers,
c’est-à-dire la bourgeoisie, qui elle, représentait environ 5% des français.
Cette nouvelle élite, que certains ont appelé le "4ème ordre", était
constituée de personnages, instruits, industrieux et riches, qui dans la
société de l’ancien régime, payaient de lourds impôts mais n’avaient aucun pouvoir
politique. L’un de ses représentants, Barnave, un avocat originaire du
Dauphiné, résumera parfaitement la situation dans cette formule : "Une
nouvelle répartition des richesses, impose une nouvelle répartition des
pouvoirs."
Quel Peuple ?
Quant au peuple, il est bien évident qu’il ne comprenait pas
grand-chose à la situation. Même plongé dans la plus indicible misère, il
n’avait jamais cessé d’aimer le "bon roi Louis", et il rendait responsables de son
malheur les mauvais intendants et fermiers généraux du roi, ses ministres
mauvais conseillers et plus tard la Reine Marie Antoinette, dont les excès
étaient parvenus à ses oreilles.
La grande majorité du peuple ne savait pas lire et je pense
que je vais vous étonner en vous disant qu’une grande majorité dudit peuple ne
parlait pas le français, du moins celui parlé en Île de France, comme s’en
rendra compte l’abbé Grégoire lorsqu’on lui remettra en 1790 le rapport qu’il
avait demandé sur l’état du pays et des langues et patois parlés. Des centaines
de parlers différents existaient en France, voire des milliers si l’on tenait
compte des patois qui pouvaient changer d’un village à l’autre.
Beaucoup de ces braves gens ignoraient même qu’ils étaient
français !
Néanmoins, les idées nouvelles s’étaient peu à peu diffusées
au sein de ce peuple mosaïque. Les colporteurs vendaient des petits livrets ou
libelles, que ceux qui savaient lire achetaient et lisaient aux autres en
public. Beaucoup connaissaient Voltaire et Rousseau sans les avoir jamais lus.
Les estampes se vendaient bien aussi, elles qui disaient tout ou presque en un
dessin. Le peuple, lui aussi, changeait peu à peu.
Au début des événements révolutionnaires, ce peuple sera
d’abord manipulé. On le voit bien, quand les élus du Tiers Etat se rendent
compte que le versatile Louis XVI revient à une politique, disons
réactionnaire, voire brutale. Certains ont l’idée (dangereuse)
d’instrumentaliser le peuple, pas seulement en diffusant des rumeurs qui
occasionnent des émeutes, mais aussi, ce qui est plus grave, en l’armant. Une émeute coûte 25 Louis dira le ministre Saint-Priest.
Selon l'usage que l'on fait du peuple, il est parfois populace plutôt que peuple. Lisez cet article "Peuple ou populace ?"
Cette vague de violence a d'ailleurs déconcerté les
révolutionnaires bien policés de l’Assemblée nationale. Ils avaient sous-estimé
la colère et le désespoir du peuple, accumulés depuis des siècles. On les verra
plusieurs fois tenter de canaliser ce torrent destructeur. Danton inventera la
politique, dite de la Terreur, après avoir proclamé : "Soyons terrible avant
que le peuple ne le devienne".
« Peut-on faire une révolution sans révolution ? », demandera plus tard Robespierre...
Violence révolutionnaire ? Vraiment ?
On doit à Gracchus Babeuf l'explication la plus intelligente de cette
violence révolutionnaire. Il écrira dans un courrier adressé à son épouse le 22 juillet 1789,
après avoir assisté, horrifié, à la pendaison aux lanternes de l’Hôtel de Ville
du conseiller d’état Foulon chargé du ravitaillement de l’armée et de son gendre
l’intendant Berthier :
« Les supplices de tout genre, l’écartèlement, la torture,
la roue, les bûchers, les gibets, les bourreaux multipliés partout nous ont
fait de si mauvaises mœurs ! Les maîtres, au lieu de nous policer, nous ont
rendus barbares, parce qu’ils le sont eux-mêmes. Ils récoltent et récolteront
ce qu’ils ont semé. »
Cette violence, c’était tout simplement celle de l’ancien
régime...
Qui sème le vent, récolte la tempête.
Quelques exemples ?
Le général commandant les colonnes infernales en Vendée, Louis-MarieTurreau de Lignières, était un enfant de l’ancien régime, éduqué et formé par les institutions de celui-ci. Il s’est comporté en Vendée comme Turenne et Louvois lors du ravage du Palatinat ordonné par Louis XIV ! La guerre totale n'est pas une invention de la Révolution.
Le tristement célèbre accusateur public du tribunal
révolutionnaire, Antoine de Fouquier de Tinville, avait été formé à son métier
sous l’ancien régime, au collège de Noyon. Devenu clerc, c’est grâce à l’aide
de sa famille et d’un emprunt, qu’il put racheter sa charge à son employeur en
1774. Et c’est bien sous l’ancien régime qu’il débuta sa carrière de procureur
au Châtelet le 21 janvier 1774 !
Des poternes aux ronds-points...
Il faudra encore beaucoup de pain dans les ventres, beaucoup
d’éducation et de justice sociale, c’est-à-dire beaucoup de république et de démocratie,
pour que le torrent de violence se retire dans le gouffre des siècles d’où il
avait jailli et que les citoyens en colère se contentent de brûler des pneus sur les ronds-points que de pendre les banquiers à des réverbères.
Mise à jour au 19/11/2022 :
En cliquant sur l'image ci-dessous, vous accéderez à une vidéo publiée sur Facebook, extraite d'une émission de 2016 d'Arrêt sur image, qui démonte brillamment toute l'intoxe que nous subissons encore à propos de la violence révolutionnaire :
La violence, et surtout la Terreur !
Comment ne pas évoquer la terreur dans un article qui traite de la violence pendant la Révolution ? J'ai déjà rappelé les 6 siècles de terreur de l'ancien régime, selon la formule de Michelet. Je vous en conseille la lecture : "Les 600 ans de terreur de l'ancien régime (Michelet)".
Je reparlerai de ladite terreur ultérieurement lorsque la chronologie de ce site nous y mènera. Mais je ne veux pas vous donner l'impression de fuir le sujet, aussi je vous conseille de mettre à jour vos connaissance, comme je l'ai fait moi-même en lisant les ouvrages d'historiens contemporains, tels que par exemple Jean-Clément Martin(professeur émérite de l'université Paris 1
Panthéon-Sorbonne, ancien directeur de l'institut d'Histoire de la Révolution
française).
Cet autre ouvrage traite intelligemment de la terreur : « Les échos de la Terreur - Vérités d’un mensonge d’État 1794-2001 ». Jean-Clément Martin y démontre comment ladite terreur a été fabriquée a posteriori. Cette idée vous choque ? Alors regardez et écoutez attentivement la vidéo ci-dessous qui présente cet ouvrage :
La Terreur, mère de tous les totalitarismes ?
Cette affirmation a eu un grand succès politique et a aussitôt rempli les rayons du prêt-à-penser. Elle a pour origine le livre de la célèbre philosophe Hannah Arendt intitulé "Essai sur la Révolution". Je vous propose d'en lire une analyse intéressante dans cet article de Stéphanie Rossa que l'on trouve sur l'indispensable site Cairn.info :"Le social et le politique : un bilan de l'Essai sur la Révolution d'Hannah
Arendt". Cliquez sur l'image ci-dessous pour y accéder :
Quid de la terreur américaine ?
J'ai beaucoup d'admiration pour Hannah Arendt et je comprends son américanisme qui s'explique par son vécu. Il me semble malgré tout que dans sa comparaison entre la révolution américaine et la Révolution française, elle a étayé tout son raisonnement sur une vision partisane de la terreur "française", tout en faisant l'impasse sur la terreur de la révolution américaine !
La terreur de la révolution américaine n'a pas de nom mais elle a bien existé. Comment appeler les combats sanglants qui eurent lieu pendant la guerre d'indépendance ? Comment appeler le génocide des amérindiens, l'esclavage, les guerres d'annexions contre la Canada et le Mexique et toutes celles qui suivirent ? Comment appeler la politique ségrégationniste qui dura jusqu'en 1964 ?
Pendaison de 38 indiens Sioux le 26 décembre 1862
La différence entre leur terreur et la nôtre, c'est qu'elle n'a pas été nommée et surtout que ses auteurs ont été les vainqueurs au contraire des nôtres qui ont perdu et dont les vainqueurs ont très rapidement écrit une histoire à leur convenance.
Vous trouvez que j'exagère ? Etudiez l'histoire de nos amis américains ! Vous apprendrez par exemple qu'en remerciement de notre aide durant leur guerre d'indépendance, ils préférèrent nous faire la guerre en 1798 plutôt que de rembourser leur dette. Lisez mon article de la journée du 27 octobre 1789. Peut-être découvrirez-vous également les vraies raisons de la guerre d'indépendance contre l'Angleterre ? J'en parle dans cet autre article :"4 juillet 1776, les 13 colonies font sécession".
Pour terminer ce long article sur la violence révolutionnaire,
je vous propose cette belle citation d'un curé brésilien, Dom Hélder Câmara,
qui a combattu toute sa vie la pauvreté :
« Il y a trois sortes de violence. La
première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle
qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations,
celle qui écrase et lamine des millions d’Hommes dans ses rouages silencieux et
bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté
d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet
d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première
violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie
de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la
fait naître, et la troisième qui la tue. »
Post Scriptum :
La violence populaire n'est pas spécifique à la Révolution.
Les émeutes populaires
du passé.
On veut nous faire croire de nos jours que la violence populaire
est un phénomène exceptionnel. Affirmer cela, sous-entend avoir la mémoire courte, ou alors
effacée. La violence populaire est omniprésente en histoire, même si celle-ci
tant à diminuer progressivement au fil du temps comme le démontre l’historien Robert Muchembled dans son ouvrage
publié en 2015 « Une histoire de la violence, de la fin du Moyen Âge à nos jours ».
Jeunesse masculine turbulente.
L'historien explique comment à la fin du Moyen Age, à la campagne, les “abbayes de jeunesse” ou "bachelleries", étaient à l’origine
des batailles entre villages voisins, des rixes viriles entre leurs membres à
l’occasion des fêtes ou des jours chômés. Ces violences avaient lieu surtout à
la taverne, par l’emploi d'armes blanches, de bâtons ou des poings. Les coups
et blessures n’entraînant qu’accidentellement la mort, la justice ne punissait que
par des amendes ou des bannissements. Cet esprit de courage et d’agressivité était
même entretenu dans l’éventualité d’une guerre. Des compagnies d’archers
étaient même créées à cette fin, compagnies que l’on retrouve à la Révolution
dans diverses villes et villages et qui pour certaines, constitueront les
noyaux des premières gardes nationales.
N’oublions surtout pas les "jacqueries", ces
révoltes paysanne ou urbaines qui parsemèrent également la fin du Moyen-âge !
C’est ainsi que Paris fut secoué par l'insurrection parisienne menée
par Étienne Marcel en 1358 tandis que la grande Jacquerie se
répandait depuis le Bassin parisien jusqu'à la Normandie à l'ouest et l'Auxerrois à l'est. La
grande jacquerie de 1356-1358 ressembla très fortement à une révolution affirme
l’historienne Claude Gauvard(professeure émérite à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne,
spécialiste d'histoire politique, sociale et judiciaire du Moyen Âge).
Des émeutes populaires ultra-violentes, du temps de nos grands parents !
Tout cela est bien loin, me direz-vous ! Si bien sûr, vous faites abstraction des révoltes des Gilets jaunes et des émeutes de banlieues...
Dans son livre
"Bourlinguer", publié en 1948, l'écrivain Blaise Cendrars décrit une émeute incroyable à laquelle il
assista (et participa), à Rotterdam. Les faits rapportés sont d’une violence inouïe et parait-il
"coutumière à l’époque", comme il l’explique au début du récit. L’écrivain
en donne l’explication suivante :
"On n’y peut rien. C’est la misère des hommes qui veut ça et qui les
pousse avec mégalomanie. C’est irrésistible et irréfrénable. Les individus n’y
sont pour rien. C’est tout ce que l’on peut en dire."
Quelques explications ?
Cendrars nous dit que la cause de la violence populaire est
la violence ; la misère étant elle-même une forme de violence contre le
peuple (Pensez à la citation de Dom Hélder Câmara).
On pourra également évoquer
la pression démographique et le manque de femmes. Ne vous étonnez pas de cette
remarque à propos des femmes. Elle est mentionnée dans certains ouvrages. La frustration
masculine due à la pression du patriarcat sur les jeunes hommes, est une
explication raisonnable à la violence. La célèbre écrivaine américaine Ursula K. Le Guin traite de ce sujet dans l’un de ces livres de Science-Fiction « La main gauche de la nuit », arguant du fait que la masculinité exacerbée est
la cause principale de toutes les guerres...
N'oublions pas que le citoyen Basset, était un marchand d'estampe !
Raison pour laquelle je vous présente cette estampe qui raconte à sa façon, les événements qui se sont déroulés du 12 au 14 juillet à Paris. Celle qui suit est une variante, (ou une copie) de la première, signe qu'elle devait bien se vendre !
Je vous ai retranscrit la légende juste en-dessous de la gravure.
Chasse patriotique à la grosse bête
"La postérité apprendra qu’en 1789, le 12 juillet vers les 4h
du soir plusieurs personnes assurèrent avoir vu aux environs de Paris sur le
chemin de Versailles, une bête d’une grandeur énorme et d’une forme si extraordinaire
qu’on n’avait jamais vu sa pareille. Cette nouvelle répandit l’alarme
universelle dans la Ville et mis les habitants dans une violente agitation, on
cria de toutes parts Aux Armes ? Aux Armes sans pouvoir en trouver :
il semblait que la bête les eut toutes avalées avec les munitions. Aussitôt on
en forgea d’aussi extraordinaires que l’animal que l’on avait à combattre. Le
13 on continua de s’agiter de s’armer et de courir après la bête sans pouvoir
la rencontrer. Le 14 suivant, jour à jamais mémorable pour la France qui gémit,
cent-mille personnes coururent à l’Hôtel des Invalides en emportèrent les
canons et soixante milles fusils, de manière qu’il se trouva plus de deux cent
mille hommes armés qui cherchèrent la Bête de toutes parts. Comme l’on soupçonna
qu’elles s’étaient retirées à la Bastille, on s’y porte avec un courage
héroïque, et cet antre du despotisme malgré cent bouches d’Airain qui
vomissaient du feu, fut emporté d’assaut en deux heures de temps. Sitôt cette
victoire, parut le monstre à cent têtes, sa forme hideuse fit voir qu’elle
était d’espèce Aristocratique. Soudain nos plus braves chasseurs la saisirent
de toutes parts et c’est à qui lui coupera plus de têtes. Ce monstre qui
trainait à sa suite la désolation la famine et la mort disparut aussitôt sous
cent formes différentes et s’enfuit languissant chez l’étranger, emportant avec
lui le désespoir et la honte de sa défaite."
Les explications allégoriques données par cette estampe répondent-elles aux questions que vous vous posez ? Il semble que les gens aient voulu combattre l'aristocratie, cette élite qu'il jugeait être leur ennemie, comme celle de leur bon roi Louis. Nous verrons dans les années à venir, fleurir nombre de caricatures violemment antiaristocratiques.